JEAN
STARCK
SUBSTANCE
REBELLE ,A LA
CONQUÊTE DE L'INFINI
les premières 145 pages de mon roman.
Un
roman post-moderne tome I
(Premier
opuscule)
POUR INSERER
AU DOS DU LIVRE.
L'auteur de
ces écrits J de son vrai nom J.Starck après avoir longuement
cherché sa voie dans la vie la finalement trouvée dans la peinture
.Quelques années plus tard,vers l'an 2000, lors d'un voyage en Chine
,le peintre étant un peu désœuvré,retrouve sur sa route de vieux
manuscrits qu'il avait abandonné derrière lui ;il se souvient alors
qu'avant d'être peintre,il rêvait d'être écrivain .Il relit ses
anciens écrits et décide de les rassembler et de les retravailler
,pour en faire un roman..Ses anciens écrits sont tous ou presque
autobiographiques.J décide qu'il est de temps de les faire remonter
à la surface.Il redécouvre en les parcourant qu'il possédait une
vie plus complexe qu'il n'imaginait;il aperçoit avec étonnement un
de ses alter ego obsédé par la tentation d'écrire ,il en aperçois
un autre possédé par la passion de peindre ,il en découvre
surtout un troisième obsédé par les tentations de l'infini.Son œuvre écrite réalisé à partir de ses anciens souvenirs il décide d’appeler ça un -roman post-moderne-,sans doute parce-que
qu'il lui semblait qu'elle était assez proche de celle du peintre
son alter ego qui qualifiait ironiquement la sienne de
post-moderniste ,car il avait l'impression qu'elle se tenait au
dessus et à l'écart du monde, en rupture avec ceux qu'on appelait
jadis les modernes .Le lecteur ne se reconnaitra peut être pas dans
les pages que nous fait traverser le narrateur ,mais il aura au
moins la surprise de voyager avec lui dans un espace littéraire
complétement inédit,car la découverte de sa propre altérité par
l'auteur lui fait découvrir le monde avec un œil nouveau -l’œil
d'un autre-A travers le procès d'identification de la
perception- le moi je- de la modernité devient aussi - un
autre - , avec lui c'est tout un pan de la conception moderne que
nous avons de la réalité qui – tant à se transformer- notre
existence se complexifie ,elle devient plus troublante et plus
irréelle ,nous sommes rentré dans une époque nouvelle ;notre
vision du monde est en train de muter.
AVIS AU LECTEUR
Eut
égard au fait que souvent mes pas m'égarent ,et pour compléter mon
dessein de n'être que librement moi même dans toutes
circonstances,j'ai tenu à restituer ce manuscrit – d'un roman
post-moderne- exactement dans l'état où me la laissé mon alter ego
J.On ne sera pas étonné par conséquent à la lecture de ce
manuscrit d'y trouver,des brouillons,et des parties inachevées
;j'ai cru comprendre pour ma part qu'elles appartenaient au roman et
qu'il n'y avait à priori nulles raison de les en soustraire.
J
UN
ROMAN-POST-MODERNE
tome 1
ÉDITION DU SONGE
TABLE
DES MATIÈRES:
PREMIÈRE -PARTIE
Préface
ÉCRITS OPUSCULE I-Tome 1.
UN
PEINTRE DÉBUTANT UN ÉCRIVAIN IMAGINAIRE
_____________________________
PRÉFACE
MON
JOURNAL DE BORDS DU 12 SEPTEMBRE DEUX MILE QUINZE.
Le
12.09.2015.
Ça y est j'ai décidé
d'envoyer une bouteille à la mer!. Cette bouteille,c'est un tapuscrit
tout ce qu'il a de plus banal.Ça s'appelle les dix neufs
soleils.Cela ma pris d'un coup ,j'avais pensé il y a peine un quart
d'heure que ce tapuscrit pouvait faire l'objet d'une édition.Mais
déception immédiate,après l'avoir retrouvé ,je me suis aperçu
qu'il était vraiment trop clairsemé,à peine quinze pages.Je ne
pouvais pas affronter les éditeurs avec un tapuscrit aussi
léger.L'idée saugrenue m'est venue alors de rassembler les nombreux
textes dispersés dans les nombreuses cases de mon ordinateur afin
de les faire lire ;j'en avais bien assez déjà pour en produire un
premier volume;c'était juste à ce moment que j'avais imaginé mon
titre -J Un écrivain imaginaire- J'avais écris un écrivain
imaginaire,car je n'étais sommes toute rien d'autre .J'avais déjà
beaucoup écrit,mais n'avais jamais rien montré .C'est
normal,j'étais peintre avant tout et l'idée d'apparaître comme
écrivain était toujours resté chez moi du domaine du fantasme.Je
m'étais même fabriqué un nom d'auteur J pour ne pas apparaître
sous mon vrai nom,car je ne voulais pas essuyer les ennuis liés à
une profession que je respectais,mais qui m'ennuyais aussi
profondément.Je devais tenter de rendre visible mon passé
d'écrivain imaginaire avant que la vie m'échappe définitivement.La
somme considérable d'âneries que j'ai pu écrire m'invitait dans un
premier mouvement à renoncer à ce projet mégalomaniaque ,mais
des impulsions lointaines en provenance de mon adolescence,à
l'époque ou je rêvais d'être immortalisé comme écrivain me
relançaient dans cette vaste folie.La vastitude d'écrits restés
plantés dans la caverne de mon ordinateur se rappelèrent à moi
d'un seul coup , lorsque je les aperçu ,je failli m'évanouir . Il y
en avait trop,vraiment trop !Je devais m'arranger pour épurer tout
ça,je devais faire passer tous ces récits extravagants dans le chat
d'une aiguille,les lisser,les réduire .Je dois avertir au passage
tous ceux qui me liront ,que les textes que j'ai pondu, sont tous
autobiographique,un genre épuisant.J'ai dût reprendre sous de
multiples variantes l'histoire
de ma vie,car c'est avant
tout de cela qu'il s'agit .ll ma toujours semblé qu'à chaque fois
que je tentais d'écrire cette histoire elle s'arrangeait pour me
fuir,c'est pourquoi je la reprenais à chaque fois sous des formes
différentes . Comme si cela ne suffisait pas,je m'inventais à
chaque fois un nouveau nom d'auteur.J'ai souvent failli m'arrêter
d'écrire définitivement ,car je pensais devenir fou.Si j'ai
continué à le faire,c'est qu'écrire .ranimait en moi des
émotions,cela faisait aussi resplendir d'anciennes vies que j'avais
cru tombées en désuétude ;écrire à heures perdues me plaisait
;devenir le narrateur imaginaire de ma vie ;parti à la conquête de
mon passé comme si j'étais un autre que moi avait quelque chose
d'exaltant.Pourtant aujourd'hui encore il me faut l'avouer ,rien dans
mes récits n'est exactement tel que ce que j'aurais aimé qu'ils
soient ;rien n'est exactement comme je l'aurais voulu ,tout ma
franchement échappé ;pourtant tout ce que j'ai écris sur ma vie
est exact,tout est entièrement fidèle ;le grand roman de ma vie
n'est pas strictement imaginaire,il est strictement vrai,strictement
exact.Plusieurs fois j'ai tenté de rejoindre les vestiges de ce que
j'apercevais de moi,ceux que j’apercevais au loin,comme si ils ne
m'appartenait pas comme si c'était ceux d'un autre ;car j'aurais
aimé lire ma vie comme si elle avait été racontée par un autre
comme si c'était une sorte
de héros improbable qui
s'était substitué à moi pour la raconter.Car l'histoire de ma vie
vécue et racontée par un autre me paraissait plus intéressante que
la mienne,ma vie par ce biais devenait soudain un espèce de roman
qui semblait inventée,mais pourtant tout ce qu'on disait d'elle
était totalement vrai totalement réel .Je voyais par instant par
ce biais ma vie devenir une fiction grâce au plaisir que quelqu'un
d'autre que moi prenait à la réinventée.Les grands écrivains que
j'admirais dans mon adolescence écrivaient presque tous de cette
manière ,ils s'observaient de loin parfois à l'opposé d'eux
même.J'ai souvent cherché durant mon adolescence à leur ressembler
;j'ai pondu des monceaux d'écrits,ils étaient tous illisibles,je ne
savais pas ce que voulais dire -prendre du recul pour écrire-
..J'avais à cette époque une idée de l'écriture beaucoup trop
sublime ,je ne pouvais y accéder tellement elle était sublime.Plus
tard ,bien plus tard alors que j'étais déjà devenu un homme avec
plus de vécu ,j'avais décidé de renoncer à écrire définitivement
car je m'étais aperçu que je n'atteindrais jamais au zénith de la
création telle que je l'avais entrevu en esprit par le passé.Ma
nature tourmenté me compliquait les choses ,je voyais des abîmes à
franchir là où il n'y avait que de simples fossés ,des mers
immenses là ou s'étalaient de petites mares. J'ai pris conscience
que j'étais perdu comme écrivain.Heureusement j'avais un autre
talent la peinture était venue juste à temps pour me sauver
,j'avais trouvé ma voie.La peinture ma fait découvrir des espaces
à part ,à travers elle j'ai vécu des expériences nouvelles qui
conservaient en même temps que leur qualité artistique l'extrême
simplicité du geste que j'avais toujours rêve d'atteindre en
pensant à l'art d'écrire.J'avais renoncé à écrire,renoncé aussi
à la littérature car dans mon esprit les deux se mêlaient .Un
jour,je ne sais plus quand ;le projet insensé d'écrire ma
repris.C'est probablement lors d'un voyage en Chine qui a durée une
année alors que j'étais en pleine oisiveté ,et que le peintre
stagnait que j'ai décidé de reprendre l'écriture;en fouillant dans
mes malles je me suis aperçu à cette occasion que j'avais accumulé
au fil des années sans m'en rendre une quantité industrielle
d'écrits alors même que j'étais censé ne pas écrire .L'idée
singulièrement excentrique me vint alors d'organiser ces vieux
écrits et de les rassembler dans un vaste récit .J'ai voulu
rassembler toutes mes tentatives d'écritures plus ou moins abouties
pour en faire un espèce de roman d'écriture.Je voulais je crois
remonter le fil de mes obsessions à écrire .Cela m'obligeais a
remonter dans mon passé . J'ai retrouvé dans mes archives des tas
de choses diverses des esquisses poétiques,des récits littéraires
,des journaux des diplômes,des documents administratifs ,des photos
de famille ,d'anciennes peintures ,des dessins des correspondances
etc.Je me suis trouvé soudainement dans la position d'un archéologue
avec sur les bras un plan d'existence sur le sol ,ma vie étalée
devant mes yeux stratifiée sous formes d'archives ;j'ai aussitôt
esquissé –un essai d'anatomie-autobiographique d'existence
-auquel je n'ai pas donné suite .On trouvera ici dans le
premier opuscule du Tome I d'un Roman post-moderne,une partie des
éléments qui composaient initialement ce projet d'écriture ,qui
s'appelait au départ -Les Écrits – que j'ai failli encore plus
tard intituler un -Écrivain
imaginaire – avant
de lui donner la forme présente et celle définitive d'un
roman-post-moderne -La première partie de mes mémoires ,car
au sens stricte ces récits sont des mémoires commencent à l'époque
de ma rentrée dans la vie active lorsque j'avais quatorze ans ,elle
se prolongent jusqu'à l'âge de vingt quatre ans,date de mon
départ pour Paris.Ce premier Tome est fragmenté en trois opuscules
,vous lisez la préface du premier opuscule de mon roman
post-moderne .
L'auteur
J
ANCIENNE
PAGE DE GARDE DES ÉCRITS .
ST
JEAN D'ASTRE
(1)Premier
pseudo utilisé par l'auteur
LES ÉCRITS
Premier Opuscule
Un peintre débutant un
écrivain imaginaire
(2)Photo
de l'auteur à vingt ans.
ESSAI
D'ANATOMIE
AUTOBIOGRAPHIQUE
D'EXISTENCE
EDITIONS
DE L'AUBE
UN
ROMAN POST-MODERNE TOME I.
LES ÉCRITS
PREMIÈRE PARTIE
-
Que celui qui m'accuse de lenteur regarde bien dans notre époque,s'il
s'asseoit deux minutes pour examiner avec soins les folies qui nous
bercent,il conviendra que la lenteur à du bon,car ils trouvera à
me lire avec lenteur la satisfaction de trouver un individu pas
moins perturbé que celui qu'il porte en lui. Saint
Jean.
NOTES ET CONTRE-NOTES
CONTRE-NOTE DU 16 0CTOBRE 2001:
Voici une note en
contrebas qui porte sur le fragment I (
des ÉCRITS elle est datée du mois d'octobre 2001 le quinze ,c'est
à dire hier j'ai pris cette note alors que je tentais après un
certain temps d'absence de remettre de l'ordre dans ce que j'appelle
mes écrits.
). Je
ne savais pas ou j'allais, mais j'avais décidé de procéder ainsi ,
rien n'était prédéterminé dans ma démarche, je construisais au
jour le jour " mon grand œuvre" ( façon de parler ) je la
construisais un peu en aveugle, presque en somnambule ;beaucoup en
improvisant j'étais incertain des résultats ( sur la fin ) ne
voyant jamais que des fragments de ce grand œuvre, j'avais du mal de
me représenter son corps en entier ; c'est pourquoi je me demandais,
si ces écrits pourraient avoir un sens ( un jour) pour quelqu'un
d'autre que moi.
VOICI
LA NOTE DONT IL EST QUESTION
:
Le portrait
de moi en uniforme militaire, que j'ai placé en page de garde du
premier opuscule des
ÉCRITS annonce une période ou je n'écrivais presque pas de journaux.
.J'écrivais surtout des
pièces de
théâtre ( comme par exemple le journal d'un fou en campagne). J
'avais commencé cette pièce de théâtre ,lors de mon service
militaire (au Mans) dans l'infanterie de marine ( en 1968).
L'essentiel de mes activités de création entre dix huit et vingt
quatre ans ( essais ,esquisses littéraires ,ou projets pour des
pièces de théâtre ) se trouvait rassemblé dans des cartons .J'ai
traîné derrière moi ces documents jusqu'à très tard; ( jusqu'à
1997) c'est lors de mon départ précipité de mon atelier des bords
de Seine que je les ai brûlé ,j'étais fatigué de trainer derrière
moi un tel fardeau. Si j'avais eu en tête ce projet autobiographique
, j'aurais peut être tenté de préserver ces documents; mais au
final je ne regrette rien,je transporte encore trop de reliquats de
mon passé avec moi ,et ils me pèsent. Cette partie de ma vie que je
m'apprête à mettre en lumière aujourd'hui à travers ce que
j'appelle les écrits montrera cette période ou j'ai réellement
commencé par écrire, même si c'était pour le théâtre et que la
plupart de ces essais n'aient pas eut vraiment de suite car je suis
un dramaturge raté . Ma mémoire des écrits commence ici, avec
l'image symbolique de cette main (la mienne) photographiée par un
ami à l'époque ou je pensais avoir une vocation d'écrivain vers
mes seize ans . Cette main photographiée en train d'écrire
représente là la trame la plus visible de mon obsession lié à
l'écriture,c'est pourquoi je l'ai placée en tête de ces mémoires.
CONTRE-NOTE
DU
17 OCTOBRE 2001.
J'ai
retrouvé la seule partie restante ( peut être) du manuscrit que
j'avais intitulé "
Journal
d'un fou en campagne".
( Ce qu'il en reste) .Ce qu'il en reste, ce sont
quelques feuillets que j'aimerais remettre en forme. "Les
restes "de cette pièce ne sont pas aussi mauvais que j'avais
cru, j'aurais très certainement du persévérer et la terminer.
Le plus difficile ( pour moi à présent ) et d'en donner des
extraits qui soient compréhensibles,je dois surtout les replacer
dans leur contexte,j'ai écris cette pièce lorsque j'avais vingt ans
. Le plus surprenant dans cette partie que j'ai retrouvé, c'est la
séquence de l'interview ( imaginaire) qui suit,elle tente de donner
une idée du jeune homme que j'étais à l'époque. La partie que
j'ai retrouvé fait elle même partie d'une manuscrit que j'avais cru
égaré "La vie fantastique
d'Okapoulkofou ". Ce gros pavé
d'écriture pondu à une époque où j'étais devenu étudiant,vers
mes vingt sept ans fait partie de mes échecs pitoyable d'écriture,
il était censé être un mémoire de maîtrise universitaire,mais
c'est un essai raté . Je l'avais soumis à mon Directeur de maîtrise
A.V...qui m'avait dit gentillement qu'il était hors sujet .Lorsque
je l'ai rédigé j'étais devenu étudiant en théâtre ,j'avais
réussi après avoir travaillé une bonne dizaine années en usine
(en boîte ) à m'inscrire à l 'université de Paris VIII ,cette
université délivrait des permis d'étudier à des non bacheliers
,c'était une université d'avant-garde. Je venais de passer trois
années à étudier le théâtre au sein de l'université ,lorsque je
me suis lancé dans ce essai.Lorsqu'il a été refusé ,j'ai réalisé
avec une rapidité fulgurante,que je m'étais planté;j'ai tout de
suite pondu une autre version ,une version plus conforme de mon
mémoire de maîtrise;mon directeur m'avait fait cette fleur ,il
m'avait donné une chance de me rattraper ;il m'avait aussi demandé
pourquoi je tenais tant à l'obtention de ce parchemin ,je n'avais
su lui donner qu'une réponse banale,je lui avais dit que j'étais
venu dans cette fac pour obtenir un titre qui donnerait à ma vie une configuration sublime, j'étais passé du statut d'ouvrier à celui
d'étudiant ,ce diplôme c'était une sorte de trophée,une revanche
,en fait je ne lui avais pas dévoilé mes réelles ambitions,en
écrivant mon essai malheureux;je voulais surtout me prouver à moi
même que j'étais écrivain . Comme nous étions dans une fac
expérimentale,j'avais pensé naïvement qu'il était possible de
produire un essai excentrique un essai qui sorte du cadre des
pratiques universitaires traditionnelles .Mon essai était une sorte
de fiction post-moderne avant l'heure,une sorte de monstre de
littérature expérimentale qui manquait de corps.Je ne comprends pas
encore aujourd'hui pourquoi j'ai voulu pondre cet essai -La vie
Fantastique d'Okapoulkofou - ouvrage somme toute fumeux et bancal ,de
même je ne comprends pas aujourd'hui pourquoi je m'obstine à écrire
un roman post-moderne qui risque de me faire perdre pieds dans les
sables mouvants de l'espace sans fin de l'écriture.Mon essai à
l'époque représentait plus une tentative d'essai romanesque qu'un
mémoire universitaire ,c'était mon génie littéraire auquel je
croyais dur comme fer à l'époque qui m'avait fait sans doute
pondre cet essai Dans mon essai je voulais donner une forme sublime
à des dérives artistiques que j'avais inventé en grande partie
bien avant même qu'elles existent dans la réalité ,car à vrai
dire, je n'avais pas tant produit.Je m'étais inventé une vie de
peintre plus importante qu'elle n'était,de même j'avais tenté de
mettre en scène mes expériences dramaturgiques plus ou moins
abouties ,je m'étais aussi inventé des écrits imaginaires dans
lequel se tenait un grand essai poétique ;il y avait une raison à
tout cela,je voulais construire une sorte de nouveau roman;tout ces
écrits formaient dans mon esprit le corps d'un grand roman dont le
héros Okapoulkofou était fait de tout ça,de toute cette fiction
je veux dire .Tout cela n'avait pas fonctionné ,il était difficile
de dire pourquoi et cela me désolais totalement ;ma mauvaise
maîtrise des mécanismes narratifs n'est sans doute pas la seule
responsable de mon échec,j'avais surestimé mes talents d'écrivain
et de narrateur,mais surtout j'avais poursuivi une sorte chimère qui
était déjà présente en moi à cette époque. Quand j'ai réalisé
ce mémoire j'allais sur mes trente ans,c'est parce que j'avais
continuellement en tête par la suite l'échec de mon chef d’œuvre
,l'échec de cette malheureuse tentative d'écriture que j'ai voulu
renoncer pendant longtemps à écrire ;malheureusement je n'y suis
jamais arrivé.J'ai continué à écrire d'une façon clandestine.Me
jugeant pourtant peu apte à le faire ,j'ai toujours caché cette
activité de peur qu'on me prenne un jour pour un espèce de
détraqué.C'est pourquoi aujourd'hui encore je retarde à chaque
fois le moment ou je devrai déclarer mon appartenance officielle à
la secte des scribouilleurs.
UNE
NOTE AU LECTEUR
Si
tu as eu l'imprudence de me lire jusqu'ici lecteur ne soit pas
étonnés de la façon dont je procède pour écrire.Je suis un
écrivain abandonné et désordonné,ainsi le paragraphe que tu lis à
présent est totalement improvisé,je viens juste de le rédiger à
l'instant.Nous sommes le 17 octobre 2001,il est 21heure ,je suis
entrain de mettre en scène la trame de lecture du puissant chef-d’œuvre que j'appelle - mes mémoires -;autrement dit ma vie
mise en scène à travers le fatras de mes anciens souvenirs et de
mes vieux écrits. .
PREMIER
SOLILOQUE SUR LES ÉCRITS
J'avais
pensé en commençant la rédaction de mes Écrits -
mes mémoires improvisés-qu'une
seule manière de voir était possible .J'avais caché en moi au
départ un dessein sans doute très littéraire;je voulais rendre ma
vie beaucoup plus exaltante, du moins plus sublime qu'elle était ,je
pensais que seule une transposition artistique cohérente et uniforme
pouvait anoblir ma vie; même une vie inféconde et ratée pouvait
être rachetée par la forme poétique et esthétique ,cette grâce
étant due au génie de la narration; la vérité brut importait
finalement moins que la vérité poétique .C'était une belle façon
de voir.Mais j'étais trop indiscipliné pour pouvoir m'y tenir.Mes
textes m'échappaient toujours,ils filaient dans toutes les
directions.Mon esthétique était terriblement brouillonne,je devais
admettre que j'étais impuissant à la contenir;peu à peu j'ai du
apprendre à me corriger.
Une
page de correction des Écrits:
J'ai
appris ( en cheminant à travers mes écrits ) que le point de vue
d'un homme sur le monde, et sur sa vie ne peut être totalement
statique ce qu'on appelle la réalité n'est jamais ordinairement un
point de vue figé ,d'incessantes corrections viennent toujours
remettre en cause la dernière page écrite .Un mensonge peut venir
pour contredire un autre mensonge,une vérité contredire une autre
vérité.La vie est mouvement,c'est un mouvement incessant. A travers
la fragilité de mes manuscrits je peu admirer la trace mystérieuse
de mes incohérences; c'est parce que les hommes se contredisent
qu'ils sont intéressant,hier je pensais l'inverse ; je ne suis
intéressé aujourd'hui que par ceux qui doutent de tout et
particulièrement d'eux même. Mes brouillons font partie de
l'instabilité du monde ,et ils y participent à leur manière, et
c'est tant mieux. Il vaut mieux n'avoir prise sur rien, cela évite
d'avoir trop à céder le moment venu…cette morale vénale que
j'édicte à l'instant dans le feu de l'écriture n'est pas la mienne
; en vérité elle est je crois ,celle d'un autre ,celle d'un
invisible dicteur; qui écrit invisible dans mon dos. Celui qui écrit
ce que je suis en train d'écrire n'est pas moi; c'est certainement
un autre qui me fait dire des choses que je n'oserais pas dire si
j'étais resté simplement moi .Celui qui écrit dans mon dos est un
scripteur amoureux critique et instable.C'est
lui qui va décider souvent contre moi des narrations
intellectuelles de ma vie ,c'est lui qui va décider de leur mise en
place capricieuse,car il est capricieux ,il ma convaincu que
j'écrivais un essai .Je ne sais pas pourquoi ,c'est la magie de
l'écriture qui décide dit il. Je suis stupide de le suivre,mais je
le suis quand même. Je pourrais tenter de donner une définition à
cet essai qu'il appelle lui,un essai d'anatomie biographique
d'existence cela n'engage à rien. Par exemple…Je pourrais dire
comme il me le conseil - Que c'est un essai
d'appréhension, instantané de ma vie à travers l'écriture ,car
la partie -anatomique de mon travail -se focalise presque toujours
exclusivement dans mes mémoires autour de l'écriture,
c'est par le biais de cette obsession que j'expérimente les écarts
les bienfaits et les échecs liés à ma vie.S'il le dit c'est qu'il
est convaincu que ma vie n'est rien d'autre qu'une vaste entreprise
guerrière ,toute ma vie n'est rien d'autre qu'un combat livré à
l'écriture
POURSUITE DE MES IDÉES
FIXES
Note
du samedi 21 octobre 2001.
J'ai fais
hier une chose que je n'avais jamais pris le temps de faire,
concernant ces écrits; j'ai compté ( en gros) le nombre de pages
que devais comporter chaque volume dans le projet littéraire initial
que j'appelle LES ÉCRITS . Trente années de ma vie tenant dans une
suite d'écrits virtuels cela me paraît démesurément
mégalomaniaque.Aujourd'hui je me demande si je n'ai pas entièrement
déraillé.Dérisoire surtout de penser qu'il me sera possible de
remplir tous ces volumes.
COMMENT L’IDÉE D’ÉCRIRE CETTE MONSTRUEUSE SAGA M'EST VENUE A L'ESPRIT
J'ai
beaucoup de mal à me souvenir des circonstances exactes qui m'ont
amenées à vouloir écrire sur ma vie.Toutes mes passions sans doute
sont venues de mon adolescences .J'ai été très tôt un fervent
admirateur de Shakespeare ,c'était aux environs de mes seize ans (
je l'aimais et l'admirais sans avoir lu d'ailleurs la plupart de ses
pièces,sauf le marchande de Venise que possédait ma sœur dans sa bibliothèque) ,je n'avais lu que ses sonnets ,mais j'avais aperçu
un jour ses œuvres complètes qui brillaient dans la vitrine d'un
libraire ;elles s'étaient depuis définitivement installées dans
ma tête ,j'étais résolu à devenir un deuxième Shakespeare .Je
m'endormais le soir en ayant les yeux rond,je ne doutais pas que
j'arriverais un jour à mes fins;un jour je deviendrai égal à
Shakespeare . .Je transportais son image sur un petit livre qui me
servait à l'apprentissage de l'anglais;lorsque je regardais cette
image j'avais la curieuse impression que j'étais moi même
Shakespeare ;c'était quelque chose de difficilement explicable et
de troublant, mais moi je n'étais pas troublé,je savais qu'il y
avait entre nous une complicité. L'icône du grand dramaturge que je
transportais avec moi ( tout en essayant d'apprendre l'anglais) cette
icône, c'était mon talisman, cet homme représentait pour moi
l'image du génie littéraire. J'admirais dans Shakespeare, sa
pénétration et sa hauteur d'âme; qu'un homme se soit hissé si
haut au dessus des autres hommes pour décrire l'humaine condition je
trouvais cette chose fantastique.Même si je ne l'avais pas vraiment
lu,Shakespeare représentait pour moi la perfection telle que je la
concevais sur le plan littéraire, il savait animer la vie et avait
réussit à la rendre telle quelle était ;mais d'une façon encore
plus belle, il avait réussi à la mettre en scène d'une façon
supérieure. Je lisais ces poèmes en anglais au milieu d'un bruit
assourdissant,c'était au milieu de mes machines à tisser ;c'était
dans une époque lointaine,celle de mon adolescence.Je partageais ma
vie entre le travail à l'usine où j'étais exilé et mes passions
secrètes,la peinture et la littérature .Dans ces activités
sublimes je pouvais me voir en héros,soi en héros littéraire quand
je m'imaginais en train d'écrire,soir en grand peintre .Tout au
début de ma rentrée à l'usine vers mes quatorze ans ,j'avais
surtout pour ambition de devenir un grand peintre,je me sentais des
affinités avec Delacroix qui était mon peintre préféré. C'est
lorsque j'ai commencé à jouer dans la troupe de théâtre amateur
de mon village ,que je suis tombé amoureux de Shakespeare ;à cette
époque je lisais toutes sortes de choses en rapport au
théâtre,c'est probablement de là que date mon engouement pour la
dramaturgie en plus de mon admiration pour Shakespeare .Ces trois
ambitions celle de la peinture,celle de l'écriture et celle du
théâtre se sont déployées dans ma tête sans que j'y prenne
garde .Je me suis cru très tôt destiné à devenir un
génie.C'était pour moi un sentiment naturel ,personne ne pouvait me
contester cette place,car personne ne vivait avec moi dans ma
tête.Aujourd'hui c'est pareil,je suis un génie méconnu , je vis
chichement de la peinture ,mais je suis un génie en transit demain
j'en suis persuadé on louera mon travail de peintre à sa juste
mesure ; je ne doute pas non plus qu'on loue après m'avoir lu mon
talent secret d' écrivain;et même si j'ai abandonné temporairement
toutes tentatives pour écrire des pièces de théâtre je ne doute
pas d'avoir été un grand dramaturge à l'époque de mes vingt ans
;si j'ai renoncé depuis à cette vocation c'est que la vie ma
emporté ailleurs sans vrai discernement d'ailleurs ;car j'aurais pu
m'imposer comme un dramaturge de génie si je n'avais pas renoncé à
écrire pour le théâtre ,c'est normal, l'image de Shakespeare est
toujours restée coincée dans mon âme.
ENCORE
UN AUTRE FRAGMENT DE MA VIE .
________________________________________________________________________________
C'est en
contemplant ma vie à travers les fictions de l'écriture romanesque
que je m'appréciais le mieux étant adolescent .C'est pourquoi dans
ce passage je me suis décidé à me portraiturer tel que j'étais
avant,avant c'est à dire quand j'étais rétrospectivement un autre
que moi même.
________________________________________________________________________________
CAR
JE L'AFFIRME BIEN HAUT LA VIE DE SAINT JEAN MON DOUBLE ADOLESCENT
RESSEMBLE A UN ROMAN.
Saint
Jean dans son adolescence vers ses seize ans , disposait d'une grande
table, pour se livrer à ses activités extra littéraire extra
poétique ou extra dramaturgiques; cette grande table octogonale
était couleur chêne clair, c'était la table de la salle à manger
familiale; il avait l'honneur d'en disposer pour ses recherches , sa
mère qui jouait un rôle prédominant dans sa vie, comme la mère de
Proust ;lui avait permis d'en disposer ; la grande table de la salle
à manger était plus prestigieuse que celle de sa chambre ;c'était
sur elle qu'on déposait les jours de fête les plats les plus
prestigieux .Il utilisait cette table avec le sentiment que confère
la dignité des objets ménagers ;c'est sur elle qu'il exerçait son
génie en pleine croissance;cette table lui conférait une stature
d'écrivain,il était l'écrivain d'un lustre ostentatoire ,celui de
la salle à manger.C'est pourquoi cette table est resté pendant très
longtemps lié à sa passion d'écrire.Il utilisa la table jusqu'au
jour où la télévision à fait irruption dans la pièce ,rendant
plus compliqué le squat intégral de la salle à manger .Son père
qui était accros à la télévision lui disputait son
territoire.D'ailleurs le sentiment d'exaltation qu'il éprouvait
lorsqu'il était assis à cette table,ne durait jamais très
longtemps ,il était confronté à des tas de difficultés pour
écrire.Lorsqu'il imaginait un essai,car il avait déjà la passion
des essais,tout son plaisir à l'imaginer s'envolait,lorsqu'il
tentait de le coucher sur le papier,à cet instant il avait le
sentiment de butter contre un roc; mais il ne renonçait jamais pour
autant ,il persistait à vouloir transpercer le roc.Au début
lorsqu'il rêvait d'être écrivain,tout lui semblait simple
lumineux,magique.Très certainement et même sûrement son écrivain
à lui était un être idéal ,c'était un écrivain qui n'écrivait
pas,sauf en rêves où comme on dit en imagination ;cet écrivain
prolifique enfantait des essais des romans et des pièces de théâtre
ils traversaient l'air d'un seul coup de baguette magique ,c'est
pourquoi écrire lui paraissait facile ;écrire lui parût soudain
plus difficile lorsqu'il tenta de coucher ses essais ses romans ses réflexions sur le papier.Il avait pourtant de bonnes lectures ;ses
auteurs préférés étaient Montaigne, Élie Faure, et Mallarmé,
des auteurs au style ferme sublime et facilement identifiable;ces
auteurs de génie lui semblaient écrire comme lui, ils écrivaient
avec la même facilité ,ils écrivaient en rêve. Sa passion pour
ces auteurs, se mélangea bientôt à celle qu'il éprouva pour un
certain Marcel ;il absorbait religieusement les longues phrases que
l'écrivain sculptait sur le vif de la page ,il retenait son
souffle,pour lire ses phrases comme si il était lui même en train
d'écrire .Il s’efforça pendant longtemps d'écrire comme lui ,il
écrivait de longues, très longues phrases;de très longues phrases
c'était ce qu'il préférait écrire ,écrire de longues phrases qui
avaient l'air de ne jamais finir c'était un exercice qui lui
plaisait,car arrivé au milieu de la phrase il oubliait ce qu'il
avait à dire et cela justifiait le fait qu'il n'ai presque jamais
rien à dire de clairement établit .Il ne savait pas vraiment
écrire,c'est certain,mais il essayait,c'était un dur labeur que
d'écrire Lorsqu'il était perdu,il adorait se rouler et se baigner
dans les phrases des autres,surtout dans celles de ses auteurs
préférés ,il avait l'impression en se roulant dans leurs écrits
de s'imprégner de leur génie,il avait l'impression de toute
évidence d'être comme eux de leur ressembler,il était un futur
géant.Son auteur préféré ,celui qu'il vénérait entre tous
,c'était un certain Chateaubriand.Chateaubriand était une
vierge,comme Goethe,il se sentait plus d'affinités avec eux qu'avec
les autres ,car les signes astrologiques c'est bien connu ça créait
des affinités hors du commun.Il relisait pendant de longues heures
de merveilleux passages des mémoires d'outre tombe ,les écrits de
Chateaubriand miroitaient dans sa tête,comme des lacs aux eaux
clairs sur lesquels venaient se mirer des signes blancs ,tandis que
des ondes de lumière aux reflets scintillants le faisait rêver à
ce qu'il écrirait ,lorsqu'il serait devenu lui même un grand
écrivain ;il admirait les visions sauvages et irréelles de
l'écrivain romantique ,son style affecté parfois sa façon d'écrire
en rêvant lui plaisait.Sa vie était coupé en deux ,il devait
partager son temps entre l'usine et ses précieuses activités
créatrices.;lorsque qu'il rentrait de l'usine assommé de fatigue
,il retrouvait vite son entrain lorsqu'il apercevait sur sa table
ses auteurs préférés , il se réjouissait alors d'avoir assez de
temps à lui pour donner cours à ses passions ,la peinture
,l'écriture et la rêverie étaient celles qu'il revendiquait le
plus fréquemment ;lorsqu'il rentrait dans sa bulle ,dans son univers
secret il devenait dès cet instant un être unique ,un être
exceptionnel un futur grand génie , poète à ses heures ,il
oubliait qu'il était un prolétaire.
Lui
c'est moi,moi c'est lui.
Ce
matin,j'écris à la même table où j'écrivais quelques quarante
cinq années plus tôt,naturellement cette table à voyagé elle
n'est plus au même endroit, mais c'est la même; la même que celle
ou écrivait celui qui s'appelait St Jean. La table est la même,
ainsi qu'une partie du buffet de la salle à manger qui se trouvait à
proximité. A la mort de mon père, lorsque maman a du déménager
par deux fois , elle a fini par perdre ses points de repère, sa
mémoire lui jouait des tours, il a fallu prendre la décision de la
placer dans la maison de retraite du village . C'est lorsqu'il a
fallu déménager les affaires de son appartement , que nous avons du
(ses enfants) nous partager ses biens . J'ai hérité ( sans doute
parce que j'étais sans biens à ce moment là) du buffet de la salle
à manger ( le plus beau meuble familial ) ainsi que de cette fameuse
table et des chaises rembourrées qui allaient avec; j'ai aussi hérité
d'une cuisinière électrique a gaz et de quelques autres objets
précieux ( entre autre des assiettes décorées ( pour les repas de
communion) qui se trouvaient dans le buffet d'honneur de la salle à
manger familiale . Cette table nous a servit pendant très longtemps
de table à manger dans l'atelier que j'occupe à présent avec
Iris,ça c'était lorsque la cuisine n'avait pas été réaménagée
;depuis elle siégè dans la partie centrale de l'atelier transformé
en espace mixte . Je n'avais pas pensé à l'utiliser pour écrire
;c'est Iris qui ma dit - utilise
la table de la salle à manger, il faut bien qu'elle serve ! -.La
vénérable table restait pour
moi un peu sacrée ,elle me rappelait tout mon passé familiale mais
aussi mon passé d'écrivain un peu raté auquel je ne voulais plus
penser.J'ai installé la table dans l'atelier ,elle me sert de
nouveau de table à écrire, et lorsque nous recevons des amis, elle
sert aussi de table de réception. Ainsi ,lorsque j'écris sur cette
table je retrouve une partie de mon passé .L'époque à changée
,car à présent c'est en appuyant sur les touches en plastique
synthétique noir de mon ordinateur que je traverse en rêve mes
écrits imaginaires.La table au lieu d'être encombrée par les
livres et les brouillons qui entouraient l'univers exaltant de mes
quinze ans est à présent encombrée par un scanner, par une
imprimante, et par une palette graphique placée à ma
droite.L'espace autour de moi n'est plus l'espace de la salle à
manger de mon passé ,il n'y a plus cette vue sur la maison blanche
qui était en face de chez nous,lorsque j'habitais avec mes parents
;cette maison blanche a été pendant quelques temps la maison du
maire,puis un de magasin de vente de vélos sur la partie qui donnait
au rez de chaussé .Aujourd'hui dans mon atelier ,il y a en face de
ma grande baies vitrées de grands arbres ,qui s'élancent à la
conquête du ciel,il laissent juste passer assez de lumière pour
que je puisse peindre sans soucis.Mon atelier est encombré par une
multitude d'objet inutiles qui n'ont rien à voir avec la peinture
,je suis un obsédé des objets de récupération j'entasse régulièrement sur ma mezzanine toute sortes de choses insolites
destinées à devenir des œuvres d'art post-modernes;car c'est un
fait indiscutable,j'ai crée un concept de recyclage que j'appelle le
squatting post-moderne ,il est issu de mes anciennes obsessions
lorsque j'étais encore actif dans les squats et que je passais une
partie de mon temps à inventer des œuvres dadaïstes .Bref ,je ne
suis plus le même qu'hier,j'ai énormément changé ;mais j'ai
conservé comme la plupart des terriens certaines petites habitudes
venues du passé.Si je suis devenu peintre comme je voulais tant à
l'époque;de mon adolescence;ce n'est pas strictement par un effort
de volonté;je n'ai eu qu'à suivre mon penchant naturel pour cette
forme d'expression .J'ai eu surtout à me battre contre quantité de
moulins à vent avant de pouvoir accéder à ce qui ressemble à un
statut de peintre.D'ailleurs mes références sont toujours aussi
difficiles à faire admettre,je ne suis pas plus avancé à l'heure
qu'il est d’avoir été un artiste pionnier de l'art urbain ;la
conquête de la notoriété dans l'art passe par des clichés qu'il
est très souvent difficile de faire disparaître. Je ne vais pas
m'étaler la dessus,je continue comme par le passé à écrire
toutes sortes de choses plus ou moins bêtes,je ne vais pas continuer
.Sommes toutes ,quand je regarde ma table d'écriture ,tout est
presque pareil qu'hier lorsque j'écrivais en turbinant dans une
usine tout est presque pareil ,mais en apparence seulement .Je suis
parfois durablement moins convaincu d'être un génie,j'ai laissé
Shakespeare de côté ,il appartient à l'humanité toute entière et
pas seulement à mon ego ; je n'ai plus besoin de me déplacer pour
aller travailler,un peintre ça travail sur place ,c'est un de mes
plus vieux rêve d'enfance qui a prît forme,mais je ne suis pas sûr
qu'il soit aussi gigantesque et fabuleux que celui que j'avais
imaginé à l'époque de mes quinze ans,d'ailleurs il est largement
plus grand que celui que j'avais imaginé,je peu bien l'avouer il a
même débordé de toutes parts mes intentions initiales.
A LA POURSUITE DE MA
VIE
I
Mon projet
d'écriture depuis l'époque lointaine ou j'aspirais à écrire ( et
ou je m'y exerçais) à t'il prit forme aujourd'hui? .Après quarante
cinq années mes rêves d'écrire où voguent t'ils? Cette question
ne se pose que parce que la pente de ces écrits m'y invite.
Naturellement si on prend pour référence, uniquement le texte que
l'on a sous les yeux on pourra se dire que mon style est un peu
limité ,on aura pas tord d'y voir un style bâclé;mais je préviens
mes lecteurs on aura peu l'occasion de rêver pour ces écrits, à
d'autres façons de faire, car le bref aperçu que j'en donne ici à
travers ce premier opuscule le numéro un de mes récits de mémoire
,ressemble à un brouillon manifeste ;mais j'aime les brouillons
,j'aime les essais maladroit.Ma lecture du passé on peu le
constater n'obéit pas à un ordre précis .Mes souvenirs sont
déréglés. .Je ne veux démoraliser personne, mais ma façon
d'écrire est foncièrement
bordélique.
Déjà à
l'armée ,j'avais été surpris de
découvrir qu'on m'avait collé sur le dos cette étiquette ;c'était
après une inspection de ma chambre par un officier alors que je
travaillais comme réceptionniste à l’hôtel sous off .J'avais aussi
la réputation au début de mes classes d'être bordélique car je ne
parvenais pas à marcher aux pas! Je ne voyais pas à l'époque en
quoi mon comportement était fautif ; il était à peu près clair
pour moi que c'était les autres qui avaient tord et moi qui avait
raison.Je n'écoutais que mes voix intérieures et bien souvent elles
étaient différentes de celles qu'on m'obligeait à écouter.Je
sentais bien qu'il y avait des choses qui m'échappaient dans ce
monde,j'étais quelque part un dissident ou peut être pire une sorte
d'inadapté ,je devais faire des efforts considérables pour me plier
au joug de la réalité .Pour ces écrits ce sera vraisemblablement
la même chose, je vois très bien surgir dans mon dos un juteux de
l'écriture: -Avancez!Espèce
de raté!C'est vous l'écrivain bordélique de ces fameux Écrits!Avancez donc qu'on vous voit!!Montrez nous votre fameux essai
post-moderne.(Rire sous cape )Avancez!N'ayez pas peur!Ah!On à bien
le droit de se marrer!Ah! Bien vous refusez !. Vous êtes toujours
stupide et aussi indiscipliné!. On va vous mâter !Vous les
écrivains autodidactes issus du peuple vous êtes un véritable
danger pour la pensée française ,vous faite dérailler notre langue
avec vous elle risque de basculer dans la médiocrité .Heureusement
il y a des gardes ,même si ils sont fous ils ont au moins
l'intelligence de recourir à la force lorsqu'ils aperçoivent des
résistants des rebelles ,des tronçonneurs comme vous,des provocateurs
minables et analphabètes en plus!Ouste dégagez vous êtes hors de
notre champs des possibles! .Vous reviendrez lorsque vous aurez
appris à écrire.- Je
ne rêve pas je ne serais pas étonné de voir surgir dans mon dos un
professeur de droit qui m'indique la direction à suivre pour éviter
la prison.La société à des règles il faut les respecter.,c'est
tout c'est la loi.Cette réputation qu'on m'avait fait par le passé
m'avait sans doute traumatisé.Pourtant je ne me sentais pas existentiellement différent des autres.J'étais comme eux aussi
bavard aussi stupide aussi génial quand c'était nécessaire de
l'être.La société s'était parfois trompée à mon égard ;on
m'avait quelquefois pris pour un autre ,pour un garçon entreprenant
alors que j'étais timide,pour un individu subversif alors que
j'étais simplement un passionné d'art et que je le pratiquais en
violant parfois des vieilles baraques qu'on osait appeler propriété
privée ,car elle ne renfermait des hardes que leurs propriétaires
avaient sciemment laissé sur place pour faire chier les squatters
.Pour moi squatter n'est pas voler ,c'était même difficile je
devais transgresser les interdits sociaux que ma mère avait fait
peser sur ma tête .J'ai commencer par m'habituer à la société des
hommes et à leurs étranges comportements ,lorsque j'ai compris que
certains hommes avaient une brique à la place du cerveaux ;j'ai
compris ça lorsque j'avais douze ans , et que je tentais
d'introduire une vrai pièce de monnaie dans une machine à sous sur
une fête foraine, j'avais du mal à la faire rentrer dans le trou et
j'étais désespéré, je cherchais de l'aide ;mon regard rencontra
celui du propriétaire des machines à sous un gros forain au ventre
rond avec des bretelles énormes pour retenir son pantalon
crasseux,;au lieu de m'aider,il se précipita sur moi en hurlant -
Ah! C'est toi !C'est toi espèce de petit con qui me voles avec de
fausses pièces de monnaie Tu es pris espèce de sagouin
! - lorsqu'il s'aperçut que sous ma main
la pièce était bonne, il ne s'excusa même pas, il me considéra
simplement avec des airs encore plus soupçonneux, il s'imaginait
sans doute que j'étais le petit voyou qui refilait des fausses
pièces dans ses machines à sous et que j'avais réussit cette fois
ci encore à le berner..La vie des hommes c'était ça ,c'était un
combat permanent ,une lutte continuelle pour garder sa candeur sa
fraîcheur son innocence,au milieu d'un champs de mines!. C’était ça
la vie,il fallait s'adapter .Je me suis adapté ,mais j'avais
oublié,l'homme oublie toujours ,j'avais oublié la brique à la
place du cerveau. En vivant à Paname comme étudiant quelques années
plus tard,j'étais obligé de faire des petits jobs pour gagner ma
vie,un jour que je travaillais pour une société de distribution de
prospectus; le chef d'équipe plutôt sympa qui nous amenait nous a
dit - Voilà
je vous demande de faire juste c'qui faut, vous foutez pas trop de
prospectus en l'air, il se tourne vers moi et me dit ,tu dois faire
gaffe,il ta à l’œil,tu lui paraît suspect il
continua ses mises en gardes à droite et à gauche.J'avais oublié
la brique,la brique à la place du cerveau elle revenait ;c'était
dommage ,je m'étais promis de m'appliquer du mieux possible pour exécuter ma tâche ce jour là ;c'était peine perdue.Je me suis
dit à la lumière de ces petites tracasseries que c'était
terrible d'être pris pour un autre
.J'étais trop sensible et j'avais une
certaine idée de moi ;lorsqu'on me prenait pour un autre j'étais
forcément déçu ;ma sensibilité exacerbée me faisait voir les
choses en noir ;dans les pires moments j'aurais voulu quitter cette
terre et me réfugier sur une autre planète.C'est pourquoi je n'ai
jamais eu de probléme pour m'inventer des paradis imaginaires .
CONTREPET
.
J'ai
sais que si j'ai la prétention d'écrire,paranoïa comme je suis
devenu ,je n'irai pas loin .Car j'imagine dans mes pires moments
qu'un censeur invisible veille sur la totalité des écrits du monde
entier .La peau de mes écrits défile sans ordre sur la surface de
la terre ,car pour l'instant cette peau demeure invisible,personne ne
me lis , sans ordre je suis sans avenir possible pour les censeurs et
les pages que j'écris sont seulement encensées par les caprices de
ma langue.Parfois ma peau se rebiffe ,je suis encore un narrateur
hors champs ,j'écris pour mon seul plaisir ;je suis devenu incapable
de me plier aux injonction de disciplines des écrivains
bourgeois,d'ailleurs on ne sait plus qui ils sont.Est ce que Houellebecq
en fait partie?. Je suis peut être un narrateur bâtard ,un insurgé
sans même le savoir ,un fauteur de trouble né. Ma fantaisie
d'ailleurs n'est pas si ardente, mon imagination plutôt terne
comparée à celle de certains auteurs bien plus doués que moi pour
l'agitation .J'apercevais parfois du génie ou simplement des
éclats de génie dans mes brouillons hostiles,mais je doute ,je
n'imagine pas qu’écrire puisse être un avantage par rapport à la
jouissance absolue que représente pour moi la peinture;Je suis pris
parfois de frénésie et je m'abandonne souvent à des détours en
voulant décrire une chose simple je m'envoie en l'air avec des
phrases compliquées qui n'ont aucune importance et qui probablement
doive lasser le lecteur ;je dois m'amender,me corriger je ne suis pas
parfait.Telles seront en partie mes -Mémoires
improvisées-,elles s'improvisent au jour le
jour, elles s'alignent d'une façon anarchique ( en apparence) sur
ces pages que vous lisez; elles dérivent parfois à l'opposé de là
ou je voudrais qu'elles aillent ( soit elles se dirigent vers mon
présent, alors que je voulais parler de mon passé, soit elles
sautent dans mon passé alors que je voulais juste aborder mon
présent ) ces mémoires appartiennent à un vaste réseau d'écriture
qui travail dans mon dos au tissage d'une toile qui m'échappe ;en
peinture je m'en sort vraiment mieux,je maîtrise un peu mon sujet
!.
II
QUELQUES
FRAGMENTS DE MÉMOIRE INSTABLE
LE
TISSEUR.
Je ne
pensais pas lorsque j'étais ouvrier tisserand, qu'un jour je
pourrais comparer le travail que j'effectuais alors sur mes machines
à celui qu'un tisseur de mots égrène sur son ordinateur. Il y a là
pourtant une similitude qui peut immédiatement apparaître lorsque
je contemple la surface blanche éclatante de mon écran; je la
compare à la surface blanche que j'observais hier à travers la
texture blanche du tissu qui défilait sur mes machines .Hier c'est
vrai je vivais un enfer.Je vivais dans l'enfer du tissage
blanc,j'avais l'esprit comprimé par la hâbleur des machines ,j'étais
éloigné du monde amoureux de mes passions;la vie me paraissait bien
plus dure et bien plus cruelle qu'aujourd'hui,où je peu me livrer
sans détours à mes passions .Je vivais dans l'enfer du tissage qui
enfermait ma vie dans un cercueil à l'odeur de coton.Aujourd'hui,à
part le ronronnement d'un appareil de chauffage pas de stress pas de
harassement ;mais le stress existe toujours;il est dans l'alignement
économique des planètes qui traversent ma trajectoire artistique
,elles ne s'alignent jamais comme il faudrait ;je dois toujours ramer
pour que la conjecture économique soit favorable et je l'atteint
souvent juste au dernier moment ,lorsque je pensais que tout allait
s'écrouler je ramène un trophée .Aujourd'hui je suis devenu un
força volontaire,je tisse à nouveau;mais seulement des mots.Hier
je me plaignais j'étais un força involontaire de l'industrie
textile.Je ne connaissais pas la lutte pour la survie économique
,j'étais un esclave qui touchait un salaire.A présent que
j'écris,je me refuse à associer mon travail à une entreprise
littéraire ; mes écrits dans mon esprit ont cessé ( de mon point
de vue) de répondre aux critères de la littérature ( à ceux que
j'avais à l'esprit lorsque j'étais encore en admiration devant mes
grands auteurs préférés ) ces écrits ni répondent pas ( de mon
point de vue) d'autre part, je pense ( j'ose à peine le formuler)
que la littérature est un genre dépassé où en passe de l’être.
Cette affirmation est prétentieuse,c'est pourquoi je m'étonne
qu'elle soit sortie de ma bouche;mais je n'en pense pas
moins,d'autant que j'ai du mal d’argumenter ; ici je cède peut
être surtout à mes instincts iconoclastes, car je me dis peut être
à tord que c'est souvent eux qui ont raison contre tout et souvent
contre moi. La littérature est un genre dépassé et qui va
disparaître( je récidive) ; il va disparaître ( ce genre) au
profit d'une autre forme d'écriture beaucoup plus élargie ,beaucoup
plus vaste associant et combinant des stratégies et des modes
d'écritures très variées combinant les images le son tous les
modes audiovisuels et télématique à venir; cela donnera naissance
à un nouveau genre d'expression Synoptique et simultané ;élargie
la lecture d'un même événement pourra se faire sur un même plan
avec des mode d'expressions complètements différents,cela se fait
déjà dans tous les domaines ou l'informatique règne en maître.
C'est déjà cette cette vaste entreprise de redéploiement de nos
sensations qui se profile avec l’implication des objets
informatiques nés de l'intelligence artificielle ;je n'ai pas grand
mérite à pronostiquer la fin d'un genre et à annoncer un nouveau
puisque nous avons déjà la chose ( en miniature) qui est en train
de se produire sous nos yeux à travers le domaine de l'intelligence
artificielle. Dans ces écrits, je commence déjà par appréhender
la future disparition du livre imprimé;mon travail est trop
statique il mourra avec la naissance d'un certain mode de lecture
statique.On a encore quelques années avant de rentrer de plein pieds
dans un monde multidimensionnel . D'ailleurs peut être que je
m'empresse après tout de terminer cette première partie des Écrits
dans le but unique de la voir paraître sous une forme imprimée (
avant qu'elle disparaisse) cela correspond assez bien à mes
anciens rêves d'adolescent ,à l'époque quand je me rêvais en
écrivain ,je rêvais d'être édité en livre de poche plutôt que
sous forme de e-book,car je ne savais pas qu'un jour l'écriture
pourrait se matérialiser sous une forme aussi décalée et
excentrique.
__________________________________________
LES ÉCRITS
QUELQUES
EXTRAITS DE SOUVENIRS
SURGIS A
L'IMPROVISTE.
___________________________________________________________________________
-
Lorsque j'écrivais le journal d'un fou en campagne - Nous étions en
soixante huit –Je voulais sortir du monde contrarié
et étriqué que je m'étais fabriqué- Petit catalogue de mes
géniales pièces qui n'ont jamais vu le jour.- Un écrivain
imaginaire - Deux brefs extraits d'écriture imaginaire – .
________________________________________________________________________________
Lorsque
j'écrivais le journal d'un fou en campagne,
j'étais à l'armée, j'avais été incorporé en mai soixante huit
quelques jours avant les événements dans un régiment d'infanterie
de marine situé au Mans. J'ai commencé par écrire les pages du
journal d'un fou après quelques mois d'armée, alors que me trouvais
dans un hôtel sous off, comme gardien réceptionniste.Une fois
incorporé, après mes trois mois de classes réglementaires, j'avais
essayé d'échapper au sort qui m'attendait , je devais rejoindre une
compagnie de combat, où j'étais destinée à crapahuter ; je
voulais continuer à me livrer à mes activités artistique pendant
mon service j'avais du faire des pieds et des mains pour rejoindre
une compagnie de services . J'avais été voir un officier conseil à
moustache noir , je lui ai dit que je poursuivais des études et que
j'aurais du mal à le faire tout en crapahutant. L'officier aux
grosses moustaches noires, était impressionnant, il me dévisagea
sous tous les angles mais je ne me suis pas laissé désarçonner;
j'ai défendu ma cause. Auparavant j'avais du subir une épreuve bien
plus difficile, j'avais eu à assumer un entretien avec le capitaine
de la compagnie de combat dans laquelle j’effectuais mes classes,
pour lui expliquer pourquoi je désirais demander un poste dans les
services. Ce capitaine m'avait à l'œil je n'ai jamais trop su
pourquoi,j'imagine qu'il voyait en moi un rebelle,car je marchais très
mal au pas;c'était d'ailleurs involontaire de ma part,de temps en
temps je perdais le rythme et je faussais involontairement la
marche.Ce capitaine criait comme un enragé pour me refaire prendre
le rythme ; il ne supportait pas l'idée que quelqu'un puisse se
dérober à ses fantasmes d'ordre ;à la fin de mon service alors
que je ne pensais plus à lui ,j'ai été convoqué au conseil de
discipline ,sans que je puisse savoir un seul instant ce qui m'était
reproché ( c'est d'ailleurs pourquoi on ma relaxé). Le capitaine
m'avait poursuivit de sa vindicte;il me reprochait d'être un tir au
flanc ; car j'avais passé trop de temps dans une compagnie de
services.Je m'étais retrouvé le jour de la convocation devant le
tribunal avec un garçon très sympa un certain Fixaris,qui était
convoqué avec moi pour un motif inconnu,il était fils d'un
militaire haut gradé ;il m'avait paru particulièrement sympathique
,il se moquait ouvertement de l'armée ,cela m'avait rassuré de
voir qu'un fils de militaire faisait de la résistance;je n'ai pas
suivi sa trace ,je ne sais pas ce qu'il est devenu .Le capitaine qui
m'avait poursuivi de sa vindicte était d'origine Corse, ce qui
explique peut être son excès de zèle .Il m'avait remarqué car je
marchais mal au pas ,mais peut être eut il connaissance en secret
de mes antécédents de militant dans la vie civile,car chaque appelé
avait son profil enregistré dans un dossier militaire; il avait pu
avoir connaissance vraisemblablement des éléments que lui avait
communiqué la sécurité militaire ,dans ce cas il avait pu examiner
à tête reposée ma vie d'agitateur syndical dans les Vosges;dans le
dossier il devait y avoir une photo de moi en train de casser du bois
devant la maison familiale ,j'étais avec mon père ce jour
là,mais c'est moi qu'ils avaient pris en photo ;une voiture s'est arrêté au feu rouge qui était devant la maison ,j'ai aperçu un
drôle de type sortir un appareil et me prendre en photo ;c'est le
genre de chose que les citoyens des pays démocratiques ne sont pas
censé voir surgir sur leur route en temps normal,nous étions en
1964 ;dans les pays totalitaires la choses étaient sans doute
courantes,et c'était certainement pour les individus fichés un
signal de danger.Je n'ai pas réagis,la situation m'est apparue
tellement irréelle que je n'en croyais pas mes yeux .Je me suis
rendu compte chose délirante,que j'étais certainement suivi par les
services de renseignements de l'état française ;je faisais déjà
partie probablement des individus à surveiller ,j'avais été un
des meneurs de la grève qui avait éclatée quelques temps plus tôt
dans mon entreprise,nous venions de constituer un syndicat ,j'avais à
peine seize ans,j'avais fait débrayer une partie mon usine .Cette
scène m'est revenue à l'esprit lorsque j'ai été convoqué au
conseil de discipline de l'armée,car je me demandais pourquoi on
m'en voulait ,qu'est ce qu'on me reprochait,qu'est ce qui se tramait
dans mon dos.J'ai aussi supposé un certain temps que l' hostilité
du capitaine Corse venait de ma façon ironique de réagir aux
commandements de ses sous officiers ( je n'avais pas pu m'empêcher
de faire un peu d'humour lors des séances d'entraînement au début
de mon incorporation) mais surtout j'avais été ouvertement hostile
aux travaux d'approche et d'intoxication de certains gradés qui
n'arrêtaient pas de répéter à la ronde que nous allions nous les
appelés devoir intervenir contre ces sales étudiants qui
manifestaient à longueur de journée dans Paris,(nous étions en mai
68). Dans ma chambrée le soir je m'insurgeais ouvertement contre
ces travaux d'approche et je travaillais au corps à corps mes
camarades de chambré en bon résistant que j'étais pour les
avertir que si la chose se produisait , j'étais capable de réduire
mon arme au silence;il y avait sans doute des oreille pour écouter
*. En tout cas j'ai du être étiqueté dans l'esprit de ce capitaine
comme un élément potentiellement dangereux ,comme un fauteur de
troubles possible , et peut être aussi comme un tire au cul puisque
j'avais réussit à me glisser dans les service après mes
classes,les services avaient la réputation d'abriter des planqués
.A ses yeux j'étais surtout je crois une sorte de dangereux
subversif qu'il fallait assommer.Subversif, je l'étais certainement
car je détestais de façon épidermique la discipline militaire je la
trouvais ringarde et surtout abêtissante.On m'avait trainé ici pour
rien.J'aurais aimé être objecteur,mais après m'être renseigné
j'avais appris qu'il fallait faire le double du service normal,ça
m'avait ralenti.J'étais l'objet d'une enquête menée par les
services de la sécurité militaire,mais je l'ignorais ;mais un jour
que je prenais un pot dans un café au Mans en compagnie de quelques
amis un garçon revêtu d'un pull
over gris m'accosta ,il avait une
mine sérieuse mais joviale il me dit :-Les
services de la sécurité militaire m'ont demandés des photos de
toi.Tu dois faire attention,tu es surveillé-**
.J'étais un peu abasourdi car je ne m'attendais pas à un tel
déploiement de force à mon encontre.Le garçon qui me m'était en
garde faisait partie des services de l'administration du camp ,il
était photographe aux armées ,il appartenait je m'en suis rendu
compte assez vite à un groupuscule marxiste léniniste qui se
réunissait régulièrement dans le bar ou j'avais mis les pieds .Lui
et ses camarades ne se cachaient pas ;ils lisaient la cause du peuple
et toutes sortes d'autres journaux gauchistes ils semblaient prendre
beaucoup de plaisir à batailler et à s'escrimer dans d'interminales
discussions menées tambour à travers la fumée des cigarettes au
milieu de tables encombrées de cendriers et de verre de bière
.J'étais rentré dans ce câfé car un camarade que j'avais croisé
au resto ,m'avait dit que se réunissaient là des groupuscules
anarchistes,cela m'avait intrigué ,je me sentais par moment des
affinités avec les anarchistes j'étais allé voir par curiosité
de quoi il retournait. Dans ce câfé j'avais l'impression que toute
la gentes contestataire du milieu Manceaux se trouvait là ,je
cherchais à débusquer les groupes anarchistes ,je voyais bien
qu'il y avait des groupes trotskistes à cause de leurs journausx
étalés sur les tables et des groupes marxistes léninistes ,car je
connaissais leur journaux assez austères ,certains consommateurs
lisaient la cause du peuple ,des consommateurs exaltés haussaient
le ton en critiquant visiblement les dernières mesure politique
prisent par le gouvernement ,des personnes que j'ai pris pour des
écolos à cause de leurs figure d'anges tristes parlaient doucement
dans une langue que je ne comprenais pas .Tout cet univers surprenant
me ravissait,je me disais avec soulagement que je n'étais pas le
seul à m'être écarté du droit chemin ,je n'étais pas le seul
rebel sur la terre il y en avait des quantités industrielles ;mais
je n'avais pas l'intention pour autant de faire de la
politique.J'étais trop occupé a écrire mes chef d'oeuvres .Je me
rendais les rares fois où j'allais au Mans rarement dans les cafés
,j'allais me promener la plupart du temps dans un parc fantastique
remplit d'une luxuriante végétation,il était situé au coeur de
la ville ,je venais dans ce parc pour respirer l'odeur des fleurs et
des plantes et pour capter le parfum de liberté que j'observais
croître dissimulé à travers l'arborescence luxurieuse de ses
plantations sauvages ;je venais surtout ici pour rêver à
l'écriture de mes futurs romans,car j'étais toujours amoureux de
mes anciennnes idoles ;me revenait souvent en mémoire quand je
marchais dans les allées du parc, la vie pasionnée de
Chateaubriand.,son écriture scintillante servait de support à mes
rêveries ;je savais que ce dernier était en politique lié au
camp réactionnaires ,c'était même un fervent royaliste ,mais cela
ne me touchais pas vraiment ;j'avais toujours aimé avant tout chez
Chateaubriand l'ardeur que l'écrivain avait mis à défendre à
travers sa plume une langue ardente pleine de contrastes .Lorsque le
photographe m'annonça que j'étais fiché par la sécurité
militaire , je suis sorti temporairement de mes rêveries et de mes
fantasias littéraires ,je suis tombé presque des nues…j'étais
très légèrement flatté d'être pris pour cible et en même
j'étais peiné d'être pris encore une fois pour un agitateur,car
je n'avais sommes toute pour véritable ambition,que de devenir
écrivain..Le jeune homme qui m'avait averti était un marxiste
léniniste convaincu ;je connaissais ce courant politique ultra j'en
avais idéalisé les contours quelques années avant ,mais à présent
je m'étais refroidi , j'étais surtout rebel à toutes les formes
d'autorité imposées d'une façon inique.Dans le câfé remplit
d'agitation je m'apercevais que je m'étais isolé du monde réel
;depuis que j'étais rentré comme larbins au service des sous
offs,je m'étais coupé du monde extérieur ,pourtant je n'étais
pas entièrement inerte je continuais à rêver d'émancipation à
songer à des changements .Les changements que les militants des
groupes révolutionnaires avaient en tête ,je les trouvaient souvent
un peu trop théoriques ,mais je les trouvaient nécessaire
(j'étais soudain à retombé à leur côté ) j'étais surtout
convaincu que l'imagination devait reprendre le pouvoir;la société
française était en pleine mutation,c'était mieux que rien.Je
tenais en respect une partie des idéologies que j'avais encensée
quelques années auparavant,alors que j'étais en train d'effectuer
une mue politique. Enfermé entre les murs de la caserne ,je ne
cherchais pas à fomenter des troubles,je trouvais que c'était inutile ,j'étais devenu un planqué presque malgré moi ,mais je
l'avais recherché , c'était une planque toute relative ,j'étais
aussi une sorte de larbin ,je profitais de cette période pour
affiner mes positions ;j'étais resté un écrivain imaginaire,un
sorte de penseur autodidacte ;je travaillais surtout à l'écriture
d'une pièce de théâtre – le journal d'un fou en campagne- cela
prenais beaucoup de mon temps ,car je n'étais pas un vrai écrivain
je m'exerçais seulement à le devenir .***
* P 30
NOTES :
Mo
contingent venait à peine de débarquer quand les événements de
soixante huit éclatèrent. La situation paraissait surréaliste
.Nous écoutions le soir dans les chambrées le déroulement des
événements à travers les infos distillées par les postes radios (
barricades, émeutes, voitures qui flambaient, manifestations
étudiantes) dessinaient en toile de fond une France prête à
imploser . Beaucoup de mes camarades de chambrée étaient comme moi
des ouvriers, leur l'hostilité vis à vis des étudiants était
presque viscérale; ils détestaient les étudiants car ils disaient
que c'étaient des privilégiés Je considérais que les étudiants
avaient raison de s'insurger; je considérais aussi que c'était
très bien qu'il le fasse Je n'étais inscrit à aucun parti, je
commençais par prendre du recul sur l'histoire.
** P.30
La photo qui figure sur la page de garde du Tome I des écrits a été
prise le jour de mon incorporation, au service militaire,c'est aussi
celle qui devait figurer sur mon dossier de sécurité militaire.
***En
m'attelant au Journal d'un fou en campagne-j'apercevais
les prémices d'une autre manière d'appréhender l'histoire;le fou
(mon héros) était parti en voyage;son voyage était errance ,il
traversait -des sociétés- .des mondes hostiles.Ces mondes
promettaient tous le bonheur aux homme,mais aucune ne tenait ses
promesses .J'avais prévu de faire cheminer le fou,dans différent sociétés .Le fou n'est jamais arrivé à destination ni dans la
pièce ni dans mon esprit ,j'avais fortement présumé de mes
capacités de création ,je n'étais pas parvenu à terminer,la
pièce .N'est pas Shakespeare qui veut. J'ai commencé ensuite sur la
lancée par établir des canevas pour de nombreuses autres pièces
de théâtre .Pour beaucoup d'entre elles je m'inspirais des
techniques de distanciation Brechtienne , des pièces critiques et
satyriques ,qui ne furent presque jamais terminées,car mon plaisir
principal était de les imaginer,les écrire me fatiguais très vite
au bout d'un certain temps.
Nous
étions en mai soixante huit, comme
j'étais à l'armée, je ne pouvais pas
goûter directement aux fruits de la contestation,je regardais la
contestation de loin ; je ne pouvais pas espérer faire grand chose à
part rêver et imaginer des jours meilleurs. Comme la France n'était
pas en guerre , et je n'étais pas menacé .J'avais appris le
maniement des armes en rechignant ,je prenais cette obligation pour
une corvée.j'étais très peu convaincu par ce genre d'apprentissage
qui était assez laborieux. On n'avait pas jugés bon de faire de moi
un gradé, j'étais resté deuxième classe.Je ne m'en plaignais
pas; j'avais horreur de l'autorité commander à des hommes de troupe
comme moi me semblait absurde. La seule fois ou j'ai souvenir de
m'être réellement amusé à l'armée, c'était au début de mes
classes;on nous avait lâché une pleine nuit, dans un bois pour
combattre un ennemi fictif représenté par une autre compagnie; à
cette occasion, je m'étais souvenu que j'aimais beaucoup jouer à la
petite guerre .J'avais régulièrement combattu le camp zioum ,à
l'époque de mes treize ans,c'était notre ennemi juré ; notre
campement se trouvait sur les hauteurs du village,il était installé
sur une plateforme en planche solidement arrimées entre trois
immenses sapins ,la cache offrait une vue admirable sur les
différents côtés de la montagne elle nous préservait de toute
surprise éventuelle, nous pouvions voir arriver l'ennemi de quelque
côté qu'il arrive .J'avais retrouvé avec étonnement cette nuit
là en rampant dans la nuit au milieux des fourrés ,avec casque et
fusil le même plaisir que j'éprouvais en pratiquant mes jeux
guerrier de naguère ;ramper en silence au milieu des bois,s'amuser
à déjouer la présence des sentinelles ennemies postée au quatre
coins d'un camp fictif ,réussir grâce à des ruses de sioux à
contourner le camp pour le prendre à revers tout cela me rappelait
ma vie d'antan et des reflex es anciens.Organiser une embuscade
surprise et réussir à dérober le fusil à un grand empaletoché
de deuxième classe qui avait du mal de se mouvoir,car il était trop
lent ,c'était stupidement excitant ;c'était un garçon qui n'était
pas du tout méchant, et que j'aurais serré dans mes bras en temps
normal tellement je le trouvais vulnérable.Il nageait dans son
uniforme trop grand ,il était empêtrè dans un espèce de mouvement
désordonné qu'il avait fait en tournant sur lui même lorsque nous
l'avons saisi ;nous l'avions cerné à quatre et immobilisé sans
difficulté ;c'était facile à faire nous lui avons dérobé son
arme ,c'était de la pure connerie ,une petite guerre trop inégale
. Je n'étais pas très fier après coup de mon héroïsme, car
c'était de toute évidence tellement facile de s'attaquer à ce
grand empaletoché que l'exploit devenait dérisoire presque
ridicule; l'armée aimait jouer – à la petite guerre- et j'étais
tombé cette nuit là dans son piège.L'armée qui était totalement
ennuyeuse pour moi avait tout à coup réussit par un coup de génie
à me désennuyer .J'avais trouvé excitant de ramper dans le noir de
m'approcher d'un ennemi fictif et de lui dérober son arme en bois,je
continuais sous cette forme ma vie d'enfant ,c'était un jeu qui ne prêtait pas à conséquence.Pourtant en temps normal,je trouvais
extrêmement laborieux toutes les disciplines, les exercices de tir
sur cible ou les attaques réglées devenaient vite des modèles
d'ennui,surtout lorsqu'ils étaient enseignés par des gradés imbus
de leurs savoir logistique et très peu accessibles à l'humour .
Dans d'autres attaques simulées plus conventionnelles il fallait
ramper dans des bosquets épineux et attendre qu'un gradé fasse
péter de fausses grenades attendre ses ordres et avancer par
vagues successives "dans un environnement hostile" c'était
faussement surréaliste,c'était déprimant. Dans le fond, je
n'aimais que la guérilla qui laisse la place à l'invention et à
l'initiative ; je me sentais brimé chaque fois que je devais
attendre les ordres de petits gradées, dont peu possédaient une
seule once de génie stratégique.Au début de mes classes mes
camarades m'appelaient "l'anglais" car une de mes manies à
cette époque c'était de me promener avec un petit livre qui me
servait à apprendre des mots d'anglais. Apprendre l'anglais, c'était
une façon de me différencier. J'avais cette persistante un peu bête
qui consistait à croire que l'anglais c'était bien,à cause que
personne autour de moi ne le parlait,j'essayais de le pratiquer à
des fins de prestige ;mais mon système d'apprentissage était trop
empirique,totalement coupé d'une pratique vivante de la langue. J'ai
régulièrement tenté de pratiquer cette langue symbole de prestige
pour les français totalement inapte à la parler ,que s'en étais un
peu ridicule .Cette manière de m'accrocher même en crapahutant à
des bribes de savoir me rappelait celle obstinée que j'avais adopté
lorsque je travaillais comme apprenti dans mon tissage;je sortais de
mes poches entre deux courses (j'approvisionnais en bobines les
métiers à tisser) des petits papiers sur lesquels j'avais inscrit
des mots rares,des expressions savantes,des dates de l'histoire que
je voulais retenir,des noms de philosophes ou de célébrités que
je voulais garder en mémoire , je tentais de poursuivre ce que j’appelais mes humanités ;je les poursuivaient - sur le tas -contre
vent et marées .Cette façon d'apprendre obstinée ,presque buttée
aurait pu faire croire de ma part à un détraquement,et s'en
était un sans doute,c'est pourquoi je peine autant aujourd'hui
encore à me l'expliquer. C'était simplement la folie et
l'obstination d'un individu qu'on avait privé de savoir et qui
désirait par dessus tout s'en libérer ,qui me faisait réagir de
cette manière .Je me sentais humilié d’être privé de l'éducation
à laquelle j'estimais avoir droit;si je poursuivais mes humanités
avec autant de rage c'était que je me sentais victime d'une
exclusion ;je voulais apprendre et on m'obligeait à travailler.Je
faisais de la résistance à ma manière ;j'ai commencé très tôt
mon apprentissage solitaire de la résistance.Je n'avais pas le
choix,pour résister au rouleau compresseur de l'anéantissement par
le biais du travail laborieux ,j'avais été obligé de me donner une
ligne de conduite .Je devais m'imposer ma propre discipline .A une
période je voyais l'usine comme un lieu d'émancipation;elle m'avait
libéré de l'école que j'assimilais à une espèce de catastrophe
,mais bientôt je m’aperçus que l'usine était devenu un lieu
d'enfermement encore plus brutal que celui de l'école.Je devais
réagir,et je le faisais à ma façon ;le fait d'assimiler des
connaissances en travaillant,me purifiait l'âme ;de même j'ai
compris instinctivement en rentrant à l'armée que le rouleau
compresseur de la grande muette voulait me rendre docile;me tailler
net sans faille me rendre propre et imbécile,sans vraie singularité
comme tous ceux naïfs qui se jetaient dans ses bras sans garder au
fond d'eux un fond de dignité ,une poche inné de résistance
.L'armée si on la laissait faire à l'époque n'avait qu'un objectif
avec ses recrues les moins dotées de diplômes ,c'était de les rendent à terme sans aspérité, aussi plat et silencieux qu'un
bouton d'uniforme. Je faisais de la résistance derrière mes
machines à tisser, de même je faisais de la résistance à l'armée
,car je n'avais jamais accepté la vie dans laquelle on voulait me
maintenir de force ,ouvrier on voulait que je reste ouvrier ,deuxième
classe à l'armée on voulait que je ressemble à un bouton
d'uniforme .Pour moi apprendre ,c'était résister ,c''était
échapper à l'uniformisation.J'ai découvert très tôt puisque
j'étais autodidacte les jouissances que procurait le savoir .J'en
découvrais peu à peu à ma façon les voluptés immatérielles .Je
savais que mes connaissances étaient limitées ,mais cela me
stimulait de combler mes défaillances .Je découvrais en autodidacte
les joies du savoir;surtout je m'étais promis de ne jamais humilier
mes semblable à l'aide de mes connaissances.J'avais trop souffert de l’humiliation perpétrées par des individus imbus de leur savoir
pour tenter de faire la même chose.Relisant récemment certains
passages du livre de Calaferte -Septentrion -,j'avais été étonné
de retrouver chez Calaferte certaines scènes humiliantes de ma vie
de laborieux ;les scènes étaient devenu grâce au talent de
Calaferte des scènes héroïques;celles en particulier ou il lisait
en pleine extase des passages de la divine comédie dans les latrines infectes et puantes de l'usine où il travaillait ;je
faisais la même chose dans les toilettes sombres et puantes de mon
usine,elles exhalaient une odeur de tabac froid qui me remonte à la
tête quand j'y pense.La littérature associé à la puanteur m'est
revenu en mémoire en lisant Calaferte ,il passait une grande partie
de son temps lorsqu'il travaillait à ingurgiter des bribes de
connaissance qu'il absorbait clandestinement ; je faisais exactement
de même.Dans ces univers souterrain les hommes prennent conscience
que jouir des produits de l'esprit est une grâce .En lisant
Shakespeare ou Dante dans les latrines de mon usine ,j'oubliais le
monde tel qu'il était;j'en découvrais un autre bien plus sublime.
J'étais extrêmement heureux de pouvoir savourer la beauté
immatérielle des choses.Dans ces instants ,je n'avais pas de
haine,juste un désir fervent de mélanger mon âme avec celle des
génies qui accouchaient de telles merveilles.En
soixante huit,je me consacrais à
l'écriture de ma pièces de théâtre le journal d'un fou en
campagne ,c'était en fait ma presque vraie seule activité
sérieuse,le reste ne m'intéressais pas.Si j'ai conservé comme une
relique pendant très longtemps ce manuscrit inachevé ,c'est qu'il
représentait pour moi le seul jalon littéraire digne de me
représenter;avec ce manuscrit même inachevé , je pouvais me donner
l'impression d'être un peu écrivain .Je me suis projeté dans une
vie de dramaturge à cause de cet manuscrit incomplet .A une certaine
période le théâtre est devenu ma planche de salut.A travers
l'accouchement de mes pièces de théâtre souvent abandonnées en
cours par la suite je tentais d'accoucher d'une idée sublime de moi
même ;surtout ,je lançais des défi à la vie,je devenais un
résistant à la médiocrité à l'injustice,et à la bêtise
humaine que je voyais se déployer tous les jours dans la société
devant moi . Cette société était pris de temps en temps par des
spasmes ,mai soixante huit en était un;je ne pouvais apprécier
cette explosion dans toute sa force car j'étais enfermé dans un
microcosme qui m’empêchait dans saisir tous les éclats.Mais je
pressentais que la société allait bientôt émerger de sa
torpeur,le travail de sape des contestataires de toutes sortes
avait fini par payer. En rentrant de l'armée j'allais écrire des
pièces critiques et contestataires ,j'étais devenu plus critique
à l'égard de la société capitaliste ;j'étais redevenu un
activiste du quotidien.J'avais rejoins mes camarades de la section
syndicale ;je n'étais pas entièrement coupé des réalités.Je
ressemblais pour partie à un insurgé ,mais je ne pouvais pas me
contenter d'une vie enchantée par les chimères ultra puissantes de
l'idéologie marxiste ,je rêvais en secret d'une autre vie d'une
vie bien plus vaste ,d'une vie attachée au ciel par un ruban de
lumière qui dépassait mon monde restreint .J'avais un besoin
absolu d'utopie ,je n'étais pas satisfait du calme plat que je
voyais se dessiner aux alentours de ma vie quotidienne .A l'époque
,si j'avais consenti à admettre que ma vie puisse se fondre dans les
formes harmonieuse et apaisée du renoncement ,si j'avais accepté
de vivre une vie simple ,j'aurais pu peut être heureux à la façon
d'un homme ordinaire ,mais c'était impossible ,je m'étais tout à
coup découvert des instincts d'aventurier.J'allais bientôt
m'injecter dans les veines des poèmes radicaux et des figures
sublime,que j'allais pêcher dans les livres d'avant garde que
l'époque balançait avec profusion sur la scène culturelle
médiatique ;je voulais ma part de butin,je rêvais secrètement
d'horizons plus vastes.
Je
voulais sortir du monde contrarié et étriqué que je m'étais
fabriqué durant mon adolescence ,un monde de rébellion et de défis idéalistes pas assez en prise avec la
réalité.Je commençais par regarder le monde différemment .Mon
défaut était inscrit dans mon caractère j'avais hérité de
l'esprit étriqué des vierges ,j'ai souvent regardé Artaud et
Chateaubriand comme des exemples de type virginal,mais ils n'avaient
heureusement pas que des défauts .Moi je voyais surtout les miens;je
raisonnais trop ,souvent en théoricien pas assez en poète ,je
voulais décortiquer chaque chose,chaque pensée,chaque système .En
théâtre je me suis aligné sur la grille de lecture de Brecht
après avoir avoir tenté une écriture plus libre avec le journal
d'un fou .Je ne sais plus pourquoi j'ai fini par adopter dans mes
esquisses de pièces de théâtre qui sont venus par la suite une
écriture si distancée.Mes canevas de pièces étaient toutes des
dénonciations du système social ,je voulais montrer la misère
sociale ,l'exploitation sociale,la misère l'aliénation qui filtrait
derrière l'apparence de bien être du système ;j'étais un
intellectuel autodidacte qui avait très bien assimilé les systèmes
de penser de intelligentsia contestataire .C'était au final
quelque chose d'inédit et de totalement insensé d'avoir engendré
un tel univers critique en moi ,car je n'appartenais pas exactement
à l'intelligentsia même si je m'identifiais à elle .J'étais un
créateur autodidacte une espèce rare, instable et imprévisible
;j'avais développé d'énormes facultés de création,mais
j'avais en moi d'énormes lacunes .Je rêvais d'être à la hauteur
de Brecht qui avait remplacé Shakespeare dans mon panthéon
dramaturgique ;à travers la dramaturgie je rêvais un beau rêve
solitaire;je survolais en rêve la société du capitalisme attardé
;déjà j'avais aperçu dans mes dérives théâtrales à travers mes explorations dramaturgiques excentriques briller les éclats d'une
société schizophrénique encore plus malade et largement plus
sophistiquée que la première ,c'était les débuts d'une ère que
certains qualifieraient bientôt de post-moderne.La critique sociale
à laquelle j'adhérais avait je le savais au fond de moi peu de
prise sur le monde simple dans lequel j'évoluais au quotidien; les
gens du monde ouvrier que je côtoyais au jour le jour étaient
souvent dans le fond content de leur sort et à mille lieux de
partager ma vision critique de la société . Seuls les militants
syndicaux qui tentaient de faire émerger la résistance dans la vie
de tous les jours avaient assez de pugnacité pour imaginer un autre
monde ,les autres semblaient se contenter de leur pain
quotidien.Mettre en branle le scénario d'une nouvelle pièce qui
dénonçait l'aliénation de la société ,c'était ma façon à moi
à nouveau de faire de la résistance et d'affirmer (même en porte à
faux) mon identité sociale rebelle. C'était une sorte de catharsis
que j'avais mis en place pour me forcer à rester éveillé ,car je
croyais au rôle de la pensée émancipatrice et de
l'intellect.J'imaginais sans cesse de nouvelles pièces,car je
trouvais dans cette persistance à mettre à jour les maux du système
un objet de renforcement de mes propres convictions.Je prenais des
notes , et encore des notes, je m'évertuais sur mes machines à
tisser au milieu d'un bruit d'enfer ,le jour ou la nuit,le matin ou
l'après midi à peaufiner et à tisser mes scénarios critiques
tout en effectuant comme un automates les gestes requis au quotidien
pour mon travail de tisseur.Je prenais des notes même au travail
,j'avais la passion des notes; j'avais accumulé beaucoup de pièces
dans mes cartons, et je ne cessais pourtant d'en inventer d'autres
quotidiennement ; imaginer le synopsis d'une pièce de théâtre
était devenu mon seul vrai grand plaisir ,ma seule vraie grande
distraction ,cette activité me sauvait de la dépression. J'avais
débuté mon activité dramaturgique ,vers mes dix huit ans ,peut
être même un peu avant et je la continuais.
Lorsque j'ai
entrepris l'écriture du journal d'un fou en campagne à l'armée;
j'avais l'impression d'avoir déjà beaucoup écrit;mais c'était
seulement une impression,car si j'avais écris des pièces
auparavant,c'était surtout sous la forme de brouillons.Ou bien soit,
j'ai trop douté de moi, ou bien je me suis beaucoup trop surestimé
;ou bien simplement c'était au dessus de mes forces, il doit y avoir
une raison qui à fait que je ne suis jamais parvenu à terminer
cette pièce géniale le journal d'un fou en campagne et toutes les
autres qui ont suivi .La seule chose dont je suis certain concernant
le journal d'un fou en campagne, c'est qu'il a déclenché le
processus de création dramaturgique obsessionnel qui ma propulsé
dans la manie furieuse d'écrire des pièces et de ne jamais les
terminer. Le processus d'élaboration d'une pièce de théâtre et
l'attente de sa concrétisation me paraissait plus jouissif et plus
beau que sa finition,j'étais en admiration devant la lente
décomposition de mes énergies incapables d'opérer le saut final
pour terminer mes pièces.Aujourd'hui encore je suis fasciné par mes
résistances à conclure mes projets littéraires ,je dois incessamment lutter contre mes tendances à faire long à tout
embrouiller et à ne jamais finir ;en peinture je n'ai pas ce
probléme,je crée et je conclus sans difficulté ,c'est comme si une langueur négative m'emportait au loin lorsque je m'attaquais à la
littérature ,une résistance imprévue s'insinue qui m'empêche de
concrétiser le processus de création ,cette résistance me
projette dans des abîmes sans fin.C'est pourquoi,j'ai décidé de
faire de cette difficulté (de cette faille) pour partie l'objet de
mon roman.C'est mieux rendre compte de ma vie que d'en décrire le
versant négatif,et d'en explorer les failles que de glorifier
éternellement mon ego en le ceinturant dans des poses qui ne
correspondraient pas à ma vie réelle.La littérature doit savoir
s'insurger et s'inscrire en faux contre ses propres faiblesses.Je
suis un écrivain en lutte contre lui même,en lutte contre
l'apparence sereine du monde et mon roman tire aussi sa substance de
cette dimension cruellement négative.
Petit
catalogue de mes géniales pièces de théâtre qui n'ont jamais vu
le jour.
Chant
d'amour chant de haine pour un spectacle défunt .
Profs
aux balcons .
Le
discours sur une planche.
Le
radeaux de la Méduse.
Gool.
Etc..
.A l'énoncé
de leurs titres je revois comme dans un flash , les laborieuses scènes que j'avais inventé - Chant d'amour
chant de haine pour un spectacle défunt -
.Cette pièce démesurée c'était la transcription du spectacle
gigantesque de notre époque étalé sur une grandes scène .Un
groupe de chœurs voilés était disposé de chaque côté d'un
vaste écran de cinéma .Sur l'écran on diffusait des rushs
d'actualité ,c'était le spectacle des violences et des conflits
qui affectaient le monde à la fin des années soixante dix que je
voulais montrer.Des orateurs,perchés sur des tribunes aux quatre
coin de la scène haranguaient les spectateurs ,simultanément les chœurs voilés faisaient entendent leurs chants tristes,plaintifs
vindicatifs .La diffusion des images piquées dans les médias de
l'époque mélangées aux harangues des tribuns et aux chants des chœurs devait créer un suspens syncopé,destiné rendre compte du chaos dans lequel notre monde était plongé.J'avais imaginé un
instant faire monter sur la scène un trio de sorcières comme
celles que Shakespeare fait apparaître à l'ouverture de Macbeth
;c'était une idée de contraste intéressante mais j'y avais
renoncé,j'avais déjà pris trop de retard ur l'organisation de
cette pièce.Je voulais utiliser les techniques de distanciation
Brechtienne ,des scènes piquées à Kantor et à Piscator.A cette
époque je recevais une revue -Travail théâtrale – qui délivrait
des comptes rendus de tous les spectacles d'avant- garde .Je
m'allongeais sur mon lit ,je fermais mes volets de façon à plonger
ma chambre dans un clair obscur qui selon moi favorisait les
rêveries.Je disais à ma mère qui s'inquiétait de me voir si
souvent allongé dans le noir que je tentais d'écrire un roman et
que j'en imaginais les scénarios possibles;elle me trouvais la mine
inquiétant,plusieurs j'ai vu son regard se poser sur moi avec un air
interrogatif.Je ne pouvais pas lui dire que j'étais un metteur en
scène imaginaire ,et que tout ce qui se passait dans ma tête
apparaîtrait bientôt sur une scène de théâtre,elle ne m'aurait
pas pris au sérieux .C'était pour moi plus commode de lui
mentir;un roman au moins ça à le mérite de n'utiliser que des
acteurs fictifs pas des acteurs réels .J'ai beaucoup d'admiration
pour ma mère aujourd'hui,car elle a accompagné durant de longues
années sans sourciller mes vies d'écrivain et de dramaturge
fictif.A t'elle jamais cru à mes délires?. Je tentais d' organiser
mes notes en rentrant du travail,car je rêvais à mes pièces au
travail .L'usine était ma deuxième base de création ;je
peaufinais le synopsis de mes pièces tout exécutant les gestes du
tisserand. Dans une autre pièce encore plus Brechtienne celle là
intitulée -Profs aux balcons – j'avais rassemblé sur scène une
série de professeurs sur un balcon,ils enseignaient à l'aide
d'insultes de harangues et de mots obcénes à des élèves qui se
trouvaient attachés où ligotés sur des tables d'écolier en
contrebas.Dans - Le discours sur une planche ,j'avais imaginé –
des rhéteurs modernes,des philosophes et des politiciens,mais aussi
des scientifiques perchés sur des planches- ils récitaient des
discours d'une beauté de circonstance, en se tenant debout sur des
planches ;des ouvriers habillés en bleu ,comme le sont tous les
ouvriers déversaient de l'huile sur les planches .Il en résultait
les pires choses qu'on peu imaginer en matière de glissades.Toute
cette grimaçante mascarade avait sans doute pour but de me venger
de ce que nous faisait subir à longueur de journée les médias et
la télévision ;cette société était une mascarade totale,j'en
étais convaincu.Montrer le monde tel qu'il était derrière
l'apparence de la réalité c'était mon objectif ,dénoncer
subsidiairement les formes d'aliénation ça l'étais aussi,mais
j'avais peu d'illusion ,car j'avais toujours cette idée en tête que
ces pièces ne seraient jamais jouées qu'elle resteraient à jamais
immobilisées dans mes tiroirs.J'étais d'avance battu,car j'étais
persuadé que les gens d'en bas dont je faisais partie, ne
parviendraient jamais à se faire entendre des gens du haut.J'avais
pourtant une certaine idée de mon travail ,car j'avais même élaboré
une théorie sur les effets physique du théâtre ,il me semblait que
pour être crédible je devais le faire .Cette théorie est restée à
l'état brut dans mes dossiers ,avec la marque T (comme Théorie)
sur une chemise.J'ai détruit une partie de ces documents,un jour
que j'étais excédé de les voir traîner derrière moi .L' idée de
les voir à nouveau m'oppressait,ils étaient le symbole d'une vie de
création avortée.J'étais devenu peintre à l'époque ,je vivais
sur une friche industrielle ,si les friches me permettaient de stoker
les tonnes d'archives de ma vie d'antan,le nouvel atelier dont
j'allais hérité allait être beaucoup trop petit pour les
accueillir,j'ai me suis résolu à séparer de ces esquisses de
pièces de théâtre subversives l'âme en peine,l'idée de me
séparer de ma vie de dramaturge même inaboutie me peinait tout de
même plus que j'ose l'avouer aujourd'hui, j'ai toujours eu un faible
pour ma vie d'auteur fictif.
Mes scènes
étaient toujours virtuelles ,elle était purement imaginaires ,
mais je voyais se déployer toutes ces pièces dans ma tête; elle
avaient donc quelque part réellement existées,je ne m'étais pas
seulement contenté de les rêver j'avais tenté de les sauvegarder
puisque j'en prenais des notes ;je prenais un grand plaisir à voir
exister ces pièces à travers mes notes .Souvent je n'avais presque
plus envie après les avoir vu étalées pendant plusieurs semaines
sur mes tables d'écrivain,de me mettre à les écrire ;le fais de
les avoir imaginée me semblait suffisant. J'écrivais pour un public
inexistant ,les véritables génies n'ont pas besoin de public,ils
écrivent pour un public imaginaire. J'étais une sorte de
romantique critique et désespéré ,je voulais décrire la dérive
d'un monde et d'une époque (la nôtre ) en pleine déliquescence ,je
décrivais aussi à travers ces pièces mon désarroi face à la
réalité.J'étais un dramaturge critique un peintre de la désespérance.Dans une autre pièce -Gool- dont j'ai gardé je crois
,mais égarée ,les notes et le synopsis, je décrivais les péripétie
d'un enfant handicapé -Gool- que des parents indignes s'amusaient à
persécuter par plaisir et sadisme,car ils s'ennuyaient.Je ne faisais
pas référence à mon enfance ,car j'avais eu une enfance heureuse
et comblée ,j'exerçais simplement mon esprit polémique vis à vis
de la société .J'avais pris sur la fin l'habitude de dessiner les scènes que je voulais voir apparaître,c'était plus simple que les écrire c'était le début je crois que ma reconversion d'écrivain
en peintre;,c'est pourquoi j'ai gardé dans mes cartons,surtout des
cartons visuels des pièces que j'imaginais d'écrire.Je prenais un
grand plaisir à dessiner .Dans mes notes visuelles pour un théâtre
imaginaire,je n'avais qu'une seule chose à faire c'était de
dessiner les visions que j'avais ,c'est surtout après ma montée
sur Paris que j'ai utilisé cette technique .Mes planches mettaient
en scène des spectacles instantanés étant de plus en plus
paresseux,je me contentais d'en dessiner les principales
séquence,puis je les abandonnais à leur sort .Avant de monter sur
Paris j'avais assisté au spectacle de Bob Wilson -L'enfant sourd-
c'était à Nancy ,c'était au début des années soixante dix ma
vision du théâtre s'est tout à coup mis à changer.J'ai compris
qu'on pouvait imaginer des spectacles qui pouvaient durer des heures
durant en utilisant la technique du ralenti.Je pouvais de cette façon
étirer mes visions à l'infini.J'ai commencé par construire un
spectacle similaire à celui de Bob Wilson,que j'ai intitulé –
l'enfant fou-,la pièce de Bob Wilson durait au moins six heure,la
mienne aurait pût durer un mois ;mais je me suis aperçu au bout du
compte ,que je n'aurais jamais probablement accès au génie
pratique de Bob Wilson,je ne concrétiserai jamais ma pièce;la rêver
me paraissait amplement suffisant,je l'ai arrêté ;elle dort à
l'état de notes dans mon fourbis.Passer de l'état de rêveur à
celui de metteur en scène ma toujours semblé une absurdité,il me
semble que je voulais rester un pur rêveur un dramaturge de
l'impossible.L'énigme de ma psyché est difficile à percer- La
seule pièce que j'ai vraiment terminée et menée à son terme,
s'intitule -la vie fantasmagorique fantastique
d'Artur Planck – c'était une pièce
autobiographique ,mais aussi une pièce pro-situ.Après ma sortie de
l'armée j'avais en l'espace de deux trois ans virée ma cutis,de marxiste j’étais devenu pro-situ ,cette pièce décrivait la vie d'un
ouvrier de production – moi- coincé dans la société du
spectacle.Cette pièce représentait la vision schizophrénique du
monde dans lequel j'avais l'impression de vivre.C'est après le
journal d'un fou en campagne la seule séquence dramaturgique
concrète de mon rêve théâtral. Mes meilleurs créations ont été
bien souvent des défaites,puisque je ne terminais jamais mes
pièces,. Cette manie remontais à loin,j'avais seulement une
quinzaine d'années,j'avais commencé par écrire mes mémoires,je me
promenais à travers les bois ou dans les près qui dévalaient de
la montagne pas loin de la maison où j'habitais il y avait un pan
de montagne extraordinaire ;je choisissais de préférence des
endroits propices à la rêverie .Je parlais tout haut, tout en
foulant les herbes et les fleurs sauvage du pieds ;j'écrivais mes
mémoires imaginaires ,je me récitais les fait et gestes et les
actions que j'allais accomplis dans un futur lointain.Je voyais des
rêveries verbales qui s'installaient en moi, la marche m'aidait à
les faire défiler,je me m'étais à écrire en rêve les choses
sublimes extravagante et irréelles de mes exploits futurs .J'étais
un être inspiré.Dans les pages que je voyais s'écrire ,il y avait
déjà ,celle d'un grand roman imaginaires,j'en suis convaincu .Je côtoyais mille héros ;j'inventais des mondes extravagants et
extraordinaires ,ces mondes existaient concrètement ;ils se
déployaient plein d'assurance dans l'espace clair de mes rêves,ces
pages fantastiques que j'écrivais et récitais en même temps
étaient uniquement visibles et audibles par moi;mon génie
scintillait à travers mon imagination qui était grande et je
n'avais pas de honte de l'affirmer ,mon écriture à cette époque
était d'autant plus belle et précieuse que j'étais le seul ,à
pouvoir la déchiffrer.
UN ÉCRIVAIN
IMAGINAIRE
Un
écrivain imaginaire suite. Un de mes plus
grand moment d'écriture, date de cette époque .J'étais en
avance,car j'avais déjà recours à des montages pour raconter mes
impressions sur la vie.Les phrases des grands écrivains que je
découvrais dans mes lectures,ressemblaient à des trophées que je
pouvais m'approprier.
A travers
ces phrases ,je devenais un fabuleux écrivain.J'écrivais de ma
plus belle écriture ( une écriture de rêve) des pages fantastiques
inspirées des mes plus belles lectures; je voyais s'écrire devant
mes yeux un livre surnaturel. Cela se passait au milieu des arbres et
des prés dans un décor naturel somptueux. Je passais des moments
délicieux dans cet endroit béni,j'oubliais mes soucis mes tracas,l'
humiliation d'être obligé de travailler alors que je n'aurais aimé
ne faire que lire peindre ,étudier,étudier selon mes élans,et mes
désirs,qui n'étaient pas conformes à ceux que le monde me
demandait;à cette époque déjà,je commençais par prendre mes
distances avec l'univers affreux de l'usine qui n'était plus pour
moi qu'un champs de douleur et d'expiation.Ces mêmes promenades
délicieuses et enchanteresses je les retrouvaient chaque fois que
je foulais en romantique des endroits propices à la rêverie ; je
passais des heures à déambuler et à continuer à écrire en
rêve.Je rêvais sans doute que j'écrivais le
roman de ma vie, je me récitais des passages
d'écritures inventées inspirés soit des mémoires de Châteaubriant soit des Rêveries de Rousseau je me récitais des
passages d'écriture lyrique ,sentimental tous plus ou moins
illuminés par une fougue romantique ,je construisais des fictions et
des essais ,des livres de poésie sauvage et j'inventais des théories
littéraires déjà,car j'avais déjà un goût précoce pour la
spéculation; je m'imaginais avec candeur que j'étais un grand
écrivain en train d'écrire ses mémoires. Je conserve en moi
certaines vague impressions de ces moments bénis,qui étaient
toujours liés à des sensations précises ; il y avait souvent un
unique déclencheur à ces moments d'extase,c'était le chant d'un
oiseau (toujours le même un rossignol je crois) son chant lorsque je
l'entendais,me transportais instantanément dans le pays magique de
l'écriture.Lorsque j'écoutais ce chant bercé par son rythme
envoutant j'étais transporté ,je me voyais transformé en une sorte
de merlin enchanteur ,j'avais le don d'écrire ,mais aussi j'étais
saisit par le don de voyance ,j'étais doué de pouvoir magiques ,je
pouvais voler et m'envoler avec une surprenante facilité ,me percher
sur une branche,sauter d'arbre en arbre et contempler depuis le ciel
où j'étais perché les vastes étendues de verdure qui
s'allongeaient paisible en contrebas.Je survolais l'espace de mes
lectures et de mes textes toujours avec une grande facilité ,j'étais
devenu un être prolifique que rien ne pouvais arrêter .Je revois à
présent les près immenses et les arbres amis qui m'observaient;
les arbres étaient mes premier admirateurs ,ils louaient en silence
mes prouesse d'écrivain ;ma vocation d'écrivain est née
incontestablement dans cette période ,et si depuis j'ai dû quitter
les rivages de l'enfance,c'est avec regret ,pas étonnant que je n'ai
produit rien d'égalable depuis.Je revois dans un éclair,les grands
sapins qui me servaient de refuge quand j’étais malheureux ,et les
beaux les genêts jaunes qui entouraient mes lieux de méditations
demeuraient toujours secrets ,j'avais construit plusieurs cabanes
dans des endroits éloignés de la civilisation ;les genêts dont
certains portaient encore des fleurs me servaient de point de
repère,c'est dans ces lieux secrets que j'écrivais en rêve.Lorsque
j'étais devenu un peu plus âgé ,j’embellissais mes souvenirs avec
des détails tirés des récits de mes écrivains fétiches , je me
prenais pour un génie;absorbé par le chant persistant d’un oiseau
toujours le même qui me poursuivait de sa grâce; je parcourais en
rêve d'une seule traite le monde merveilleux de mon enfance. Mes
souvenirs étaient toujours entrecoupés par des passages de lecture
que je faisais à haute voix en ouvrant bien la bouche pour articuler
comme j'avais appris à le faire dans mes exercices ;un crayon dans
la bouche je récitais des morceaux de poésie que j'avais retrouvé
dans mes cahiers d'école;Paul Eluard,Verlaine Lamartine J.du Bellay
ou Ruteboeuf étaient mes amis ;les herbes me fouettaient les jambes;
je levais souvent la tête pour tenter d'apercevoir le rossignol qui écriait son chant mystérieux ;je suspendais parfois ma lecture
pour écouter les rumeurs qui montaient de la ville ;je prenais un
immense plaisir à absorber les effluves de l'immensité verte qui
se dressait majestueuses impériale et amicale autour de moi.
J'étais à cet instant le plus heureux des hommes.Je ne savais pas
qu'à cet instant j'étais déjà en train d'écrire les toutes
premières pages de mon roman post-moderne.
Mes cahiers
de poésie de l'école élémentaire.CFE(2).
___________________________________________________________________________
VOICI
DEUX TRÈS BREFS EXTRAITS DE MES ÉCRITS IMAGINAIRES RÉALISÉS UN PEU
PLUS TARD LORSQUE JE M’EXERÇAIS DÉJÀ DANS L'ART D’ÉCRIRE.
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UN
PREMIER EXTRAIT
Cette
beauté bien quelle soit pure dans chaque trait si on les contemple
en détail, est visible surtout dans l'ensemble par l'harmonie, et
par la grâce. C'est bien là tout près de ce grand lac aux eaux de
cristal que j'ai été élève;j'ai grandi dans une bibliothèque
immense plantée au milieu de la nature. Depuis cette époque, j'ai
souvent vu se bâtir dans ma tête des châteaux enivrants plus
vites écroulés que des palais de sable.Un des premiers plaisirs que
j'aie goûtés était de lutter contre les vagues qui se retiraient
devant moi ou couraient après moi, sur la rive. Dans ce vaste temple
naturel j'aimais jouer avec l'arène de la plage dont les bordures de
verdure illuminaient mes pas par dedans.
Un
autre de mes divertissement était de construire,, des monuments que
mes camarades appelaient des fours. Véritable beauté de l'âme ces
objets sans destination précise m'occupaient à longueur de journées
;mon sort était irrévocablement fixé, je me destinais à une
enfance oisive.
UN
SECOND EXTRAIT
J'étudiais
ma leçon dans la chambre contigüe à la cuisine tout en essayant
par politesse, par habileté, par amour propre, peut être par
reconnaissance, de me montrer de plus en plus affectueux envers ma
mère. Hélas, il me semblait m'apercevoir , que malgré mes efforts
je gardais l'aspect figé d'un animal autour duquel un cercle
progressivement resserré dessinait ces quelques phrases . "Un
antre tient sur des rocs profondément minés une montagne suspendue
( il n'est pas de la main de l'homme; les causes naturelles ont crée
l'énorme excavation). C'est alors que j'entendis quelqu'un murmurer
à mes côtés "Vénérons les sources des grands fleuves".
De cet aveu même, je pouvais tirer de cruelles conséquences. Mon
imagination d'enfant faisait le reste,il me semblait que j'étais
possédé par des songes.Le passage d'un texte que j'avais lu me
revenait en mémoire -Dehors la servante avait mit sécher à la
plaque les peignes. Quand elle revint les prendre, il s'en trouva un
dont tout un côté de dents était brisé-. Je regardais la
poitrine de la maîtresse qui se soulevait ,elle avait un peigne dans
les cheveux;elle m'envoya devant le tableau pour la récitation ,à
cet instant me revint à l'esprit l'image d'une jeune écolière dont
j'étais tombé amoureux,elle était assise juste face moi sur un
banc de couleur jaune elle me souriait comme l'eut fait un ange.Ainsi
la ressemblance même de la femme choisie, de la tendresse demandée,
avec le bonheur que j'avais connu , tout concourait à me la faire
aimer; c'est pourquoi je peu dire aujourd'hui…que la mémoire n'est
rien d'autre qu'une chose liée à de simples impressions venues
d'ailleurs,peut être de l'inconscient .Rien, rien de ce qui m'est
arrivé durant cette époque chérie, rien de ce que j'ai fait, dit
et pensé tout le temps qu'elle a durée rien ne ma échappé .Je
regardais mon écolière,mon amoureuse le regard fixe, je ne pouvais
plus désirer une tendresse sans avoir besoin d'elle, sans souffrir
de son absence,je ne pouvais plus me passer de son beau regard d'ange
indifférent à la mort.
MURMURES.
Les temps de
vertiges d'amour et d'angoisses de mon enfance ont disparus,je me
rappelle à peine à présent les sensations qui étaient étalés
sur la page de mes livres C'est à peine si je me souviens des
flots entiers d'images que je voyais défiler devant moi en rêve
lors de mes promenades en solitaire.J'écrivais mes livres comme des
assemblages.Je construisais mes textes comme des gribouillages qui
ressemblaient à des espaces sans cul ni tête ,c'était peut être
déjà à cette époque des délires spontanés réalisés par
cut-up à une époque où je ne n'avais pas la moindre idée de ce
que ce terme voulait dire.Je réalisais plus tard lorsque je me suis
inscrit à l'école ABC de l'art d'écrire des collages,en croisant
les écrits de mes écrivains préférè avec quelques unes de mes
inventions personnelles ,mes idoles de l'époque étaient surtout
Chateaubriand ,Montaigne Rousseau ,Proust et de temps en temps
Mallarmé ,je me souviens d'avoir lu Pétrarque ( la vie solitaire)
dont j'admirais déjà l'esprit bucolique ; j'arrangeais mes écrits
selon mon gré en essayant de réinventer une langue dont j'étais
tombé amoureux mais dont j'étais encore incapable d'imiter sans la
copier la finesse intégrale ;copier,c'était déjà mon seul génie!
.J'ai tenté de redonner de la cohérence plus tard à ces
brouillons littéraires issus de mes inventions d'adolescent,j'ai
essayé de retrouver les sources de mon génie (mais lorsque je
croyais en retrouver certaines parties elles m'échappaient ) .Javais
perdu dans mes souvenirs toute trace de leur composition. ,ces
marches anciennes étaient devenues si lointaines qu'elles s'étaient
envolées en fumée.Je réinventais peut être ma vie au prix du
mensonge,en lui conférent un charme qui n'existait peut être pas à
l'origine
UN RUSH.
J'étais
rentré sans m'en rendre dans un processus d'interprétation purement
allégorique de la réalité.Mes écrits décrivaient un processus de
balayage qui,allant et venant réajustait d'une façon permanente mes
souvenirs ;ces relectures composaient à chaque fois je crois une
allégorie de mon passé .Comme ma mémoire me fuyait ,je ne pouvais
pas accorder à mes souvenirs tout le crédit que j'aurais dût leur
accorder .J'avais souvent la mémoire qui m'emportait ailleurs sans
que je puisse faire autre chose que flotter et surnager à ses côtés
.J'étais un écrivain façonné par mon manque de mémoire ,autant
que par les remous de la langue.C'était pourquoi,j'étais le plus
souvent plongé dans l'incertitude la plus totale concernant mes
mémoires.Ne pouvant,ni freiner ni arrêter l'emprise de mon amnésie
sur mes anciennes vies je devais me résigner à n'en montrer que
l'empreinte et son mouvement sur la page;c'était autant l'empreinte
de mon propre vertige que celle de ma conscience qui vacillait que
je faisais apparaître dans mes écrit.C'était ça peut être la
révolution littéraire à laquelle j'aspirais ,je voulais montrer
l'amnésie qui surgissait dans mon dos.J'étais naïvement persuadé
que mon inconscient travaillais pour moi,il m'expliquerait demain ce
que j'étais incapable de saisir aujourd'hui.Je devais me plier à
mes intuitions,me laisser aller à la dérive la plus totale c'est
elle qui me livrerait les clés du roman qui était enfouis dans
mes rêves.Mais je comprenais aussi très bien pourquoi le grand
public préférait acheter de romans de gare les écrivains qui les
composaient n'avaient pas la mémoire qui flanchait à tout bout de
champs.Les écrivains amnésiques comme moi qui théorisaient à tout
bout de champs sur leurs états d'âme et sur les potentialité de la
la littérature dérivante écrivaient probablement des choses
totalement imbuvables.
UN ROMAN POST-MODERNE
PREMIÈRES SUITE MAGISTRALE DU ROMAN
DE MA VIE
LE SOLILOQUE DE
LA MÉMOIRE
Les
souvenirs des époques mélangées que j'essaye de faire réapparaître
resteront malheureusement toujours assez
peu précis ,car les choses se mêlent dans ma tête , différentes
périodes de ma vie se brouillent et se confondent. Je dois sauter
d'une époque à une autre pour tenter de retrouver quelques bribes
de mon passé s'en être totalement assuré qu'elles ne se
substituent pas les unes avec les autres,car ma mémoire est
capricieuse. Il m'est assez difficile de tracer le vrai portrait de
celui que j'étais hier sans m'égarer un peu . Il y a pourtant des
fils conducteurs qui mènent à ma vie dans ces temps éloignés, il
me faut les trouver…j'en ai trouvé ( hier ) au contact de
certaines réminiscences de lectures ,comme dans la lecture de
Rousseau …de même en retrouvant dans mes archives mes essais
d'écritures mélangées j'ai aperçu en transparence une ancienne
tranche de mon passé elle me renvoyait à mes quinze ans ,j'ai cru
entendre à nouveau le chant du rossignol et retrouver des sensations
des temps heureux ; des sensations que j'avais cru perdues, et qui
demeuraient intactes ; la lecture des passages de la vie de Jean
Jacques que j'avais fait récemment ( la lecture des rêveries)
avaient ravivées les anciennes passions qui m'avaient fait
l'admirer.Je me dis que je devrais peut être relire plus
fréquemment des passages de mes auteurs préférés pour redonner à
ma mémoire la vitalité qu'elle semble avoir perdue . Je pourrais
aussi faire ce que j'ai fais à une certaine époque; c'est a dire
m'allonger sur mon lit et tenter de me remémorer des passages de ma
vie en me concentrant sur certaines images passées qui continuent
par m'émouvoir ;le visage de ma mère,le visage de mon père,celui
de mes frères et sœur,la statue de la vierge installée au sommet
de la colline qui donnait directement sur ma chambre ,mes allées et
venues dans l'usine assommante ou je travaillais ,mes passages sur
les banc de l'école etc..je parviendrais certainement de cette
manière à retrouver quelques lambeaux. de ma vie ancienne, même
si l'ordre dans lesquels mes souvenirs surgiraient serait
instable.Je voudrais parvenir à me souvenir de certaines scènes
passées pour essayer de voir dans quel ordre elles surgiraient si je
les jetaient sur la page sans me soucier exactement de leur ordre
chronologique,j'appellerais ça -des mémoires improvisées-.
LES,MÉMOIRES IMPROVISÉES
ESSAI
Hier,j'ai
gribouillé sur une feuille une liste de souvenirs que je devrai
sélectionner.
:
La
grève -
Un premier grand amour que je n'ai pas su garder.-les
trois scouts –
- la promenade à motocyclette
- un rêve étrange-. Le
rouge gazon
. -L'abbé contestataire -
la crèche révolutionnaire -
.J'admirais plus Voltaire que Jean Jacques- Mes
lectures difficiles - la vie paisible -
marches sur la haute montagne -
un
PDG bien sympathique-. A
propos de Jean - Jacques et de ses enfants -
Robespierre - paysages de neige - Hérémétisme ou érémitisme voir
(dictionnaire ) de mes dix sept ans - j'étais un révolté - le
maillot rouge - les beaux lacs Vosgiens - Paysages montagnards - Je
m'enfermais dans une tour d'ivoire plus haute que les montagnes qui
m'entouraient pour me protéger sans doute J'avais oublié qu'à
cette époque je consacrais la plupart de mon temps à l'étude de la
peinture et du dessin - J'avais conçu une architecture
extraordinaire - Des amis non conformes -Yoga - Mes universités -
Hegel - Spinoza -- Un vieil étudiant qui s'appelait Duval - Un ami
de la CGT - Colleur d'affiche et syndicaliste - PSU -Le
sourire d'une jeune fille que j'avais dessiné -
La chorale - Ma promenade préférée - Etienne - Je me méfiais des
étudiants -Promenade derrière le château - Mes lectures de Karl
Marx -
Œcuménisme - Teilhard de Chardin - Dieu -
La télévision en noir et blanc - Le théâtre communal - L e bel
abbé - Alain Robin, Pierrot etc… Permis de conduire;
,
UNE MÉTHODE IMPROVISÉE
UNE
REMARQUE AU SUJET DE CETTE LISTE
Cette liste
que j'ai dressée est décousue,je ne sais pas si je l'utiliserai
telle quelle. .J'ai inscrits ici des souvenirs de mon passé,sans
tenir compte de la chronologique,ils s'inscrivent tout de même dans
une tranche précise de ma vie ,celle qui va de mes quatorze à dix
sept ans,sauf pour certains qui ont eut lieu plus tard (à l'armée)
.J'ai déjà rédigé dans cette liste, les parties soulignées en
gras.Je vais essayer d'organiser mes souvenirs de façon à les
rendrent plus homogènes , même si je doute que cette méthode
encore aléatoire soit la bonne.Ainsi amis lecteur si tu as déjà
consenti patiemment à me suivre jusqu'ici ,il te faudra faire preuve
de la même résolu patience si tu veux remonter plus en avant dans
l'imbroglio de ma vie à travers les modestes récits qui suivent,car je ne suis pas un auteur très organisé,j'avance
toujours en tâtonnant..
UN
ESSAI
PREMIERS,FRAGMENTS,DE MÉMOIRES IMPROVISÉES
(UNE
PREMIERE TRANCHE DE SOUVENIRS SE RAPPORTANT A MES QUINZE SEIZE ANS.)
___________________________________________________________________________
(1)-
UN FRAGMENT DE MÉMOIRE DIVISE EN DIVERS PETITS RÉCITS-Les trois
scouts - (2)-FUITE DE MA MÉMOIRE FUITE DU RÉCIT QUE J'ABANDONNE EN
COURS- (3) -DEUX PETITS RÉCITS RAJOUTES -St Jean l'expérience de la
vie - L'abbé G..était plein de fougue.-Moi narrateur - -(4) -La
promenade à motocyclette -Un rêve étrange - .(5) - UN BROUILLON
DE MÉMOIRE SORTI DE NUL PART -.(6) – POURSUITE DE MES ÉCRITS- Un quatrième fragment de mémoire .- Le rouge Gazon -.(7) – A moi
même- .DU ROMAN A LA RÉALITÉ -Un cinquième fragment . (8) -Un Sixième fragment de mémoire -.- Le sourire d'une jeune fille que
j'avais dessiné -(9) – UN SEPTIÈME FRAGMENT AYANT RAPPORT AVEC LE PRÉCÉDENT -. L’abbé contestataire – ( – Mea-culpa-. (10) -UNE
POSE -Car j'arrive à cet endroit douloureux -(11) - X-IÈME
SOLILOQUE-. (12) -Huitième récit qui devrait constituer une suite
au précédent- AUTRES RÉCITS- -.(13) -NEUVIÈME FRAGMENT -SUITE INVENTÉE-.(14 )-SOLILOQUE INTEMPESTIF DU NARRATEUR -(15) SUITE DU RÉCIT --DIXIÈME FRAGMENT - .(16) UN ONZIÈME FRAGMENT POUR COMPLÉTER L’ÉDIFICE FRAGILE DE CES MÉMOIRES -La crèche révolutionnaire –
Une crèche peu orthodoxe-. (17) -JE VAIS PLACER ICI UN CHAPITRE
ETC..Douzième fragments - . Moi – Un autre regard-. Roman I-Roman
II -. (18) -Treizième fragments – SUITE PORTRAITURALE – C'était
Voltaire que j'admirais plus que Jean Jacques -.(19) –Quatorzième
fragment - AUTRE SUITE PORTRAITURALE -. (20) – Quinzième fragment
-UNE DISCIPLINE DE VIE .(21)- Seizième fragment -CONTRE PLAN-. (22)
-Dix septième fragment – SUITE PORTRAITURALE .(23) -Dix huitième
fragment – D'AUTRES VISIONS -.(24) -Dix neuvième fragment -UN
DERNIER RAPIDE CONTRECHAMPS.- (25) -Vingtième fragment- SUR QUELQUES ÉLÉMENTS D'ARCHIVES QUE J'AI RETROUVE.-UNE NOUVELLE VERSION DE LA VIE
DE NOTRE HÉROS- Archéologie d'une vie ancienne II.-J'étais un
autre –Vindicte-SUITE DE MON ROMAN -.(26)-Vingt et unième
fragment- .L’ÉTRANGE CONSTAT DU NARRATEUR -INCIPIT.UN ROMAN
POST-MODERNE SUITE.Fin du premier opuscule. .
___________________________________________________________________________
VOICI D’ABORDS POUR COMMENCER UN FRAGMENT DE MEMOIRE .
(1)
LES
TROIS SCOUTS.
MA MÉMOIRE SE TROUBLE.
Je n'ai plus la photo sous les yeux qui les
représentent, mais c'est grâce à elle que me je me suis souvenu
de leur existence,sans elle j'aurais tout oublié. Ma mémoire ici
est donc purement photographique.Sur la photo il y avait Jean Paul,
Jean Claude et Francis; c'est parce que j'ai gardé dans mes
archives une photos d'eux, que je les ai toujours en mémoire. Le
balisage de ma mémoire à besoin d'être matérialisé ,j'ai besoin
d'avoir une représentation des choses pour m'en souvenir. Je crois
bien que les photos vont jouer un rôle déterminant dans ces
mémoires.Ceux qu'on appelait -Les trois scouts- je me souviens de
les avoir pris en photo alors qu'ils étaient debout sur un rocher .
Mais je ne me souviens absolument plus du lieu ou a été pris la
photo. Celle ci que j'ai sous
les yeux,me remet en mémoire une partie de ma vie qui
tournait autour de ces trois amis qui se faisaient appelés les trois
scouts par un goût de la dérision qui ne m'avait pas échappé. Je
participais avec eux aux réunions de JOC ( jeunesse ouvrière
Chrétienne ). Les réunions de jeunes travailleurs avaient lieu
dans un endroit appelé - la Roche – ils étaient situé dans les
locaux d'une ancienne usine qui a présent disparue;une grande roche
creusée à même le roc en marquait l'entrée .Lorsque je repasse
devant l'endroit où se situait cette usine et nos réunions ,je ne
faisais plus sauf depuis que j'ai retrouvé cette photo l'association
entre mon ancienne vie ici et le supermarché qui a à présent
remplacé l'usine. Il ma fallu cette photo pour me rappeler qu' un
pan entier de mon passé se trouvait enfouit sous ce super-marché;ma
mémoire l'avait déjà gommé. Je note ce détail , car à présent
j'ai une étrange et presque imperceptible sensation
d'amputation,lorsque je traverse ce supermarché.Je sais à présent
que blottis derrière ce dernier une masse de souvenirs invisibles
m'attendent,ils sont tapis dans l'ombre et se confondent avec un
paysage qu'on a sciemment détruit.A propos de cet ancien paysage,des
bribes d'images entières me reviennent en mémoire.Je revois tout à
coup les réunions que nous avions dans une des salles de
l'ancienne usine ;les garçons se tenaient d'un côté les filles de
l'autre.C'est l’abée G...qui conduisait les débats.Nous étions
conviés dans ce lieu,chaque semaine à des séminaires de réflexion . En redistribuant ces images dans ma tête ,j'imaginais
que ma mémoire fonctionnait comme un livre d'archives qu'on aurait
étripé,ce livre ne me montrait plus que des images fatiguées ,il
me montrait uniquement des bribes à peines lisibles de mon passé
.Je devais m'y résigner mes souvenirs d'hier étaient recouverts
par quantité des souvenirs nouveaux qui brouillaient les pistes du
passé ;des sensations nouvelles se superposaient à ma vie
ancienne;en faisant mes courses dans le supermarché ,je marchais
fréquemment sans m'en apercevoir sur une partie de mon ancienne
destinée.Sensations présentes et souvenirs passés se chevauchent
habillement en moi sans que je prenne toujours conscience de leur
véritable existence.Étais je donc condamné en écrivant ces
mémoires,(ou ce roman ),à ne jamais reconstruire que des fragments
d'éternité disparus à tout jamais par le seul fait qu'ils se
trouvaient enfouis sous des couches immatérielles de nouveaux
souvenirs sans que j'en eu tout à fait conscience ;ils proliféraient
sans doute à foison ces nouveaux souvenirs sous des couches
altérées de vieux souvenirs ,ils recouvriraient bientôt avec eux
d'autres souvenirs encore plus anciens et plus vifs encore que les
nouveaux devenu à leurs tours des souvenirs anciens.Je venais de
réaliser juste à l'instant qu'il me sera difficile d'orchestrer
mon roman avec toute l'objectivité que j'aurais aimé y mettre
uniquement parce que j'avais l'intention de me comporter en
mémorialiste avisé ;les éléments invisibles qui contribuent à
former la trame de ma mémoire se dérobent à moi avec autant de
facilité qu'ils s'imposent ; ils me fuient se superposent
s'embrouillent et se confondent jusqu'à me donner le vertige ,je
doute de plus en plus qu'il me soit possible d'écrire avec une vraie
sincérité et une totale objectivité l'histoire de ma vie ;trop de
choses viennent qui interférent et viennent troubler cet immortel
et sublime dessein.
(2 )
FUITE DE MA MÉMOIRE FUITE DU RÉCIT QUE J'ABANDONNE EN COURS.
Les trois scouts (j'y reviens) étaient de joyeux
drilles , et probablement qu'ils s'entendaient à merveille à
l'époque, car leur association ( sur la photo que j'ai étalé à
mes côtés) semblait aller de soi. Il est vrai que les trois scouts
travaillaient tous les trois comme gratte papier, l'un pour une
société privée, les deux autres pour la sécurité sociale pour
laquelle ils travaillaient encore quarante années après. A l'heure
ou j'écris ces lignes ,certains sont déjà parti.La vie passe comme
un trait, et je n'oublie pas les drames qu'elle sème derrière elle.
Je parle d'une époque qui les ignoraient encore car nous étions au
début ,presque tout au début du grand voyage de la vie. Les trois
scouts me faisaient incidemment revoir des fragments décomposés de
mon passé . Si j'associais leur existence à mes vies antérieures
j'avais encore du mal à me rendre compte pourquoi j'étais venu là
,car ma mémoire semblait m'abandonner,elle ne se souvenais presque
plus des détails de cette vie lointaine,il avait fallu le souvenir
d'une photo pour qu'elle réapparaisse,c'était comme si je ne
pouvais plus me souvenir de mon passé qu'à travers une prothèse
visuelle.Je devais abandonner temporairement ma quête aux souvenirs.
(3)
DEUX PETITS RÉCITS RAJOUTES
ST-JEAN L’EXPÉRIENCE DE LA VIE
Les réunions de la Jeunesse
ouvrière catholique se faisaient le plus souvent dans le local de
l'ancienne usine dont j'ai déjà parlé,qui se trouvait juste sur
l'emplacement de l'actuel supermarché U. Ces réunions ,c'était
toujours l'abbé G...qui les animaient ;c'était un prêtre
charismatique et survolté ,il ne mâchait pas ses mots et possédait
une sorte de sensibilité prolétarienne qui effrayait certainement
la bourgeoisie catholique du village,même si elle lui reconnaissait
des talents d'animateur . L'objet de ces réunions était d'aider les
jeunes gens (comme moi) à réfléchir dans un esprit communautaire
non exempt de critique ,l'abbé qui était un bon dialecticien tenait
de cette façon à nous sensibiliser aux formes de la controverse
.Parce que mon héros St Jean (moi en plus héroique) se sentait
plus jeune que ses camarades,il avait deux à trois ans de moins
qu'eux ,c'est à peine si il osait intervenir dans les débats au
début du moins. C'est pourquoi un jour ou la réunion avait lieu
uniquement ce jour là avec les garçons et qu'il restait sans rien
dire alors qu'on l'interrogeait , un de ses camarade,Brutus, le
désigna et dit d'une façon provocante . - Sait-Jean y s'en
fout!- St Jean à cet instant se senti malheureux et honteux, car
si il ne disait rien,c'est qu'il n'avait rien à dire,mais cela pour
autant ne voulait pas dire contrairement à ce qu'affirmait son
camarade qu'il ne portait pas attention au débat .Sur ce, un des
trois scouts prit sa défense et rétorqua - Mais non y s'en fout
pas! Laisse le donc s'exprimer en temps voulu!- St Jean n'avait
de nouveau rien répliqué il était trop tôt pour lui pour dire ce
qu'il pensait ;il avait tout simplement besoin de temps pour
formuler ses idées . C'est pourquoi il avait été blessé pour ne
pas dire profondément affecté par la remarque violente de son
camarade ;à cet instant il avait eut la sensation malheureuse que
l'histoire se répétait , on le prenait pour un autre une fois
encore,pour un autre,pour un qu'il n'était pas,pour un affreux je-m’en-foutiste pour un autre que lui.Il réalisait avec désespoir une
fois encore que la vie était un combat de tous les instants un
combat sans merci.Se taire lorsqu'on vous demandait votre
avis,pouvait vous faire passer pour un autre surtout si vous n'aviez
pas encore d'avis ,vous n'aviez pas pris le temps ni les précautions
de vous en forger un . Cet incident ,l'avait marqué suffisamment
pour qu'il retienne la leçon.Il avait reçu un coup une dague qu'on
lui avait enfoncé en plein coeur sans crier gare ,c'est pourquoi il
avait remercié intérieurement le camarade qui était venu à son
secouru,car il s'était sentit sur l'instant complétement désarmé
face à cette attaque et peut être même humilié.C'était la leçon
à retenir ,il ne fallait jamais rester inerte se dit il.- Je
dois garder en mémoire cette scène et la graver dans mon esprit ; à
l'avenir je ne devrai, jamais juger ou mésestimer mes semblables
.Me comporter comme ce camarade la fait avec moi,c'est faire preuve
d'un grand manque de discernement et d'un grand manque de sensibilité
Je ferai attention à l'avenir de ne pas commettre la même
erreur,car il suffit d'un simple jugement émit à la hâte pour
condamner un homme désarmé et innocent à l'échafaud !. Et je
détesterais faire ça.Je trouve cela infâme!- . C'est pourquoi
lorsque il a pu avoir lui même l'usage et la maîtrise de la parole
; le souvenir de cette blessure lui revenait souvent en tête;
instruit par cette leçon , souvent il se retenait de porter des
jugements trop hâtifs sur des camarades ou sur des inconnus ;il
fermait sa bouche, bien qu'il fut tenté souvent de proférer des
jugements sans appels,contre ceux ou celles qu'ils croisaient sur sa
route et qui semblaient parfois sans parti pris ,ou presque
indifférents au sort du monde - ils ont peut être en eux comme
moi dans le passé des raisons de se taire,ils ne savent pas encore
ce qu'ils veulent!. Il raisonnait comme cela car il avait gardé
en lui l'empreinte d'une attaque injustifiée.Pourtant rien ne dit
que plus tard il n'exécuta pas sans s'en même s'en rendre compte
une série d'attaques idiotes contre des êtres aussi innocent qu'il
l'étais lui à son époque lorsqu'il était comme nous l'avons
décrit innocent et sans arrières pensées car si l'homme est
souvent pêtrit de bonnes résolutions ,il laisse souvent échapper
au fil du temps ses meilleures intentions ;elles lui échappent
souvent et de héros glorieux ,il se transforme en son
contraire.C'est un effet de miroir qui n'échappera à personne ,tous
les héros sont un jour ou l'autre défaillant.
JE NE SAIS PLUS SI J'AI CONSERVER
CETTE PARTE .RELIRE.
L’ABBÉ G..ÉTAIT PLEIN DE FOUGUE.
L'abbé essayait de donner le respect d'elle même à
cette jeunesse ouvrière (La Joc) excédée souvent par la bêtise,
et la stupidité des adultes et par le monde austère,et désarmant
du travail . Il s'efforçait de faire prendre conscience à cette
jeunesse,qu'elle était la meilleure des promesses; sa candeur,sa
fierté et son dévouement pouvait racheter durablement la
médiocrité et la bêtise des adultes qui était grande .Elle avait
pour obligation de se révolter contre les injustices,c'était son
rôle ,c'était sa vocation,c'était aussi dans sa nature ,elle ne
devait pas hésiter un seul instant,elle devait dénoncer toutes les
formes d'humiliation qu'on faisait subir aux hommes.Pour l'abbé,elle
portait l'espérance d'un monde meilleur ,il en rêvait,c'était sa
plus grande force.La jeunesse portait en elle la spontanéité et
la fraicheur des élans du cœur ,cela compensait largement ce que
les adultes appelaient – sont déficit d'expérience- ..L'abbé
G...était un battant, il encourageait la jeunesse à lutter face à
l'adversité; c'était un partisan du coup de poing ( sur la table)
et du coup de gueule ( en prêche); toutefois il se posait
incessamment la question de savoir si telle chose était bonne ou si
elle était mauvaise,car c'était un humaniste,mais aussi un homme de
dieu ,c'était le compagnon d'un Christ charismatique et sublime
qu'il serrait en secret dans les replis souvent froissés de sa
soutane noir .Cette pratique de l'examen de conscience que tentait de
leur enseigner ce prêtre non conformiste aux allures de rugbyman
était ce qui avait le plus marqué notre héros Saint Jean (mon
alter ego) ; il voyait en la personne de l'abbé,(Pascal pour ses
amis) un homme sincère et passionné qui se battait sans ménager
sa peine pour faire triompher la vérité en laquelle il croyait,il
le voyait branler le monde à pleines mains et poser des questions
que personne d'autre ( sauf dans les livres qu'il aimait) n'osaient
poser ouvertement .c'est pourquoi il trouvait cet homme plutôt
fantastique et sincèrement admirable . Son exemple fut précieux
pour celui que j'appelle mon héros; mon héros voyait un être
humain émerger du lot ,un être humain capable d'exprimer ses
sentiments et ses convictions, avec une rigueur et une persistance
qui faisait la plupart du temps défaut à tous les autres, il le
faisait avec une force de conviction qu'il ne cessait d'admirer
,même si il appréhendais parfois la rudesse avec laquelle il
s'exprimait. St Jean mon héros se disait qu'au final si un tel homme
existait c'est que tout n'était pas entièrement perdu en ce monde
;si ce monde impitoyable portait en son sein des êtres aussi
éblouissant des êtres intelligents et aussi désintéressés et
admirables ,des êtres capables de charisme ,d'ardeur et de
générosité tel que l'était Pascal,c'est que ce monde pouvait
encore être sauvé ,car Pascal redonnait du brillant et de l'ardeur
à la vie.Il était la flamme lumineuse qui brûlait et redonnait de
l'espoir et du courage à certains qui en manquaient .
MOI NARRATEUR
Cette période de ma vie dont je tente de tracer les
contours s'est passée sommes toute comme dans un rêve; ma mémoire
,elle butte toujours contre un trou noir qui s'élargit au fur et à
mesure que je tente d'en forcer l'entrée. Je dois renoncer à
donner un ordre logique à mes souvenirs ,mais en même temps je suis
décidé à porter mes récits dans l'ordre que j'avais décidé de
leur donner au départ ,car je diverge trop ;c'est pourquoi voilà
comme je l'avais promit dans l'ordre la suite de mes récits.
(4)
LA PROMENADE A MOBYLETTE.
UNE HISTOIRE A DORMIR DEBOUT
UN RÊVE
Il voyait dans son rêve un homme en train de marcher
dans une forêt touffue magnifique,comme l'étaient les forêts
Vosgiennes.Le marcheur tenait un livre en équilibre sur sa tête;il
prenait garde de ne pas le laisser tomber;il devait comme c'était
dans un rêve enjamber sans les voir pas mal d'obstacles disposés en
vrac sur sa route,car une forêt en comporte beaucoup.Il ne pouvait
pas lire ce qui était écrit dans le livre bien qu'il l'aurait
voulu,car le livre était sur sa tête.Dans une autre partie de son
rêve,il tentait d'ouvrir le livre,pour en feuilleter les
pages.Beaucoup plus tard dans une autre partie de son rêve il était
parvenu à lire ce qui était écrit dans le livre,mais chose
curieuse,les pages du livre s'effaçaient lorsqu'il tentait de s'en
souvenir.Il refit ce rêve plusieurs fois jusqu'à ce qu'il l'oublie.
(5)
UN
BROUILLON DE ROMAN SORTIT DE NUL PART
Évry le 16.1.2012.
J'ai retrouvé hier soir dans mes
anciens brouillons un morceau de texte ,il est daté d'au moins dix
ans le voici:.
Se
livrer à l'écriture comme il le fît par la suite d'une façon si
obstinée et si obsessionnelle c'était probablement sa façon à
lui de lutter contre le sentiment angoissant de sa propre disparition
;écrire c'était peut être conjurer l'angoisse que s'était emparé
de lui à la vue d'un livre qui s'effaçait.Le souvenir de cet
instant inoubliable ou il avait vu surgir un petit garçon en train
d'essayer de lire dans un alphabet aux couleurs un peu passées,lui
revint à l'esprit .Il avait su dés cet instant que toute sa vie
était là, dans la forme colorée des lettres qui surgissaient sous
ses yeux .Elles annonçaient la création d'une vie joyeuse et
éternelle.Savoir lire dans cet alphabet c'était construire un monde
magique peuplé de figures élancées quasi intemporelles . Les pages
de ce livre ne s’effaceraient jamais, elles étaient sculptées pour
l'éternité .
J'avais écrit ce passage à une époque ou je ne
songeais pas écrire un affreux roman-post moderne,je songeais plutôt
à un autre projet de roman que j'avais abandonné comme c'était
souvent ma manie .Je me dit aujourd'hui qu'un roman invisible
s'écrit peut être dans mon dos ,il suffit d'être patient un jour
il surgira , je pourrais le lire.
(6)
POURSUITE DE MES ÉCRITS
.
UN QUATRIÈME FRAGMENT DE MÉMOIRE RELATIF A MON ADOLESCENCE BIEN DIFFÉRENT ENCORE DES QUATRE QUI PRÉCÉDENT.
LE ROUGE GAZON.
Une
simple histoire sentimentale.
C'est le nom d'un lieu dit situé sur les crêtes (
c'est à dire sur la ligne haute des montagnes qui font séparation
entre l'Alsace et les Vosges) une chaume est également située à
cet endroit. St Jean gardait en lui le vague souvenir d'une ballade
que lui et ses camarades avaient effectués avec les jeunes filles
qui appartenaient elles aussi à la Joc , ou peut être aux guides
une association catholique qui est un peu l'équivalent des scouts
féminin. Ma mémoire a retenu ce souvenir,bien qu'il ne contienne
pas énormément; pourtant l'image d'un gazon rouge aussi rouge que
l'herbe entrevue par Boris-Vian dans un de ses romans aurait pu
m'inciter à une rêverie aux allures fantastiques; mais il n'en
était rien ,je ne voyais apparaître à travers ma mémoire que
d'anciennes images d'un naturel sans fard .Sans doute étais ce dût
à l'allure de mes souvenirs.A cette époque les garçons et les
filles lorsqu'ils sortaient par bandes s'appliquaient à mettre une
sorte de distance en eux ,ils marquaient une réserve dans leurs
rapports car c'était l'usage .Cela ne les empêchaient pas de
s'amuser follement chaque fois que l'occasion se présentait. Le
fais de faire une ballade entre garçons et filles et de dormir sur
une chaume dans une pièce collective n'était sans doute pas si
fréquent, c'est peut être bien pourquoi, St Jean à gardé en
mémoire cet événement .Quand la mémoire lui revient,il se
souvient surtout des jeunes filles ,de leurs rires moqueur et
déluré qui fusait à l'intérieur du vaste dortoir ou ils étaient
installé,le dortoir respirait l'odeur du bois mais étais ce bien
tout? Etais ce en tout cas suffisant pour qu'il garde en mémoire ce
jour plus qu'un autre? Résumons, nous cette journée était
associée dans son esprit au grand plaisir de la marche sur les
sommets; elle était aussi associée au souvenir du rire des jeunes
filles qui marchaient avec la bande de garçons qu'ils formaient;
étais ce suffisant pour conserver en soi pendant si longtemps et
avec une telle vénération le souvenir d'une telle journée?. Non!
St Jean le savait bien; s'il conservait ce jour au fond de lui
blottit comme une chose très ancienne qu'il avait fini par aimer,
c'est que cette journée était surtout associée au beau souvenir
d'instants passés en présence d'une jeune fille dont il était
tombé follement amoureux quelques années auparavant (sans jamais
qu'elle le sache ) alors que lui et elle n'étaient encore que des
enfants. St Jean avait vénéré cette jeune fille comme une image
pieuse par le passé ,il la regardait à présent avec étonnement,
car elle avait grandit, elle était t'elle qu'il rêvait de pouvoir
l'entrevoir dans le souvenir de la promesse qu'il s'était fait à
lui même (de lui avouer son amour) lorsqu'il serait en était le
faire;lorsqu'elle serait plus grande et que lui même aurait grandit
.Tout cela ce jour là,lui revenait à l'esprit. N'avait il pas
voulu jadis avec son cœur d'enfant s'emparer d'elle,il avait décidé
plus tard d'en faire sa femme.Il était résolu et déterminé,demain
il la ferait sienne.Il s'était promis d'attendre aussi longtemps
qu'il le faudrait,il tenait à ce que son cœur reste ferme,il
attendrait le temps qu'il fallait,des années et des années;
lorsqu'il serait devenu en âge pour lui avouer son amour, il lui
déclarerait sa flamme,l'avait il oublié!Aujourd'hui, il allait sur
ses presque dix sept ans,il était devenu en âge de tenir sa
promesse pourquoi restait il sans rien faire? Il lui suffisait de
fermer les yeux pour sentir le parfum de ses désirs passés ,il
revoyait dans un coin secret de sa mémoire l'image merveilleuse
qu'il avait d'elle,elle était même presque plus belle qu'hier.
L'image adorée ne s'était pas encore entièrement dissipée, il
la gardait encore en lui comme un pieux souvenir qui ne voulait pas
partir.Aujourd'hui il revoit le visage adoré, il pourrait le toucher
il pourrait s'en emparer, le tirer à lui, le caresser,il lui
suffirait d'avancer,de faire quelques pas de déclarer son amour ,de
la frôler doucement,il pourrait créer le frisson qui l'envahirait
et la ferait s'émouvoir et céder ,l'aimer lui dire combien il
l'avait longuement aimé ,il n'avait qu'un pas à faire. Non! Il
resterait là,immobile sans rien faire.Il observait par la fenêtre
les contours dorés de la vaste montagne ou ils étaient venus pour
marcher; il regardait le flanc des roches grises et roses qui
s'allongeaient à l'horizon et formaient un délicieux spectacle ,il
regardait le ciel blanc et bleu limpide et phosphorescent qui
jaillissait comme dans un rêve au dessus des montagnes ;les reflets
d'or d'une chevelure dont il avait un jour voulu baiser les éclatants
reflets lui apparurent lovés à travers les nuages .A travers le
soleil rouge qui se couche et qui illumine le dos râblé de la
montagne, il retrouve le visage adoré de la petite déesse qui
illuminait ses nuits d'enfance; il s'étonne pourquoi ne la ravît il
pas? Pourquoi ne cherche t'il pas à la prendre maintenant qu'il
pourrait être fidèle à la promesse qu'il s'était fait hier de la
prendre pour toujours.Il observe le soleil qui décline ;sur son
visage se dessine un léger sourire,il remarque qu'une légère
pointe de tristesse s'est glissé en lui ;il sait déjà à cet
instant que sa vie ne sera pas telle qu'il l'avait imaginée hier
dans ses plus vieux et dans ses plus fous rêves d'enfant. Il sait
que la jeune fille qu'il avait aimé, adoré comme une déesse
,vénéré comme une reine , admiré comme une pierre magique
éclatante se jettera probablement dans le cœur d'un autre ,que
c'est un autre qui l'entourera de ses bras pour la faire chavirer,
c'est un autre qui lui offrira baisers et caresses ,un autre qui l’amènera dans sa maison,car lui St Jean ne sera pas de la fête ,il
n'ira pas la prendre et la serrer contre lui ,il n'ira pas lui
déclarer son amour ; il a décidé à l'instant que sa vie se ferait
ailleurs,loin du paradis de son enfance,loin des rêves qu'il avait
entrevu; c'est pourquoi il regarde la jeune fille avec une telle
intensité;il sait déjà qu'il a abandonné l'idée de la faire
sienne de la conquérir, de se l'approprier ,d'en faire sa femme sa
compagne pour la vie, il l'observe ,il ne craint pas d'affronter son
rire léger son regard joyeux, il observe la blonde chevelure qu'il
avait vénéré ,il la regarde nostalgique et comme envouté par ses
reflets et son sourire ,il la regarde comme le marcheur qui vénère
l'aube et les rayons naissants du soleil; il l'aime toujours,il l'aime
toujours et encore, mais il sait que son destin à décidé de lui
ravir son rêve , son destin l'appelle ailleurs,c'est pourquoi il a
renoncé au fond de lui à la prendre à s'en emparer ,il sait que
sa vie ne sera pas mélangée avec la sienne ,car il a vu son cœur
prendre une autre direction,il a vu son cœur reculer.C'est pourquoi
il la regarde avec autant d'intensité,il la regarde à présent
comme on regarde le feu du soleil ,un feu rouge intense qui décline
,un feu de braises ardentes qui se déverse sur le gazon de cette fin
d'été ,le gazon devient rouge , il est en feu,son cœur est remplit
d'une immense tristesse et d'une joie presque surnaturelle.Il sait
qu'il va la perdre!.
(7)
TRAGISME
DU ROMAN A LA RÉALITÉ.
Un
cinquiéme fragment.
Dans le souvenir de cette journée; il y a les sommets
splendides et la marche sur ces sommets qui me reviennent en tête,
il y a le plaisir vénérable associé à la marche, au sol d'herbes
rases qu'on trouve sur les chaumes illuminées par le soleil couchant
( Le Rouge gazon) il y a des odeurs ,des paysages , des levés et des
couchés de soleil associés à la fraîcheur des saisons automnales
sur les hauteurs Vosgiennes ;il y a les éclats de rire des jeunes
filles qui m'entouraient à l'époque de mon adolescence, et plus
spécialement le visage d'une jeune fille que j'avais adoré en
secret, il y a cet univers d'une beauté sans fard , et d'un naturel
supérieur qui est celui des grands espaces que l'on ne trouve que
sur les sommets ; ces éléments me reviennent par bribes et par
fragments par le trou pas encore entièrement clos de ma mémoire;
j'y apercevais mes anciennes espérances et mes anciennes chimères ,
mes anciens sourires et mes anciennes douleurs, j'y redécouvre des
amitiés et des amours que j'avais presque oublié; une partie du
voile qui recouvre ma mémoire s'est levé ici un court instant pour
me rappeler à mes vies passés. Mais tout cela ,tout ce qui était
écrit ici ; tout cela n'est il pas de l'ordre du rêve?Tout cela
n'est il pas dût à une erreur de perception que j'aurais fais dans
l'impression et dans l'interprétation de mes sentiments? Sentiments
si lointains,à peine perceptibles .Pourtant je n'avais pas rêvé,
elle était bien réelle la jeune fille,la jeune fée qui avait
éblouit tout un vaste pan de mon paradis enfantin; elle s'était
levée pleine d'ardeur,pour se saisir de la ramure d'or des déesses invincibles ,celle des élues,des promises et des prédestinées et
elle l'avait planté et arrimé dans mon cœur et lorsqu'elle était
réapparu plus tard beaucoup plus tard ,quelques années plus tard
seulement;alors que j'aurais pu la toucher m'en emparer et déposer
sur sa bouche le baiser discret et fatal de l'amant,du fidèle du
conquis ;je l'avais abandonnée ,elle était devenu une autre,elle
s'était transformée,elle était devenue extraordinairement belle
et sublime une belle étrangère ; je ne savais si c'était un autre
que moi - l'infidèle à sa promesse- qui l'avait rendu si
totalement nouvelle ,si totalement différente,si totalement étrangère ; j'avais seulement dix ans lorsque je l'avais aimé à
la folie ,à présent j'en avais seulement seize ou dix sept ,mais
il me semblais pourtant ce jour là ,que j'en avais cent .Une idée
nouvelle de la vie s'était lestée en moi;aidée sans doute par mes
puissantes chimères elle m'avait rendue les choses différentes;je
l'aimais toujours la merveilleuse jeune fille la folle déesse qui
passait sur le trottoir et que j’accueillais dans mon cœur chaque
fois avec vénération; j'aimais toujours mon rêve ,mon rêve d'elle
obstiné,obstinément amoureux de mon rêve et de sa sublime et
incandescente ardeur je m'étais rendu à l'idée que ce rêve
d'hier,ce rêve d'enfance deviendrait un jour réalité ,je voulais
faire ma femme de la jeune fille adorée ,mon cœur obstiné d'enfant
rêveur avait vu que c'était elle ma futur aimée,ma puissante
destinée; mais quelques années plus tard,un ciel plus ombrageux,
m'avait projeté dans l'abîme de moi même,je ne savais plus déjà
vers où aller; j'étais devenu un pestiféré à mes propres yeux,un
travailleur de l'ombre,un esclave ;j'avais dût me plier au sort que
le ciel m'avait fait ,j'étais passé de la lumière à l'ombre ,je
ne m'estimerais plus assez glorieux un fois passer les portes de
l'enfer des hommes ,pour conquérir la fière déesse d'hier.L'astre
sublime qui avait envouté mes rêves d'enfant et consumé mes
ardeurs innocentes avait fait dévier ma trajectoire,mon cœur
s'était mis à flancher.Je poursuivais déjà une chimère,je
voulais sortir de l'ombre,sortir de l'enfer ,c'était
prioritaire,c'était ma seule résolution,je savais que je ne
pourrais pas offrir à ma reine vénérée le manteau d'or et
d'hermine,dont elle se devait d'être parée ,le manteau de coton
brut que j'aurais pu lui offrir me semblait trop insignifiant,elle
était devenue dans mon esprit une reine inaccessible .Je me sentais
terrassé je me considérais comme un pestiféré je travaillais en
usine (en boîte) ,j'étais devenu indigne d'épouser une reine
J'avais franchi les portes de l'enfer ma condition sociale dressait
un rempart invisible entre elle et moi.Je venais de m'apercevoir
quelle habitait un autre monde.A dix ans je croyais détenir les clés
du bonheur absolu,j'avais aperçu la femme de ma vie une déesse aux
yeux bleu clair et au sourire limpide;elle avait des nattes châtain
et son allure svelte m'emportait toutes les nuits dans un palais de
verre scintillant de lumière couvert de roses ;mais j'avais aperçu
quelques années plus tard à la lumière de la clarté naissante à
travers le charnier du temps ,vers mes quatorze ans ,les marques
cruelles intempestives de la destinée,elle me contraignait déjà à
ramer en luttant comme un damné contre les vagues menaçantes qui
effleuraient ma barque ,je devais m'éloigner, aller ailleurs de
crainte de me fracasser contre les rochers,un vague navigateur me
disait de souquer ferme,sans chercher à comprendre un jour où
l'autre j'arriverais à ma destination,je devais fuir ce lieu
inhospitalier m'enfuir vers une une contrée nouvelle qui contenaient
tous mes désirs,tous mes rêves et toutes mes aspirations les plus
fantaisistes, mes amours d'enfants n'étaient que des chimères,je
devais avant tout souquer ferme pour me sortir de l'enfer où les
hommes m'avaient mis.
(8)
UN SIXIÈME
FRAGMENT DE MÉMOIRE (destiné à s'ajouter au cinquième qui
précède pour le compléter).
LE SOURIRE ET LES NATTES
D'UNE JEUNE FILLE QUE J'AVAIS DESSINÉE.
C'était la même (ma déesse blonde)celle dont j'ai
parlé plus haut,c'était elle; je la dessinais sur la même table où
j'écris aujourd'hui la belle table en bois ciré à la cire
d'abeille par ma mère ,la belle table octogonale de la salle à
manger ,celle qui me verrait écrire un peu plus tard, mes fameuses
pièces de théâtre lorsque j'avais dix neuf ans, ou ces fabuleux
projets de roman improbables qui me taraudaient l'imagination; je la
dessinais amoureusement avec application, sur cette même table ou
j'écris présentement cet essais monstrueux mon roman-post-moderne .
Je devais avoir pas plus d'une dizaine d'années lorsque je
l'idéalisais ,j 'étais encore un enfant. J'étais encore un enfant
dans le souvenir que j'en ai,mais j'étais fou amoureux et l'amour
transcende tout il transcende aussi le regard des enfants.Elle était
cette déesse blonde ,la seconde femme que je vénérais d'amour fou
dans le secret de mon imagination , la première ayant été une
jeune indienne (une jeune fille déguisée en Indienne) qui habitait
un restaurant tout près de là maison des commis ou nous résidions.
Je trouvais le jeune indienne supérieurement belle , j'étais
irrésistiblement attiré par sa divine manière d'être. Ma déesse
blonde avait aussi une beauté singulière inégalable et
personnelle.Nous avions exactement le même âge,je l'attendais tous
les jeudi lorsqu'elle sortait de ses cours de catéchisme;je me
postais à l'entrée du couloir et je l'observais à travers les
carreaux du deuxième étage de la maison des commis ou nous
habitions. Elle avait deux nattes, mi blond mi châtain, qui
tombaient de chaque côté de son visage Elle avait un beau visage en
forme d'ovale,comme celui des madones, elle portait une jupe et un
pull bleu marine, des socquettes blanches et des sandales, comme en
portaient à cette époque les jeunes filles qui appartenait à
l'équipe des guides locales.Elle correspondait trait pour trait à
ce type de femme que j'idéalisais dans mon for intérieur sans me
poser de question et sans savoir pourquoi , comme si cette attirance
s'était déposée en moi comme par enchantement avant même que je
sois né.Elle avait immédiatement attiré mon regard, j'en étais
tombé follement amoureux ,elle avait la même beauté simple qu'une actrice que j'admirais Romy Schneider dont j'étais déjà à l'époque
un fervent admirateur; dans mon esprit elles se ressemblaient,elles
avait la même beauté la même prestance le même éclat ,comme
j'étais fou amoureux des deux j'étais déchiré j'aimais autant
l'une que l'autre ;mais ma jeune bien aimée était plus accessible
que Sisi, j'avais cette chance tout de même de pouvoir l'observer
passer tous les jeudis depuis la fenêtre de notre maison,c'était
une chose qui m'emportait l'âme. Pour m'éviter de mourir d'amour et
pour m'apaiser ,je m'étais mis pendant un certain temps à la
dessiner,je voulais me la rendre de cette façon encore plus proche
de moi,je voulais peut être m'emparer de son image ,pour pouvoir la
toucher,la faire revivre plus intensément en l'épinglant dans mon
imagination ,c'était par ce biais en la dessinant que je croyais la
saisir. Je prenais un temps extrême pour la dessiner;je la dessinais
en secret car je ne voulais pas que ma mère me surprenne en train de
le faire,j'avais peur de devenir ridicule si on découvrais que
j'étais amoureux .Je la dessinais avec application , avec des
crayons de couleur, je la dessinais en secret sur cette belle table
vernie ou j'écris présentement ( Ma table mythique , ma table à
voyager dans le temps,ma table de voyageur explorateur voyageant
hors du temps*) . J'étais heureux d'avoir pu me la représenter au
réel et telle que mon imagination la voyais ,de façon à l'avoir
toujours sous les yeux en permanence .Je l'avais dessiné telle que
je la voyais,avec ses nattes blondes son uniforme bleu,ses soquettes
blanches qui lui montaient jusque mi genoux ,son col blanc qui
débordait éclatant sur son pull échancré,son visage allongé,ses
yeux gris,brun doré ou bleu je ne sais plus ,sa bouche était
toujours agrémenté d'un large sourire; je la contemplait chaque
fois à en perdre l'âme. Elle hantait mes rêves et mes nuits,
j'avais décidé d'en faire mon épouse lorsque je serais en âge de
l'épouser ,je la gardais sous la main pour plus tard . Elle
m'impressionnait j'avais peur de lui parler, je n'étais pas sur
de moi, je n'aurais pas su d'ailleurs ,car au final j'étais timide;
je devais me contenter de la voir surgir comme un mirage ,chaque
fois qu'elle passait devant notre maison ; je guettais sa venue avec
anxiété,je la guettais comme on guette l'apparition d'une comète
; elle était mon rayon de soleil, ma joie secrète mon premier ou
plutôt mon second grand amour d'enfant. Quand je l'ai revu quelques
années plus tard, alors qu'elle me paraissait plus accessible, vers
mes dix sept ans; ( dans la partie de fiction que j'ai décris
plus haut au Rouge gazon ) je voulais prendre le temps de la
contempler à ma guise pour savoir ce qui m'avait tellement
bouleversé en elle,et surtout je cherchais à savoir ce qui l'était
advenu de mon vieux rêve d'enfant. Sans doute elle m'attirait
toujours autant physiquement, mais déjà j'avais noté qu'il y avait
dans sa manière de penser et dans sa façon de voir des différences
notables entre nous; elle ne sortait pas d'un milieu ouvrier, elle
avait une façon différente de penser qui provenait pour partie de
son éducation et du milieu dans lequel elle avait vécu; dans mon
esprit, elle ressemblait déjà un peu moins au modèle de la petite
fille lumineuse que j'apercevais tous les jours depuis ma fenêtre à
l'époque ou je la vénérais. Un voile recouvrait son apparence ,il
était d'une épaisseur infime ,mais il me laissait à penser que sa
façon de voir le monde et la mienne n'était plus compatible;elle
raisonnait d'une façon pragmatique, elle avait trop les pieds sur
terre, et moi je les avaient toujours ailleurs; je m'apercevais de la
différence ,surtout depuis que je travaillais ma vision du monde
avait changé ; au yeux du monde je n'étais devenu rien de plus
qu'un simple ouvrier ,elle était fille d'un commerçant,et cela
soudain nous séparait.Elle était fille de commerçant et cela avait
son importance, car une fille de commerçant voit le monde d'une
façon entièrement différente de celle d'un ouvrier ( sauf
exception bien sûr ) .Je n'avais plus dans mon esprit les mêmes
chances pour lui plaire ,j'avais rejoins le camp des laborieux
,j'étais devenu ouvrier et dans mon esprit ,c'était chose
humiliante , car ma nouvelle condition me ramenais un pan en dessous
d'elle ;la seule chose qui aurait pu me redonner du prestige ,mais je
n'y pensais pas,c'était trop loin de moi ,c'était que je pouvais
potentiellement devenir contremaître comme mon père,car un
contremaître jouissait de plus de prestige qu'un simple ouvrier
;mais l'idée de suivre le même chemin que mon père me révulsais.
Je voyais se dessiner malgré l'affection profonde que je lui portais
encore, les différences de nature qui nous séparaient ,je me disais
avec tristesse que l'amour et le culte que je lui avais voué lorsque
j'étais enfant, tout cela appartenait à l'histoire passée. Je ne
pouvais pas l'aimer avec la même ardeur qu'hier ,car j'avais changé
et elle aussi .Je ne pouvais pas m'empêcher pourtant chaque fois que
je la regardais de repenser à cet amour violent qui m'avait pris et
qui m'avait jeté au septième ciel ,je ne pouvais pas ignorer que je
l'avais portée aux nues qu'elle m'avait fait rêver.Je m'attristais
que cette image de feu que j'avais tenu en moi lorsque je la voyais
dans ma tête d'enfant puisse si facilement s'estomper et je me
demandais si dans un sursaut ultime,je ne pourrais pas la
conquérir,tout en faisant fît de tous mes préjugés la concernant.
Mais pour finir ,c'est elle qui me donnât le coup de grâce. Alors
qu'un jour je l'avais revu et que nous discutions entre amis,elle se
mit à se moquer avec un certain dédain de la stupidité et de
l'ignorance des ouvriers qui étaient disait elle :- Incapables
de gérer leurs comptes , ils ne tenaient même pas de comptabilité
de leurs dépenses,ils étaient le plus souvent des retardés-
. Je reçu à cet instant un coup sur la tête;ce jour là,à l'image
de la déesse que j'avais portée sur un pieds d’estale se substitua
soudain une simple fille de commerçant .C'était terriblement
décevant de l'apercevoir sous ce jour;c'était comme ci elle avait
rompu un charme.
ELLE ÉTAIT
L'enfant d'un couple d'épiciers qui tenait un bazar
dans une partie base du village .Dans un premier temps comme je
l'aimais toujours je lui trouvais du bon sens et je me disais qu'elle
n'avait pas entièrement tord dans ses réflexions,mais comme j'étais
ouvrier je savais aussi que ce qu'elle disait avec un léger mépris
en parlant d'eux ne s'appliquait qu'à certains d'entre eux,et qu'il
révélait surtout une forme de préjugé et un léger mépris pour
ce milieu car elle était d'un autre bords ;ma mère qui était
ouvrière ,tenait parfaitement ses comptes à jour et beaucoup
d'autres femmes d'ouvrier en faisait autant. Cela me confirma
cependant dans mes appréhensions ,il était évident qu'un fossé
nous séparait, je l'aimais toujours car j'étais resté attaché à
son ancienne image ,mais une barrière se dressait entre elle et moi
;elle n'appartenait plus à la même famille de pensée que la mienne
,ce qui ne m'étais jamais passé par l'esprit étant enfant ,je
l'adorais comme une déesse je la regardais comme une figure sacrée
j'étais innocent ,j'étais un grand rêveur. Nous avons cessé de
faire partie du même monde dés l'instant où j'étais devenu
ouvrier.Si j'avais été vraiment obstiné cela aurait pu
m'encourager à la conquérir,car je ne craignais pas les défis
;mais sortir de ma manière de penser pour raisonner comme elle
raisonnait me paraissait une absurdité profonde ; je refusais
d'adopter le point de vue d'un épicier pour la conquérir , car je
savais à présent, que c'était désormais la seule façon de
pouvoir la séduire,l'amour que j'avais conçu pour elle s'effrita
peu à peu lorsque je me mis à réaliser qu'elle m'était devenue
une étrangère par sa manière de penser, elle m’apparut alors d'une
seul coup moins sublime. Au fil des années quand je reviens dans mon
village à chaque fois que je la croise ,je la revois avec l'œil
de mes dix douze ans ,il me reviens en mémoire en filigrane la jeune
fille aux yeux rieurs dont j'avais été follement amoureux ,me
reviens aussi en mémoire le portrait magique que j'avais fait
d'elle,je l'avais peint avec la fougue et la sincérité dont seul
sont capables les être passionnément épris ; son visage rieur ses
tresses blondes et sa tenue bleu marine à col blanc appartient
toujours à un grand rêve qui ne cesse de m'éblouir et de me tarauder lorsque je le revois avec mes yeux d'enfant.En la
revoyant,je regarde passer la vision angélique et lumineuse surgie
d'un très lointain passé,un passé si lointain et si proche par
instants que je crois bien que je pourrais le toucher si je tendais
mes doigts vers lui pour le faire réapparaître .Elle n'a
probablement jamais su l'amour que je lui ai porté,le culte que je
lui ai voué ,elle est resté attaché à ses habitudes,à ses façons
de voir ,elle vit toujours dans mon village un village que j'ai
presque déserté ;elle raisonne toujours j'imagine en
commerçante,elle a marié je le sais un artisan ,elle ne m'accorde
qu'un bref regard lorsque je la croise et c'est très bien ainsi ,
elle se souvient tout juste de moi en communiant peut être ,car nous
étions de la même année de catéchisme ;je l'aime comme un morceau
de paradis ,un paradis qui a obstinément survécu à toutes les
épreuves du temps ;elle appartient au monde merveilleux et
contrarié de mon enfance cela dresse un pont invisible entre elle
et moi ,un pont dont je suis le seul à pouvoir faire apparaître de
temps en temps la courbe sublime et l'élancée hardie ,tout cela
se passe dans l'espace intime et secret de ma mémoire et c'est très
bien ainsi. .
(9)
UN SEPTIÈME FRAGMENT DE MÉMOIRE SE RAPPORTANT A MON ADOLESCENCE ET AYANT QUELQUES RAPPORTS AVEC LES PRÉCÉDENTS.
UN ABBÉ HORS NORMES(4)
Ce récit fait suite aux
portraits que j'ai déjà dressé de l'abée G ( -l'expérience de la
vie - l'abbé était plein de fougue-).
Je l’appellerai Pascal,faute de l'appeler par son vrai
nom. Si je ne l'appelle pas par son nom, c'est que j'ai encore
l'ancien réflexe de ces écrits; je désirais à une certaine
période qu'ils restent anonymes, je ne voulais pas qu'on puisse ( le
cas échéant) reconnaître leur auteur, je m'arrangeais pour
dissimuler ou pour maquiller les noms des personnes . Aujourd'hui ou
je commence seulement par me faire à la vague idée de les faire
paraître, le soucis de l'anonymat ne revêt plus la même importance
pour moi; car quoiqu'il en soit même si ces écrits voient le jour
de mon vivant, il y a peu de chance que ceux qui les liront puissent
s'y reconnaître; avec le temps ceux qui le pourraient que
trouveraient ils d'ailleurs dans ces écrits qui puisse les
contrarier? .Les êtres chers que je ne veux pas blesser, les
ennemis que je ne veux plus combattre faute de vindicte , se
reconnaîtraient ils dans mes écrits que cela au final ne pourrait
guère les toucher, car il faut bien l'avouer pour qu'ils se
reconnaissent et qu'ils en soient furieux, il faudrait que ces écrits
accèdent à une sorte de notoriété qui fasse d'eux un objet de
controverse,il y peu de chance pour qu'une telle chose se produise.
C'est d'ailleurs plus égoïstement en pensant à ma tranquillité
que je me refuserais à les publier ( moi étant ) si je savais
qu'ils risquent de déranger (plus qu'en pensant aux autres ) ou
peut être que ma rectitude moral m'obligera en dernier ( dans un
ultime sursaut de scrupule ) à les différer ,mais dans ce cas
c'est plutôt la pudeur qui m'inviterait à les tenir secrets car je
parle parfois d'êtres qui me sont proches et je les montrent au
quotidien ; ou encore autre hypothèse si les relisant je m'aperçois
qu'ils sont vraiment trop médiocres; j'aurais alors le réflexe
salutaire de vouloir les supprimer; car j'aurais trop honte de les
montrer .En fait ce qui peut réjouir l'écrivain fictif imbu de lui
même ( tout dire à tout prix) ne réjouit pas forcément l'être
humain que je suis resté malgré moi.Si ces écrits devaient
apporter le trouble il vaudrait mieux sans doute qu'ils ne paraissent
jamais , car à quoi sert d'écrire si l'écriture crée des
blessures, détruit des amitiés ou crée des hontes autour de moi.
Ma hantise de les montrer serait encore plus forte si je savais ces
écrits ennuyeux ,j'ai toujours conservé en moi des blessures
liées à ma vie d'écolier,à une certaine époque on ne voyais en
moi qu'un élève médiocre.C'était parfois l'impression que je
recevais en provenance de ceux qui avaient pour vocation de
m'instruire ,j'avais l'impression dans leur regard que j'étais
toujours destiné à échouer et que j'étais nul en tout (sauf en
dessin).
LAMENTO ET SOUVENIRS LYRIQUES
Je m'excuse de ces lamentos ,les plaintes continuelles
que j’émets en racontant mes souvenirs paraîtront trop fréquentes à
certains je n'aimerais pas non plus être pris pour un chialeur ;mais
j'ai appris par expérience que les hommes ( dont je fais partie) ne
peuvent s'empêcher de juger à tord et à travers leurs semblables
c'est pourquoi aussi je dois bien réfléchir avant que de balancer
devant leur yeux ma vie toute entière ou presque,je dois me garder
d'être trop nu,trop vulnérable trop entièrement exposé .
D'ailleurs, je parle ici de ma vie, mais j'expose aussi par ricochet
la vie des êtres humains que j'ai côtoyé et qui doivent être
rendues à leur intégrité.C'est pourquoi je dois faire en sorte
d'être le plus intègre possible moi même dans la description des
mes souvenirs et dans les sensations qui leur sont associées.C'est
pourquoi lorsque je revois dans ma mémoire l'image de Pascal curé
rouge,prêtre contestataire au charisme chavirant et que je retrouve
par les hasard de ces écrits ce personnage exceptionnel sur ma
route,je me dit que je dois serrer les freins et prendre garde de ne
pas balancer n'importe quoi à son sujet.Maintenant que je rédige
ces mémoires sa vie à déjà basculée dans l'affreux néant ,il
me semble bien ne pas l'avoir seulement imaginé , je n'ai pas rêvé
on ma annoncé sa disparition au détours d'une nouvelle en
provenance de mon pays natal .Alors que je l'aurais vu dans mon
imagination qui l'avait ennoblit assis juste avant que la mort ne
vienne le surprendre dans la position d'un bouddha prêt d'accéder à
l'illumination ,tant j'étais convaincu que sa foi pouvait lui faire
accéder aux plus hauts degrés de l’en-stase (je le voyais assis en
pleine méditation comme un immortel sous un arbre sacré),j'ai reçu
contre toute attente des nouvelles de lui avant sa disparition ,des
nouvelles qui m'ont parues sombres ;on ma dit qu'il s'était mis à
boire ,qu'il avait chuté dans un puits sans fond .Un pessimisme
violent qui surgissait de temps en temps en lui,avait repris le
dessus et avait terrassé ce titan,car c'était un homme plus haut en
hauteur que certain ;illuminé par sa foi qui était d'une vigueur
peu commune il pouvait sauter les obstacles les plus rebutants ,mais
il pouvait aussi sombrer par le biais d'une faille que je ne lui
connaissais pas,car il nous la cachait à nous ses admirateurs.Je
n'osais imaginer le calvaire qu'il avait du vivre,les derniers temps
de sa vie, après avoir consacré la plus grande partie de son
existence à se battre au milieu d'un monde hostile dans un monde qui
ressemblait comme deux gouttes d'eau au monde apocalyptique décrit
par certains passages des Saintes écritures,c'était le monde de ma
pré -adolescence remplit de figures de démons et de lumières
incarnées par des figures tutélaires.Il était lui même une figure apotropaïque ,il détournait du mal et tentait d'injecter de la foi
et de l'espoir à des êtres soumis à la règle immuable de la
fatalité .Il avait éclairé de sa foi qui était ardente comme le
feu ,des esprits apeurés des êtres mous et indéterminés,des fils
de pauvre des âmes perdues dans l'enfer de la société
inégalitaire,et il avait chuté au dernier moment comme une simple
brebis égaré au milieu du troupeau .La solitude l'inactivité ou un
désespoir brutal l'avait envahit.Sa mission charismatique
terminé,sa chute avait été immédiate,il avait perdu le goût de
la vie,il ne pouvait plus sauver les brebis égarés il en était
devenu une à son tour. Nous marchons tous à la poursuite d'un but
qui éclaire nos vies , et lorsque le but vint à manquer, nous
retombons dans l'océan de nuit qui engloutit nos âmes toujours
apeurées par la vue de la mort , nos marches nous portent alors vers
les ténèbres.Nous n'avons plus d'autre recours alors que de nous
tourner vers les nouveaux prophètes qui affirment avec célérité-Dans
nos ténèbres il n'y a pas une place pour la Beauté.Toute la place
est pour la Beauté.-(René
Char.Fureur et mystére .Page 237). Parole de
poète dont je me badigeonne la face et le corps tout entier ,car je
suis toujours aussi avide d'espérance.Mais cela me sauvera t'il pour
autant de ma misère et de l'égarement.Lorsque
je repense à cet homme, Pascal ,je me revois traverser le cœur en
émoi les prêches qui enflammaient mon imagination,lorsque du haut
de sa tour je le voyais qui lançait ses invectives à ses paroissiens
,ses brebis égarées je voyais peut être Savonarole ou Bossuet dans
cet homme,car mon imagination travaillait vite.Ainsi c'est le
panoramique entier de toute une époque qui surgit devant mes yeux;
lorsque je revois Pascal ,je revois les fantaisies et les brisures
d'une époque ,ce n'est pas une moindre affaire que de revoir une
partie de mon passé en y replongeant d'une manière si absolue
qu'elle me met en demeure de revoir les choses non pas telles
qu'elles étaient dans la réalité ,mais t'elles que je les avaient
vécues intérieurement dans ma mémoire. J'imaginais déjà à mon
époque au contact de cet amoureux furieux de la parole de Dieu,des
discours,des prêches et des harangues imaginaires ..Déjà deux êtres
se bousculaient en moi, le sage et le timide l'introverti,et
l'illuminé ceux que je
pouvais pressentir en moi même au contact de ce prêtre italien au
visage taillé à la serpe Je revois par
ricochet le visage frêle du jeune homme innocent obstiné et plein
d'ardeur que j'étais , il avait en lui une force de caractère et
une intégrité qui m'étonnais ,ce jeune homme est disparu,mais il
reste encore présent dans mes pensées,et même si elles se sont
ramollies je distingue encore à travers leur mouvement la forme
d'une entité qui déjà commençait pas s'installer en moi. Il fut à
une époque de ma vie ( une époque difficile car c'était pour moi
une période de mutation) je commençais par me forger une certaine
idée de mon destin,et comme je sentais mon destin contrarié, je luttais obstiné pour essayer de le changer ;le seul être
intellectuel qui m'ait permit de penser mon rapport à la réalité
d'une façon différente,c'était peut être Pascal.En tout cas ce
fût lui qui me permit ,cette année là aidé par mes amis de la
Jeunesse ouvrière de réaliser une de mes ambitions les plus
secrète, celle de devenir le Léonard de Vinci de mon village;ce sont
eux qui m'ont confié la mission de réaliser mon grand œuvre une
crèche contestataire pour la nuit de Noël . Une crèche qui fît
beaucoup de bruit ,et qui décida paradoxalement de ma rupture avec
ma foi catholique ,car c'est à partir de ce moment que j'ai arrété
de mettre les pieds à l'église.Pascal nous apprenait à penser en
nous mettant au défi de réaliser nos opinions même au péril
d'un rejet temporaire de l'opinion publique.Il nous apprenais à
penser en rebelle .Je n'étais pas forcément d'accords avec toutes
ses manières de voir;ainsi je savais qu'il n'aimait ni Voltaire ni
Sartre car c'était des athée,pour moi qui les admirais ,je le
trouvais injuste ,mais je n'avais pas la force nécessaire pour
lutter contre lui..Il nous m'étais au défi d’exprimer nos
opinions,c'était a le plus positif.. Un jour que nous parlions de la
foi et de la liberté de conscience il me dit à brûle pourpoint
sans que je comprenne pourquoi – une chose qui me pétrifia sur le
moment -Ta mère n'a rien compris à la
foi,c'est une bigote!-. Sur le coup son
langage me choqua car c'était la première fois que j'entendais
quelqu'un parler de ma mère de cette façon.Il devina peut être une
partie de mes pensées secrètes car à cette époque je m'opposais
farouchement a ma mère ;elle essayait de me faire rentrer dans son
univers fait d'anxiété et de clichés conservateurs pour tout ce
qui concernait l'ordre social;elle avait reçu éducation sévère
hérité de son père et elle ne parvenait pas à s'en dépêtrer
;son univers sur ce plan là était à l'opposé du mien, je lui
résistais,elle s'astreignait à fréquenter les bancs de l'église
par un reflex immuable de son éducation qui l'avait rendue maniaque
devant Jésus ,elle avait reçu les commandements affabulateurs d'une
religion de bas étage inculqué par des curés et des éducateurs
stupides,elle en avait fait son bagage.
RÉTROSPECTION
Aujourd'hui je ne sais pas ,même avec la distance du
temps ce qu'il me reste de cette vie ancienne .Mon esprit
contestataire est toujours le même ,mais ma foi s'est
effondrée,surtout ma foi Chrétienne. Je suis devenu plus vite que
prévu ,un esprit rebelle,un païen plutôt qu'un chrétien, un païen
moderne sensualiste impie un révolté contre les singeries du
monde..Je suis devenu un sceptique ,doublé d'un égotiste ,mais je
reste encore susceptible d'être atteint par l'émerveillement,car
j'ai toujours gardé mon âme d'enfant.A travers mes diverses
tribulations j'ai appris à saisir la vie au rebond ,car j'ai souvent
observé que le mouvement de la vie était imprévisible ,il
suffisait parfois d'attendre qu'une porte s'ouvre pour que l'espace
qui était trouble l'instant d'avant devienne plus clair l'instant
d'après .J'ai peu varié au final depuis mon enfance sur l'ensemble
sur mes convictions,j'ai appris un peu plus à me méfier de mon
esprit trop enclin à résider dans le passé ;j'ai parfois la
nécessité d'avoir recours à une cure de nettoyage pour rester
vivant et bien debout dans le présent car la nostalgie est
mauvaise conseillère. J'ai découvert récemment que j'avais ajouté
plusieurs doses de lumière à ma vie ,une de celle ci correspond au
jour où j'ai réalisé que j'étais devenu peintre ,c'était au
final mon ambition secrète depuis l'enfance et je l'ai concrétisée
;j'ai ajouté une autre abondante dose de lumière à ma vie lorsque
j'ai fais la rencontre de Iris qui est devenue ma femme ;avec elle
nous avons généré une autre dose de lumière nous avons engendré
un fils ;c'est sont les seules choses raisonnables que j'ai réussi à
faire; durant ma vie ;de ces entité lumineuses que je tire ma
principale substance;bien entendu ceci c'est lorsque l'écriture qui
est devenue mon nouveau démon ne vient pas pour gâcher cette belle
harmonie et ma sérénité.
RÉTROSPECTION II-
Vers mes dix sept ans j'avais plus de lumière dans le cœur c'est sûr,mais j'étais aussi plus taciturne qu'aujourd'hui
j'avais de la peine à respirer,mon époque me paraissait bouchée
,je regardais le monde avec scepticisme ,mais mon enthousiasme pour
me battre était intact;alors qu'à, présent il s'émousse .Je
venais progressivement de perdre ma foi en Dieu à cette époque ;la
perte de ma foi je là m'était sur le dos du scandale permanente de
l'humaine condition;de l'humaine condition telle que je l'observais
au quotidien .J'observais toutes les formes hypocrites qui
alimentaient les rouages de la société.Comment ne pas perdre la foi
face à l'imbécile commerce que les hommes ont érigés entre
eux,pour s'asservir se tromper,se spolier et s'humilier. ;à peine
avais je la moindre petite illusion sur leur l'amour de mon prochain
que la réalité me remettait les pieds sur terre ;je devais (dans ma
tête) affronter l'infecte boue des tréfonds à chaque fois que
j'observais des injustices autour de moi.J'apercevais des êtres
Saints sur ma route c'était inhabituel ,ceux là irradiaient
littéralement mon esprit ,ou bien j'étais en admiration devant
certains êtres profondément altruistes ,souvent d'ailleurs des
êtres vulnérables qui rayonnaient de générosité. Certains de mes
amis étaient des héros anonymes,ils avaient le sens du sublime et
du sacrifice leur visage était transfiguré lorsqu'ils passaient à
l'action,c'étaient de simples militants syndicaux où de simples
pères de famille qui luttaient pour défendre leur idées de la vie
,je me réjouissais de les voir marcher à mes côtés ;mais je
voyais aussi errer autour de moi des hommes ou des femmes noyés ou
intoxiqués par l'implacable injonction du quotidiens ,ceux ne
résistaient pas à l'abaissement – Nous
sommes des chiens nous devons ployer l'échine pour qu'on nous donne
notre pitance!-..C'était ce que leur figure
harassée et semblait dire.L'humanité n'existait d'une façon idéale
que dans mes livres ,surtout lorsque je la contemplais dans le
sommeil de mes certitudes philosophique ;à ce moment là,j'apercevais
le grand génie humain,celui là m'émerveillait ,les grands poètes
et les penseurs redonnaient du sens à ma vie ,je laissais alors
reposer mes hargnes et mes révoltes dans une longue et affectueuse
tendresse qui résultait souvent de la contemplation admirative des œuvres magistrales des artistes que j'aimais.Au départ c'était
presque essentiellement les peintres qui composaient mon
bestiaire,car j'avais toujours eu dans l'idée de devenir peintre,je
savais depuis toujours que c'était là que se tenait ma
vocation.J'avais devant les yeux en permanence
Delacroix,Rubens,Michel Ange,Renoir,ou Monet ,car je n'admirais à
cette époque que des peintres classiques .Lorsque j'étais lasse de
mes lectures d'adulte,je me replongeais fréquemment dans mes
lectures d'enfant,je me relisais pour la millième fois Tintin au
Congo ,où la vie d'Astérix,je feuilletais mes Spirou;tous ces
illustrés étaient étalés en vrac près du siège du cabinet de
toilettes familial. .Je n'avais que quatorze ans et déjà je savais
que ma vie serait un long combat ,car j'avais aperçu
tous obstacles qui allaient me barrer la route,si je voulais me
livrer à mes passions,je savais déjà que le chemin serait log si
je voulais rester moi,car j'avais découvert que ceux qui persistent
à vouloir le rester encourent presque toujours les foudres de la
société .Lorsque je remonte le fil des mes vies anciennes ,je
revois l'agitation et les remous causés par mes vies intérieures
qui étaient souvent contradictoires;je plongeais parfois des jours
durant dans des lacs de braise incandescentes car une petite
difficulté m'avait fait plonger dans la nuit;et puis certains jour
me relevant en vainqueur j'étais transporté sur des cimes,je
devenais un être lumineux,j'avais l'impression d' hébergé en moi
un être cyclothymique .Il suffisait d'un matin ensoleillé pour me
revigorer ,mon cœur oppressé se lâchait je redevenais léger,je retrouvais l'amour de la vie .C'est pourquoi je partais souvent
marcher dans la nature ,mon âme retrouvait au contact de la nature
sa forme initiale; envoûtée par un chant d'oiseau ou par le
souvenir d'un livre admirable que j'avais lu ,je redevenais un être
vierge,plein d'enthousiasme.Je lisais souvent à haute voix des
poèmes où des passages de mes auteurs favoris que j'emportais avec
moi ;parfois je lançais des mots au hasard je m'inventais des
langues nouvelles ;ma voix,résonnait sous la voûtes splendide des
arbres enlacés qui formaient une couronne au dessus de ma tête ,je m’enivrai en abondance de mes vies imaginaires,je devenais un
diseur céleste ,un conteur admirable ;mes discours invisibles et
inaudibles aux oreilles de mes semblables étaient pourtant les
plus beaux,puisqu'ils venaient de moi ;je devenais un être irréel
un héros admirable durant quelques instant ,je marchais dans mes
fantaisies comme si c'était sur les eaux d'un fleuve divin.
RÉTROSPECTION
III-
Le lendemain ou le jour même, ou
ces moments d'extase m'avait pris ,je retournais en serrant les
dents sur les lieux de mon supplice,j' arpentais la jungle de mes
métiers à tisser comme un damné qui retombais enchainé au pieds
d'un colosse, j'avais l'esprit en feu,j'étais en pleine
révolte.Remarquons pour parachever cette fresque abominable que mon
ressentiment contre les choses terrestres était souvent attisé par
mes lectures ;autant celles ci pouvaient m'embaumer et m'exalter
l'esprit et les sens,autant celles ci pouvaient me rendre hargneux
polémique et violent ;très tôt c'est dans la lecture vengeresse
que je faisais des écrits de Robespierre et de Saint-Just que je
tirais la meilleur de mes vengeances ; je lisais Robespierre et Saint-Just en cachette ,mes écrits toxiques étaient planqués dans un
placard en zinc qui était installé au milieu d'un couloir étroit
qui sentait le tissu brut et une odeur de graisse épaisse,c'était
celle qu'on utilisais pour graisser les métiers à tisser .N'en
pouvant plus à cette époque d'arpenter la forêt hostile dressé
sur ma route,ces écrits servaient d'exutoire à mes hargnes.Après
Robespierre et Saint-Just c'est grâce à Voltaire que je me suis
vengé,je lisais ses écrits avec l'âme d'un homme persécuté par
la vindicte des autorités royales .Peu à peu j'ai fini par renoncer
à mes colères et à mes pamphlets violent,Jean Jacques que je
connaissais peu vint pour m'apaiser,sa lecture m'était d'un grand
réconfort,elle me m'était dans tous mes états car je me reconnu
immédiatement dans sa prose .Lorsque je lisais dans les confessions
le crie émis par Rousseau et son jeune compagnon
.Carniflex,Carniflex,Carniflex!-Le sentiment de violence et
d'injustice qui était resté si profondément gravé dans mon âme
ressurgissait d’emblée en moi ,il me confortait dans l'idée que
moi aussi j'étais persécuté.Montaigne vint aussi pour m'aider à
refaire surface,j'étais autodidacte et je me nourrissais de ce que
je trouvais sur ma route de mieux et de plus haut,c'est à dire de
plus exaltant et de plus héroïque et de plus sage ,c'était le cas
de Montaigne ,mais il m'arrivais aussi d'être terrassé par des
livres que je trouvais plus violent,j'avais tenté de lire
Cioran,mais il m'avait complétement effrayé ,dans les livres tout
est partagé. A travers mon amour immatériel pour les textes
littéraires ,je vénérais la force transcendante qui brillait
cachée dans les livres ;avant d'atteindre mon cœur ulcéré elle
décrivait un mouvement dans ma tête ,cette force immatérielle ma
sauvée d'un chute inévitable dans l'abîme du nihilisme à une
période où j'étais arrivé à la conclusion que toute l'agitation
du monde était destinée à me perdre ou à me faire mourir .Mon
esprit fragile était hanté par des images suspectes,je suis tombé
heureusement sur certains livres qui m'ont sauvés du chaos .Arrivé
au bout du chemin ayant épuisé ma vindicte ,j'ai découvert sur ma
lancé les yeux émerveillés les mondes supra mentaux,qui
comprenaient les espaces suprême invisibles du Tao ,les univers
lumineux du cosmos de Theillard de Chardin,les Upanushade du yoga et
d'autres textes sacré de l'antiquité,je n'étais déjà plus un
simple adolescent révolté ,j'étais devenu un explorateur des
mondes insoumis,c'est à dire des mondes rattachés au cosmos
intérieur ;mes lectures ésotériques ou simplement mes lectures des
textes sacrés me mirent immédiatement dans un état de
triomphal retour ;j'avais l'impression de naître une second fois en
lisant ces textes intemporels ,je revoyais Dieu sous une autre forme
,je le contemplais sous la forme du Bouddha , sous la forme d'un Saint
Zoroastre ou sous la forme d'un Yogi méditant dans une épaisse
forêt .J'étais sauvé des eaux pour un temps.Mais seulement pour un
temps,ma vie était pleine de beautés cachées,cela ne dura qu'un
temps mais ce fût assez pour me convertir au plaisir d'arpenter
toutes sortes de grandes vérités ,des plus instantanées aux
plus éphémères des plus éternelles au plus intemporelles avec
l'âme d'un novice illuminé par la beauté soudaine du
monde.J'étais ressuscité.
(10)
UNE
POSE
CAR J'ARRIVE A CET ENDROIT
DOULOUREUX OU J'AI ENVIE D’ÉCRIRE POUR PESTER CONTRE MOI.
Si
je faisais rewriter cet ouvrage par un génie de l'écriture, je
crois qu'il ne parviendrait pas malgré son talent à éliminer
toutes les nombreuses imperfections qui minent ce manuscrit; elles
sont si nombreuses que l'on comprendra par quel côté je peu
détester l'homme qui s'est mis en tête (presque contre ma volonté)
d'écrire ces mémoires,cet homme (moi) doit se compter au nombre
des crétins prétentieux qui encombrent l'humanité avec leurs
précieux moi et leurs grandes convictions d'écrivain débutant.C'est
ainsi que je me voyais ce matin bien peu triomphal au réveil,lorsque
je pensais à la confection de mon ouvrage ,j'étais pour tout dire
franchement désabusé et certain d'avoir failli avant même d'avoir
commencé à le coucher sur le papier.
X-IEME
SOLILOQUE
Il est étrange que la confrontation avec les idées qui
animèrent une partie de mon adolescence, dans le souvenir que j'en
ai gardé donne naissance à cet espèce de déferlement de mises au
point, sur les fondements éthique de ma vie et sur la morale qui
m'animait en arrière plan .Est ce l'objet de mon roman de mettre en scène ces conflits?. Roman d'initiation ou roman d'aventure,roman
psychologique ou roman d'historien dans quel registre m'acculent mes
mémoires?;A l'époque de ma jeunesse j'étais comme tout héros
d'un roman traditionnel encore en droit de me poser les questions
essentielles que se pose tout homme normal dans un roman
d'initiation. D'où je viens qui suis je? Que fait Dieu au dessus de
moi ?. Aujourd'hui,le roman rétrospectif lié à mes mémoires
quarante ans plus tard, (j'écris en 2001) m'invite t'il vraiment à
revoir ma vie avec des yeux plus aiguisés,ou avec une perspicacité
plus acérée ?. Suis je plus avancé qu'hier?. Mon désir de
comprendre et ma soif de vérité sont ils aussi vifs ?. La folle
exigence de comprendre de ma jeunesse s'est elle tarie ,s'est elle
accentuée où à t'elle régressée ? .Qu'ais je appris de la vie?. En
quoi mon projet romanesque m'invite t'il à revoir ma vie d'une façon
différente?. Si la réponse existe ,elle se trouve dissimulée dans
un cahier mystérieux que j'ai retrouvé et que je vois
régulièrement réémerger à la surface de mes archives,ce cahier
contient une vision de mes essais de théorie littéraire lorsque
j'avais trente ans. Il y a eut un moment dans ma vie ou j'ai été
pris de visions , ces visions ont déposées sur la surface de ma
mémoire des mondes extravagants et fantastiques que je peine presque
à me rappeler,tant ils paraissent éloignés de ma vie actuelle.Le
cahier dont je parle ,contenait des théories qui redéfinissaient ma
vision magistrale de la vie;à travers ce cahier je plonge encore
aujourd'hui dans des univers aux issues toujours incertaines mais
j'en aperçois d'autres qui font remonter à la surface de ma
mémoire des intuitions littéraires géniales. Aujourd'hui lorsque
je relis les pages à demi effacées de ces cahiers j'aperçois
mille feux qui reviennent m'animer ,je crois apercevoir à chaque
détour de mes anciens écrits un nouveau type de voyant qui
s'épuisait à mettre à jour une nouvelle manière d'écrire et
surtout des théories littéraire singulièrement percutantes.
Lorsque je parcoure ces notes ,je longe un long
labyrinthe de fantaisies fait de textes diffractés et de récits à
glissières qui étaient supposés contenir la nouvelle écriture dont
j'avais l'intuition qu'elle pouvait surgir,là où on ne l'attendait
pas -Tirer des modes d'exposition aléatoires des récits la
puissance même d'une découverte-Trouver un mode d'investigation du
réel tiré de l'écriture elle même-. Ces théories littéraires
je n'en parlerai pas davantage,j'aimerais plutôt les montrer en
action lorsque le fil de mes récits me mènera à elles plus
tard,si toutefois elles m'y mènent.
SUITE
DE MON ROMAN.
La figure de Pascal cet être mi lumineux mi défait ma
fait remonter le fil de gravité de mon être passé .Toutes les
expériences accumulées depuis dans ma courte existence ,n'ont rien
pu m'apporter de plus raisonnablement convaincant que celles que
j'avais déjà aperçu au seuil de mon adolescence ,même si depuis
je me suis renforcé,j'ai bien peu à me réjouir d'avoir pu percer
les secrets de l'existence ,je suis toujours resté sur le seuil de
la compréhension ultime ,l'âme défaite le cœur battant,j'ai dût
admettre l'étendue de mes faiblesses ,la persistance de mes
angoisses devant la mort et les questions de survie matérielles qui
m'ont toujours accaparées ne cessent pour l'instant de me
relancer.Est ce ainsi qu'on vit?. Aujourd’hui en plein âge mûr .Je
suis toujours comme hier à l'époque de mon adolescence à la
recherche d'une vérité charnière qui pourrait éclairer la vie,je
suis moins tourmenté qu'hier ,même si entretemps j'ai parcourir un
large chemin,je ne suis pas plus éclairé pour autant sur le vrai
sens de ma destinée .J'ai cru la trouver en différents endroits
,j'ai tenté de la traquer parfois en dehors de moi en la prenant à
revers parfois en embuscade sans savoir que cela aussi faisait partie
du chemin. J'ai acquis plus de confiance en moi plus de conviction
sur moi,j'ai pu transcender en partie celui que j'étais hier pour en
faire un autre.A la fin,je suis enfin devenu celui que j'avais rêvé
d'être ,je rêvais de conquérir le ciel la terre et mon futur,j'ai
réalisé en partie mon rêve J’avais fait de mes rêves une simple
réalité,cela m'avait pris du temps.J'étais devenu un autre,j'étais
devenu moi même.Je me souviens qu'à une époque je n'arrivais pas
à m'appréhender tel que j'aurais voulu être,j'étais
désespéré.C'était peut être à cette époque que j'ai compris
qu'il fallait utiliser ses rêves pour conquérir le monde.Il
fallait -faire de la résistance- ne pas se laisser abattre ,il
fallait mener le combat toujours plus haut contre un ennemi invisible
qui logeait en nous et qui nous disait d'abandonner nos
illusions;nous étions responsables de nos propres défaites,il
fallait rester debout,ne pas s’affaisser,persister à croire en nous
même et en nos folies en dépits de tous ceux qui avaient décidé
que nous n'étions rien,que nous ne valions rien et que nos folies
étaient suspectes.Il fallait nous tenir droit dans nos folies et
tenir bon jusqu'à leur réalisation ,c'était la seule chose à
faire..Il ma fallu attendre plusieurs années,avant que se dessinent
en moi les voies lumineuses tracés par mes folies ,il a fallu que
j'attende de les voir apparaître clair et nets dans ma tête avant
qu'elles commencent par devenir réalité,c'est pourquoi lorsque le
désenchantement me reprend,je remonte la pente de mes rêves,et je
reprend en main le totem ardent qui me noue à mes folies ,alors dans
l'instant qui suit je retrouve mon courage car je vois resplendir
les étincelles de vie qui alimentent et font vibrer la coque de
titane pleine de vif et d'ardeur de mes folies ,elles me
soutiennent,elles me soulèvent.
(12)
Un huitième fragment pour
constituer une suite aux précédents récits sur ma vie
d'adolescent. .
Les réunions qu'on avait avec Pascal se tenaient en
général chez lui, dans sa chambre, à la cure.
La cure se trouvait ( et se trouve toujours ) à
proximité de l'entrée du cimetière, de mon village natal.A
l'époque dont je parle, (les années soixante); il n'y avait pas de
syndicat d'initiative à l'angle de la rue qui mène à la cure, il
y avait simplement le garde champêtre qui habitait là . La route
pour accéder à la cure était la même que je prenais quand
j'allais cueillir des myrtilles et des framboises , ou selon des
champignons, elle débouchait sur un chemin qui menait sur un sommet
qu'on appelait la croix de mission à cause qu'elle était surmontée
d'un grand Christ noir en bronze cloué sur une croix blanche en
béton,ensuite le chemin regagnait la forêt (dont il semblait issu
). La croix de mission est toujours située sur l'une des deux
montagnes qui surplombait mon village, aujourd'hui rien n'a changé
ou presque sauf une modernisation des habitats . Sur la montagne en
face il y avait une grande Vierge patinée de vert ,que
j'apercevais déjà depuis la fenêtre de ma chambre,elle aussi est
toujours là. La chambre où je vivais à trouvée par contre
d'autres locataires,car depuis la disparition de ma mère tout a
changé.J'ai vécu toute mon enfance et toute ma jeunesse jusqu'à
l'âge de vingt quatre ans au milieu de ce décor ,je m'étais
tellement imprégné des lieux et de tout ce qui gravitait autour que
j'aurais pu les dessiner presque entièrement en ayant les yeux
fermés.
(13)
UN NEUVIÈME FRAGMENT
SUITE INVENTÉE
La cure ( le bâtiment) ne serait pas si mal, si il
n'était associé dans l'esprit de celui que j'appelle mon héros à
une sorte d'image austère ( celle du célibat) et de la vie
spartiate que les prêtes successifs qui ont habité ce lieu ont du
vivre, car si pour eux il était naturel de vivre dans ce lieu
destiné à héberger les hommes d'église, ce lieu lui était
toujours apparu profondément énigmatique.Il avait du mal à
concevoir qu'on puisse vivre à longueur de vie dans un lieu aussi
austére ; il est vrai que son sentiment à ce sujet a évolué au
fil du temps . Il s'etait transformé par exemple avec l'apparition
d'un nouveau prêtre plus jeune fort sympathique ,beau,beau comme un
David ,nouvelle version de la prétrise qui succédait à celle plus
austère qu'incarnait l'abbé G...Pascal.Sa décontraction faisait
contraste avec l'austérité dynamique et virile de ce dernier .
Lorsque St Jean venait voir le jeune prêtre, il avait la sensation
qu'un reloking formidable s'était produit dans ce lieu un peu
sinistre , le jeune prêtre avait rendu ce temple du sacerdose
austère plus lumineux ; à cause sans doute de sa manière de vivre
moins encombrées ,plus moderne plus accessible, plus actuelle , à
cause peut être aussi de sa beauté qui irradiait comme un feu
insolent au milieu d'une plaine froide .
UN
CERTAIN CONTRASTE
Le souvenir qu'il avait gardé de la chambre de Pascal
n'était pas vraiment éblouissant Pascal avait aménagé sa chambre
d'une façon un peu négligée ,c'était celle d'un vieux
célibataire,St Jean ne la trouvait pas sa pièce très confortable
, il la trouvait même triste .Pascal menait une vie à la dure une
vie de prêtre spartiate; le jeune prêtre accordait lui plus de
place aux plaisirs et à l'art de vivre. Il se dégageait de sa
chambre ,un parfum légèrement troublant ; c'était la chambre d'un
jeune prêtre fraîchement débarqué du séminaire qui n'était pas
disposé à offrir son corps en martyr à la religion, il était en
cela à l'opposé de Pascal son aîné qui n'aurait sans doute pas
hésité devant le sacrifice ; mais les comparer avait probablement
peu de sens, car l'un et l'autre incarnaient deux époques en voie
de mutation,deux époques différentes.Deux époques qui se reflètent dans le miroir de mon esprit comme deux mirages
opposés.La vie les manières et les attitudes décontractées du
jeune prêtre traduisaient la mutation qu'avait dût accomplir
l'église pour s'adapter à la nouvelle époque,celle des années
soixante dix;mon héros était à la fois troublé et ravi par ce
changement. Il avait voué une admiration presque sans borne à
Pascal ,mais leur rapports manquaient souvent de chaleur et de la
sensualité qui faisait corps avec l'enseignement décontracté et
beaucoup moins conventionnel du nouveau prêtre;de ses rapports avec
Pascal il avait surtout retenu la fermeté et la distance,il y avait
dans ce rapport la distance qu'un apprenti pouvait avoir avec son
maître . Avec le jeune prêtre à figure d'Apollon ses rapports
étaient beaucoup plus amicaux presque parsemé d'intimité. Quand
il était venu pour la première fois s'installer à la cure il
avait établit d'emblée avec ses interlocuteurs une sorte de lien
amical, qui le rendait plus accessible ; d'ailleurs il ne portait
plus la soutane noir à l'ancienne ,il portait un costume gris avec
des chemises et des pulls élégants ,ce qui lui donnait une allure
plus légère ,plus moderne et beaucoup plus décontractée qui
tranchait avec le côté plus rude et plus frustre de ses collègues
qui appartenaient tous encore autour de lui à l'ancienne forme
hiérarchisée liée au développement du sacerdoce .C'était un
jeune prêtre tout neuf il relookait le visage austère et un peu
terne de l'église.
(14)
NOUVEAU
SOLILOQUE INTEMPESTIF DU NARRATEUR
Les
impressions que je dispose ici sont bien trop réduite je sais ,mais
c'est tout juste si je peu avoir encore accès à mes souvenirs pour
situer les contours d'un roman qui situe dans une autre époque de ma
mémoire ; certains événements de ma vie me donnent parfois
l'impression d'être disposées dans un passé si lointain que
j'imagine de plus en plus fréquemment qu'ils appartiennent à
quelqu'un d’autre qu'à moi, ou du moins qu'ils sont d'une époque
désormais presque inaccessible à la nôtre ; pourtant ces
événements dont je parle ne sont pas si lointain ,ils ne sont
éloigné au final que d'une trentaine d'années. Qu'en serait il si
je devais vivre presque un siècle comme ma mère qui le
comptabilisera bientôt ( au moment ou je rédigeais une partie de
ces mémoires elle allait sur ses quatre vingt quatorze ans*). Comme
elle à presque perdu intégralement l'usage de sa mémoire, on se
s'étonnera pas de me voir si effrayé à l'idée de vieillir et de
perdre encore un peu plus l'usage de la mienne.Il me semble
aujourd'hui d'où je suis, que les capacités de se souvenir des
hommes et des femmes il s'entend sont extrêmement limitées sauf
entraînement. Les capacités de se souvenir de la plupart d'entre
nous se dégradent dès que nous commençons par arriver à l'âge
de la soixantaine ; à moins que les progrès de la médecine ne
permettent de faire reculer ces limites, nous sommes donc astreint à
une vie dans la jouissance de nos souvenirs qui est relativement
assez limitée ; c'est peut être pourquoi je m'emploie à l'âge de
la cinquantaine à essayer de coucher mes mémoires sur le papier
avant que ma mémoire se dégrade trop . Je constate en effet à
travers mes faibles capacités à me souvenir que cet exercice de
remémoration auquel je m'essaye est bien peu suivit d'effets. Dans
beaucoup de cas, je dois procéder à des reconstitutions hasardeuses
de mon passé; les sentiments et les émotions que j'ai éprouvé
hier, il ne m'en reste qu'un lot infime, et souvent je dois faire un
effort intense pour m'en rappeler seulement quelques fragments. C'est
pourquoi la variations de mes textes dans ces mémoires ,doit être
perçue aussi comme une sorte de scanne ou plutôt comme une
palpation de mes facultés intellectuelles .Ces dans les variations
écrites (bonnes ou mauvaises) de ma mémoire que se tient mon
originalité,je n'écris pas pour démontrer mes facultés à bien
écrire ,ou pour faire la démonstration que je suis encore capable
de me souvenir,mais pour montrer la singularité des processus
d'individualisation qui soutiennent le corps visible et invisible de
ma mémoire,c'est la saga de cette aventure originale que j'aimerais
mettre à jour dans ce roman.(Post-moderne) .Autant que le récit
bien défini de mes vies passées,c'est le récit de mes défaillances
à me souvenir que j'aimerais montrer ici.Les récits aventureux de
ma mémoire m'intéresse autant que l'histoire détaillée et
romancée de ma propre vie.Dans les faits,il est rare qu'un
jaillissement spontané d'émotions anciennes vienne me saisir ou
qu'une lucidité surgie du fond de mon passé vienne pour
m'éclairer,( en jaillissant au débouté sur ma route); je peine
comme un galérien lorsqu'il s'agit de me remettre en mémoire des scènes de ma vie, je dois souvent m'y reprendre à plusieurs fois
avant qu'un souvenir spontané reprenne forme en moi. Je pense
d'ailleurs qu'une grande partie de nos soi-disant souvenirs sont
d'ordre presque fictionnels; et en ce qui concerne la fiction, si
j'en utilise les effets ici, c'est aussi pour montrer que nos
souvenirs pourraient très bien appartenir à une forme de mémoire
de substitut ,une mémoire romancée plus agréable à mettre en scène que ceux d'un soi disant témoin objectif. Notre mémoire
s'emploie souvent à nous restituer nos souvenirs sous des formes
tellement approximatives que nous sommes obligés de les recomposer
en partie dans un ordre nouveau inventé,car il arrive rarement que
les hommes lorsqu'ils portent témoignages d'une chose le fasse d'une
manière entièrement exacte ( tout en étant persuadés du contraire
) c'est d'ailleurs pourquoi les témoignages humains sont si peu sûrs
, c'est comme dans les affaires judiciaires, la plupart des
témoignages recueillis auprès des témoins de bonne foi s'avèrent
souvent faux ou inexacts en tout cas contestables . Notre mémoire
nous joue des tours à notre insu. Je reste persuadé que Proust lui-
même à du inventer une grande partie des émotions qu'il prête à
ses personnages; il les a reconstruites ces émotions ,en les
restituant sous une forme imaginée qui tient plus de la fiction que
du souvenir,car la meilleure des mémoire prend plaisir a modifier
les choses vues et à les voir avec l’œil d'une mémoire inventée
,qui n'est jamais aussi exacte que la réalité,surtout quand elle substitue à la mémoire réelle, la mémoire purement artificielle
des écrivains .Car d'après nous esthètes civilisés ,la réalité
brut est souvent insignifiante et sans intérêt ;sans la sensibilité
artistique qui fabrique instantanément de l'émotion et des
vêtements neufs pour nos souvenirs le monde nous apparaîtrait
probablement sans grâce .Mais il est tentant de vouloir généraliser
à partir de ma propre expérience ,des défauts des qualités ,des
forces ou des faiblesses qui n'appartiennent peut être qu'à un
fragment de la mienne ; car il existe aussi des être doués d'une
prodigieuse mémoire,et certains capables de se souvenir de presque
tout .Nous sommes semblables mais au final ,nous sommes tous
différents. C'est aussi ce qui fait que je peu éprouver tant
d'intérêt pour la vie des autres,si j'étais identique en tous
points à eux ,mon narcissisme spontané ,m' empêcherait de
regarder dans le miroir de l'autre pour y lire des détail de ma vie
qui m'auraient peut être échappés (puisque nous sommes censément
bâtis de la même façon) car notre ego éprouve impérieusement le
besoin de venir se comparer à un double pour pouvoir exister d'une
façon différente.
*Je m'attaque à la
relecture de ces textes en octobre 2015.A l'époque où j'écrivais
ces récits,ma maman avait encore seulement cinq ans à vivre.
(15)
SUITE DE MON RÉCIT
DIXIÈME FRAGMENT
St Jean n'avait pas avec Pascal malgré l'estime qu'il
lui portais, le même rapport de proximité qu'il avait avec le jeune
prêtre.Il y avait entre lui et Pascal une distance dont il n'a
jamais pu exactement savoir à quoi elle tenait; c'est pourquoi il
la mit sur le compte de son jeune âge , d'ailleurs je l'ai déjà
noté , dans ces réunion il faisait figure d'élève face au prêtre
qui restait un maître,une sorte d' initiateur ,il faisait aussi
figure de benjamin.Face à ses camarades plus, âgés .St Jean avais
nettement le sentiment d'être le plus jeune, c'était une chose
qu'il ressentait d'une façon plutôt positive, c'était comme une
sorte de grande fraîcheur qui le tenait éveillé, il était plus
jeune qu'eux, cela lui plaisait, il avait la sensation qu'il pouvait
apprendre plus vite de la vie ;en étant placé au milieu de gens
plus mûrs il voyait la un avantage. Ses camarades à cause de leur
âge étaient censées être plus réfléchit et plus posés ; ils
semblaient du fait de cet avantage plus à l'aise que lui ,ils
avaient franchi certaines étapes d'une initiation que lui n'avait
pas encore atteint; il n'avait pas droit comme eux aux longues
conversations intimes avec Pascal . Ce genre de conversation c'est
avec M..le jeune prêtre qu'il les aura plus tard .St Jean admirait
chez Pascal son aisance, sa rigueur ,sa façon directe de parler
.Pourtant, il pouvait avoir quelquefois des paroles crues ,son caractère volontairement abrupte pouvait choquer ,à cause de sa
franchise il pouvait heurter.(5) Il regardais Pascal comme une
personne morale exemplaire, il admirait sa vitalité et sa force de
caractère ,mais il n'aurait pas aimé suivre ses traces,il trouvait
sa vie trop austère.
(16)
UN ONZIÈME FRAGMENT POUR COMPLÉTER L’ÉDIFICE FRAGILE DE CES MÉMOIRES PORTANT SUR MES VIES ADOLESCENTES.
LA CRÈCHE RÉVOLUTIONNAIRE..
Cette crèche représente une scène marquante de la
vie adolescente de mon héros (St Jean). Je dois me rappeler qu'à
cette époque ce qui primait dans sa vie, c'était encore bien plus
la passion de la peinture que celle des livres. ll devait déjà à
cette époque être inscrit aux cours grands maîtres de peinture par
correspondance et ses après-midi ou ses matinées ( hors usine) ,
il devait les passer à dessiner ou à peindre, car l'histoire de la
crèche est dans mon sentiment intimement lié au fait qu'on le
montrait déjà parmi les siens, comme un garçon presque
exclusivement passionné d'art et surtout de peinture; c'est
d'ailleurs probablement pourquoi l'abbé (celui que j'appelle Pascal)
et ses camarades lui avaient confiés le soin de réaliser cette
crèche. Il était de tradition dans les églises, à une certaine
époque pas si lointaine de réaliser des crèches géantes;cette
années là c'était au groupe des Jeunesses Ouvrière qu'on avait
confié cette tâche.Les camarades de St Jean avaient décidés
connaissant ses talents de lui confier la réalisation de ce travail
artistique.Saint Jean avait pour tâche d'illustrer à l'aide de sont
art une nouvelle manière de voir après approbation du groupe.Les
membres des jeunesses ouvrières devaient intervenir devant la
communauté des Chrétiens qui devait se rassembler dans l'église
du village lors de la soirée inaugurale de la messe de minuit .
L'intervention devait avoir lieu dans la belle et vaste église
paroissiale aux piliers de grès rose. Certains de ses camarades
avaient pour mission de lire des textes qui témoignaient de leur
foi, mais aussi des difficultés qu'ils rencontraient pour la vivre
au quotidien, ils parlaient aussi de leur engagement social, c'était
une tâche courageuse et difficile,que de s'exposer ouvertement aux
yeux de tous .St Jean avait été réquisitionné pour travailler à
la réalisation de la crèche ,à cette occasion on lui avait
demandé d'écrire un texte sur sa vision de l'église et sur son
engagement de jeune Chrétien .Il avait choisi d'écrire un texte
polémique ,il voulait exprimer sa révolte et son ressentiment
contre les formes traditionnelles de la croyance en Dieu,il voulait
exprimer en public sa colère et ses doutes sur le rôle que jouait
l'église ,il avait proposé un texte intrépide ,il avait pour se
faire choisi de se mettre à nu et d'exposer au plein jour sa foi
qui vacillait . Il avait soumis le texte à ses camarades qui
l'avaient accepté avec enthousiasme car il était sincère et
littéralement provocateur, l'abbé ne désirait pas interférer il
voulait montrer aux fidèles assemblés ce que pensait réellement la
jeunesse qu'il avait sous sa garde ;le texte enregistré sur
magnétophone, avait été diffusé au milieu de la messe de minuit.
On peu voir ici la marque de fabrique de l'abbé G...(Pascal)
Laisser un jeune homme de quinze ans exprimer sa révolte en public
en pleine messe de minuit , au milieu de ses ouailles les plus
réactionnaires assemblées le soir de Noël ,c'était presque un
acte de provocation ;c'était surtout perçu pour certain comme un
acte révolutionnaire.Il y avait de l'audace à permettre qu'une
telle manifestation puisse avoir lieu au sein même de l'église
,l'abbé voulait donner des coups dénoncer l'hypocrisie ambiante de
la communauté des fidèles face aux réalités du monde ,il voulait
remuer les consciences ,avertir ses ouailles que des changements dans
les manières de penser étaient requis ;la jeunesse exprimait un
désir de transformation radical, il fallait l'entendre,cela ne
concernait pas seulement l'église ,même si l'attaque frontale
avait lieu en son sein,cela concernait la société toute
entière.Saint Jean était devenu le porte-étendard d'une jeunesse
en révolte ,il n'y avait qu'un homme comme Pascal,pour faire le
pari que la liberté de penser était plus profitable au monde des
hommes que ses dénis ou ses aveuglements perpétués au nom de la
sacro-sainte tradition où d'une morale de l'ordre et de l'autorité
qui commençait par s’effondrer à cause de ses excès
d'intempérance. C'était aussi la preuve que des esprits libres
pouvaient surgir à tout moment pour venir bousculer les
habitudes,Saint Jean marchait ce jour là dans la même tranchée
que celle dans laquelle Pascal marchait depuis un nombre
incommensurable d'années ,c'était aussi celle dans laquelle
gravitaient ses camarades ,et tous ceux qu'ils assimilaient à une
espèce nouvelle qu'on appelait -les hommes libres ou quelquefois
- des libres penseurs-.
UNE CRÈCHE RÉVOLUTIONNAIRE.
La crèche que St Jean avait conçu, n'était pas très
orthodoxe; il y avait bien un Jésus enfant avec Marie et frère
Joseph qui figuraient dans un coin ; mais ce n'était qu'à titre
ornemental . Les grandes formes symboliques que St Jean avait imaginé
pour illustrer son propos se tenaient en arrière plan ,ces grandes
formes envahissaient tout l'espace. On voyait sur fond de ville
grise découpé dans le carton, une grande église à moitié
détruite, elle occupait un vaste espace sur l'estrade à gauche du
chœur ; au milieu de ce décor surprenant, se trouvaient trois
hommes à genoux, grandeur nature, ils étaient découpés et peints
sur du contre-plaqué et du carton comme presque tout le reste du
décor d'ailleurs ,cela ressemblait étrangement au décor d'une
pièce de théâtre. Il y avait un homme noir, un homme blanc et un
homme jaune; ils lançaient chacun une paire de dés ( assez bien
visibles) sur lesquels figuraient des mots emblématiques tel que
.Amour. Foi. Passion. Dieu. Désir. Justice. Hasard Etc. Dans un coin
de cet espace stylisé, un enfant Jésus de bonne taille bien rose et
souriant le corps plongé dans la paille figurait la nativité.Deux
statuettes plus petites présentes à ses côtés représentaient
Marie et Joseph. Cette crèche inhabituelle surpris et peut être
même fît elle figure de scandale pour certains. Elle fit scandale
peut être sans doute moins à cause du décor peu orthodoxe que St
Jean avait réalisé, qu'à cause des paroles qui s'égrenaient sur
la bande magnétique ce soir là. Les trois premières strophes
commençaient par un élan de révolte qui résonne encore à mes
oreilles .
Je
rejette ton monde église, car je n'y vois plus Dieu.
Je
rejette ton monde église, car sur la face éblouissante de tes
saints je ne lis plus la compassion.
Je
rejette ton monde église, car tes fidèles sont devenus à mes yeux
aussi ennemi du bien et de la justice que de vulgaires voleurs.
Le texte polémique qui durait une bonne dizaine de
minutes fut diffusé par haut parleurs le soir de la messe de minuit;
messe à laquelle St Jean n'assistait pas, car il avait dès lors
résolu de ne plus mettre les pieds à l'église. Il considérait
probablement à cette époque que la seule vrai action de grâce
véritable qu'il pouvait effectuer était exclusivement un acte de
révolte contre la société des hommes ,il devait se cantonner à
dire la vérité ,c'était sa mission. A cette époque il est vrai
que St Jean avait cessé d'invoquer Dieu avec la naïveté confiante
qu'il mettait à l'invoquer lorsqu'il était encore sous la coupe de
son admiration craintive, il l'implorait pour toutes sortes de choses
futiles .Lorsqu'il pensait à lui à présent ,c'était plutôt un
cri de révolte qu'il sentait monter ,car il voyait partout fleurir
l'injustice la résignation le mensonge et l'hypocrisie ,il ne
comprenait pas et n'admettait pas que Dieu ait pu servir un tel
dessein. Ce fut probablement à l'occasion de la construction de
cette crèche que sa rupture avec son ancienne foi Chrétienne lui
apparut évidente , il prenait soudainement conscience que les idées
toutes faites qu'on lui avait inculqué sur la religion et sur les
hommes ne collaient plus à la réalité;sa vision du monde avait
changée ; le monde de son enfance ,ce monde ou primait l'innocence
et la sincérité était en train de se fragmenter ,il était
remplacé par un autre,par un monde sans pitié ou régnait la
cupidité le faux semblant et la bassesse sous toutes les formes
possibles et imaginables .Le monde innocent de son enfance disparut
Saint Jean découvrait le monde tel qu'il était ,il avait construit
des citadelles merveilleuses qui dépassaient largement la demeure
pourtant gigantesque de ses rêves mais elles s'étaient effondrées
petit à petit .Dieu maintenait la cité artificielle de son enfance
dans un espace immatériel qui était protégé par la sainte
famille originelle ,Marie Joseph et Jésus formaient un triangles qui
sanctifiait tous les espaces autour d'eux; la mythologie des
évangiles orchestrait la place de Dieu ;Dieu avait crée le monde et
l'avait rendu possible,c'était déjà un grand miracle;Adam et Eve
ses premières créations avaient faillis,Dieu avait alors redonné
une chance à ses créatures,il leur avait permis de vivre ,au lieu
de les effacer ,il leur avait permis de croître comme elles
l'entendaient ;malgré cela l'hypocrisie humaine et la cupidité
avait fructifié ;alors dans un geste ultime de générosité Dieu
avait envoyé son fils pour tenter de racheter les hommes .Ce fils
les hommes l'avaient brutalisé,humilié,supplicié comme si c'était
un vulgaire voleur.Ce faux roi juif,les romains l'avait jugé
coupable;les romains ne tenaient qu'à la cohésion de leur empire
,Jésus le Nazaréen ils s'en foutait,ils s'en battaient les flancs
de savoir si cet illuminé était ou nom le fils de Dieu;des dieux
ils en avaient plein les mains. Saint jean découvrais que le monde
n'appartenait pas à Dieu,mais à l'univers de son enfance
,contrairement à ce qu'on avait essayé de lui faire croire (au
catéchisme), les hommes n'étaient pas que bonté vertu et
générosité ,ils étaient remplis de férocité ,les plus riches
les plus féroces,les plus retords et les plus aguerris se
réservaient les plus belles parts du butin souvent sur le dos des
plus faibles ,la vie n'était qu'un combat sans fin où les plus
forts et les plus malins se distribuaient les biens de ce monde avec
un total sans gêne .Au fur et à mesure qu'il croissait en maturité
Saint Jean voyait s'agrandir la face sombre du monde,sans doute sa
sensibilité qui était extrême s'employait elle à à tout rendre
encore plus sombre ,mais il n'y pouvait rien ,il avait vu le monde à
découvert depuis qu'il avait ouvert les yeux,et son spectacle
l'avait déçu .Si l'homme voulait avoir accès à la beauté ,à
la bonté et à l'intégrité ,à cette part de vérité qui
résidait à l'état de latence dans l'univers ,il devait renoncer à
aller la chercher, là ou elle avait cessé d'apparaître dans la
croyance en un Dieu omniscient ; l'église qui avait abritée ses
rêves d'enfant et forgée sa première vision du monde l'église
représentante de Dieu sur terre lui avait racontée des histoires
,elles mentait sciemment ,elle était compromise .Surgissait petit à
petit l'idée qu'il devait aller chercher la vérité ailleurs ,par
lui même ,là chercher là ou elle se trouvait cachée quelque part
peut être dans les replis mystérieux de ses propres pensées et
dans son cogito ,dans l'exercice d'une pensée critique ou simplement
sur la mappemonde de sa vie intérieure ,dans le vaste champ de sa
propre intelligence intuitive.En plongeant dans la demeure de son
âme , il pensait trouver de lui même un assez grand espace de
lumière ,un espèce qui lui redonne espoir car il voulait apaiser
son trouble et épancher sa soif de vérité qui était toujours
intense, il voulait car il était obstiné trouver avec l'aide du
ciel et de son intelligence qui était vive une explication
rationnelle à sa révolte contre les formes dégénérées qui
avaient envahit l'existence et confectionnées pour elle une aussi
sombre parure.
LE TEMPS EST PÈRE DE VÉRITÉ
Cette crèche qui marquait une rupture
symbolique avec le cycle biblique de son enfance ,révéla à Saint
Jean ses propres aspirations à créer,et il lui sembla que l'une des
portes de sa rédemption à lui devait passer par là.Par la
création et par l'art.En même temps que la révélation d'une
profondeur subtile qui émergeait en lui la crèche marquait
éblouissante la manière qu'avait l'abbé G. (Pascal) d'enseigner
à ses ouailles la parole de Dieu Il laissa la jeunesse dont il avait
contribué à l'éveil s'exprimer en toute liberté ( St Jean était
sans doute sa meilleure apparition ) .Il s'abattit tel un faucon de
lumière sur l' assemblé des fidèles en leur mettant sous les yeux
l'image de son désarroi ,et son dégoût pour les rites hypocrites
de l'église . Pascal était le disciple d'un Christ iconoclaste et
révolutionnaire . St Jean était s'en s'en rendre compte son
disciple le plus radical . Lui et ses camarades ne faisaient que
rentrer dans la brèche que l'abbé avait essayé de creuser dans
cette communauté de chrétiens réactionnaires et bien pensant qui
occupaient peut être quatre vingt pour cent des bancs de l'église
paroissiale. St Jean et ses camarades étaient simplement pour partie
ses apôtres .St jean et ses camarades étaient rentrés dans le
combat pour la pure vérité avec l'extrême ardeur qui caractérise
la jeunesse et qui en fait sa beauté; ils n'avaient pas trop de mal
à le faire, car ils étaient tous persuadé comme toute la jeunesse
le croît que le monde entier lui appartient. Généreuse toujours
prête à s'émouvoir, la jeunesse était le fer de lance du Christ
émancipateur et révolutionnaire que soutenait Pascal.Son
pari,c'était de croire que l'homme était capable de s'élever au
dessus de sa propre condition pour accéder à une part de lumière
et de sainteté.Saint Jean avait cessé de croire en Dieu,mais il
n'avait pas abandonné l'image d'un Christ de lumière qui marchait à
ses côtés. Pourtant bientôt il ne verra plus luire cette
apparition presque surnaturelle , sa vie dans le blanc tissage où
s'écrivait le monde des hommes repoussait jour après jour cette
apparition dans les ténèbres.Les nouveaux Christs qu'il contemplait
à présent comme des apparitions surnaturelles avaient le visage
lisse de Saint-Just,le visage étroit ,lisse et froid de Robespierre
,le visage charismatique impitoyable de Lénine ,le visage prométhéen de Marx le visage ravagé par l'ardeur de Trosky ,il remplaçaient le visage du Christ au cœur doux que Pascal vénérait
.Avant que ces visages se fanent à leur tour il faudra attendre
encore quelques années.-Le temps est père de
la vérité- Disait Rabelais.
________________________________________________________________________________
(17)
JE VAIS PLACER ICI UN CHAPITRE QUI ÉRIGERA UN CONTRECHAMPS A LA VISION EN PARTIE ROMANESQUE QUE J'AI DÉJÀ DONNE DE MA VIE .
ON EN DÉDUIRA CE QU'ON VOUDRA ,JE
NE LE JETTE ICI QUE POUR TENTER DE MATÉRIALISER AU PLUS PRES L'IMAGE
QUE J'OBSERVE DE MOI DANS MA MÉMOIRE.
DOUZIÈME FRAGMENT
MOI C'EST LUI ,LUI C'EST MOI
UN
AUTRE REGARD
La
société dans laquelle nous étions pris,était structurée,comme au
moyen âge ,chaque partie contribuait à renforcer l'autre,chaque
partie nous enchâssait dans un ordre invisible qui avait sa loi dont
le seul objet était de nous rendre esclave et soumis. Posée elle
même comme inéluctable,cette loi organisait nos destins et les
compressaient dans cette fausse patrie ou nous vivions comme des
citoyens libres et émancipés ,des citoyens éclairés selon les
dires de la république ,en réalité comme des citoyens enchainés
à un monde rétrograde,à la fois visible et invisible .Enchainés
nous l'étions,comme chaque partie l'était,avec plus ou moins de
liberté selon la place qu'elle occupait au cœur de cette
société. La mairie du village ou j'étais né était depuis
longtemps sous la dépendance des patrons des usines ,ils étaient
les véritables maîtres; l'église bien pensante qui était
omniprésente bouchait partout les trous de la contestation, elle
servait à appointer les bonnes consciences et à les
canaliser,pour le profit de tous -travail tais toi,et soit humble et
soumis !. Dieu a crée le monde,et les patrons sont ses
représentants. Il n'y a pas lieu de bouleverser cet ordre - . Il est
inutile de se révolter ,c'était ainsi depuis l'éternité que les
choses doivent être. Saint Jean mon double a refusé très tôt de
se plier à cette injonction,c'est pourquoi il s'est en-rebellé.C’est
contre cette injonction-Travail et tais toi!-que je dût lutter très
tôt, j'ai dût me rebeller contre cette injonction qui faisait- de
moi un sujet soumis ,je ne voulais pas admettre la fatalité du
monde, celle qui m'offrait entre autre pour seule perspective de
travailler toute ma vie dans la même usine que mon père . Cette
perspective, je l'avais violemment rejeté et refusée dès
l'instant ou je l'avais vu briller comme seule forme de perspective
rédemptrice ,je ne voulais pas de cette forme grossièreté de rédemption;je me rebellais contre cette opaque destinée,j'étais en
lutte contre son principe . Je n'étais pas de la race des esclaves,
je ne supportais pas les gens qui en faisaient partie, je les
combattais intérieurement avec passion.Mon optique sur ce point n'a
encore jamais variée,aujourd'hui malgré les temps qui, ont
changés,je suis toujours le même rebelle stupide et contrarié . Hier
je n'avais pas de mérite à penser ces choses elles me venaient
droit du cœur; j'étais un révolté viscéral et je le suis
toujours resté par réflexe peut être.A notre époque dite de
post-modernité l'injustice demeure aussi criante ,elle a prit les
nouveaux visages de la sophistication rationnelle ;depuis que les
maîtres du monde se sont convertis avec délices aux pouvoirs
subliminal de l'argent et qu'ils ont mis à profit les nouvelles
technologies pour asservir la planète au règne du profit raisonné,
ils n'ont jamais cessé de faire fructifier les peines les douleurs
les angoisses et les signes magiques qu'ils font pour qu'on les croit
n'ont jamais été aussi convaincants.L'argent qui peuple la demeure
des plus riches na jamais été aussi abondant ,leur pouvoir aussi
démesuré,leurs cynisme aussi héroïque .Nous sommes devenus presque
contre notre gré ,les otages d'une civilisation mercantile dont les
inventions géniales de la démocratie n'ont pas réussi à réduire
la voracité.Les injustices non pas régressées,malgré beaucoup
d'avancées positives dans la structure évolutionniste du corps
social ,des lourdeurs effrayantes subsistent qui semblent le
paralyser;l'état rempart et protecteur de la légalité l'état
protecteur inamovible de nos liberté semble contribuer
volontairement ou involontairement à la faillite de nos convictions
tant il semble impuissant à régler ses propres problèmes
d'éthique;ses représentants politiques fonctionnent souvent en vase
clos envahit par un sentiment de supériorité qui leur fait
confondre leur propres intérêts avec ceux de la nation toute
entière ;aveugles, ,ils reconstruisent les vieilles habitudes de
caste et brigandage reçues en héritage du temps où les monarchies
n'étaient pas encore capable de penser leur disparition .Le
catalogue des plaintes pour le citoyen de l’été démocratique
post-moderne est devenu de plus en plus difficile à gérer vu sa
grosseur .Des agressions de type nouveaux sont venues s'ajouter à
celles dont se plaignaient sans doute nos parents nos grand-parents
et nos ancêtres;comme je n'ai jamais connu que les bienfaits de la
Paix-romaine pour le temps ou elle a protégé l'Europe ,donc de quoi
suis je réellement en droit de me plaindre au final?. Si nous devions
quitter la démocratie pour un état totalitaire,ou pour une sorte de
royauté serais je plus mal ?. Je préfère ne pas y songer.Il y a des
régimes plus douloureux des états plus cruels que le nôtre des
pays plus mal foutu ,pourtant notre pays la France est quand même
bien malade à l'heure ou je l'observe le regard braqué sur les
écrans médiatique.Malade de tout ;de ses élites,de ses
délitements,de ses impôts de ses égarements,de ses égoïsmes;est
ce si nouveau?Je ne n'en suis pas certain,ce pays à traversé plusieurs épisodes de troubles politiques dont j'ai déjà entendu
plusieurs fois s’égrener les récits.Et si j'ai l'impression
aujourd'hui de vivre sur une poudrière en perpétuelle
ébullition,c'est surtout par un effet d'optique que me crée mon
imagination.Car en réalité même si j'aime les
révolutions,l'immobilisme institutionnel de la France me rassure
,c'est lui qui garantit pour ses enfants un minimum de
sécurité,santé,retraite ,et surtout un minimum de survie pour les
plus démunis ;tout ça ne forme pas un véritablement
enchantement,mais cela est à prendre à défaut d'une véritable
institution démocratique à l'âge censément évoluée ou nous
sommes .La France est engoncée dans les vieilles pratiques
institutionnelles héritée de l'époque monarchique ,elle peine à
s'en défaire,tient t'elle vraiment à s'en défaire?A l'extérieur
Les pays émergeant qui attendaient leur tour sur la ligne de départ
de la compétition mondiale ont décidés de rentrer en lice,ils
observent la fragile puissance européenne avec l'idée qu'elle
puisse subitement s'effondrer.
Je pourrais certainement écrire quinze pages sur le sujet
,uniquement pour le plaisir de disserter.Je pourrais dire aussi -Il
faut changer de modèle de république.,il faut changer d'éthique
de morale et le système économique, élire une assemblée spéciale
pour s'occuper de la corruption – .Car je suis comme tous les
français ils ont envie de s'exprimer sur tout et moi aussi ..Alors
je parle je m'exprime au débouté. Mais c'est sans doute peine
perdue,il n'y aura donc sans doute qu'une révolution comme toujours
en France pour nous émanciper de nos vieilles façons de
penser.Et les révolutions font des dégâts.
LA POLITIQUE.
.
A l'époque de mes quinze ans,il était important pour
moi d'avoir pu m'exprimer à travers un manifeste ,la crèche était
mon manifeste.Ce n'était pas un manifeste religieux c'était un
manifeste social.Aujourd’hui mon manifeste est un Roman post-moderne
,que personne le lira probablement si j'écris toujours avec la
lenteur régulière d'un escargot sans me soucier du temps.comme je
le fait actuellement Pourtant le temps est père de vérité comme le
dit Rabelais, c'est pourquoi je dois faire un effort pour me
hâter,car à notre époque super médiatisé,l'information la
culture,les mots,les personnes sont prisonnière de l'entropie asphyxiante du temps totalitaire invisible qui géré la société du
paraître ,le grand censeur universel qui gère l'ordre universel de
nos société à vite fait de dépecé nos âmes ont les enterrant
vive sous le couvercle d'un tombeau d'informations ineptes et
extravagantes dissimulées sous ses réseaux conviviaux mis en place
par les capitaux privés de l’industrie de communication du net;le
temps totalitaire invisible de la société de communication du
néant post-moderne et le nouveau maître absolu de nos aliénations
.Ces aliénations sont invisibles pour la plupart ,ce que les situ
appelaient en leur temps la société du spectacle ,cet ordre est
devenu néant néo informatique .Ce néant est un vide qui renvoi à
la dépossession des pouvoirs citoyens,nous donnant seulement
l'illusion du pouvoir,il nous rend démunis face à cet hydre
totalitaire invisible - la démocratie virtuelle- ,notre seul pourvoit
est devenu uniquement pouvoir de geindre sur les réseaux sociaux.En
réalité nous ne sommes pas conscient que toutes nos révoltes sont
commandées par l'appétit du gain,selon un ordre programmé par les
moteurs de recherche de la nouvelle société totalitaire
moderne.Cette société du gain détourne et retourne toutes nos
dépressions et nos envies contre nous.Nous sommes les nouveaux
esclaves d'un ordre moderne irrationnel invisible (mais
rationnellement construit).
HEUREUSEMENT J'AI VU HIER QUE JE DEVAIS PENSER LE MONDE
AVEC MON SEUL ESPRIT.
.Je vivais lorsque j'étais en pleine jeunesse dans
plusieurs mondes imaginaires ,ces mondes se superposaient dans ma
tête comme des objets qu'on entasse dans une malle destinée à
voyager,je ne voulais pas faire du surplace ,j'avais la conviction
que demain je partirais ailleurs car j'avais décidé que mon destin
m'appartenais.Pourtant j'étais freiné par une sorte de harangue
qui assiégeait mon esprit,un être fataliste l'occupait,je ne savais
d'où il venait,il me disait que je ne parviendrai jamais à sortir
de cette maison de fou dans la quelle on m'avait jeté.J'étais
dépendant principalement de mes peurs et de mes préjugés ,je me
disais que je ne pourrais jamais sortir de la citadelle ou on avait
emprisonné mon âme.De même aujourd'hui,je suis redevenu le
prisonnier de la nouvelle citadelle que j'ai construit dans mon
esprit,j'ai l'impression qu'une sorte de fatalité m'empêche de
m'échapper de mes trajets habituels; j'ai l'âme embarrassé par des
langueurs et mes ardeurs même plus qu'hier pour les combattre se
sont atténuées ,je dois retrouver l'ancienne obstination qui
m'avait fait le vainqueur de mes faiblesses .Hier je gravitais entre
deux monde ;il y avait le monde fastidieux du labeur et de l'usine
et il y avait un peu plus loin à l'écart le monde protecteur de la
famille .A la maison j'avais crée mon bunker;une sorte de bunker
culturel alternatif ,il abritait,mes études,mes livres mes
créations et mes rêves qui foisonnaient . A l'usine,j'étais sous
la dépendance d'un monde hostile sans illusion,mais je m'y était
adapté ,car je n'avais pas le choix, j'avais compris que la seule
manière de pouvoir lui résister ,c'était de le tenir secrètement
loin de moi en esprit.Je devais me construire ma propre raison
d'être ma vraie patrie était ailleurs,elle était logée dans
l'espace de mes rêves. C'est pourquoi j'avais des rêves de toutes
sortes.Mes rêves me nourrissaient.A la sortie de l'école, j'avais
refusé de rentrer dans le moule triste du lycée technique,celui
dans lequel rentra mon frère . J'avais passé des tests mais on
s'était résigné ,je veux dire ma mère surtout à ne pas m'y
fourrer,elle avait dût admettre que j'étais inapte à ce genre de
d'exercice. Je préférais souffrir et garder pour moi l'illusion
secrète d'être un être à part ,un être flamboyant nourrit de
pures rêveries. J'avais préféré au début l'univers de
l'usine,car il semblait m'offrir au début malgré sa dureté
beaucoup plus de liberté. C'est du moins ce que j'avais entraperçu
au début de ma rentrée dans ce tombeau ;j'étais pressé de
gagner ma vie ,pressé d'obtenir mon indépendance.Si je me suis mis
à déchanter ce fût uniquement petit à petit ,une fois passé les
sublimes instants de griserie,qui me permettaient de me livrer à mes
occupations favorites,peindre lire et écrire tout en gagnant un peu
d'argent. Une fois que la chape de fer du travail mécanique de
l'usine s'est refermée sur moi j'ai senti qu'il était trop tard ,je
ne pouvais plus m'enfuir ,je m'étais transformé en statue de plomb
,j'étais devenu un prisonnier. Pourtant avant de rentrer à l'usine
,ma mère avait tenté de me sauver des eaux (j'avais quatorze ans)on
m'avait fait travailler dans un petite entreprise ou on fabriquait
des composants électroniques,mais cet univers étriqué ma très
vite déplut ;ma tâche principale consistait à souder à longueur
de temps,des fils électrique sur la membrane de haut- parleurs qui
défilaient sur une chaîne,nous étions une vingtaine assis sur une
table à exécuter des opérations qui n'avaient absolument aucun
attrait.Je n'aimais pas du tout l'atmosphère confiné de cette
petite boîte les petits chefs étaient hautains et vulgaires
;j'ai profité d'un mal de foie survenu a bon escient ,pour dire à
ma mère que l'odeur des soudures me rendaient malade . Elle se
résigna après de longues discussions avec mon père à m'envoyer
travailler à l'usine. Elle aurait aimé pour moi une autre vie,mais
elle devait se rendre à l'évidence ,j'étais un sujet compliqué
;elle fini par se rendre à cette solution;je n'étais pas
franchement hostile à celle ci lorsqu'on m'en fit part.,car j'étais
pressé d'obtenir ma liberté Mon père qui avait passé l'essentiel
de sa vie en usine trouvait naturel que j'y rentre; il avait
commencé à y travailler dés l'âge de treize ans,c'est pourquoi il
ne semblait pas être traumatisé comme ma mère ,par l'idée de me
voir rentrer dans cet univers hostile qui lui paraissait satisfaisant
puisqu'il il n'en connaissait pas d'autre.Il nous racontait à mon frère et à moi lorsque nous étions plus petit,ses exploits de
jeunesse dans cet univers mythique à la Zola qui servait de décor à
sa jeunesse .Il nous racontait ses exploits de garçon
indiscipliné,turbulent tête brûlé et un peu mal équarri dans cet
univers qui semblait appartenir à un polar ancien ; j'avais toujours
en tête les photos de lui lorsqu'il avait une douzaine d'années
,habillé à la gavroche,un képi sur la tête des jambières et
des galoches comme en portaient les enfants des milieux populaires
;tout cela me renvoyais à une époque vraiment très très
lointaine,elle paraissait à ma vue éloignée de cent mille ans au
moins de celle où je vivais au présent. Mon père tout heureux de
raconter ses exploits nous disait qu'il sautait pour s'amuser durant
le travail du haut d'une fenêtre d'une des usines où il travaillait
comme apprenti ,il sautait sur un tas de charbon situé plusieurs mètres en contrebas au risque de se casser le cou,les contremaîtres
lui couraient après et le réprimandaient ,mais il parvenait à s'en
sortir après quelques remontrances,car dans l'univers de l'usine de
son époque tout le monde se connaissait et on passait l'éponge sur
ces effronteries ;les directeurs et les chefs connaissaient la vie
intime de chaque famille,les patrons pratiquaient une politique de
tolérance bon enfant et de sévérité sans appel qui était la
caractéristique de la société paternaliste primitive que j'allais
critiquer d'une façon si radicale un peu plus tard, lorsque j'étais
rentré en rébellion contre ses pratiques esclavagistes; je
connaissais imparfaitement la vie de labeur que dessinait mon père
dans ses récits,mais j'avais sous les yeux la mienne et c'était
suffisant pour me faire rentrer en révolte .La jeunesse de mon père
me semblait appartenir à des temps protohistoriques,ceux des années
trente,la mienne se déroulait dans une ère nouvelle c'était celle
des années soixante ,il me semblait que l'existence du progrès
auquel je croyais dur comme fer malgré mon jeune âge aurait dût
faire évoluer les choses en mieux,mais ce n'était malheureusement
pas le cas,le monde ancien perdurait.Et j'étais rentré au révolte
contre lui.
UN ROMAN
post-moderne I.-SUITE)
Je suis rentré comme apprenti,non pas dans l'usine ou
travaillais mon père et ou ma mère travailla quelques années ,mais
dans une autre située juste en face .C'est si éloigné de ma
mémoire ,qu'à présent j'ai du mal à me rappeler le premier jour
de ma rentrée dans cet univers à la Zola. Je croyais d'ailleurs
avoir effacé certaines images de mon cerveau datant de cette époque
,j'en vois pourtant réapparaitre certaines,sans grands efforts
,elles sont restées collées en moi comme les duplicatas d'une vie à
moitié rêvée ;fermant les yeux,je revois très bien l'usine et les
premiers pas que je devais faire pour franchir son portail de bois
gris en forme de triangle le matin vers cinq heure lorsque j'étais
à peine réveillé .Je devais retenir ma respiration pour franchir
un peu plus loin le mur en plastique souple qui me séparait de
l'océan tumultueux du grand tissage ;une fois à l'intérieur les
lumières aveuglantes des néons et le bruit assourdissant des
machines me sautaient au visage ,l'odeur âcre du tissu agrippait mes
narines et se fichait dans mes pores,je me revois gravir comme un
automate les vagues infernales qui déferlaient sur la totalité de
l'espace envahit par une tempête sonore qui dévalaient vague
après vague dans l'immensité du tissage ;je devenais saoul presque
sans m'en rendre compte ,drogué par les effets de la navigation somnambulesque je commençais mon périple dans cette antre ,il allait
durer huit heures ;j'en perdais peu à peu la notion du temps,je
marchais et courais à travers les machines en déambulant comme un
être tombé dans le coma au milieu de cette immensité .Au début
et par la suite ce fût toujours la même chose je traversais des kilomètres de rêves qui s’étalaient dans ma tête, ils
faisaient écran entre moi et le monde extérieur ;mes rêves à
peine visibles en surface m'aidaient à me mettre en branle dans cet
univers qui ressemblait par certains côtés aux scènes que Dante
avait décrit dans son purgatoire ,je me comparais souvent à un
damné qui naviguait au milieu des enfers ,à cela s'ajoutait je ne
sais quelles visions Ubuesques à cause que tout me semblait
détraqué et décalé par rapport au monde normal ,j'avais
perpétuellement le sentiment de naviguer dans un monde irréel.C'est
parfois la même impression que j'éprouve aujourd'hui lorsque je
contemple le monde qui m'entoure ,il me semble certains jours parfois
irréel.
UN
ROMAN post-moderne II
Pour mémoire:
J'ai retrouvé en consultant mes archives les fiches de
paye datant de ma rentré dans la boite électronique,elles dates de
décembre 1962 ;quelques mois plus tard je venais d'avoir quatorze
ans je rentrais au tissage.J'ai parcouru durant les deux premières
années ou j'étais placé comme rameur dans cette usine plusieurs
milliers de kilomètres pour alimenter en fil les fameux métiers à
tisser dont je parle.Je poussais devant moi comme le faisaient mes
petits camarades qui étaient rentrés en même temps que moi dans
cette antre à trimer,une petite charrette en bois que nous devions
remplir de bobines de différentes couleurs,c'était notre job. Nous
étions une dizaine ,nous nous connaissions tous,car nous avions la
plupart du temps usé nos culottes sur les même bancs d'école . On
nous appelait -Les rameurs- car nous devions charger en
bobines de fil les rames qui alimentaient les machines à tisser des
tisserands .Il fallait turbiner pendant quelques années comme rameur
avant d'accéder au rang plus noble de - relayeur- qui était
lui - l'aide- du tisserand .C'était le mode classique de
transmission du savoir et d'élévation dans la hiérarchie textile
;passé relayeur nous devions attendre également plusieurs années
pour devenir tisserand car les places étaient limitées.Si j'avais
été un vrai romancier,j'aurais pu écrire avec plus de brio que je
ne le fait ici,le vrai roman de mes années passées à rêver et à
trimer dans le splendide et terrifiant tissage qui a marqué ma
jeunesse laborieuse. Mais je suis pas aussi bon romancier que
j'aurais aimé être ,je suis juste bon à écrire les fragments
autobiographique un peu bâclés d'un roman post-moderne.J'aurai mis
en garde mon lecteur , s'il s'attendait à me voir écrire ma vie
comme si j’étais Flaubert ou Guy de Maupassant ou un romancier
génial qui écrivait,il doit s'attendre à quelques grandes
déceptions.
(18)
TREIZIÈME FRAGMENT
SUITE PORTRAITURALE
DANS
MES PREMIÈRES ANNÉES D'INITIATION A LA VIE LITTÉRAIRE C’ÉTAIT VOLTAIRE
QUE J' ADMIRAIS PLUS QUE JEAN JACQUES .
UN
ROMAN Postmoderne III
St
Jean avait de l'admiration pour l'esprit brillant de Voltaire, il
n'avait pas encore appris à goûter à la prose délicieusement
musicale de Rousseau; c'était Voltaire son maître au niveau
littéraire.
A
cette époque en plus des cours de peinture par correspondance,qu'il
pratiquait avec ferveur après ses heures de travail,car il avait au
moins deux cordes à son arc,il pratiquait aussi l'apprentissage de
la langue ,il s'était inscrit aux cours ABC de composition de
Français (par correspondance). Il aimait ces études, l'enseignement
dans cette école lointaine contrairement à celui de l'école
primaire qu'il détestait franchement lui paraissait captivant et
plein d'intérêts, ainsi il prenait plaisir à composer des
rédactions libres et à se pencher sur les figures de style qu'on
lui proposais d'étudier . A cette époque il possédait sans doute
une maîtrise de l'orthographe et de la syntaxe plus grande que
celle qu'il a aujourd'hui, où sa mémoire semble défaillir.Pour
marquer cette époque il me reste toutefois en tête une anecdote qui
montrera la manière de penser un peu naïve de mon héros .Un jour
qu'ils parlait des droits de l'homme et de la civilisation des
lumières lors d'une réunion avec Pascal et ses amis de la Joc ;
l'un de ses camarades s'emporta violemment contre Rousseau et il dit
devant tous les autres avec une forte conviction -" Non
, c'est plus fort que moi, je ne peu pas admirer un homme qui a mis
ses enfants à l'assistance publique!"
-.Il s'en est suivit alors un débat ou chacun essayait de peser le
pour et le contre des choses concernant l'écrivain. Ce fut à cette
occasion que St Jean appris que Jean Jacques avait placé ses enfants
à l'assistance publique ,et il s'en étonna.Saint Jean n'a jamais
très bien compris pourquoi Rousseau avait pris cette étrange
décision qui allait totalement à l'encontre de sa manière de voir
et qui heurtait sa pensée .A l'époque,où ces discussions avaient
lieu,il n'intervenait pas encore dans les débats, il laissait le
soin à ses aînés de se disputer et de trancher; il hésitait en ce
qui concernait Rousseau,mais comme il avait une franche admiration
pour lui,il le défendait intérieurement .Il admirait l'indépendance
morale de Rousseau et son esprit brillant ;il admirait en Rousseau
l'auteur du contrat social, Rousseau était pour lui une figure
mythique liée à la révolution Française.Rousseau était un
esprit libre et indépendant,même opposé à Voltaire il restait
unique à ses yeux .Dans son esprit Voltaire était quelque part
d'une autre race que celle à laquelle appartenait Rousseau , il
identifiait Voltaire à la race des vainqueurs ,c'était un fils de
notaire,il appartenait à la bourgeoisie éclairée de son époque.
Rousseau était de ceux qui restait éternellement du côté des
vaincus. C'était étrange comme façon de voir,car elle ne reposait
à priori sur rien de très tangible et très concret..Au début de
ses humanités Saint Jean l'autodidacte penchait du côté de
Voltaire ,il s'identifiait à l'esprit caustique et à la superbe de
ce lettré frondeur qui défiait ouvertement l'autorité royale,ce
dernier apparaissait à ses yeux comme un esprit qui travaillait pour
le camp des lumières ,c'était peut être ça qu'il, appelait le
camp des vainqueurs.Rousseau empêtré dans sa paranoïa lui faisait
penser parfois à un persécuté. Quelque chose troublait toutefois
St Jean .Il
se disait:-Jean
Jacques me ressemble plus que Voltaire ,c'est un autodidacte comme
moi- Jean Jacques vient du peuple . Voltaire a beaucoup d'esprit
,mais il vient d'une classe aisée,son père était notaire,et il
méprisait au fond de lui les gens du peuple-
; cette distinction n'était pas anodine elle surgissait parfois dans
son for intérieur pour le troubler,mais pas avec assez de force
pour lui faire renoncer à son admiration pour le -libre penseur-. Il
admirait Voltaire,mais son cœur lorsqu'il l'examinait penchait du
côté de jean Jacques,Jean Jacques lui tendait un miroir dans lequel
il aurait pu facilement se reconnaître si à l'époque il avait lu
plus régulièrement -Les rêveries-qui correspondaient tout à fait
à sa propre perception du monde,à une forme d'errance sans fin.
Mais voilà il préférait lire au début de sa formation
littéraire,les écrits philosophiques de Voltaire ce libre penseur à
l'esprit tranchant comme un cimeterre plutôt que les rêveries de
Rousseau .Peu de temps avant ou après ou à approximativement dans
les mêmes temps St Jean qui commençait par se rebeller, se mettait
à lire les discours de Robespierre ( ceux qu'il avait fait à la
convention). Il se les récitaient au travail , car il les trouvaient
très acérés très beaux ,d'une violence qui lui plaisait,cette
violence lui donnait surtout l'énergie dont il avait besoin pour ne
pas sombrer dans le défaitisme ou dans le nihilisme .La fureur et la
flamme de Robespierre,l'aidait à entretenir en lui une flamme de
révolte qui commençait par surgir du tréfonds de lui même. St
Jean avait de plus en plus le sentiment humiliant d'être privé de
toutes les occasions de grandir et de s'instruire ,car à présent
qu'il plongeait dans les livres il avait l'impression qu'on voulait
le privé de la joie d'apprendre ,en le réduisant exclusivement au
rôle de laborieux il avait l'impression qu'on voulait le réduire à
l'état de rouage mécanique à un rôle de força à vie comme si
rien en lui n'existait de meilleur.C'est pourquoi il transportait
avec lui chaque jour au milieu de ses machines à tisser furieuses
des symboles de l'esprit français (des pages fétiches de ses
auteurs révolutionnaires favoris ,qu'il avait déchiré et gardait
sur lui comme des talismans, en signe de défi et de résistance) il
serrait les dents pour montrer son opposition à l'ordre fatal qui
l'avait désigné comme victime de l'ordre social arbitraire qui
régnait toujours en France à l'heure bénie de la démocratie
parlementaire.. Il refusait d'être le sacrifié.Le placard
métallique de rangement gris qui lui servait de bibliothèque
clandestine au travail occupait la partie réduite d'un couloir de
chaufferie,ce placard servait de lieu de stockage de ses harangues ,
il s'y rendait souvent sous prétexte de boire un coup et il en
lisait en vitesse un passage pour se fortifier l'âme et l'esprit
,c'était pour lui un élixir de combat ,certains passages le
transportaient dans les heures les plus dramatiques et névralgiques
de la révolution française : Les amis de la
liberté cherchent à renverser la puissance des tyrans par la force
de la vérité : les tyrans cherchent à détruire les défenseurs de
la liberté par la calomnie ; ils donnent le nom de tyrannie à
l'ascendant même des principes de la vérité-. Lorsque
la raison est proscrite comme un crime, la tyrannie règne ; quand
les bons citoyens sont condamnés au silence, il faut bien que les
scélérats dominent-Ici
j'ai besoin d'épancher mon cœur ; vous avez besoin aussi
d'entendre la vérité.
(extrait
d'un -Discours du 8
thermidor Maximilien de Robespierre 26 Juillet 1794 .Il
se voyait parfois travestit en Robespierre qu'il admirait pour la
violence de ses discours qui reflétaient ses propres états d'esprit
du moment ;la fermeté de son style lui servait d'exutoire,il le
vengeait de la médiocrité du monde qui complotait en silence contre
lui,il apercevait à travers ses discours enflammés ,les mêmes
hargnes qui le poussaient à haïr les tyrannies modernes imposées
par le capital au peuple sous prétexte de progrès. Il
avait toujours dans son placard métallique , deux ou trois discours
de lui. Il était habité par le feu ,une hargne intérieure le
dévorait; il se considérait comme injustement condamné,il était
née dans une classe laborieuse il devait trimer pour sa gagner sa
vie il était surtout privé du droit d'étudier; au lieu de passer
sa jeunesse à apprendre il devait la passer à travailler, s'épuiser
jusqu'au sang à produire du labeur.Dans son for intérieur il
considérait comme une injustice universelle le travail en usine ,il
refusait d'être un esclave moderne ,il aurait aimé passé son temps
exclusivement à lire à peindre ou simplement a étudier,c'était là
sa seule vraie vocation,son seul vrai plaisir,il venait subitement de
s'en rendre compte.Le pire,c'est qu'il ne devait s'en prendre qu'à
lui même,car après son échec au certificat d'étude il avait
également échoué à l'examen d'entré dans un lycée technique (
école qu'il aurait détesté de toute façon ) c'est pourquoi il ne
savait plus quelle entité maudira à part celle qui l'avait fait
naître sous un jour défavorable ,c'était elle qui l'avait mis dans
ce pétrin,mais il avait besoin de matérialiser son malheur pour le
rendre plus tangible,c'est pourquoi il s'en prenait à ceux qui
symbolisait dans son esprit l'incarnation de cette injustice,tous les
détenteurs de la puissance nominale du monde ,en premier les classes
riches.Au début il était soulagé d'avoir échappé à ces
horribles tortures que lui imposait l'école publique sous forme
examens ,mais bientôt lorsqu'il sentit le monde clos de l'usine se
refermer sur lui,il prenait conscience qu'il devait s'échapper de la
galère ou il s'était fourré.
DESTINÉE
Libéré
du carcan de l'école Saint Jean, avait cru jouir de la liberté
l'instant d'un éclair,il avait découvert avec extase la sensation
de liberté qu'éprouve un prisonnier sorti des geôles d'une prison
et il en goûtais l'ivresse nouvelle une ivresse inattendue . Il
n'avais plus de devoirs à rendre, plus de maître dans son dos pour
le surveiller où pour tenter de l'humilier il n'avait de comptes à
rendre qu'à lui même.Cette liberté nouvelle s'accompagna d'un
moment de bonheur grisant mais éphémère ,il s'imaginait naïvement
que cette vie de bonheur qui s'offrait à lui allait durer toute la
vie. Mais cette sensation de bonheur ne dura qu'un temps ;car bientôt
le servage de l'usine remplaça le servage de l'école ,les maîtres
furent remplacés par les contremaîtres l'astreinte des horaires et
les contraintes physiques imposées les rythmes qu'imposaient l'usine
,tout cela lui apparut bientôt comme un long et affreux supplice, il
se senti lésé humilié et abattu;tout cela était loin de la vie
dont il rêvait pour lui lorsqu'il était enfant .Lorsqu'il était
enfant ,du plus loin qu'il se souvienne,il voulait vire -une
vie purement joyeuse- et il
croyait fermement en cette vie;c'est pourquoi il avait de plus en
plus le
sentiment d'une trahison ,le ciel ( la destinée ) avait failli ,Dieu
lui même l'avait abandonné,désormais il savait qu'il ne pouvait
plus compter que sur lui même.
*
le carré de chocolat.
(19)
AUTRE SUITE
PORTRAITURALE
QUATORZIÈME FRAGMENT
Une
vue de son bunker secret.
Si
j'essaye de me souvenir de l'état d'esprit qui était le mien à
l'époque de ces événements divers empilés dans ces pages, ou
comme on voudra enfilés sur un fil comme un collier, je m'aperçois
que j'ai peine à distinguer l'un plus que l'autre; c'est dire sans
doute qu'à cette époque mon alter ego Saint Jean avait déjà en
lui sans doute accumulés plusieurs vies;des vies simultanées
souvent contradictoires.Si le mot œcuménisme, qui me vient à
l'esprit s'est ajouté à l'instant sur le fronton de ma
mémoire,c'est qu'il contenait aussi dans ces années là une
certaine autre partie de ma manière de voir. Lorsque sortant de
l'usine je redevenais moi même ,je poussais un grand ouff!.je
pouvais enfin respirer,mon âme se déployait dans de nouvelles
directions,elle prenait pour tout dire une autre envergure.De penseur
autodidacte je devenais penseur tout cours au contact des livres je
redevenais moi même.A travers le contact des livres je ramenais à
moi le tissu des certitudes qui donnaient à ma vie sa véritable
dimension,une dimension sublime exaltante enfiévrée .C'étaient les
livres qui me procuraient cette grandeur d'âme.Autodidacte
extrêmement résolu et persistant, j'étais avide de me bourrer de
connaissances, amoureux de tous les savoirs nouveaux,je lisais tout
ce qui me tombais sous la main,je m'éfforçais surtout à lire des
livres ardus,non pour me donner l'impression d'être un savant ,mais
pour éprouver la sensation exaltante d'être aéroporté
ailleurs.Mon père qui était un manuel,était resté toujours très
proche de la nature ,c'était aussi un jouisseur ,un homme de
plaisirs et d'amusements ,il était fier de sa force qui était
réelle et de son habileté en tout ,il aimait la musique populaire
,il avait des goûts simples ;moi pour me démarquer j'avais trouvé
original de me fixer pour tâche de m'initier aux maniements de
l'esprit aux jeux intellectuels aux spéculations et déambulations
verbales de toutes sortes,j'avais aussi des penchants pour les
choses immatérielles.Dans cette guerre que je livrais a moi même
je m’efforçais de me forger une identité originale ,je voulais me
différencier de mon père qui avait des idées trop terre à terre
,c'est pourquoi je m’efforçais de recourir à des lectures
sophistiquée qui parlaient d'esthétique et de philosophie;en lisant
ces ouvrages je me sentais d'une race à part,une race qui avait à
voir avec celle de ces faux courroux enchanteurs,que sont les
intellectuels ,j'étais à peine conscient de ce que poésie veut
dire ,j'admirais les poètes et les saints sans trop de discernement
; heureusement malgré mes élans destructeurs et nihilistes durant
ma pire période de rejet de la vie en usine ,je réussissais à
tenir un équilibre intérieur,grâce à mes talents cachés,car
j'avais des prédispositions pour la peinture .Je ne sais pas si je
me sentais déjà artiste dans l'âme ,mais j'éprouvais un grand
plaisir à peindre et à dessiner ,lorsque je me retrouvais seul au
contact de la nature en train de croquer des arbres des maisons ou de
simples paysages je perdais tout sens du réel ,j'étais enfin
heureux.Sans ma passion pour la peinture et le dessin, et sans mon
goût irrépressible pour la lecture, il m'aurait été impossible
de continué la vie d'enfer que je menais en parallèle à
l'usine.Je poursuivais une vie secrète dans les souterrains de
l'existence en cheminant avec obstination dans un grand rêve de
création .En dehors de cette vie de labeur odieuse que je détestais,
j'avais dressé dans ma chambre des ilots d'intelligence de savoir
faire et de beauté qui me protégeaient de l'odieux du monde
.Incapable de faire surgir la moindre étincelle de vérité et de
beauté lorsque je trimais sur mes machines,je me vengeais à la
maison.Là j'étais enfin libre!Je n'avais que la vérité secrètes
de mon âme pour exister. .
SAINT
JEAN
Croyais,
car il avait un fond candide ,que si il poursuivait ses
pérégrinations dans le monde des vérités intellectuelle qu'il
vénérait , il accéderait un jour à la lumière exigeante de
l'esprit ,il tentait jour après jour de chasser de son moi les
réalités concrètes qui l’empêchaient d'accéder au sublime de la
vie .Dans ses rêves il apercevait une autre intelligence il voyait
luire les vraies couleurs de la vie. Il essayait de lire des auteurs
compliqués ,car il se sentait proche des récits qu'ils mettaient
en œuvre pour peindre l'existence .Par exemple il aimait lire
Spinoza ( il ne le lisait qu'à demi ,c'est à dire juste assez pour
apprécier en lui un nectar de nature supérieure ,une littérature
éminemment sophistiquées,réservée à des esprits entrainés à
lire le monde à travers un diamant ) .S'il prenait plaisir à lire
des morceaux de l’éthique
pris
au hasard,c'était parce qu'il aimait Spinoza sincèrement ,il le considérait un peu comme un grand frère avec
qui il se sentait des affinités- ;
ce philosophe juif qui vivait en Hollande avait été persécuté à
cause de ses idées (par les gens de sa communauté) ,il vivait en
solitaire en taillant des verres d'optique dans son atelier comme un
athlète de l'esprit,c'était cette vie en marge qui lui plaisait,il
admirait la candeur de Spinoza.Il tentait de déchiffrer à travers
ses écrits dont le principal (l’Éthique) ce que le philosophe avait
voulu démontrer,principalement l'existence de Dieu .Il se délectait
de ses axiomes,qui lui plaisaient infiniment.Il était tombé
amoureux de l'enlacement des mots enfilés dans ce diamant
-l’Éthique - avec l'habileté d'un artisan surdoué ,enfilés les
uns derrière les autres ,les mots lui paraissaient doux au
toucher,ces mots qui étincelaient dans son cœur le remplissaient
de joie et d'émotion , il aimait entendre la musique divine de
l'intelligence qui frappait ses tempes;cette musique plus pur que
toute autre semblait provenir d'une planète inconnue ;elle était
pleine de rêveries devenues accessibles.Spinoza formulait tout haut
ce que lui ressentait en silence .-Pour
atteindre le bonheur suprême,la joie éternelle ,l'homme doit
parvenir à la connaissance de son union avec la totalité de la
nature.L'accroissement ,de la connaissance de la nature,signifie
l'accroissement de l'amour de Dieu-. Baruch
Spinoza donnait ,une description de l'amour intellectuel qui était à
peut près exactement celle que Saint Jean aurait pu formuler si il
avait pût la formuler lui même si il était philosophe ,il pensait
avec les mêmes mots que le vertigineux penseur.-Sentiment
absolument désintéressé,humble assentiment à la nécessité
universelle,complète libération des passions qui troublent l'âme;ni
louange ni blâme,mais compréhension ,à l'égard de la
vie.-*(Citation
tirée de l'histoire illustrée de la philosophie,c'était mon livre
de chevet à cette époque.Page 37.)Spinoza,avait
reflété pour un temps le monastère idéal dans lequel Saint Jean
aurait aimé vivre ;c'est pourquoi son esprit s'accordait
naturellement avec celui du grand penseur.
-L’art
progresse à mesure que l’Esprit se réalise.-
Cette
citation de Hegel
qu'il
avait fixé dans un coin au dessus de sa table à écrire pour
tenter d'en déchiffrer le sens à force de se la répéter lui
revenait à l'esprit même lorsqu'il naviguait en somnambule dans ses
machines à tisser,elle venait à lui pour l'interroger et pour le
torturer .Il tentait d'en comprendre le sens,mais le sens lui
échappait.Les pensées de Hegel et sa philosophie qu'il admirait
sans la comprendre lui était apparut d'une complication de langage
extrême,mais il était obstiné et il désirait s'emparer de ses
trésors ; il y avait des échelles et des barrières dressées entre
chaque mot,des labyrinthes obscurs se dressaient entre chaque phrase
,des mots étrangers dissimulés dans l'entremêlement de ses
écrits lui rendaient difficile le suivit de ses explications ,il
s'efforçait pourtant d'en comprendre le sens ,il s'efforçait dans
lire des passages entier sans respirer ; de temps en temps, il
soulignait une phrase plus rebelle,un mot plus lumineuse lui servait
de balise pour assurer sa progression dans l'entrelacement suspect
des pages du livre .Lire Hegel dans le texte lui semblait compliqué
,il comparaît cet exercice à l'escalade d'une falaise lisse et
abrupte , il trouvait peu de prises ou se raccrocher,il en tirait orgueil et peut être de la vanité car il voyait bien que même si
lire Hegel c'était difficile,cela le menait tout de même sur les
traces de l'humanité cultivée .Hegel avait mis en place son système
de thèse et d’antithèse qui allait devenir le modèle de
raisonnement favoris des défenseurs du matérialisme historique à
quelques nuances près tout de même Marx aidant.Mais il n'en pris
réellement conscience que plus tard.Pour se faire la main,il lisais
aussi un autre auteur Alain
( du moins il tentait ) c'était plus facile, car il paraissait
plus accessible que Hegel au niveau du langage;il lisait le système
des beaux Arts, cela lui plaisait de récupérer et de recopier des
phrases entière du philosophe pour les apprendre par cœur,quitte à
les oublier en chemin quelques temps plus tard,car il n'aimait
répéter ces phrases que pour le plaisir de les entendre raisonner
à ses oreilles,c'était la beauté des raisonnements qu'il
admirait,plus que la langue qu'il trouvait assez plate . Car il avait
l'oreille,son grand auteur préféré à l'époque ,son meilleur ami
c'était toujours Montaigne .A cause de la proximité des liens
qu'il avait tissé avec lui,depuis le premier jour où il avait
plongé la tête dans ses Essais; il avait senti immédiatement
qu'une complicité s'était crée entre lui et le grand écrivain .Il
avait décelé une profonde affinité avec sa manière de penser et
la sienne il ne pouvait pas se l'expliquer,il l'avait constaté .Il
éprouvait avec certains penseurs ou écrivains une affinité
immédiate alors qu'avec d'autres elle n'existait pas.Il avait aimé
spontanément la langue savoureuse de Montaigne , sa manière de
penser et de raisonner ,c'est pourquoi il considérait Montaigne comme
son plus grand ami.Il ne le lisait qu'en livre de poche ,il avait
toujours un exemplaire de lui sur sa table,cela le rassurait d'avoir
à proximité de lui un ami si prestigieux.Et puis un jour dans
l'immense dédale de sa vie proto intellectuelle était venu se
glisser pour quelques instants seulement quelque chose qui
ressemblait à un ovni.
TEILHARD DE
CHARDIN
Il
avait lu des extraits de ses écrits ;il les avaient survolés avec
la rapidité de l'éclair et s'était étonné de les avoir lu avec
tant de facilité,c'était presque désarmant de trouver une grande
intelligence qui parlait avec une telle simplicité ;c'était
tellement simple qu'il s'était mis à douter du sérieux de
l'entreprise intellectuelle de ce philosophe hors normes.il était
devenu soudain un adepte de l’œcuménisme prôné par le théologien.
IL
FAISAIT REVENIR DE PARIS
Avec
son argent de poche des livres en quantité ,car il avait sentiment
de boucher les immenses lacunes de son savoir .Il était ravis de
constater que son esprit rebelle se soit temporairement apaisé ,il
était ravis de pouvoir voyager en esprit et de rattacher ses réflexions à des systèmes de penser totalement exotiques .Les
livres le faisaient voyager .Il voyageait à travers l'hindouisme, le
bouddhisme ,le soufisme,les penseurs de l'antiquité et ceux de
l'ère moderne,il se sentait libéré tout à coup des limitations
temporelles imposées par la société et par l'espace social qui le
rabaissait et l'humiliait ;il avait réduit pour l'instant le labeur
physique astreignant qu'il était obligé de fournir chaque jour à
l'état d'une chiquenaude lancée au loin dans l'espace,son esprit
transcendait le monde réel ,il circulait à présent à travers les
hautes sphères de l'intelligence il volait ailleurs ,au delà de la
sinistre et pesante réalité du monde.Il lisait l'histoire des
mondes humains et des civilisations comme si il était un voyageur
doué de pouvoirs surnaturelles ,il voyait le monde de la hauteur
d'une montagne qui surplombait les paysages terrestres,il était
accroché à une montagne céleste.Il se mit à parler et à
dialoguer avec les poètes,les Saints et les philosophes de
l'antiquité comme si ils étaient ses contemporains,il était
enveloppé par le génie des races et des foules humaines qui l'avait
précédé ,il était pétrit dans la matière d'une vie nouvelle ,en
lui résonnait une nouvelle âme.Il avait trouvé sa véritable
mesure au cœur du voyage de l'esprit ,il trouverait sa vérité
ultime demain mais ça n'avait pas d'importance,car il avait vu luire
en lui la possibilité d'être un autre homme,un homme véritable;il
était encore entravé par des liens lourds à porter ,des châines
lui barraient la route ,il était encore obligé de marcher à marche
forcée dans l'abîme d'une vie forcée et contraire,mais il savait
qu'au bout du voyage il trouverait la vérité ,sa propre vérité,car
il avait vu luire sur sa route,la flamme insubmersible d'une
conscience en éveil ;elle lui avait indiqué le chemin à suivre
,il n'avait qu'un pas à faire pour s'atteler au voyage intemporel
de l'esprit il se sentait désormais un peu plus fort pour affronter
le grand voyage supérieur de la vie.
(20)
UNE
DISCIPLINE DE VIE INTELLECTUELLE
QUINZIÈME FRAGMENT
BRÈVE SUITE
Suite à ses
lectures,St Jean avait inscrit dans sa pratique quotidienne, le yoga.
Il pratiquait en fait plutôt que le yoga une forme de détente
totale des muscles et du cerveau, qui s'apparentait à une forme de
discipline de l'esprit; il avait utilisé un manuel pour réaliser
ses exercices. Il reproduisait les postures shamaniques qui étaient
dessinées dans son manuel.ll s'allongeait sur le sol et durant une
bonne demi heure il tentait d'évacuer les stress causés par le
travail à la chaîne. C'était une période héroïque,elle lui
permettait de passer d'une activité mécanique ( le travail à
l'usine qui était harassant ) à des activités plus
intellectuelles, la peinture le dessin l'écriture ou la lecture. Il
avait établit d'une certaine façon les bases de sa propre maïeutique,il voulait se connaître lui même se délivrer de ses
peurs et de ses préjugés il voulait donner une impulsion nouvelle à
sa vie ,il voulait grandir,il avait crée sa propre université sur
place à la maison.Grâce à la discipline de vie drastique qu'il
avait érigé il pouvait avoir l'impression d'être arrivé à une
certaine forme de dépassement ;il tentait à l'aide du yoga de
purifier ses sens et d'affiner son attention,il cherchait à
provoquer par la détente absolue du corps et de l'esprit,une
nouvelle façon de percevoir qui lui permette de surmonter les
obstacles ardus que la vie ordinaires semaient sur sa route ,il
s'armait doucement mais avec fermeté et obstination contre les
lois de la destinée et contre la fatalité.
(21)
SEIXIEME
FRAGMENT
(
A revisiter )
CONTRE-PLAN
Je
vivais à cette époque partagé entre deux monde; celui des livres ,
des écrits, celui des peintres que j'aimais des penseurs des
écrivains , et celui des machines monstrueuses de l'usine textile
toujours chargée d'un bruit géant roboratif,dévastateur
,assourdissant .Dans l'univers de l'usine il y avait une faune
humaine majestueuse et misérable ,cette faune avait pour moi une
épaisseur de peau si épaisse que j'avais l'impression parfois
qu'elle m'était inaccessible ,j'aspirais souvent à fuir son
contact ,je recherchais le silence des bois et les longues marches
dans la nature .Je tentais de m'extraire mentalement de cet univers
;je me sentais comme un exilé. Je regardais mes camarades de
travail avec affection,mais j'étais rempli d'hostilité,affection et
hostilité se partageaient mon cœur à part égale ;je traversais en
rêve des paysages d'ombres et de guerres ;de temps en temps
j'apercevais au loin de splendides rayons de lumières,mais des
formes hideuses encombraient souvent mon imagination ,des idées
néfastes me traversaient fréquemment l'esprit ;je voyais la misère
la lâcheté et le vice recouvrir chaque chose ; j'observais
consterné la souffrance des hommes et le moindre soupçon de
noblesse et de grâce que je voyais apparaître sur leurs âmes
illuminait d'un façon instantanée et décuplée la mienne rongée
par le doute et la solitude ; j'étais devenu un être instable et
traumatique,je voyais l'horreur là ou elle n'était pas,je voyais
aussi sans doute la beauté là où peut être elle n'existait pas.
Je détestais ma trop grande sensibilité ,car je croyais voir dans
celle ci une faiblesse ;pour me préserver du monde hostile qui
m'entourait ,je devais renforcer ma dureté ,j'aurais aimé me forger
une carapace de fer pour être moins exposé aux coups de la vie ,où
partir vers un exil doré et fuir ma condition.Pourtant j'aimais
chose étrange ma part de supplice et les défis qu'elle me
lançait.J'avais décidé de rentrer en lutte contre la
fatalité,j'avais décidé de renforcer et d'endurcir mon âme,je
voulais me forger une morale de vainqueur au milieu des vaincus,car
mon sentiment c'était que les hommes et les femmes qui
travaillaient à mes côtés avaient perdu tout espoir de rehausser
leur vie et de la conquérir ,ils considéraient pour certains ( pas
tous heureusement ) que c'était déjà une sorte de bénédiction
de pouvoir simplement exister; certains ouvriers étaient des chiens
battus ,ils prenaient les patrons qui les avaient embauchés pour
des Dieux dont ils vénéraient l'image d'une façon piteuse et obscène ,d'autres disaient qu'ils n'étaient pas mieux lotis que des
chiens galeux ,ceux là étaient pessimistes et résignés ,ils
étaient minoritaires,mais eux savaient au moins encore se battre et
rester vivants dans leur dénis de toute autorité , car les autres
que je rencontrais sur ma route étaient des lâches blessés à
mort pour certains cela se voyais ,car ils avaient presque cessés
de revendiquer leur dignité d'homme libre.Je peu le constater avec
un peu de recul ,j'étais devenu aux premiers temps de mon
apparition dans la société des hommes un révolté intégrale
;aujourd'hui encore je n'arrive pas à me contenir lorsque
j'apercois les stigmates et les traces obscènes de l'indignité
humaine ,mais celle qui me fait le plus honte c'est surtout celle
que j'observe en silence,lorsque je me vois en train de marcher moi
même sans savoir pourquoi dans le même sillon que ces âmes lâches
que je fustigeais avec une telle véhémence dans ma jeunesse ;c'est
toujours lorsque j'oublie d'aider par lâcheté ou par faiblesse un
de mes semblables qui est dans la détresse que je je plonge dans la
plus grande honte de moi même.
(22)
DIX SEPTIÈME FRAGMENT
SUITE PORTRAITURALE
St Jean
était un idéaliste invétéré et un grand pessimiste ,mais
c'était avant tout un extrême rêveur;c'est peut être ce qui l'a
sauvé en partie d'une dépression intellectuelle précoce; si il
n'avait pas cru que les idées sublimes puissent changer les hommes
et la face du monde, il aurait vite renoncé sans chercher à
combattre ,il se serait rangé il aurait admis qu'il était un
esclave comme les autres et que sa vie d'esclavage avait du bon,si
on l'acceptait d'emblée comme une nécessité .C'était finalement
ce que beaucoup de ceux qu'il croisaient pensaient en silence ,il
vaut mieux se résigner ,c'est plus simple,pas d'efforts à faire
pour s'émanciper . C'est parce qu'il avait en lui une dose extrême
d'idéalisme doublé les premières années de sa jeunesse par une
dose de sincérité altruiste complétement exagérée qu'il
parvenait à s'échapper de la folie arbitraire du monde réel ,sinon
comment aurait il pu exister d'un point de vue philosophique
;lorsqu'il apercevais l'extrême folie qui débordait du monde à
l'état brut ,il se réfugiais instantanément dans une vision
idéaliste de l'existence,cette vision doublait sa mémoire et
l'enveloppait dans un songe ;ce songe l'emportait sur un nuage de
voluptés ;dans ce nuage il pensait qu'il était protégé par une
idée supérieure de l'homme.Il n'imaginait pas que la méchanceté
puisse avoir prise sur lui ; il croyait au perfectionnement de la
nature humaine donc en sa propre perfection ,même si il voyait toute
la difficulté qu'il y avait à mettre en pratique cette théorie ;il
savait par ailleurs qu'il n'était pas si différent de tous ses
petits camarades éduqué dans l'esprit de la civilisation des
lumières et aussi vulnérables que lui ,aussi exposés que lui aux
disgrâces de la vie;mais il se disait qu'il avait un avantage sur
eux,il croyait fermement en son génie,son génie était imprégné
jusqu'à la moelle de toutes les théories de progrès et
d'émancipation qu'il avait découvert en consultant les œuvres des
philosophes, des esprits éclairés et des artistes les plus réputés
;ces œuvres issus de l'humanité souvent des chefs-d’œuvre
constituaient la substance organique de ses rêves ,elles coulaient
dans les veines de son cœur et l'alimentaient en émotions et en une
formidable gerbe de réjouissances;ces réjouissance constituaient la
part plus sublime de son avantage ;elles représentaient les choses
les plus authentiques et les plus digne d'être enseignée en ce
monde. A travers elles il croyait en la possibilité d'une
transformation radicale de l'humanité et des parties obscures de
chacun ; il n'avait pas encore renoncé à cette époque à son
devoir légitime et sublime de perfectionnement.
(23)
DIX HUITIÈME FRAGMENT
D'AUTRES
VISIONS DE LUI
A PROPOS DE DIEU ENTRE
AUTRE
Une
partie de sa vie à l'époque de ses quatorze ans était encore
illuminée par sa croyance en Dieu . C'est peut être pourquoi il
était si plein d'entrain et si confiant dans la période qui
précédait son accès au monde contraignant des adultes qui coïncidait pour lui avec son entrée dans le monde du labeur.Si le
sentiment de Dieu l'avait aidé à vivre durant la toute première
partie de son enfance,jusqu'au tout début de son adolescence; son
cœur plus tard s'était rétracté ,il était trop avide de vérités
pour accepter sans broncher les lâchetés,les vilénies et les
brutalités du monde des hommes rendu à sa plus simple expression
.Le portrait que j'ai tracé de lui plus haut montre les affres réels
ou imaginaires qu'il a dû endurer avant d'accéder à une nouvel
état d'esprit et devenir un sujet révolté ,il était trop
indépendant, trop sensible pour suivre sans se rebeller les
injonctions moralisantes d'une société si piteuse,c'était un
idéaliste. Il fût une époque où il pouvait avoir des idéaux des
croyances et des rêveries plus en phase avec le monde immatériel
de l'enfance;mais cette période ne dura qu'un temps éphémère,la
réalité attentatoire du monde le rattrapa assez vite;l'époque des
illuminations enfantines fît place à celle plus corrosive de son
passage dans le monde de la réalité ;il pût avoir encore de brèves
admirations pour les mystique et les contemplatifs dans une période
où il voyait encore dans l'église et dans le Christ une incarnation
du paradis sur terre,mais cette période ne dura pas.Il fût un temps
en effet où.son imagination croisait des lacs célestes et des
ciels de lumières ,son imagination enflammée accompagnaient le feu
des martyrs qui se jetaient dans l'arène pour affermir leurs foi,ils
se faisaient dévorer vivants et devant eux se dressaient la
splendide image de la rédemption,ils ressuscitaient dans une vie
supérieure le paradis auxquels ils avaient droit ressemblait aux
livres enluminés qu'il feuilletait dans sa chambre le soir avant de
s'endormir .A cette époque la sainte église catholique ressemblait
à un continent ferme sans frontières connues toutefois,par sa
présence seule elle faisait office de rempart ;l'église tenait le
monde contre elle l'empêchant de se se dissoudre dans les
profondeurs obscurs et maléfiques qui se cachaient au sein même du
cosmos.En lisant les récits de la vie des Saints ,il inventait
d'après leur lecture des scénarios héroiques qui manifestaient
son désir sincère d'atteindre la beauté promise à tous les êtres
qui vénéraient les saintes écritures ,il ne connaissait pas Dante
à cette époque,mais il croyait aux visions du ciel que le céleste
poète avait décrit dans ses ouvrages d'une façon si sublime bien
avant qu'il les voient émergées dans ses rêves.Dans ses visions
célestes enfantines,il se voyait transporté tout de suite après
son accession au ciel ,dans les bras d'anges aux ailes blanches ,les
anges lui montraient les malheurs auxquels il avait échappé grâce
à sa vertu et sa foi;ils le transportaient au dessus des abîmes;ici
logeaient dans le fond de vallées où sur le sommet des montagnes
les humains qui s'éfforçaient d'atteindre le royaume de Dieu,il
voyait en train de crier et de se repentir,ceux qui avaient failli,il
les voyaient brûler et avec eux les méchants ceux qui avaient
sciemment fait le mal ,ils vivaient dans des lieux retirés qu'on
appelait des enfers ;il voyait avec terreur et ravissement les
tortures ausquels ils étaient soumis ,car ceux qui avaient péchés
où qui avaient été soumis à la tentation et qui avaient
cédés,ceux là étaient à même de recevoir des châtiments .Ainsi
après son accession au ciel,il se voyait projeté dans des mondes
héroiques irréels ,car après la vie sur terre,la vie continuait
sous une forme encore plus subtile ;cette vie était spécialement
aménagés pour tous les héros comme lui qui avaient réussi à
accéder au royaume des vivants éternels qu'on appelaient les
immortels.Ceux qui avaient réussi à grâvir cette univers sans
être repoussé dans les enfers étaient sûr de continuer à vivre
des milliers d'années dans une paix continuelle qui s'étendaient
jusque la fin des temps; son imagination qui était déjà dans son
enfance en pleine ébullition, était à l'affût du moindre
événement pour la faire décoller.Il n'avait aucune difficulté à
s'inventer des vies parallèles ,il croyait durant ces années sans
doute bien plus en l'espace de ses rêves qu'en l’existence de Dieu
.Lorsqu'il fût pris dans la tourmente ,d'une vie nouvelle au milieu
de ses machines à tisser ,il n'eut aucune difficultés à remplacer
ses anciens rêves héroïques par de nouveaux qui prenaient la forme
d'une nouvelle vie périlleuse ;lorsque ses anciens points de repères
qui s'appuyaient sur l'existence de Dieu se furent effondrés sans
que de nouveaux prennent le relai il se rassura rapidement en se
prenant pour un héros d'essence divine qui voyageait comme Ulysse
,découvrant des contrées merveilleuses ,il s'affrontait à la vie
en découvreur sublime,c'était uniquement dans sa tête devenu son
royaume intérieur que prenait forme sa nouvelle existence.Sorti de
l'enfance,il devenait pour un temps grâce à son imagination sans
cesse renouvelée un Héros de l'histoire nouvelle qui s'annonçait
,il devenait le nouvel héros de l'histoire en train de se faire
,il composait sur ses métiers à tisser des récits héroïques qui
traçaient la légende pathétique de sa vie d'exclu et d'esclave
révolté.C'était de là peut être que l'idée d'écrire des romans
lui était venue plus tard.Il avait envie de retrouver les attributs
des êtres fantastiques qui dormaient dans ses vieux rêves d'enfant
,devenus plus tard des rêves d'adolescent et encore plus tard des
rêves d'adulte .
Le
portrait que je forme de moi aujourd'hui est sans doute trop vrai
pour être réel ,il ne représente plus aujourd'hui que la partie
extérieure de l'être fantastique multiforme que je voyais se former
au contact de mon imagination lorsque je tentais de m'appréhender à
l'état réel. Le premier être surgît de mon enfance avait tous les
attributs du bonheur qui coexistaient autour de lui,un foyer,une
famille qu'il aimait et son amour exagéré pour les récits
fantastiques qui le rendaient finalement heureux,en apparence,cela
lui suffisait.Plus tard ayant dû affronter les tristesses du monde
réel mon esprit se ressaisit en s'agrippant aux délices de la
lecture et aux récits merveilleux de ceux qui en étaient les
véritables héros.Mon admiration précoce pour les Essais de
Montaigne,et puis presque en même temps mon affection profondes
pour l'auteur des mémoires d'Outre-tombe,puis auparavant mon
attirance intelligente pour les écrits philosophiques de
Voltaire;tout cela n'étaient peut être que le prolongements de la
seule manières que j'avais d'être heureux ,je voulais regarder le
monde non tel qu'il était,mais tel que je rêvais qu'il soit.
Mon
imagination sublimée par une conception héroïque de la vie me
faisait souvent perdre le sens des réalités , sans m'en rendre
compte je transportais dans ma tête les rêves de mon enfance
,exagération,emportement éclair,naïveté absolue,don d'affabulation
à la limite du mensonge ,désir d'emportement vers des mondes
mystérieux,inconnus illogiques irrationnelles et purement
fantasques,c'était cela qui formait mon univers,et celui
d'aujourd'hui n'a pas changé. .Défaut d'hier agrandis avec le temps
.mes récits post-modernes sont certainement de la même veine
narcissique qui emportait mes rêves d'enfants.Défauts agrandis par
la faille déposée dans mon esprit par l'avancée improbable du
temps.Je me ,revois au moment où je m’apprêtais à rentrer dans le
grand enfer blanc de l'usine vers mes quatorze ans avec tous mes
,défauts agrandis par mon âge ,défauts qui reviennent décuplés
je le sais par les formes délirantes que contiennent mes mémoires
vu à travers le prisme de cinquante années de vie artistique dérangeante subliminale et obstinée ,mes haines d'aujourd'hui sont
l'exacte réplique de celles que je portais contre l'ordre
abominable du monde,lorsque je m’apprêtais étant à peine sorti de
l'enfance à entrer dans l'univers de l'usine peuplé de machines
infernales,j'aperçois les même visages grimaçants ,je les vois apparaître et s'agiter sous mes yeux à travers ceux pervertis de
l'immonde société du spectacle que les grands prêtres situationnistes ont fait sortir de leur chapeau magique ,ce sont les
mêmes suites d'images obscènes que j'aperçois,les mêmes qui
viennent alimenter mes cauchemar d'homme civilisé.Je ne suis pas
innocent,j'ai le tord de livrer tout haut mes pensées.A quoi sert
l'art d'écrire si on ne peu plus s'insurger. Saint Jean héros fébrile qui accompagne mes rêves d'adolescent ,héros qu'un instinct
de survie supérieur obligeait à déambuler jour et nuit dans le
complexe cosmique de sa psyché électrique ,Saint Jean dévale à
présent dans mes récits improvisés avec toute la candeur magique
et décalée de son sublime passé ,Saint Jean reste le héros
emblématique de la première partie de mon roman- post-moderne
,fruit de l'imagination d'un écrivain fictif qui a encore du mal à
faire monter les œufs en neige ,il demeure encore en l'état un
héros en suspens.
Rehaut.
A
la vie héroïque de jeune prolétaire frustré dans son désir de
savoir ,s'ajoutait la peine qu'il avait à s'affranchir de sa propre
manière de réfléchir et de bâtir le monde .A la sortie de
l'enfance,il avait
dût
tout reconstruire;le monde tel qu'il l'avait rêvé lui échappait.En
âge de travailler,il manquait de points de repères,tout lui
paraissait artificiel,les sanglots,les baisers,les sourires,les
évaporations,la logique ,les feuilles de paie de ses premiers
salaires,le corps des jeunes filles apparues entre deux rayons de
soleil;la détresse de ses pensées augmentait au fur et à mesure
qu'il tentait d'appréhender le vaste planétaire de l'univers des
adultes;ses règles arbitraires ,ses obligations,ses défis.C'est
peut être à cet instant qu'il prit conscience que l'existence de
chacun était liée à un vaste roman ,dont l'existence fictive
prenait forme à chaque instants ,chacun en était le héros,chacun
se disputait une place dans le planétaire fantastique de la vie.Mais
pour réaliser cette chose difficile -écrire sur la vie- il fallait
pouvoir contempler la vie avec l'esprit libre, garder
le cœur humble,se garder de tout sens du grandiose et de la
grandiloquence ,choses essentielles dont j'étais dépourvu et qui
compromettait l'écriture authentique du romancier en herbe que je
m'étais promis de devenir;j'étais tout le contraire,j'étais un
romancier en état permanent d’ébullition.Un état grandiose
m'envahissait lorsque je tentais d'écrire ,dés que je fus à même
d'écrire un état troublant envahit toutes les sphères de mon
raisonnement et de ma sensibilité ,cet état me rendait impuissant
pour témoigner d'une façon désintéressé des choses de la
vie,j'aurais voulu comme les écrivains célèbres que j'admirais
enrober d'un mouvement leste l'âme du lecteur,afin de capter la
divine étincelle d'intelligence qui faisait,je le savais pour
l'avoir observer dans mes lectures frisonner le cœur sensible du
lecteur ,mais je n'y arrivais pas,j'avais la fâcheuse manie de me
répandre en descriptions stupides sur mes états d'âme ;j'étais
autocentré,rivé sur mon moi narcissique qui s'interposait entre moi
et la réalité; lorsque je me mettais à écrire de dévissais sans
cesse .J'aurais voulu me libérer du poids gravitationnel de
l'existence de mon existence même pour faire apparaître le roman
magique ,le roman métaphysique et authentique le roman qui aurait
purifié ma vie de toutes ses imperfections.Ce roman devait faire
apparaître foudroyant et éclatant,faisant surgir d'un seul coup mes
raisons fondamentales de vivre ,il devait racheter toutes mes
vilénies et toutes mes mauvaises action et surtout toutes mes
imperfections qui étaient nombreuses,ce roman donnerait un tel
essor à ma vie,que mon âme soudain libérée donnerait naissance à
un homme nouveau,à un homme presque Saint . J'étais en mon tout
début d'existence en
proie à une sorte de mysticisme violent qui me surprenait ;j'étais
envahit par instants par les débordements intuitifs de mon âme
qui voulait s'élever au dessus de sa condition terrestre ;c'était
une chose presque effrayante mais aussi exaltante ,je devais faire
beaucoup d'efforts intérieurement pour combattre mes négligences et
m'élever vers les plus hautes sphères,je transposais ainsi à mon
insu une partie des visions rédemptrices que j'avais sans doute
conservé des écrits saints de mon enfance;dans la vision du roman
mythique que je tentais d'écrire tout de suite après ma rentrée
dans l'écriture vers mes seize dix sept ans ,j'avais envisagé avec
obstination et sous différentes formes la rédaction d'un récit
d'essence sublime qui montrerait les choses d'essence supérieures
que je désirais faire apparaître dans mon projet de roman
imaginaire ;j'ai du me rendre compte très vite que c'était
tellement hors de ma portée que je devais restreindre mes insensées
prétentions ; vu la difficulté que j'avais à écrire en prose ,je
me suis jeté dans un défi tout aussi insensé,c'était d'écrire
inspiré par les sublimes écritures poétique de Claudel ,c'était
dans son fameux tête D'or qui avait emporté mon admiration que
j'avais trouvé ma nouvelle revanche ;sa lecture m'avait bouleversé
et fait découvrir la beauté flamboyante de l'écriture
dramaturgique.Abandonnant mes prétentions romanesques, ,je m'étais
plongé dans la rédaction d'une pièce de théâtre qui avait les
mêmes prétentions sauvages et poétiques que celles de tête d'or
,je voulais me hisser au sommet de l'art poétique,sans en connaître
aucune des règles.Je charcutais en rentrant de l'usine mes cahiers
d'une écriture affreuse,je tentais de faire surgir de mon tréfonds
,le héros ultra tourmenté et anonyme qui s'agitait dans mes
entrailles ,il allait au milieu des feux barbares,des crimes et de
toutes les horreurs que l'humanité avait engendré,surgir comme un
ange rédempteur;revêtu d'un cuirasse d'or éclatante,il terrassait
le mal et faisait ressusciter sur terre la joie et le pardon,c'était
un héros sublime mais qui n'était en rien subtil,il n'était
surtout pas éclairé par mes feux poétiques,car j'écrivais d'une
façon rageuse et impulsive ,j'écrivais comme un faucheur qui
abîmait sa faux dans les cailloux d'un champ impropre à la culture
,j'écrivais sans recul pris par les feux gigantesque que l'
obsession qu'avait engendrée en moi mes lectures des auteurs
célèbres car j'avais décidé de me créer une stature littéraire
égale de la leur ;ces lectures avaient engendrées en moi une
obsession nouvelle,qui ajoutait un tourment en plus à ma vie de
damnés exilé dans les souterrains d'un monde que je jugeais
cruel.J'étais durant ces années d'adolescence un révolté à l'âme
ultra sensible;j'étais obsédé par l'attente d'une confirmation de
mon génie ,je voulais créer une œuvre sublime,mais quand je la
voyais surgir en imagination elle s’effondrait aussitôt que je
tentais de la matérialiser ;c'était devenu mon nouveau tourment ,je
me rendais responsable d'être dans l'incapacité d'engendrer une œuvre qu'il soit à la hauteur des plus grands génies ;mon esprit
était tourmenté par un désir absolu de perfection ,je n'étais
jamais apaisé,j'étais dans un état d’ébullition constant qui
m'empêchait de créer dans la sérénité,j'avais l'esprit encombré
par une l’œuvre mythique que je voyais luire au sommet de la vaste
montagne qui abritait mon inspiration; le soleil de mes auteurs
préféré m'éblouissait et m'aveuglait. .
(24)
DIX NEUVIÈME FRAGMENT
UN DERNIER RAPIDE
CONTRECHAMPS.
Deux
ans après mes premières révoltes. je
crus comprendre que mon esprit commençait par s'ouvrir et se
détendre ,il pouvait prendre en charge un nouveau monde ,je devenais
plus tolérant; je regardais soudain ma mère et mon père d'un œil
différent. Ils n'étaient responsable en rien de ma pénible
destiné,ils y avait au dessus d'eux des entités puissantes qui
régnaient sur les destins,pour ma part,je n'étais qu'un voyageurs
qui voyageait sur des mers inquiètes ,j'étais devenu une sorte
d'Ulysse qui traversait un océan sombre ,sans presque aucun points
de repères,mais avec la conviction que j'étais un être invincible.Je voyais à présent mes parents comme des âmes bienveillantes attelées au chariot de marbre de la société des
lumières transformée en un nouveau monstre original par les progrès de la science et de l'économie du rendement.Ma conscience
de classe commençait par s'affiner,mais je me voyais plutôt en
guerrier de la mythologie antique ,en Achille où en Ulysse plutôt
qu'en vulgaire et simple esclave.En tant que tisseur j'aurais pu
m'identifier avec Pénélope femme d’Ulysse,mais c'était une forme
d'atteinte à l'idée que je me faisais de ma virilité ,je n'étais
pas dépourvu de certains préjugés véhiculés par la culture
machiste subtile de la société française .Pour que je devienne un
héros prolétarien à cent pour cent ,c'était encore une autre
affaire ,je commençais seulement par établir des discriminations
entre les différents degrés d'exploitation ;je connaissais surtout
ceux qui structuraient ma vie présente ceux qui m'affectaient
directement car ils m'anéantissaient à petit feux,les rythmes
insupportables des machines à tisser,les odeurs fétides des
toilettes collectives,les bulletins de salaire qui décryptaient le
monde de mon aliénation sous une forme imbécile ,car ils lui
donnait l'apparence de la normalité..Heureusement sur un plan
métaphysique je me rattrapais ,je pouvais dessiner dans l'espace de
mes rêves des continents aux vastes propriétés qui allongeaient
l'espace du réel;mais j'avais du mal de supporter les contradictions
que je voyais apparaître dans mes vies;entre mes vies imaginaires et
le monde réel il y avait une distorsions trop forte ;de la même
façon,j'aimais bien les héros Grecques,mais je ne parvenais pas à
saisir la place exacte qu'occupaient leurs Dieux dans la
mythologie;leurs Dieux étaient sujets aux même caprices que les
hommes et cela me gênait ,les Dieux pour moi devaient être au
dessus de tout ,si ils étaient vraiment immortels que leur
importaient d'obéir aux mêmes sentiments que ceux des hommes,cela
me paraissait absurde.Pourtant en comparant cet univers mythologique
au nôtre je trouvais qu'il était plus proche de la réalité et de
la vérité que le nôtre,car il représentait les puissances sans
les masquer , de même dans la Grèce antique on nommais un esclave
un esclave;alors que dans notre société tout était masqué ;on
appelait citoyen libre quelqu'un qu'on avait réduit à
l'esclavage,je pensais naturellement à moi en pensant à ça. Je me
sentais des affinités avec tous les exploités,je savais qu'ils
étaient nombreux à travers le monde ;comme mes penchants à la
lecture qui étaient sommes toute assez vastes,je pouvais me projeter
dans lieux du monde qui naviguaient à contresens de nos sociétés
,si je comparais mon sort avec celui des peuples Indiens
d'Amérique,je me pouvais me sentir des affinités avec eux;je me
sentais aussi soumis et exploité qu'eux ,je faisais meilleur
figure qu'eux uniquement parce que j'étais un blanc d'occident qui
savait lire et écrire.Je commençais à peine à m'extraire de mes
états d'âme littéraires ,je voulais porter un regard plus vif sur
l'organisation de la vie en société ,je voulais m'émanciper de
tout, parcourir les étendues fragiles de mes mondes intérieurs avec l’œil froid de l'aventurier qui se porte au devant des dangers .Je m’apprêtais à aller à la rescousse de mes camarades syndicalistes
et à me jeter dans la lutte pour la défenses du droit des
travailleurs;j'étais un révolutionnaire en quête de terres nouvelle à évangéliser ;je ne pouvais pas voir la réalité sans
avoir l'envie impérieuse de la mythifier et de la rendre héroïque ;je m’apprêtais à mener des actions subversives qui allaient effrayer
ma mère ,j'avais jugé bon qu'il fallait aller provoquer une gréve,car c'était à moi de prouver que je pouvais m'affranchir ,à
travers une action d'éclat. .A ce moment,je ne lui en voulais plus
,j'avais décidé d'aller sans elle;j'avais compris que le monde
était divisé,entre ceux qui faisaient de la résistance et ceux qui
avaient renoncés à combattre ,sans doute trop faibles pour
s'imaginer même que cela puisse se faire . J'étais timide et
délirant ,résolu et plein d'allant; modeste ,intrépide ,timide et
persévérant et sans doute empreint sans même m'en rendre compte
d'une nature orgueilleuse ;déchiré souvent entre mes diverses
tendances et toutes mes obsessions je n'avais plus le temps
d'attendre que le ciel vienne pour m'éveiller;je devais prendre ma
vie en main et dessiner moi même ma destiné ,j'étais résolu
,déterminé,j'allais franchir bientôt le seuil de mes seize
ans,mais je n'avais pas d'âge ,je marchais dans les pas de Marx
,Montaigne et Jean Jacques.
(25)
VINGTIÈME FRAGMENT
ARCHÉOLOGIE D'UNE VIE ANCIENNE I
SUR
QUELQUES ÉLÉMENTS
D'ARCHIVES QUE J'AI RETROUVE
1962
St Jean à ses 14 ans.
Un
brevet d'éducation sportive:Une photo.
UNE
NOUVELLE VERSION DE LA VIE DE NOTRE HÉROS .
Mon
héros ,celui que j'appelle Saint Jean avait seulement quatorze ans
sur cette photo . Il s'appelait Saint Jean d'Astre c'était le
pseudo que j'avais choisi de lui donner dans la première version des
mémoires improvisées. Sur cette photo il a encore presque l'air
d'un enfant Ce diplôme ( un brevet sportif) était le seul diplôme
qu'il avait obtenu,un peu avant de sa sortie de l'école primaire .
Quelques temps plus tard,il allait échouer lamentablement au fameux
"certificat d'études"; ce sésame de l'éducation
scolaire. Dès
sa création, ce diplôme crée par Jules Ferry en 1882 devait permettre à une majorité d'élèves d'être honorés après un
bref cursus d'études ;la réalité n'a pas correspondu à cet idéal.
Le certificat d'études primaires se révèle un examen encore
réservé à une élite. La barre fatidique éliminatoire de cinq
fautes en dictée en est une cause principale. Saint Jean avait chuté
sur l'épreuve de calcul mais peut être aussi sur celle
d'orthographe ,deux épreuves toutes deux éliminatoires lorsqu'il le
passe en 1962.Il se souviens de son grand désespoir et de son
humiliation lorsque qu'on lui annonce qu'il est le seul de sa classe
à avoir échoué ;il avait vécu ça comme un drame ,seul recalé
dans une classe comportant environ vingt cinq à trente camarades; il
avait du subir cette épreuve cruelle. Il se souvient, que lorsqu'il
avait aperçu sa mère qui l'attendait anxieuse sur le pas de la
porte le jour de l'examen ;il avait éclaté en sanglots ; elle avait
compris tout de suite que son dernier avait échoué à l'épreuve.Il
s'attendait à ce que sa mère se fâche, mais à son grand
étonnement, elle ne s'était pas mis en colère. C'est seulement
bien plus tard par la bouche de sa sœur qu'il comprit pourquoi elle
ne l'avait pas fait; sa mère culpabilisait,elle se reprochait de ne
pas lui avoir consacré assez de temps ; elle avait du retravailler à
l'usine, et elle pensait que c'était sa faute si l'éducation de
son dernier fils avait été négligée . Comme il avait échoué au
certificat, il fallait malgré tout le sauver; même si c'était
chose difficile ;son sort avait été comme fixé à cet instant ,il
devrait travailler. Sa mère avait bien tenté de le faire échapper
à l'usine signe d'échec pour elle ,elle aurait préféré pour ses
enfants un sort meilleur.Elle l'avait fait inscrire à des examens
dans un lycée technique,pour apprendre un métier plus noble que le
travail en boîte .Saint Jean hostile à toutes tentatives d'examen
,s'était naturellement arrangé pour échouer,c'est pourquoi il
avait été jugé inapte à l'entrée dans les lycées techniques. Sa
mère avait pris son parti la mort dans l'âme de se ranger à l'avis
de son père qui pensait que l'usine était la seule solution
,puisque que leur fils n'était pas assez doué pour les études,il
devait en passer par là . Elle fit cependant encore une dernière
tentative pour le sauver,elle trouva une petit entreprise
électronique,qui voulu bien l'accepter comme apprenti ,mais au bout
de six mois,Saint jean lui demanda d'en sortir,il n'aimait pas ce
travail trop confiné et l'ambiance qui y régnait. Son sort était
scellé ,il n'avait plus d'autre choix que de rentrer "à la
boîte" c'est à dire l'usine dans l'usine textile ou
travaillait déjà son père comme contremaître et où sa mère
retravaillait depuis quelques temps comme fileuse.Son père était
rentré - à
la boîte-
dés l'âge de 13ans il ne trouvait pas qu'y rentrer fût un
handicap,il avait même réussi parti de rien à devenir
contremaître,grâce à l'appui de Laure sa femme plus instruite que
lui .Étant plus avancée sur le plan des études,elle l'avait
conseillé ,elle l'avait aidé à rehausser son niveau d'étude et à
franchir le cap difficile qui consistait à passer de l'état
d'ouvrier à celui de contremaître.Sa mère avait probablement
également utilisée les relations qu'elle avait gardées avec ses
anciens patrons pour faire aboutir son projet,elle voulait aider son
homme à accéder à un statut plus élevé,c'était dans sa
nature.Laure était une femme de tête,qui avait du caractère et de
la suite dans les idées.Elle seconda son mari ,lui apprenant à
écrire,et à compter selon les règles ,elle le rendit apte à
passer l'examen de maîtrise .Le père de Saint Jean qui avait été élevé seul par sa mère avait souvent fait l'école buissonnière ,il
n'avait pas reçu une éducation scolaire très stricte ;sa propre mère qui devait élever quatre enfants tout en travaillant comme
fileuse,le laissait courir à travers les champs et la campagne ;lui
de son côté préférait s'amuser plutôt que de râper ses culottes
sur les bancs de l'école;une fois en âge de travailler il était
rentré à l'usine c'était l'ainé de la famille ,il remplaçait le
père qui venait de mourir au front il devenait soutien de famille.Il
vénérait sa mère ,une belle femme autoritaire et décomplexée,elle
avait trois enfants d'au moins deux lits différents,elle en aura un quatrième un peu plus tard.Lore la mère de Saint Jean avait des
affinités de tempérament avec cette femme ,elle était pugnace
comme elle .C'est grâce à l'intelligence et la persévérance de
Lore que le père de Saint Jean put accéder au poste de
contremaître.Lucien son mari manquait d'instruction ,mais il avait
tout de même pour lui un atout important il était travailleur
ingénieux et intelligent il avait été l'ainée d'une fratrie ,il
avait servit dans la résistance on pouvait lui faire confiance ,elle
l'aida à corriger ses fautes de calculs et son orthographe et il
fini après bien des souffrances par décrocher le poste tant
recherché.
ARCHÉOLOGIE D'UNE
VIE ANCIENNE II
KARMA
Si
je reviens sur la toute première partie de la vie active de Saint
Jean ,c'est parce qu'elle constitue probablement le premier
traumatisme dessinant la scène originelle de son conflit avec la
société Cette scène se dessina à priori sans qu'il y ait lieu de
faire un rapprochement entre la vie heureuse de son enfance ,entre la
vie amoureuse sentimentale et si particulière de ses parents ,elle
se construisit presque en dehors de tout ça ,mais elle était
imprégnée de ces choses..L'ambivalence de ses sentiments pour cette
société son amour et sa haine pour celle ci est liée à l'usage
des symboles qu'elle engendrait dans son esprit à une époque où il
était encore vierge ,c'est à dire en état de croire qu'elle
représentait le meilleur et le plus noble de ce qu'il y avait sur
terre .S'apercevant tout à coup vers la fin du second cycle lié à
son enfance ,que cette société distribuait les honneurs et les
grâces,les bon points et les mauvais point selon un ordre qui fixait
presque au hasard les formes du bien et du mal ,il se mit à douter
de tout,et en premier lieu de sont pays la France .Lors de l’examen
du certificat d'étude ;il avait reçu un autre choc ,il s'était mis
à douter de l'impartialité des enseignants ,sa mise à l'écart
l'avait traumatisée.Il n'était pas moins bon qu'un autre pensait
t'il mais on l'avait mis à l'écart ,on l'avait désigné à la
vindicte pour le seul fait qu'il avait échoué à un examen qui
obéissait à des critères fallacieux;on avait à peine regardé ce
qu'il valait en propre avec son intelligence et ses dons si
particuliers;on l'avait exclu du seul fait qu'il ne rentrait pas dans
une case .Comme il ne parvenait pas à rentrer dans une case on
l'avait exclu. Saint Jean avait détesté aussitôt avec intensité
et passion cette manière si profondément injuste de fonctionner..
DIVISION SOCIALE
Le
pays idéal dont il avait rêvé en feuilletant les livres
d'histoire de France ,images Saintes qu'il vénérait étant
enfant,presque à légal de celles qu'il contemplait en feuilletant
les pages de ses livres d'instruction religieuses ; ce pays idéal lui
sembla tout à coup s'évaporer en fumée ,il se trouva très vite
en porte à faux avec la réalité;la France pensa t'il n'était pas
exactement le pays de l'égalité,le pays émancipateur qu'on
décrivait dans les livres d'histoire.Elle cachait derrière les
symboles d'égalité qui la rendaient tellement séduisantes ,des distorsions des formes de sélection rigoureuses assez stupides qui
la rendait incompréhensibles pour ceux qui en était les
victimes,pour Saint Jean en premier qui en avait fait les frais .Si
ce pays excluait de son monde tous les élèves qui faisaient
quelques fautes d'orthographe,ou quelques erreurs de calcul,qu'en
résulterait il de tout ça? Puisque cet ordre républicain était
injuste,ne fallait t'il pas le combattre au même titre que les
révolutionnaires de 1989 qui avaient combattu avec forts arguments
l'ancien régîmes,celui hérité de la France des rois? .Ce régime
républicain,n'était il pas une réplique nouvelle de l'ancien
régime ?. On pouvait s'attendre à trouver dans les rangs de la
république de futurs insurgés qui contesteraient un jour où
l'autre à leur tour les règles imposées par une élite constitué
de citoyens aveuglés par l'arrogance des nouveaux principes
instaurés par les pères de la révolution française.Saint Jean
alors qu'il allait sur ses quatorze ans ne pensait pas encore qu'il
fallait changer l'ordre social à cause d'une humiliation subie dans
son école primaire;il était trop abattu par ce coup de massue qui
l'avait envoyé au fond d'un trou ,et avait fait ployé sa volonté
idéaliste de préadolescent;mais il savait dorénavant que le monde
qui l'entourait ,était pour partie injuste .La France pays des
liberté avait un système de cooptation élitaire qui semblait de
toute évidence favoriser la rébellion ,la contestation et les désirs
de révolution;elle ne devait s'en prendre qu'à elle même si elle
rencontraient sur sa route des révoltés endémiques des
contestataires permanents,des individus convaincu de leurs droits à
la revanche ,car éliminés par son système de sélection
profondément élitaire .Saint Jean en avait déduit en lisant les
écrits de Robespierre un peu plus tard que son élimination précoce
du système scolaire était dût à un plan concerté d’élimination
qui obéissait aux mêmes lois iniques que ceux que le célébre
agitateur dénonçait du haut de sa tribune,en pointant du doigs les
lois scélérates de l'ancien régime,on avait changé la façade de
la propriété France,mais les mêmes hommes corrompus par
l'ambition politique s'acharnaient,sur une nouvelle dépouille,celle
de la France républicaine.Le monde n'avait fait que changer de
visage ,dans la réalité,la même société inégalitaire survivait
au milieu du monde nouveau.L'histoire de France racontait une
histoire qui était légèrement trafiqués.Des gens qu'il
admirait,comme Victor-Hugo où bien avant lui Montaigne qui vivait
dans une époque pourtant complétement différente étaient parvenu
à lui transmettre une idée de la France bien supérieure à celle
que les nouvelles élites qui encombraient ce pays républicain
pouvait offrir à sa jeune imagination toujours portée à voir le
mal et corruption partout;surtout depuis qu'il avait appris à ses
dépends que le visage de la société pouvait revêtir des aspects
contradictoires.Saint Juste en son temps avait loué les vertus
républicaines à la convention,mais depuis les vertus s'était affaissées.Saint jean s'était perdu dans le dédale de ses
ressentiments contre son pays,parce-que aucune lumière ne venait
l'éclairer réellement sur l'essence de ce contenait les mots
liberté ,égalité où justice;il voyait le monde à travers sa
douleur,et sa douleur était vive il se sentait exclu,c'était
pourquoi il raisonnait en polémiste,il versait sans raison apparente
dans des délires qui accentuaient sa paranoïa.Je décris une partie substantiellement fugitive de son rapport au monde à une époque où
son esprit n'était pas encore formé. C'est parce que cette étrange
solitude qu'il ressentait ne cessa de ressurgir régulièrement tout
au long de sa vie ,qu'un étrange sentiment d'altérité prît
forme en lui;il se sentait régulièrement prît de malaise en
observant les traces qu'avaient laissé ces années douloureuses sur
son âme.Il se demandait régulièrement en voyant ressurgir se
vieilles blessures,si il n'était pas quelqu’un d'entièrement condamné à la marginalité ;il se demandait aussi si il y avait des
raisons objectives pour qu'une telle douleur ait put tracer un aussi
fort sillon en lui;il se demandait,si il n'était pas d'une essence
spéciale ,si sa vie qu'il voyait s'ordonner parfois d'une façon si
irrégulière,n'était pas le résultat d'une malformation génétique
cosmique qui l'avait fait hérité d'une perception altérée, idiosyncrasique contraire aux formes de pensée les plus communes secrétées par l'ordre social de la république morale qui l'avait
éduqué.S'il s'était détaché plus tard des normes sociales de
réussite -à la française- et s'en était fabriqué d'autres,si il
était devenu un espèce de self made man,dans la tradition
américaine ,si il avait hérité d'une morale de rebelle et d'insoumis
ce n'était pas seulement parce qu’il qu'il était en révolte contre
la distribution arbitraire des rôles dans une société qui maniait
le bâton et la carotte avec souvent un manque total de
discernement;c'était surtout qu'il avait le sentiment d'appartenir
à une nouvelle race de penseur autodidactes qui cherchait à se
frayer un chemin parmi un monde qu'il voyait aller à la dérive;il
cherchait sa voie à travers les méandres de son propre esprit et
surtout à travers ce qu'il percevait de l'esprit du monde qui
semblait aller à la dérive.
J’ÉTAIS UN AUTRE.
Revoyant
en un éclair des aspects de ma vie que j'avais cru engendrés par
une sorte de pulsion spontanée et innée, mon affinité immédiate
par exemple avec – les exilés ou les gens d'origine étrangère-
je me disais à présent qu'elle n'avait peut être été engendrée
uniquement que par une suite d'événements qui avaient contribué
à me forger une identité marginale,on m'avait exclu du système,donc
il était logique que je me trouve des affinités avec tous les
exclus,puisque j'en étais moi même un.Mais je ne pouvais pas
m'empêcher de penser par ailleurs ,que si j'avais été exclu très
tôt du système ,c'était sans doute aussi parce que j'étais
allergique par nature au système ,influencé par ma manière de
penser désordonnée et anarchique ,je m'étais volontairement mis en
marge; si j'avais échoué à mes examens par le passé ,et si
j'avais été le seul à échouer,c'était aussi parce que ma
sensibilité excessive et mon esprit rêveur m'avait
marginalisé.Quelque part j'étais, un inadapté viscéral du système.Je ne m'intéressais pas uniquement aux exilés,aux rebelles
et aux insoumis,parce-que j'avais été la victime d'un système
bancal,mais sans doute aussi parce-que ma sensibilité se trouvait
spontanément des ressemblances avec la leur .Je ne pouvais pas
faire reproche à la société toute entière de m'avoir
marginalisé;ma propre manière de voir et de penser m'avait
probablement rabattu sur les bords,sans que je m'en aperçoive.J'étais
différent consubstantiellement différent de ce que réclamait de
moi la société .J'étais un trop grand rêveur ,c'était ce qui
rendait ma vie impossible,j'étais plus que probablement un inadapté
.La recherche d'un cosmos idéale et la construction de grandes
utopies m'avait servit d'horizon premier dés l'enfance et j'avais
poursuivi sur la lancé dans ma vie d'adulte ;dans l'enfance ,le
monde existant ne me suffisait pas ,je voulais autre chose.Je rêvais
de vivre dans un univers nouveau ,perpétuellement nouveau ,j'aurais
voulu remplacer le monde réel par un autre plus adapté à mes
désirs de métamorphose et de transformation.Je me sentais à
l'étroit dans un espace ou l'imagination ne pouvait pas avoir toute
sa place.Je rêvais de vivre dans une société utopique,même si le
mot m'était encore inconnu.Je me voyais comme un ingénieur d'une
vie meilleure .Plus je voyais mon impuissance à m'établir dans ce
monde ci,plus mon désir de créer des choses nouvelles ,phénoménales
et excentriques me venait à l'esprit.J'étais pris étant enfant
dans une pâte dont je voulais m'extraire car elle m'était
insupportable ;cette patte était celle que le monde destructeur des
adultes tentait de m'imposer;dans ces instants où j'avais
l'impression d'étouffer ,surgissait en moi le désir de tout
transformer ;toutes les horreurs et toutes les monstruosités que
j'apercevais devenaient des moyens nouveaux pour m'inventer une
nouvelle vie ,oubliant toutes les abominations que je voyais ,je me
mettais à penser à ma vie comme à un objet de plaisir,la monotonie
des espaces infinis m'obligeait à mettre en œuvre des stratégies
pour rendre ma vie enfantine,toujours plus inventive ,plus belle et
meilleure que celle que je voyais s'organiser autour de moi .J'ai
retrouvé plus tard la même sorte de folie dans les élans qui
m'incitaient à écrire où à peindre pour tenter de reprendre le
contrôle et la possession de ma vie ,mais mon imagination qui
m'aidait souvent à élaborer des stratégies pour m'envoler au delà
du réel, me desservis tout à coup ,lorsque je dût me discipliner
pour aller delà du plaisir immédiat que me procurait l’apparition
de mes créations ;il fût une époque ou j'écrivais des romans dont
je perdais de plus en plus le fil de l'histoire tant mon imagination
débridée me faisait perdre pieds;en essayant de m'inventer de
nouvelles vies,je m'épuisais ,mes romans devenaient des labyrinthes
,je me perdais dans les méandres de mon inspiration.Pour moi qui
était plongé perpétuellement dans les récits de ma vie héroïque
, je pensais que j'étais surtout poursuivit par une malédictions
celle d'avoir trop d'imagination et surtout beaucoup trop de génie.
Vindicte.
Repensant
à ma propre enfance ;contrariée par mes échecs répétés dans le système scolaire , j'ai cru y déceler à un certain moment (dans
un espèce d'égarement) les signes de ma vindicte et de ma haine
(dans les années qui suivirent ) pour l'institution et pour tous
ceux qui en étaient les porteurs où les représentants; pour moi
ils incarnaient l'hypocrisie d'un systèmes élitaire profondément
injuste et sélectif .Ce pays glorieux,mon pays n'était généreux
qu'en apparence ,il n'était généreux qu'avec ceux qui s'étaient
fait les esclaves docile de son mode de penser . Essayant de lire à
travers ma révolte les signes d'une guerre que se livraient les
dominants contre les dominés,je n'arrivais à rien,mon âme enflammé
plongeait dans les enfers,je devenais nihiliste ,et mon esprit
perdait toute sa puissance de raisonnement je m'égarais.Cette
brulure très ancienne que j'avais cru guérie ,me revenait parfois
alors même que j'étais censé avoir atteint l'âge de raison;elle
me revenait de façon subite et inattendue alors même que j'avais
toute les raisons d'être heureux,elle rejetait son feux sur mon
esprit ,elle ranimait mes vieilles souffrances,pétrissait dans ses
mains une haine que j'avais reçu en héritage de mon passé.Devenu
peintre ayant rompu les amarres avec mes vies anciennes ,je
retrouvais la même forme de vindicte qui m'avait fait il y a très
longtemps haïr - les gens heureux- ceux installés dans le confort
de leur certitudes ;ces certitudes qui dessinaient une image du
monde (ou de la France mon pays) parfaitement et épouvantablement chloroformante ,j'étais devenu paranoïaque.J'avais beau tenter de
surmonter cette blessure primitive ,ma vindicte me revenait sans que
je puisse savoir exactement pourquoi,elle m'assaillait avec autant de
constance et de vitalité.Rendre responsable le monde de mes échecs
ou de mes difficulté ce n'était pas dans ma manière de voir; il y
avait certainement une étincelle qui avait mis le feu aux poudres
pour que surgisse ma vindicte d'une façon aussi régulière .C'était
parfois le soleil accablant qui m’échauffait la tête ,une panne
informatique qui me faisait devenir fou ,où ma voisine qui admirait Houellebecq qui m'avait mis dans un état affligeant d'excitation .Elle
était à genoux devant certaines stars de la littérature ;moi je ne
supportais plus les artistes embrigadés dans le système des
médias;j'étais devenu injuste in-objectif et coléreux.Certains
jours je devais faire des pieds et des mains pour vendre mon travail
sur les marchés ,cette entreprise qui n'était pas sans noblesse
avait fini par me tuer et mon caractère avait fini par en pâtir je
devenais de plus en plus vindicatif,j'étais sur le point d'accoucher
d'une mauvaise façon de voir .J'étais atteint par des révoltes
intermittentes,je redevenais ponctuellement un insoumis total une
sorte de fanatique embrasé par un feu que j'avais du mal
d'éteindre.Comme je ne tenais pas à devenir un artiste égotiste
,consumé par les défaites et que je voulais retrouver la foi
inébranlable de ma jeunesse ,je me suis mis au vert durant quelques
temps.C'est tout ce qui me restais à faire.Je devais me tirer durant
quelque temps de cette vie affligeante et mortelle.En général après
un séjour au vert ,cela ne sait jamais démenti,je retrouvais ma
pureté d'âme mon optimiste et mes croyances en l’équilibre naturel
de ma raison.
91
SUITE
DE MA VIE ANCIENNE
A
sa sortie de l'école les premiers temps, je l'ai déjà noté St
Jean a travaillé dans une petite société d'équipements
électroniques St Jean détestait cette boîte, il n'aimait pas
l'atmosphère confiné du travail et sa proximité avec les managers
de l'établissement un homme et une femme qui devaient être amants
ça se voyait , il les avait pris tout de suite en grippe , il leur
trouvaient des airs malsains,il avait découvert à travers eux de
nouvelles façon misérables de penser.Il trouvait leur manière de
faire détestable;ses pensées commençaient par tourner au noir ,le
monde vu à travers le filtre de cette première expérience de vie
au travail lui parut singulièrement désespérant.Ses parents ont
trouvé un prétexte pour le faire partir de là ; son père a
aussitôt fait une demande pour le faire embaucher dans l'usine
textile où lui même travaillait. Désormais il se levait en même
temps que son père, à quatre heure trente du matin, Lore leur
préparait à tous les deux le petit déjeuner;la semaine d'après
ils prenaient le travail à treize heure et terminaient le soir à
vingt est une heure. Les premiers temps il trouva une sorte
soulagement dans le fait de travailler dans cette grande usine
lumineuse ultra longue .Dans l'usine,ce qui renforçait la sensation
d'isolement ,c'était le mouvement incessant des machines à tisser
,elles faisaient un bruit assourdissant ,les machines dévoraient
l'espace avec une extraordinaire vitalité,il avait l'impression
chaque fois qu'il franchissait les portes de l'usine d'être rentré
dans un grand rêve dont il ne voyait jamais la fin.Il fini par
mettre des boules de cire dans les oreilles pour atténuer l'impact
du bruit ,et peu à peu il s'habitua à cette manière de plonger et
de nager dans ce grand rêve sonore.Il préférait travailler le
matin, car il avait du temps libre tout l'après - midi ,il se
sentait au début du moins totalement libre;c'était l'impression de
nouveauté qui faisait ça ;Il
avait l'impression parfois que c'était les machines qui commandaient
,cette grande chose immatérielle qu'on appelait l'usine;l'usine
avait un cœur et une âme ,son âme était mécanique c'était une
machine à mille voix.Les hommes de la surveillance les contremaîtres
,n'étaient rien d'autres que des serviteurs de la machine,les hommes
et les femmes ici n'avaient plus besoin de penser les machines
pensaient à leur place,elles commandaient le travail,il suffisait
d'obéir à leurs injonctions.Les ampoules rouge des métiers à
tisser s'allumaient lorsque les machines n'étaient plus
approvisionnées ,les tisserands criaient alors ,ils s’époumonaient
comme des furias ,car ils étaient payés au rendement ils n'avaient
d'autre choix que de s'en prendre à leurs aides ou aux rameurs,ils
s'en prenaient rarement au ciel.
COMA
L'usine
était immense, à la fois lumineuse blanche et sale ( elle était
éclairée par des centaines de néons ) les murs étaient couvert
d'un duvets de coton fin et léger; les métiers à tisser étaient
serrés les uns contre les autres comme des insectes prédateurs ,on
avait l'impression d'avoir devant soi de grande cigales faisant
vibrer leurs ailes du matin jusqu'au soir .Pour parler il fallait
communiquer par gestes ;utiliser le langage des signes pour se faire
comprendre ,gesticuler au travers du Buggy-Buggy ardent des machines
qui dévalaient à un rythme syncopé .L'effet kinesthésique du
bruit,accélérait mon pouls.Dans cet univers infernal je me suis
rapidement dédoublé,j'avais l'impression de nager dans une grande
mer de plomb qui était agitée par un mouvement continuel ;un homme
criait brutalement pour me réveiller ,il m'interpellait;c'est à
moi qu'il s'adressait,il criait dans ma direction ,il me faisait de
grands signes en me montrant une machine dont l'ampoule était
rouge ,il était énervé ,la machine allait bientôt s'arrêter;je
sortait de mon rêve de chloroforme et je me précipitais comme un
automate,en poussant ma charrette pleine de bobines devant moi .Les
premiers temps, j'avais l'impression que je ne parviendrais jamais
à venir à bout de cette course physique que m'imposaient les
machines;elles dévoraient tout ma va vite à la va vite avec
avidité.Avec le temps je me suis habitué ,il me sembla même voir
le temps qui ralentissait,je goûtais alors pendant quelques
instants qui étaient ineffables à la sensation bienheureuse de
marcher comme un Christ doué de pouvoirs surnaturels sur une
gigantesque mer en furie. J'avais l'impression d'avoir lié ma vie à
un démon qui tentait de faire pression sur ma raison pour la faire
plier ,c'était le début de mon séjour dans les enfers de la
société des hommes ,je venais de réaliser que le paradis sur terre
était un leurre. Les stridulations mécaniques des cigales emplissaient les premiers temps vingt quatre heures sur vingt quatre
mon cerveau même quand j'étais sorti de l'usine j’entendais
résonner le bruit strident de leurs ailes de fer ,elles hantaient
mon sommeil . Pour échapper à leur chant infernal, je plantais des
boules de cire dans mes oreilles et même une fois rentré à la
maison j'entendais résonner leur chant affreux.Mes boules de cire
étaient devenu pour moi le symbole d'Icare leur vue me rappelait que
je volais dans un ciel en apparence paisible lorsque je les
plantaient dans mes oreilles ,mais si je les retiraient je me
rapprochais du soleil,et le soleil me brûlais les tympans,il me
faisait chuter instantanément dans les affres de l'enfer mécanique
ou la destiné m'avait jeté.
IL
AVAIT UN DOUBLE
En
rentrant à la maison ,le plus souvent il peignait et dessinait,
consacrait son temps à des rêveries,il s'était inscrit à des
cours de peinture par correspondance et bientôt ceux ci l’absorbèrent assez pour lui faire oublier les heures infernales
passées à l'usine .Sa vie s'était mis petit à petit à prendre
une autre dimension poussée par la nécessité impérieuse qu'il
avait de vouloir s'échapper du trou sans fond dans laquelle il
s'était fourré ,il avait érigé en lui un autre monde ,il s'était
inventé un double ;une autre vie prenait forme à l'intérieur de
lui.Son double avait un nom,il s'appelait Saint Jean.
(26)
VINGT ET UNIÈME FRAGMENT
CONSTAT DU NARRATEUR
Un simple brevet Sportif ma amené à
tirer le fil de la vie de mon alter ego St Jean dans le sens que
l'on a pu voir ; je me fais un peu l'effet à travers ces images
distordues d’être le voleur de ma vie passée .j'ai le sentiment avec
la distance que ma mémoire à jetée sur moi " la vie d'un
autre". Car comment être sûr que ma vision du passé n'est pas
un peu trafiquée.La distance du temps s'emploie à déformer les
émotions;les sensations et les images du monde ancien , sont
toujours présentent en moi,mais elles sont parfois atténuées
déformées d'autres fois exagérées où peut être même
artificialisées;le filtre même de la langue que j'emploie,torture
mes souvenirs avec des images contradictoires ,il semble même
parfois qu'elle a tout mythifié ,la langue ma toujours joué des
tours ,et je me doute qu'ici même elle en rajoute dans ma mémoire
.Je revois des monceaux d'images et des monceaux d'émotions qui
ont toutes à voir avec ma vie passé,mais elles me font rentrer
dans un espace nouveau que ma mémoire à aménagée ,afin de les
installer dans un projet de roman un peu mythique ,roman devenu à
mon insu la traduction presque surréaliste de ma vie véritable.Me
reviens en mémoire une phrase que j'avais noté dans mes carnets-La
littérature permet de se venger de la réalité en l'asservissant à
la fiction-.Tiré sans doute des
mémoires d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir,p.48 que je
lisais à l'époque de la rédaction de mon roman.
LES VÉRITÉS ET LES MENSONGES
Sans doute mon Héros Saint Jean ne dit
pas toute la vérité sur lui même ,il en dit seulement une
partie,celle que ma mémoire à bien voulu retenir,et celle que les
récits ampoulés de mon imagination ma transmit .Je dois lui
reconnaître à ce héros malgré tout une part de vertu,il m'oblige
à me replonger dans la mer lancinante mystérieuse et oppressante
parfois de mes souvenirs et à en faire le tri. Que montre ce héros
?. Montre t'il ma vie?. Ce héros que j'ai fabriqué pour mettre mes
vies anciennes à distance de moi ,m'offre t'il vraiment des
garanties d'authenticité?. Serait t'elle plus véridique ma vie si
je l'avais fait réciter par un autre ,par un narrateur de génie qui
la rendrait encore plus admirable,plus convaincante plus romanesque
plus vrai que nature .La vérité se tient elle uniquement dans l'art
de dire ?. Est ce que la vérité à besoin des mensonges de la
littérature,pour mieux apparaître,pour être plus vraie, plus
authentique,plus prêt de la vérité.Je dois avouer que je ne sais
plus quoi penser en voyant apparaitre mes récits qui dévalent ici
comme des pierres folles lancées du haut d'une pente;c'est bien moi
pourtant l'auteur de ces mémoires ,je suis aujourd'hui infiniment
troublé ,car j'aperçois dans le reflet tremblant de mes souvenirs
des mondes que j'avais presque oubliés ,des mondes dont
l'empreinte et le souvenir s'accrochent à moi comme des ventouses
.Oui c'est bien moi l'auteur de ces récits,oui c'est bien moi qui
raconte les histoires fantasmées de ma vie ,de ma vie de poète
égaré,les nerfs à vif,le cœur saignant le cœur qui pend
suspendu pour l'éternité au milieu du monde des humains,oui c'est
bien moi certes !Mais c'est aussi probablement un autre que moi ,un
autre que moi qui écrit ces mémoires..Cet autre moi est il plus
vrai,plus légitime que moi pour les écrirent!. Qu’à t'il de plus
que moi?.
_______________________________________________________________________________
HIER J'AI RETROUVE GRIBOUILLE SUR UNE FEUILLE QUELQUES NOTE QUE J'AVAIS PRIS EN VUE DE LA POURSUITE DE CES ÉCRITS .
ARCHÉOLOGIE D'UNE VIE ANCIENNE
Je
voudrais explorer ces mémoires (ma vie) comme on explore un
nouveau continent.
Les
traces laissées par le passé me renvoient presque automatiquement à
des redites (sur ma vie).
Je
suis souvent peiné de voir que la mémoire me fait défaut.
Je
voudrais écrire un texte différent sur maman ,ça s’appellera-Une jeune fille de vingt ans- J'ai déjà réalisé la maquette à
partir d'une photo d'elle à vingt ans que j'ai retrouvé dans mes
archives,mais je n'ai pas encore la gnaque pour entreprendre le
récit.J'ai commencé par écrire un premier texte raturé que j'ai
intitulé -Lore une jeune fille bien à tous égards.-
Une
photo du projet:(6)
UN ROMAN POST-MODERNE SUITE.
En temps normal je dois faire beaucoup d' efforts pour
me souvenir ,puis soudain parce qu'un simple indice à surgit,
souvent une simple photo, ma mémoire se met à ressurgir et à
revivre; je me retrouve alors bientôt propulsé dans un univers aux
dimensions fantastiques,mon imagination me porte au romanesque et
m'exalte ,comme j'ai le goût du travestissement ,j'aime amplifier
mes émotions; l'idée de revivre ma vie sous des formes fictives me
plaît assez,car j'ai la sensation de le revivre deux fois.C'est sans
doute aussi pourquoi j'ai crée ce personne fictif Saint Jean;
personne irréelle dans mes souvenirs,pourtant cet être fictif rend
visible une partie importante de ma vie qui se serait probablement
envolée sans lui ,il y a donc dans cette entité qui me personnifie
une décharge émotionnelle et affective qui comble une partie du
souvenir indifférencié que j'ai gardé de ma vie d'hier ,lorsque
je m'efforces de m'en souvenir.Il y a peut être plus de vérité
dans ce personnage de fiction que représente Saint Jean que dans
l'être supposé réel que j'étais hier;l'être éternel irréel
caché que j'étais hier à trouvé un corps et une âme grâce à
lui.Mais la narration de ma vie est tellement
incertaine que ce serait vain encore aujourd'hui,de tenter de trouver
une réponse unique à toutes les questions que je me pose toujours
sur la part de vérité authentique que j'aimerais faire émerger
dans ces mémoires .Question un peu con d'ailleurs,car les pièces du
puzzle que constituent ma vie s'assemblent dans ces récits comme des
objets trouvés ,je ne parviens pas à les organiser d'une façon
consciente et réfléchie,je peine souvent à identifier l'origine
ultime de mes pensées et de mes souvenirs.Les récits de ma vie sont
disposés dans un ordre précis assez cohérents,mais ils
appartiennent à une logique qui vient d'ailleurs et qui me
dépasse;ma vie comme celles de toutes les être humains j'imagine
est construite selon un ordre qui leur échappent.Lorsqu'ils croyons
être les maîtres,de notre vie,elle s'arrange toujours pour nous
contredire et surtout pour nous dissuader de faire les fiers,car il y
a toujours une petite chose qui vient troubler le tableau glorieux
que nous avons dessiné de nous ;car la vie lorsqu'elle s'offre à
nous toute nue,est toujours un peu troublante et disgracieuse,elle
vient s'interposer sans cesse entre les faits que nous avons placés
dans la mémoire et la réalité ;entre l'idée géniale qui nous
avons de nous et le monde réel il y a toujours un fossé;nous avons
rarement assez de poigne et de courage pour l'affronter de face sans
nous débiner.Les êtres humains espèce à laquelle j'appartiens est
une espèce qui a su s'organiser pour coloniser la moindre parcelle
de l'espace disponible sur terre,en éliminant sans scrupule les
autres espèces quand c'était nécessaire n'y a pas de raison que ça
s'arrête du jour au lendemain ,pas de raison non plus pour que cette espèce devienne plus raisonnable;elle semble obéir comme
beaucoup d'autres espèces à un instinct profond de survie,mais
cette espèce à su avec le développement en plus sophistiquées de
ses techniques de prédation occuper des espaces de plus en plus
éloignés de ses capacité exploratoires originelles ,elle en abuse
d'une façon tellement insensée que les âmes éclaires de cette
espèce semble lui réservé un sort funeste.Mais qui se soucie
réellement du sort de la planète que nous occupons.?..A part
quelques utopistes et quelques savants,où des mémorialistes de
passage perdu dans la forêt des mots,qui s'insurgent contre le
massacre des espèces,la destruction des fonds océaniques ,le viol
des insurgés ,leur ensevelissement sous les bombes chimiques lancés
par des tyrans modernes.Les tyrans se cachent derrière leur
appartenance à l'espèce d'humain ,pour justifier leurs actes
barbares.Ils ont bien raison l'espèce humaine est un danger pour
elle même et pour la planète entière .Comment allons nous faire
pour survivre dans ces conditions quelques années
supplémentaires?. Pas d'espoir,sauf celui de croire en un gigantesque
pari ;un pari sur l'avenir.Nous devons réussir à contenir nos aveuglements et à réfréner notre incroyable prétention à la
domination.Seule une morale nouvelle qui invente de nouvelles
stratégies de comportement pourra nous y aider . C'est la tâche à
laquelle chacun d'entre nous devrait s'attaquer.Même comme nous
reculons instinctivement devant l'immensité sans borne de cette
tâche,le mieux que nous pouvons faire avec nos faibles moyens c'est
d'organiser avec simplicité l'ordre des priorités que nous tiens à
coeur dans cette vie;un homme bien dans sa peau en vaut dix qui sont
emportés par la folie ;le mieux en priorité c'est de balayer devant
sa porte ,pour voir plus clair le reste viendra suffisamment en son
temps pour nous occuper l'esprit .Restons calme tout d'abords!.
UN
ROMAN POST -MODERNE
DEUXIÈME PARTIE
LES ÉCRITS OPUSCULE II
ARCHIVES
Suite
de mon roman.
DÉTOURS
ST
Jean le héros fictif et réel de ces mémoires dont j'ai commencé
par raconter les aventures dans un premier opuscule.Saint Jean
avait entre seize et dix sept ans lorsqu'il a reçu un document qui
stipulait qu'il avait été nommé -relayeur- .Ce document datée de
Décembre 1964 – Janvier 65 nous indique qu'il franchissait avec
régularité les épreuves nécessaires pour accéder plus tard au
grade de tisserand.Il travaillait dans une usine textile à cette
époque;dans l'image du rameur on peu imaginer un homme
assis dans une barque en train de ramer pour faire avancer la
barque ; en réalité, je l'ai déjà montré auparavant il faut voir
dans le rameur textile non seulement un homme qui rame pour
avancer,mais aussi un homme qui rame pour assurer sa survie dans un
univers hostile.Au milieu de l'enfer textile ou il vivait (dans son
imagination,car ici tout est pétris par l'imagination) Saint Jean
vivais dans l'enfer ;pour ne pas
sombrer ,il s'était donné une vie originale ;une vie entièrement
différente de celle que le sort avait dressé entre lui et ses
désirs ;lorsqu'il ouvrait les yeux ,il avait devant lui un univers
de fous furieux ,des humains qui s’affairaient à des tâches qu'il
trouvait compliquées et absurdes.Lorsque il observait son père ,sa mère et le monde de laborieux qui s’affairait autour de lui,il ne
désirait qu'une chose,c'était s'affranchir de ce monde et s'enfuir
en courant.Il avait décelé en lui malgré le sort qui lui semblait
contraire des marques originales qui lui faisaient croire que sa
destinée logeait ailleurs.Il parvenait à s'extraire de la laideur
du monde grâce à ses facultés à s'en détacher. Il recomposait sa
vie jour après jours à travers le voile héroïque de ses rêves
;il aspirait avec une grande obstination à une sorte de paradis
imaginaire.Même si il était plus qu'incertain qu'il puisse
l'atteindre un jour ,il s'obstinait à le peindre dans sa tête .Ces
rêverie lui étaient nécessaires elles l'aidaient à survivre.Elle
indiquaient aussi sa nature profonde,Saint Jean était un être
passionné irrationnel et pour certain même un être un peu toqué.
ARCHIVES
-SUITE
J'ai
retrouvé récemment dans mes archives perso,un document qui
m'invite à penser que celui que j'appelle St Jean n'avait pas
toujours eu pour seule ambition d'être uniquement un rêveur à plein
temps,où plus exactement d'être cette chose bizarre qu'on appelle
"un artiste" même s'il gardait toujours au fond de lui
cette puissante perspective. D'après ce document, que j'ai sous
les yeux ,(une inscription à des cours de droit par correspondance)
j'ai tout lieu de croire que Saint Jean vers ses dix sept ans ,c'est
à dire quelques années lointaines après sa rentrée à l'usine
;s'était vu ou imaginé en autre chose qu'en rêveur .Il s'était
imaginé qu'il pouvait aussi bien que n'importe qui devenir
quelqu'un d'autre ,il s'était réveillé un matin en se disant qu'il
devait sortir immédiatement de sa condition de travailleur manuel
,et que la seule façon pour y arriver ,c'était de faire comme
A.Lincoln le premier président des États Unis,qu'il admirait en
secret après avoir lu l'histoire de sa vie ;il avait décidé de
devenir avocat comme lui.Ce grand Américain était autodidacte après
avoir effectué divers métiers ,commis épicier, employé des
poste,mais aussi engagé volontaire dans la guerre contre les
amérindiens ,il était devenu avocat itinérant .Toujours prompte à
s'enflammer Saint Jean dont l'imagination débordait s'était fixée
sur l'idée qu'il pourrait faire la même chose .Il avait imaginé de
passer l'examen de rentrée en fac qu'il croyait facile à, atteindre
et s'est mis en tête de passer une licence de droit,il se voyait
propulsé en grand homme défenseur héroïque des causes perdues
,car il ne pouvait pas s'imaginer autrement qu'en grand. Comme il ne
possédait pas le baccalauréat il devait passer l'épreuve
d'admission des candidats non bacheliers dans les facultés de droit.
Il s'était inscrit sur un coup de tête à des cours qui y
préparaient ,c'était ce document que j'avais retrouvé incidemment
en feuilletant et en fouillant dans mes archives.Je me souviens à
peine parce-que sans doute mon esprit l'avait refoulé au plus profond
de moi,de la déception qu'il avait reçu en feuilletant le programme héroïque des cours proposés par les postulants à cette
fonction;tout ça était édité par un centre national d'études
par correspondances .L'examen contenait une série d'épreuves
éliminatoires dont celle du latin et celle des mathématiques
matières que Saint Jean n'avait jamais étudié et qui lui parurent
impossible à rattraper tant son retard dans ce domaine était grand
.Il avait cru
pouvoir devenir facilement un nouvel héros des temps moderne ;être
un self made man devenir avocat ne faire qu'une bouchée des épreuves
qu'on dressaient sur sa route il l'avait imaginé tout cela dans des
postures héroïques décalées qui s'inscrivaient dans le cadre d'un
roman fantaisiste qui naviguait perpétuellement dans sa tête;tout
cela s’effondrait d'un seul coup.St Jean renonça aussi vite qu'il
l'avait envisagé à cette perspective Dantesque égaler
Lincoln.Apprendre le latin et les mathématiques,c'était au dessus
de ses forces,surtout cela lui paraissait complétement inutile ; il
repoussa loin de lui l'idée de devenir avocat ; il retomba dans ses
rêveries,sans doute profondément déçu de ne pas être le grand
homme dont il avait rêvé.Il retourna à ses chères études
personnelles qui consistaient surtout en la lecture des auteurs qu'il
aimait en rêveries ininterrompues et en projets d'écritures
flamboyants .Ces échecs répétés face à ses tentatives pour
s'extraire de son milieu le renforçais dans le sentiment d'être
quelqu'un d'extérieur au système,d'être quelqu'un de totalement à
part ; il prenait conscience qu'une partie de sa vie était si
singulièrement marginale par rapport aux figures magistrales que la
société avait désigné comme héros ,où comme bon élève pour
faire partie des élites,qu'il n'avait d'autre recours que de
continuer seul sa route .Il ne trouvait pas dans le miroir que lui
tendait son époque des figures assez convaincantes avec lesquelles il
puisse s'identifier ;il n'avait d'autre choix par conséquent que de
marcher en solitaire dans la direction mystérieuse que lui montrait
la destinée .Comme il était têtu il refusait d'accepter le coup du
sort qui l'avait jeté vivant dans cette mélasse .Son avenir lui
paraissait pour tout dire totalement incertaine,mais il serrait les
dents et tenait bon.Ce qu'il avait apprit se limitait uniquement à
ses passions; il avait une intelligence vive et acérée ,mais il y
avait d'énorme défaillances dans son cursus.Il était
inapte à intégrer un système aussi hiérarchisé que le système
d'enseignement vertical à la française ;il devenait ce faisant
presque marginal à son corps défendant ; comme il n’avait jamais
rêvé d'être que lui même il devint bientôt -un marginal dans
l'âme-;la destinée l'avait acculé à le devenir un dissident,il
devait relever le défi.Tout ça c'était avant qu'il se mette à
analyser sa vie à travers le regard critique et l'intelligence
abrupte de Marx .Il développa bientôt en lui dans ces années
difficiles une part de rébellion qui le rendait hostile à toutes
les entreprises de façonnage des individus par la société.Il se
rendait compte qu'il était un cas à part,et que c'était contre
toute attente un choix qu'il devait assumer puisque dans son enfance
il rêvait d'une toute autre vie;il réalisa qu'il devait gérer sa
vie en tenant compte de cette étrange particularité,qui lui
faisait voir le monde d'une façon décalée excentrée et hostile
.Il se demandait d'où lui venait le sentiment de grande solitude qui
le prenait parfois à revers,c'est qu'il n'avait pas imaginé durant
sa tendre enfance qu'il devrait affronter un jour la vie en héros
solitaire il n'avait pas imaginé qu'on puisse le devenir sauf en
imagination et l'imagination est trompeuse ,il n'avait à présent
d'autres ressources que de marcher pendant de longues heures dans la
nature pour apaiser son tourment ,car il trouvait au contact de la
nature un réel réconfort ,elle lui offrait ses bras,elle
l'apaisait.C'est de cette période,que date sans doute sa passion
pour les grandes marches en solitaire. Il trouvait un plaisir dans le
simple fait de marcher ,il avait besoin de ce grand corps à corps
physique avec les choses vraies du monde réel, ses marches répétées
l’avaient sauvées plus d’une fois de la turpitude de ses
désarrois de son stress émotionnel ;elles lui avaient fait
découvrir l'extase intemporel qu'il y avait à s'abandonner à la
douceur de la marche accompagnée par le tangage de ses propres
soliloques dissimulés sous quelques rêveries .Dans ces moments il
se trouvait des affinités réelles avec Jean Jacques.C'est pourquoi
il lui arrivait souvent de relire des passages des rêveries,il
serrait ces textes précieux contre lui.-J'ai
pensé quelquefois assez profondément;mais rarement avec
plaisir,presque toujours contre mon gré et comme par force:la
rêverie me délasse et m'amuse,la réflexion me fatigue et
m'attriste;penser fut toujours pour moi une occupation pénible et
sans charme.Quelquefois mes rêveries finissent par la
méditation,mais plus souvent mes méditations finissent par la
rêverie,et durant ces égarements mon âme erre et plane dans
l'univers sur les ailes de l'imagination,dans des extases qui passent
toute autre jouissance.(Rousseau.Les rêveries du promeneur
solitaire.Septième promenade.)-Il
se disait que Jean Jacques pensait comme lui ;il aurait très bien
pu être lui dans une autre vie on n'aurait pas fait la différence
car il sentait les choses exactement comme lui ,avec la même
douceur, la même hardiesse,avec la même forme d'intelligence acérée
;c'était dans les écarts de la pensée de Rousseau qu'il se
retrouvait le mieux;Rousseau était devenu son compagnon de rêveries
.Jean Jacques transverbérait dans ses écrits les troubles de son âme
à lui ;il l'aidait à traverser les obstacles qu'une société
hostile avait dressée sur sa route ;c'était un ange protecteur qui
marchait à ses côtés.
UN
NOUVEAU FRAGMENT DE MÉMOIRE.LE VINGT DEUXIÈME DANS L'ORDRE DES RÉCITS.
ZOOM
SUR L'ABIME DE SA VINDICTE
L'époque
dont je parle n'est pas si lointaine même si elle paraît très
éloigné de ma vie actuelle .Elle paraîtra moins éloignée si on
la regarde à travers les pensées de notre héros qui n'apercevait
les choses qu'à travers les images d'un passé encore plus
lointain.Les héros qu'il admirait vers ses quinze ans appartenaient
tous plus ou moins à ceux que l'histoire de France avait glorifiés
;les héros littéraires qu'il admirait étaient d'une autre
époque.Montaigne,Rousseau,Chateaubriand , et plus tard Proust
appartenaient sans doute sans qu'il le voit à une image romantique
de la France.Ils incarnaient une pensée et des façon de voir qui
étaient aux antipodes de celle que prônait la France
institutionnelle,qui lui paraissait opposée pour l'essentiel à ces
êtres exceptionnels .C'était un paradoxe que nourrissait ce pays,il
récupérait des héros qui s’éloignaient de ces propres manières de
penser .Les héros que saint Jean admirait incarnaient une idée de
la France qu'on avait vu disparaître depuis longtemps dans les
oubliettes de l'histoire ;on glorifiais toujours leur écrits ,mais
on s'arrangeait toujours pour masquer la dynamique de leur pensée,qui
si elle était réactualisée aurait sans doute mis en porte à faux
les élites institutionnelles qui se nourrissaient de leurs
idées,pourtant ces génies français étaient au fond rebelles à
toutes formes de récupération institutionnelle;la plupart étaient
des libres penseurs .Au final ce que les élites politiciennes du
pays savaient faire de mieux c'était uniquement de récupérer le
génie des êtres exceptionnels qui avaient traversés la France
pour enseigner la liberté de penser et critiquer ;les nouvelles
classes régnantes détournaient à leur profit pour des raison
purement utilitaires ou politiciennes les enseignements de ces
êtres idéaux qui avaient su éléver le génie français au dessus
des lois hypocrites du déterminisme .A l'époque où saint Jean se
débattait comme un diable au milieu de ses métiers à tisser ,il
serrait contre son âme les écrits subversifs de Rousseau ceux de
Voltaire où ceux de Montaigne ;il luttait à sa manière contre les
enseignements du déterminisme historique qui continuaient à se
perpétrer à travers les discours hypocrite des politiciens et des
élites autoproclamée que la France ultra conservatrice alimentait à
prix d'or pour garantir la paix sociale et les droits inaliénables
d'une nouvelle caste de privilégiés.Outre, l'admiration
qu'il vouait aux grands peintres Michel Ange,Rembrandt ,Le Grégo
,Delacroix ;il revoyait périodiquement les grands hommes d'action
qui avaient influencé sa jeunesse, Saint-Just ,Robespierre ,Danton
;ou Bakounine ,Marx Lénine qui viendraient plus tard faisaient
partie de la même famille;c'est pourquoi les images des hommes
politiques français qu'il voyaient en noir et blanc à la
télévision lui faisait une pénible impression de renoncement ;ils
lui semblaient perpétuer l'image d'un monde figé dans des
cérémonials suspects ,il n'incarnaient pas les symboles romantiques révolutionnaires et subversifs qu'il admirait tant;le monde de son
époque ne semblait pas engendrer des héros aux dimensions aussi
mythiques que ceux du passé,il ne trouvait pas dans le présent des
héros qui fussent à la hauteur de ceux d'hier .Quelques années
plus tard,lorsque de nouveaux héros révolutionnaires surgissent
sur la scène politique mondiale,il fût surpris de les voir
apparaitre au grand jour;il se mis à les admirer avec sincérité,ils
surgirent sans crier gare dans les replis de l'histoire qui
surgissait à cuba où en Chine Il leur trouva des apparentement avec
ses héros du passé.Lorsqu'il n'était pas plongé dans ses
révoltes,il redevenait un être solitaire plongé dans de
délicieuses rêveries,ses révoltes contre la société revêtaient
toujours un caractère fugace.Ce que je montre de lui,c'est aussi
peut être une image brouillée qui me reviens d'un passé trop
lointain pour que je puisse vraiment lui accorder une réelle
importance ,hier j'étais peut être moins pétri de colère que je
m'imagine,une certaine forme de grâce bordait ma route ,j'étais
encore sensible aux chant des sirènes ,il me semble que mes révoltes s’apaisaient vite au contact des entités sublimes qui logeaient
dans mes livres.Mes révoltes mes vindictes sont peut être plus
vives aujourd'hui,car j'ai cessé de croire avec autant d'intensité
qu'hier aux beautés extraordinaires qui s’élevaient au dessus
des pages de mes livres;j'ai appris à me méfier de moi même ,j'ai
trop rêvé de mondes aux beautés singulières pour ne pas me faire
reproche constamment d'avoir été trop naïf.Aujourd'hui mon caractère devenu un peu plus cyclothymique,me joue plus de tours;
je m'enthousiasme moins fréquemment pour la beauté des choses,je
suis devenu plus sujet aux caprices de mes pensées toujours aussi,
promptes à bondir au gré des événements,elles s'égarent et
m'égarent dans des lieux que je trouve certains jours de plus en
plus sombres.C'est tout juste si je me souviens qu'à mes vingt ans
j'avais un maître à penser qui cultivait l'hédonisme .Nous nous
souviendrons (il murmurait cela
à mon oreille) des auteurs qui nous ont donné de la
joie,plus longtemps que ceux qui nous ont fait penser- Il
ajoutait-Je ne cesse de penser
à ma santé vraiment magnifique. Quand je dis "santé",je
veux dire optimisme . J'ai toujours un pieds dans le XIX e siècle.Je
retarde un peu comme tous les américains.Mon
maître à penser à mes vingt ans était américain,il s'appelait
Henry Miller.En le voyant se tordre les cotes de rire à mes côtés
j'ai sacrément 'impression d'avoir viré de bords,je ne me reconnait
plus,je dût ployer l'échine sans m'en apercevoir,devenir un vieux
con malgré moi.Un pessimisme stupide s'est implanté dans mes
plantes bandes;je dois me sauver ,sortir de cette mauvaise passe.Je
dois me relever. .Me plonger dans mes meilleurs
souvenirs retrouver toute ma vigueur et la fraîcheur qui m'oblige à
contempler le monde avec les yeux d'un autre.Je ne suis pas le
pessimiste que j'imagine,il y a des forces négatives qui m'empêche
de voir le monde avec l’œil transparent du poète ,cet œil je l'ai
toujours gardé en moi ,je dois le faire revenir.
SUITE DE MA VIE ANCIENNE.
Je me souviens un
jour,vers mes seize ans j'avais été surpris de trouver certaines
concordances entre mes idées et celles de jeunes gens à la mine
révolté;je les avaient croisé dans la librairies d'une ville où
il j'allais régulièrement pour m'approvisionner en livres;ils
étaient vêtus d'une façon bizarre excentrique et un peu
provocatrice ;leur tenue vestimentaire détonnait au sein du paysage
,c'était des rebelles,qui affichaient leur révolte à travers leurs
tenues ,ils faisaient tâche dans cette ville de province marquée
par une sclérose de bon teint ,à cause d'un usage ultra
conservateur des conventions sociales ,rien ne devait éclater au
grand jour qui puisse perturber l'ordre visuel monotone de cette
ville de province ;je venais de constater avec surprise à cette
occasion que je n'étais pas seul à penser en rebelle ;je voyais
éclater à travers les tenues provocantes des jeunes gens qui
étaient presque du même âge que moi ,une manière de penser
similaire à la mienne ;quelque part nous étions semblable,eux et
moi étions en révolte contre l'ordre établit.Moi je me cachais ,je
ne voulais pas afficher directement ma différence,je la gardais
secrète,elle se dissimulait en moi.Je ne sais plus si c'est parce-que
je trouvais plus héroïque de garder secrète cette différence que
de la montrer où si c'était par timidité que je refusais de
l'afficher.Intérieurement j'étais un rebelle qui cultivais en secret
une forme de libre pensée , tout cela se passait dans les espaces en
ébullition de mon être intérieur .Cette différence faisait ma
fierté,je la cultivais avec soin ,je n'avais pas besoin de la faire
résonner à travers ma tenue vestimentaire .J'avais bien aimé la
tenue vestimentaire provocante et négligée de ces jeunes gens
,j'admirais leur coupe de cheveux anarchique et ,leurs façons de
marcher déglinguée ,leur façons de faire moité hommes moité
femme qui annonçaient un mode de vie contestataire très proche de
celui qui allait devenir la norme quotidienne quelques années plus
tard ,la norme hippie .Mais à cette époque en France la mode hippie
était encore barbare et disgracieuse ;c'était la vague yéyé qui
venait de déferler sur la France qui tenait le haut du pavé .Cette
vague qui est apparue au début des années soixante n'avait presque
pas eu d'emprise sur moi,j'étais trop occupé par l'exploration de
mes continents intérieurs pour lui prêter beaucoup d'attention
,j'avais observé sa déferlante à travers la télévision et à
travers les magazines que recevait mon frère un peu plus âgé que
moi,mais elle me touchait peu.Pourtant je me suis vu un jour ,cédé
à l'engouement pour le twist ,je me suis entrainé quelques temps
devant la glace de ma chambre pour regarder mon jeu de jambe,c'était
peut être pour séduire une jeune fille que j'avais basculé d'une
façon aussi rapide dans cette mode,j'avais dû oublier pendant
quelques temps mes chères études pour me lancer à la conquête de
cet univers en vogue,comme je ne me souviens ni du visage de la
jeune fille ni du pourquoi de mon engouement je dois renoncer à y
trouver une explication.La seule chose dont je me souviens,c'était
qu'un jour dans une fête de patronage j'avais obtenu le premier
prix pour un concours de twist,la jeune fille avec qui j'avais dansé
n'avait pas un visage connu,c'était une passante ,c'était pourtant
la preuve qu'à un moment de mon existence je me suis s'était laissé
entrainé par la mode furieuse qui planait au dessus des années soixante . Les images de cette époque ne semblent pas avoir eu de
prise réelle sur moi ;elles comportaient pourtant une multitudes
d'événements historiques et une multitude de choses captivantes
tous plus extraordinaire et plus invraisemblables les unes que les
autres.J'étais sans doute amnésique ,car mon cerveau ne semblait
pas les avoir perçu.Je restais la plupart du temps confiné dans le
monde de mes rêves et de mes ambitions secrètes qui se plaçaient
toujours ailleurs ,soit dans la peinture,soit dans l'écriture;je me
sentais éloigné des réalités du monde .Mais certains jours je
m'en souviens je me forçais à sortir de mon isolement,je ne voulais
pas rester passif devant les injustices du monde je retrouvais une
volonté d'agir qui était dans le droit fil des enseignements
dispensés par Pascal dans les réunions de la joc ,que je continuais
à suivre malgré ma sortie de l'église. Les événements qui
formaient l'histoire du monde ne m'atteignaient pas avec une extrême
intensité qu'aujourd'hui ;c'est seulement maintenant que je
redécouvre la teneur de certains événements qui ont marqués
l'histoire des hommes .Comme le monde ne s'inquiétait peu de mon
sort,je m'inquiétais peu du sien . C'est seulement après un long
vertige qui ma fait remonter le monde antique de mes souvenirs que
j'ai commencé à m'intéresser aux événements du monde qui tournaient autour de moi à cette époque.Ainsi en 1963,lorsque je
trimais dans mon usine,si je lisais les mémoires d'outre tombe de
Chateaubriand ,c'était pour m'échapper;je voulais m'échapper
,c'est sans doute pourquoi j'avais occulté le fait que Valentina
Terechkova était cette années là ,la première femme à être allé
voyager dans l'espace dans une capsule spatiale ;la fermeture de la
prison d'Alcatraz ne m'avait pas ému,c'était trop loin de mes
préoccupations ;les morts D’Édith Piaf et de Jean Cocteau ne
m'avaient pas attristées,ces événements singuliers n'avaient pas
eut prise sur moi ,ces êtres exceptionnels n'avaient pas imprimés
ma mémoire ;le Hold-up du siècle ,celui du train postal Glasgow
Londres , m'avait fait rêvé plusieurs jours certainement ,car
j'adorais les histoire de bandits ,mais aujourd'hui ne ne m'en
souvenais plus ;la création du premier téléphone rouge entre
Washington et Moscou m'était passé par dessus la tête ,de même
que l'élection du Général de Gaule à la présidence de la
république;ces événement avaient fait le tour des médias de
l'époque ,mais je m'en fichais.En 1964,à mes seize ans ,je
n'avais pas retenu comme un fait important ,le fait que Rauschenberg
ait obtenu le premier prix de la Biennale de Venise ,c'était
dommage,car ce peintre deviendra quelques années plus tard vers
mes trente ans une de mes figure artistique préférée ;la création
de la république du Zanzibar cette même années n'a pas vraiment
retenu mon attention pas ;pourtant l'ile aux épices comme elle se
faisait appeler à hanté à plusieurs reprise ma psyché lorsque
vers mes quarante ans ,m''étant de nouveau entiché de Rimbaud,je
parcourais en imagination avec lui lorsqu'il vivait à Aden les
plages de sable blanc et les eaux turquoises de l'ile que le poète
rêvait de visiter alors qu'il vacillait sous le soleil d'Aden -On
étouffe à Aden- ( Aden 1885 -une
lettre).Aden il me semble Rimbaud ne la jamais visité . Rimbaud
était un immense rêveur,un rêveur déguisé en génie pour
complaire à la postérité ,la république des lettre adore les
martyrs qui redonne à son blason une couleur prodigieuse ,sans eux
la poésie n'existerait pas avec autant d'intensité .La société
française des années soixante que j'explore avec plus de cinquante
années de recul me paraissait impersonnelle et distante à
l'époque de mes seize ans ;elle contenait pourtant assez
d'événements fantastiques héroïques et captivants ,pour que je
puisse en faire un roman d'aventure à dimension épique ;mais
c'était normal , je me déplaçais dans cette époque sans pouvoir
imaginer un seul instant que je puisse un jour y jouer un rôle et
surtout un rôle héroïque J'étais incapable d'imaginer mon futur
;j'étais emmuré dans mes songes.Mon héros tel que je le vois
aujourd'hui dans mon roman nageait enfiévré au milieu d'un océan
de labeur; il nageait au milieu du monde dans l'espace peut être
artificiel de ma psyché ,puisqu'au final mon roman n'est peut être
avec la distance du temps qu'une reconstitution artificielle de mon
passée ;un création artificielle de mon esprit.Quand je dis
aujourd'hui qu'il ne voyait pas luire en lui de grandes espérances
,je peu aussi bien me tromper,car j'ai presque oublié les grandes
émotions qui le traversaient ,les grands moment de joie les moments
de douceur et de fébrilité qui envahissaient son être au début du
jour et ceux qui recouvraient ses pensées à la tombée de la
nuit.J'étais comme immergé dans la caverne de mon être
intérieur.Elle avait beaucoup de ressemblances avec celle de Platon.
«Figure-toi , écrit Platon, des
hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur
toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces
hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés,
de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux,
la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière
leur vient d’un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière
eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée :
imagine que le long de cette route est construit un petit mur,
pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent
devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles.
» Platon, La République,livre
VII
RÉFÉRENCE A PLACER EN FIN D'OUVRAGE:http://www.sagesse-marseille.com/lhomme-sage/philosophie-dans-la-vie/le-mythe-de-la-caverne-de-platon.html Le mythe de la Caverne de Platon
L’allégorie de la Caverne, la plus
célèbre de Platon, donne une représentation imagée de l’état
de notre nature relativement à la connaissance et à l’ignorance.
Elle n’a pas seulement une valeur didactique pour tel point
particulier de la philosophie. Elle résume, en fait, la condition
humaine dans son rapport à la connaissance, mais aussi ce qu’est
la dialectique et en quoi consiste la vocation du philosophe dans sa
relation aux autres hommes.
Un jour, un des prisonniers est
conduit à la lumière du jour, et là , il voit les objets
naturels et le soleil tels qu’ils sont réellement. D’abord
aveuglé, il sera, par la suite, heureux de cette connaissance et ne
voudra pas retourner en esclavage. Si par amour pour ses semblables,
il retourne quand même dans la caverne, il n’y distinguera
d’abord que peu de choses, ses yeux s’étant habitués à la
lumière. Puis, il expliquera à ses anciens compagnons l’erreur
qu’ils commettent à prendre pour réalité ce qui n’est
qu’illusion. Mais ils le prendront pour un fou et tenteront de le
punir pour de telles affirmations.
La caverne est le lieu d’un passage,
d’une épreuve, dans le chemin vers la vérité. L’allégorie
de la caverne présente de manière imagée l’ascension
philosophique vers les Idées et vers l’unité. La philosophie est
avant tout une éducation : e-ducere,
c’est « sortir hors de », s’élever hors de la
caverne de son ignorance et de sa dépendance. Elle est quête
d’autonomie intellectuelle. Elle exige d’apprendre à penser par
soi-même, à trouver soi-même les réponses aux questions
fondamentales qui se posent à travers son existence.
Le mérite de Platon est d’avoir
rendu imagée et visuelle cette sortie de l’ignorance que Socrate
avait déjà si bien enseignée. Pour ce dernier en effet, le
premier pas de la philosophie consiste à prendre conscience de son
ignorance, c’est-à-dire de prendre un certain recul par rapport à
ses opinions, ce qui n’est pas chose facile. Dans la pratique, on
constate qu’il n’est pas aussi simple de se défaire de ses
préjugés ou opinions toutes faites. La sortie de la caverne
représente le fait que, lorsqu’on commence à réfléchir, on
prend une certaine distance par rapport à ses opinions et on
apprend à distinguer ce qui est réel de ce qui est apparent ou
illusoire. La méthode de Socrate pour délivrer ses concitoyens de
l’ignorance passait par la pratique du dialogue, c’est-à-dire
la capacité de s’interroger soi-même, avec rigueur et méthode,
pour sortir des faux-semblants et des idées reçues. Le retour dans
la caverne symbolise la confrontation des idées découvertes à
l’expérimentation quotidienne.
Les grands
moment de déprime et de joie qui l'affectaient je ne les revois qu'à
travers le filtre endiablé des souvenirs que je gardais de moi
,lorsque j'étais encore prisonnier de la caverne de mes songes
.Suis je sorti de la caverne?Me suis je libéré de mes songes ?. Mes
songes du présent ont remplacés mes songes d'hier.Je ne me suis
sans doute pas encore libéré de mes songes.J'erre toujours dans la
caverne de Platon (Atenas, 427 - 347 a. C.) j'arpente toujours la
caverne de mes rêves et de mes songes avec la même nonchalante
rigueur, trois mille ans après lui .Que valent les enseignements
des sages si nous ne les réactualisons pas?. Aujourd’hui,il me semble
que je suis toujours aveugle,je ne vois le monde qu'à travers la
caverne obscure de mes songes. C'est pourquoi je décris le monde
d'hier en observant les ombres que me renvoient de lui ma mémoire
devenue gauchie. Nous étions dans une époque incertaine ,les gardes
fous que la société des années soixante avaient érigée pour
empêcher les nouvelles classes intellectuelles de propager leurs
idées révolutionnaires;ces murs étaient en passe de s'effondrer,
les murs ,d'ombres que j'avais placé à l'intérieur de mon esprit
allait bientôt eux aussi se ramasser ;mai 68 approchait à grand
pas, l'heure des bouleversements instantanés arrivait,le triomphe de
la contestation et des idéologies émancipatrices parfois fumeuses
allait s'imposer et bouleverser le rapport que l'homme civilisé (de
l'époque) entretenait avec lui même ;les ombres se répartissaient
différemment sur les murs de la caverne,elles changeaient leur
apparence ,c'est pourquoi j'étais moi même affecté par leur
transformations,je m'apprêtais en les observant à fomenter ma
propre révolution ; dans le palais de ma mémoire je n'aperçois
plus que des ombres nouvelles qui retaillaient l'espace de ma
mémoire et de mes pensées .Je pouvais constater que le visage de
mes héros se modifiait en fonction des saisons.Chaque époque de
l'histoire avait des héros différents ,leurs ombres se projetaient
sur les murs de la caverne en prenant à chaque fois une nouvelle
forme.A travers cette fresque somptueuse surgie d'un livre d'ombre
projeté sur les murs de ma mémoire,je tentais de reconstruire
l'espace mythique de ma propres origine;mais cette origine je la
sentais confuse,car il y avait une multitudes de visages à voir;
j'en admirais plusieurs à la fois et souvent ils étaient
contradictoires,ils ne représentaient pas les mêmes valeurs,ces
visages se déchiraient entre eux et s'affrontaient souvent dans mon
monde secret .Mais quelque part,j'étais aussi affecté par une
grande amnésie ,les héros que j'admirais me semblaient vivre
ailleurs dans un autre monde ,dans un temps différent du mien.Ils
vivaient dans un espace mythique qui les mettaient hors de ma
portée.Ils voyageaient ces héros dans un monde imaginaire qui était
construit par les médias,la télévision,les journaux ,c'était des
héros de fiction.Ces héros qui égaillaient mon séjour dans cette
vie se tenaient très loin de moi.A cette époque les murs devenaient
pourtant chaque jours plus vivants ; je voyais briller à présent
sur leurs parois une lumière qui ressemblait à celle du
jour;certains hommes que j'allais vénérer sans réserve à cause de
leur pouvoir de rendre les choses poétique avaient réussi à me
faire oublier l'entrée de la caverne ;c'était assez fantastique de
voir la lumière blanche de leurs flammes éclairer les murs de la
caverne en la faisant miroiter d'une manière magique,et surnaturelle
;cette lumière projetait dans mes pensées une nouvelle idée du
monde .La lumière de la philosophie ne m’atteigne jamais avec assez
de profondeur ,je n'ai jamais entièrement pénétrer le domaine des
idées,j'étais en cela semblable à Rousseau il m'était plus facile
de rêver emporté par mon imagination et par mes sentiments que de
fixer mon attention sur des figures philosophiques abstraites;penser
pour ma part à toujours relever un défi insupportable,j'ai
l'impression que j'y suis toujours mal arrivé. (Retrouver
la rf à Rousseau,rf également à un roman que je voulais écrire
intitulé Les miettes d'Anté ,rf à ma chronique -le soleil dans les
yeux).
L'état du
monde dans les années soixante.
LA DOXA.
Rf/Wikipédia.
Le mot
« doxa » tire son origine du grec dokéo
(δοκέῶ) qui signifie « sembler », « paraître »
ou « avoir l'apparence »1.
Selon Pierre
Jacerme, « doxa » trouverait son origine dans le
terme grec dokein, qui
désigne le fait de « briller », de scintiller, de se
refléter dans quelque chose2.
Même si ces
choses me paraissaient insignifiantes à l'échelle de mon monde
intérieur ,certains événements dans les années soixante
,indiquaient un début de transformation des ombres portées sur le
mur imaginaire de la caverne occidentale .Mon esprit en avait
reproduit les marques après une plongée dans l'imagerie de la
société où j'étais aéroporté.PAR EXEMPLE DANS CES ANNÉES LA
,une loi en Angleterre légalisait les
rapports homosexuels entre adultes consentants,c'était en soixante
sept ,cette loi ne m'avait pas marquée ,mais j'étais loin de
considérer que ces rapports pouvaient constituer un idéal ;dans la
même période la Suède légalisait la pornographie,mais c'était
sans rapport avec moi,j'étais loin de m'imaginer que ces formes de
sexualité pouvaient avoir du charme.Dans notre pays la loi dit
"Neuwirth" permet l'utilisation de la pilule contraceptive,
l'avortement est interdit mais l'apparition de la pilule
contraceptive introduit une révolution,pourtant tout cela restait
pour moi une chose abstraite.Les rares jeunes filles que je
fréquentais ne prenaient pas la pilule,elles n'auraient pas
osé.J'étais moi même une sorte d'idiot un grand attardé sur le
plan sexuel.Les transformations subtiles de la société française
étaient difficiles à capter,car on ne pouvait les observer que
depuis un lieu ou on ne voyait s'agiter que des ombres.Ces ombres
c'étaient celles qu'on avait introduit dans mon esprits pour l'
empêcher de voir la réalité avec tous mes sens .Sans doute comme
je lisais Miller à cette époque,je commençais par sortir du monde
obscur de la caverne;surtout je commençais par réaliser que pour
sortir de caverne,il fallait auparavant s'y immerger .La grande
descente aux enfers qu'avait réalisé Miller à travers sa crucifixion dans le monde du sexe ,c'était une manière pour lui de
se libérer de l'obscurité de la caverne .Pour se libérer,il
fallait parfois rentrer encore plus loin dans la caverne,et faire en
sorte que cela devienne une sorte d’ascèse,je recherchais jouissance
et ascèse dans le délire de mes conduites,car je voulais imiter
Miller qui était devenu pour moi une sorte de nouveau Virgile ,car
j'avais dans l'espoir un jour de ressembler à Dante.J'avais compris
que pour me libérer des ombres de la caverne,je devais prendre le
risque de voyager à l'intérieur du monde de la caverne sans me
perdre.A cette même époque j'ai pris la décision de quitter mon
village natal pour m'élancer sur les traces de mon grand voyage
intérieur ,il n'y avait qu'une ville où je puisse le réaliser,
c'était à Paname ville mythique ,elle incarnait pour moi la
nouvelle Jérusalem la nouvelle Babel ,la Ninive primitive ;mon âme
était intoxiqué par des passions brûlantes.Je l'ai déjà dit , je
ne voyais pas le monde tel qu'il était;je le voyais à travers
l'ombre gigantesque de mes maîtres à penser que je ne nommerai
pas,ils étaient trop nombreux ;ils étaient tous subversifs,ils
avaient projetées dans mon esprit des lumières extatiques et des
feux d'artifices..En les écoutant ,je prenais conscience que les
grandes transformations du monde s'effectuaient dans mon dos,mais ce
n'était pas grave ils me disaient que je n'avais qu'à faire comme
eux, je pouvais me projeter dans le futur et devenir une véritable
comète comme eux ;j'avais décidé de faire partie de ceux qui
chanteraient en solitaire la grande histoire de la vie ,importe peu
la forme que ça prendrais ;je venais de m'apercevoir que je pouvais
m'affranchir de mon passé ,je pouvais inscrire mes rêves sur les
murs magiques de la grande caverne mythique qui illuminait ma psyché
,je poursuivais déjà à cette époque l'équivalent d'un grand
rêve éveillé
QUELQUES BRÈVES D’ACTUALITÉ
LE CHANT PANORAMIQUE DES ANNÉES SOIXANTE
A LIRE D'UNE SEULE TRAITE.
Europe
1967.
18
mars : le Torrey Canyon,
un pétrolier géant
s'échoue
sur des récifs proches des Cornouailles britanniques
il
laisse échapper 119 000 tonnes de pétrole brut.
En
juillet les trois communautés Ceca ,CEE,Euratom, sont réunies
pour
former la Communauté Européenne(CE)
La Grèce instaure une
dictature pro-américaine,"le régime des colonels".
Sexual
Offences Act au Royaume Uni.
Loi
légalisant les rapports homosexuels
entre
adultes consentants.
Octobre
.Italie : premiers troubles à l’automne à l’Université de
trente,
suivie
par l’université de Milan (novembre)
,puis
celle de Turin.
La
contestation s’étend à toute l’Italie.
La Suède légalise la
pornographie.
Création à Avignon
de Messe pour le temps présent de M.Béjard.
Blow-Up
(Agrandissement)
film italo-américaine de Michelangelo Antonioni
Sorti
en décembre 1966,
il
obtient la Palme d'Or au Festival de Cannes.
Sortie
de la planète des singes.
L'homme
d'affaires sud-africain Louis Washkansky,
âgé
de 55 ans et souffrant de diabète
et
d'une insuffisance cardiaque
est
le premier être humain
à
bénéficier d'une greffe de cœur.
L'opération
a été réalisée par
le
professeur Christian Barnard
avec
une équipe
de
plus de 30 personnes
à
l'hôpital Groote Schur du Cap.
Le cœur transplanté est celui d'une jeune femme de 25 ans
Le cœur transplanté est celui d'une jeune femme de 25 ans
décédée
dans un accident de voiture.
France
/ loi dit "Neuwirth"
La
pilule contraceptive
est
autorisée
mais
ne sera pas remboursée par la Sécurité sociale.
L'avortement
reste
quant
à lui interdit.
Le
premier album du Velvet Undergroud
illustré
de la fameuse banane jaune
est
un des albums mythiques
du
rock'n'roll.
Accord
international sur l'Espace .
La première mission du
programme spatial
américain Apollo
se solde par la mort
de trois astronautes,
intoxiqués
dans l'incendie de leur
capsule.
Parution du
Petit Robert.Guy Debord,La société du spectacle.
Une dénonciation
de la société de consommation.
Raoul Veneigem .Traité de savoir- vivre
à l'usage
des jeunes générations.
Guerre du Biafra.
Le gouvernement fédéral du Nigéria
réagit à la sécession du Biafra
en déclarant la guerre
et organise un blocus.
Des luttes sanglantes et la famine
font plus d’un million de morts de 1967 à 1970.
Discours de Charles de
Gaulle
en visite officielle à
Montréal
depuis le balcon de
l’hôtel de ville :
Il lance «Vive le
Québec libre! » .
Mort de Che Guevara
au hameau de La Higuera en
Boliviee.
Capturé la veille,
il est abattu de deux
rafales
par un sergent de l'armée
bolivienne.
Ernesto "Che "Guevara
avait installé quelques
années auparavant
un foyer (foco)
de guérilla
révolutionnaire
dans la pré-cordillère
andine.
Régis Debray après avoir
rencontré Che Guevara
et avoir passé quelques
jours dans le maquis,
est capturé à son retour
par l'armée bolivienne
et condamné à 30 ans de
prison
en Bolivie (libéré en
1970).
OCEANIE
ET PACIFIQUE
27
mai: référendum pour les droits civiques
aux
Aborigènes d'Australie.
90,7 %
des votants approuvent
la
prise en compte des Aborigènes
dans
le recensement national et autorisent
le
gouvernement fédéral
à
légiférer sur les questions aborigènes
à
la place des différents États.
10
août :
les Aborigène d'Australie
obtiennent
le droit de vote.
Toutefois,
ils restent en curatelle
fédérale.
ASIE.
6
janvier(Guerre du Viêt-Nam) :
début
de l'opération militaire américaine
Deckhouse
Five sur le delta du Mékong.
19
Mai: l’aviation américaine
bombarde
pour la première fois Hanoi.
17
juin: première bombe H chinoise.
Disgrâce
du secrétaire
du
parti communiste chinois Den-Xioping
pendant
la révolution culturelle.
La
protection de Mao Zedong
lui
permet de s’en tirer
avec
un exil dans une usine de tracteurs,
alors
qu’un de ses fils, défenestré,
reste
handicapé.
15 mai: Nasser ordonne à l’armée égyptienne
de prendre position dans le Sinaï.
La
guerre des Six Jours commence (5juin).
8
juin : l’armée israélienne atteint le canal de Suez.
Le
soutien aérien a été fondamental
dans
la victoire israélienne.
Les
opérations ont causé la mort
de
10 000 égyptiens
et la
destruction
de la
plus grande partie
du
matériel militaire.
SUITE DE MON
ROMAN.
AUTRES
VIES DE MON HÉROS QUI VIENNENT S'AJOUTER AUX PRÉCÉDENTES . St
Jean mon héros n'était pas seulement celui que j'ai décris, il
était aussi vers ses seize et dix sept ans un jeune syndicaliste. Il
participait aux réunions de base de la cellule syndicale qu'il avait
rejoins suite à son coup d'éclat ,on s'en souviens,il avait fait
débrayer trois usines et s'était joins à la Confédération
Française Démocratique du Travail (Cfdt) qui était le seul
syndicat actif dans son usine,c'était à travers ce syndicat qu'il
apprenait à combattre .St Jean qui aimait le théâtre faisait aussi
parti d'une compagnie théâtrale ,il aimait monter sur les planches
pour répéter des pièces de boulevard qu'il appréciait ,il faisait
aussi partie d'une chorale.On pouvait avoir l'impression qu'il avait
plusieurs vies;mais peut être ces vies se passaient elles à des
époques différentes.Je ne suis pas parvenu à reconstruire en
totalié sa chronologie .Ces vies se mélangent en moi
comme dans des rêves.J'ai retrouvé récemment dans mes archives des
dessins de lui lorsqu'il avait quinze ans;déjà à cette époque;'il
avait décidé de devenir un grand peintre;il s'était inscrit dés
sa rentrée à l'usine à des cours de dessin par correspondance.Il
pouvait se les payer car à présent il gagnait de l'argent.Il
s'était portraituré à différentes moments.Il était doué.Si je
devais reconnaître dans ces croquis le jeune homme que j'étais
alors ,j'aurais du mal,,c'était chose difficile plus
qu'improbable,car il ne dessinait pas ressemblant,il
interprétait,mais il interprétait avec talent.Même si j'avais du
mal à reconnaître dans ces portraits ma propre image ,j'étais
pourtant prêt à admettre sans réserve que c'était bien moi qu'on
avait représenté là. Car ces portraits étaient je m'en souviens
des autoportraits .Ces dessins montraient des vues de moi
imaginaires.Je m'appréhendais en imagination.Saint Jean mon
alter-ego s'appliquait à dessiner ce qu'il voyait ,mais ce qu'il
voyait, c'était toujours un autre,un autre que lui un autre que moi
sans doute car me voyais plus haut plus grand plus héroïque que dans
la réalité.Je travestissais ma vie à travers le filtre de mes
visions ;cet autre avait vaguement mon visage,c'était un autre qui
prenait vaguement mes traits ,mais il était plus substantiel ,il
dessinait de moi des partitions imaginaires.Il
s'était portraituré sous des angles différents tout en observant
avec intensité ce qu'il croyait voir de moi ;il n'apercevais que des
êtres qui variaient .En regardant ces dessins ,je redécouvre outre
l'empreinte de son talent son côté décalé ,je sais aujourd'hui
que les visages qu'il dessinait sont des miroirs irréels de ma vie
(de sa vie d'alors,une vie inventée) à travers eux je sais que
c'est un autre que moi qu'il peignait.Je m'étais représenté
souvent en train d'écrire, car j'étais déjà admirateur de
Chateaubriand ,mais aussi de Proust peut être ,j'étais fasciné par
la vie héroïque de ces êtres sublimes,mes écrivais préférés ,je
me sentais des affinités avec eux Un peu plus loin,je m'étais
dessiné en héros romantique ,car je me voyais sans doute comme ça
;c'était d'ailleurs comme ça que Chateaubriand lui même s'était
portraituré .Dans le miroir que m'avait tendu Chateaubriand je
voyais mon portrait ,déterminé volontaire , intérieurement en
proie au doute et à des bouleversements,je m'étais représenté tel
que je m'imaginais,j'étais un génie,un écrivain en puissance ,un
héros romantique.Je m'étais portraituré tel que j'aurais aimé
être. La robe de chambre que j'avais revêtu pour l'occasion donnait
de l'emphase de la puissance et du sérieux à ma vie,elle me
montrait non pas en fils d'ouvrier tel que j'étais ,mais en héros
potentiel ,j'étais déjà à cette époque un génie de la peinture
où un génie de la littérature.Pour me portraiturer je prenais des
poses.Saint Jean mon alter ego dessinait un monde d'impression qui
résumait déjà peut être en vrac celui que j'allais devenir plus
tard,un être fantasque grandiloquent remplis de visions impétueuses
et de chimères orgueilleuses .Celui que je suis devenu aujourd'hui à
probablement quelque chose à voir avec ces êtres chimériques ,même
si ils me paraissent avec la distance du temps presque totalement
étrangers à ma vie actuelle.J'avais l'esprit vers mes quinze ans qui
voyageait continuellement ,j'étais ailleurs,lorsque je
dessinais,j'étais en pleine démonstration de mes pouvoirs magique
de dédoublement,je me projetais dans des vies bien plus réelle que
la vraie vie ,la vie réelle, je la refusais;je ne m'aimais qu'en
m'idéalisant,j'étais le héros d'un roman héroïque qui devait
rester secret,je gardais des traces éphémères de ma vie ;je n'ai
jamais su faire que ça .Ma vie devait rester secrète,je
n'obtiendrais consécration que lorsque je serais arrivé au faîte
extrême de mon talent,je savais que j'avais encore beaucoup de
chemin à parcourir avant d'y arriver, car je savais être modeste.
UN ÉCRIVAIN IMAGINAIRE .
J'écrivais
souvent sur une table de bois à l'ancienne qui sentait bon la cire
d'abeille, j'enfilais après avoir mangé en rentrant de l'usine une
robe de chambre,couleur bordeaux,c'était la même que j'ai montré
sur mes dessins,c'était la seule que j'avais ,je la revêtait
souvent avant d'écrire ,plutôt lorsque j'essayais de me mettre à
écrire,car dés les toutes premières pages,je sombrais,j'étais
paralysé,je n'écrivais rien je rêvais un stylo où un porte plume
dans la bouche à ce que j'aurais aimé pouvoir écrire,sans jamais y
arriver .J'essayais peut être d'imiter Proust,sans m'en rendre
compte,car il me servait de point de repère.Je me sentais en
communion avec lui lorsque je revêtais cette robe,car je l'avais
peut être aperçu dans cette même tenue sur une photo .Revêtir la
robe me faisait voyager.En la revêtant je m'échappais de l'univers
infernal de l'usine où j'étais contraint par le sort de gagner ma
vie.En revêtant ma robe de chambre,je me transformais comme par
enchantement en esthète en génie littéraire,je devenais un
écrivain imaginaire ;j'étais ami avec Marcel qui vivait dans un
grand appartement situé au cœur de Paris ,Marcel avait une bonne
qui s'appelait Céleste moi je n'avais pas de bonne,mais j'avais
presque l'équivalent ,j'avais maman,ma mère , elle s'appelait Lore
,j'étais rassuré par ses allées et venues dans l'espace de notre
grande demeure ,celle de la cité des commis ;lorsque je revenais de
l'usine je devenais comme Marcel je ne vivais que pour les délices
de mon art ;je m'identifiais parfois à lui ,je devenais lui pour
quelques instants .Ma chère maman Lore était la gardienne de mes
fabuleux secrets d'artiste ,car je me voyais déjà en artiste ;elle
grattait légèrement à ma porte et l’entrouvrant légèrement,de
peur de me déranger ,elle me disait -Le café est prêt!-ou
bien -J'ai mis une part de tarte à chauffer ,tu viendras en
prendre?-Ou parfois elle demandait-Pour ton casse-croûte de
demain,du prendra quoi?Du Salami ou de la mortadelle?-Je lui
répondais la plupart du temps -Du Salami!- car c'était ce
que je préférais.Elle osait à peine me poser des questions sur mes
activités.Je répondais la plupart du temps à toutes ses question
par un seul mot -J'écris!-
.Où - je dessine,j'ai des cours à envoyer!-. Elle
n'insistait pas ,elle avait peur de me déranger .Dans mon esprit je
ne sais plus où placer cette séquence,car je me souvenais aussi que
j'avais été en révolte contre maman,contre cette mère qui avait
symbolisé pour moi une forme d'autorité extrême ;autorité contre
laquelle je m'étais insurgé avec une telle obstination et une telle
violence,que je l'avais vu un jour craquer;elle s'était effondrée
devant moi en larme;j'avais vaincu ses résistances ,je n'en étais
pas vraiment fier;je venais de réaliser que je m'étais trompé,que
ma mère n'était pas un tyran;c'était une femme qui avait des
faiblesses ;j'étais tellement plongé dans mon univers de
révolté que je n'avais pas aperçu sa fragilité ,il est vrai
qu'elle s'était toujours arrangée pour me la cacher;depuis ce jour
là ,j'avais cessé de la tourmenter ;je m'étais résigné à
prendre mon sort en main sans plus m'opposer à elle;elle n'était
qu'une victime de cette société que je trouvais de toute façon
toujours aussi injuste. Maman savait depuis qu'elle m'avait observé
grandir que j'échappais en partie à son entendement ;elle avait dût
se demander plusieurs fois avec angoisse d'où je venais,car si elle
m'avait enfanté ,elle était déstabilisé par mes réactions et par
mes conduites;souvent par le passé je m'étais opposé à elle avec vigueur ,car si elle incarnait l'amour maternel,elle incarnait aussi
l'ordre injuste qui va de pair avec l'autorité .Comme l'autorité de
mon père n'était pas visible,sauf par à coups sous une forme
ramassée symbolique et parfois foudroyante;c'était,maman ma mère
qui devait se coltiner pour l'essentiel notre éducation ;je
n'apercevais le monde de mon enfance que par le biais de son autorité
parfois sévère,trop sévère selon moi.Je haïssais avec force
cette autorité,lorsque je la jugeais injuste,je lui montrait mon
poing en cachette lorsqu'elle m'humiliait ,où lorsque j'étais en
colère;mais j'étais aussi un enfant je dois bien l'avouer borné
obstiné ,facétieux et capricieux.
Maman
avait appris à respecter mon génie qui était capricieux,elle
regardait ce fils venu tout à fait par hasard ou peut être par
infraction ,comme un don du ciel,mais aussi comme un ovni,comme une
sorte d'extra terrestre ,peut être comme quelque chose venu
d'ailleurs;j'échappais pour partie à ses points de repère ,j'étais
le petit dernier qu'elle avait couvé avec une tendresse possessive
qui confinait à l'angoisse ,car elle se reprochait de na pas avoir
pu consacrer plus de temps à son éducation.comme elle l'avait avec
les deux enfants précédents,car elle avait dût travailler .Maman
savait par intuition qu'il ne fallait surtout pas me déranger lorsque
j'étais plongé dans mon univers,elle respectait mon espace intérieur tout en se demandant ce que je pouvais bien fabriquer.Je
savais que durant mon absence ma chère maman viendrais fouiller
dans mes affaires comme une souris agile et silencieuse elle
tenterait d'apercevoir à quelle sorte d'activité insensé,secrète
ou délirante se livrait son petit denier; elle le faisait à mon
insu;je lui avais dit que je suivais des cours de peinture et
d'écriture par correspondance,cela la rassurait ;mais elle
s'inquiétait je crois pour ma santé mentale et pour mon avenir car
elle considérait mes activités avec un œil circonspect,mes
activités artistiques ne l'emballaient pas vraiment ,mais elle
devait si résoudre..Elle devais sortir à chaque fois déçue par ses
investigations,car je m'arrangeais toujours pour dissimuler mes
activités lorsque je pensais qu'elles devaient rester secrètes.
Cela concernait surtout mon domaine sensible,l'écriture.Je
m'arrangeais toujours pour écrire d'une telle façon qu'elle ne
puisse pas me lire,ni même me déchiffrer,car je ne voulais pas
qu'elle puisse avoir accès à ma vie intérieure qui était
tumultueuse;c'était une vie littéraire en gestation .J'écrivais
tellement mal que j'avais souvent du mal à me relire moi même,je
devais parfois m'y prendre à plusieurs fois pour déchiffrer ce que
j'avais écris ,j'étais la première victime de mes dissimulations
.Mes écrits étaient sans importances et d'une qualité médiocre
,mais je les considéraient comme des ébauches sacrées,des
témoignages occultes de mon génie naissant.Mes conversations avec
ma chère maman se réduisaient surtout à des échanges pratiques
,sur des choses très terre à terre ;comme je savais qu'elle ne
s'intéressait pas comme moi à la littérature;je ne pouvais donc
pas faire comme Proust avec sa mère ;avoir avec elle des
conversations littéraires.Elle se préoccupais exclusivement de mon
bien être et de temps en temps elle cherchait à percer mes secrets
,moi je me méfiais d’elle ,elle était trop éloignée de mon monde
intérieur ,je bâtissais dans ma tête des cathédrales
imaginaires,si elle m'avais vu faire elle aurait pris peur,car je manœuvrais parfois au sein d' univers tourmentés ;c'était des
parties de mon génie en gestation,je tentais replié sur moi même
de préserver égoïstement mes dons littéraires ,c'était d'ailleurs
un génie littéraire imaginaire .Je pouvais par contre ,lui montrer
mes études en peinture ,des croquis,des dessins,des esquisses
réalisées sur le vif ou durant les nombreuses marches que
j'effectuais dans la montagne pour étudier les reliefs de la nature
et capter les beautés dissimulées dans ses replis.Pour encourager
mon génie littéraire ,je me contemplais fréquemment revêtu de ma
robe de chambre couleur bordeaux dans la grande glace de l'armoire qui
se trouvait dans ma chambre ;cette armoire,c'était l'armoire de ma mère ;lorsque j'en ouvrais les porte des parfums agréables
s'échappaient;il y avait des odeurs de vêtement .il y avait des
odeurs de fougères et de rose,c'était ses parfums préférés;des
odeurs de lavande ,car souvent elle glissait une branche de lavande
au milieu de ses vêtements ,une odeur d'essence de thym se mêlait à
l'odeur de lavande si elle avait récemment fait du ménage dans son
placard,car elle aimait utiliser l'essence de thym à cause de ses
propriétés désinfectantes.L'odeur du parfum se répandait dans la
chambre lorsque j'entrouvrais la petite porte ou elle rangeait sa
lingerie.L'armoire se trouvait en face du grand lit familial
déserté,le lit avait été occupé par ma mère et peut être par
mon père avant qu'ils choisissent de déménager dans une autre
chambre situé de l'autre côté de la maison près de la
rivière,;le grand lit trônait à côté du lit de mon frère que je
m'étais approprié depuis qu'il était partit à l'extérieur pour
poursuivre des études d'ajusteur.J'étais seul dans mon nouveau
domaine ,je trônais comme un roi solitaire installé au sommet
d'une tour dans un château désert,où dans une tour à la façon de Montaigne.Je m'apprêtais à conquérir le monde avec mes œuvres
littéraires imaginaires mes dessins ornaient en ordre dispersé le
sol de ma chambre (cet ordre dispersé ,c'était mon ordre préféré)
,ils jonchaient le sol dans l'attente que ma mère les ramasses et
les disposes sur ma table comme des objets uniques qu'un être
unique avait abandonné derrière lui.
UN
BREF CONSTAT
Ma pêche
aux archives aura permis de faire surgir des images assez partielles
de mon ancienne vie Je les ai étalées ici presque au hasard, j'ai
l'impression en les revoyant,que c'est presque tout ce qui me reste
de mon passé .J'ai réassemblé ces images en m'aidant surtout de
mon imagination littéraire .Cette dernière ne me libèrent pas entièrement du soucis de mettre a jour mon ancienne existence.Mon
passé est tellement enfoui dans ma mémoire que je peine à le
faire remonter à la surface.J'ai beau m'allonger sur mon lit de
longues minutes dans l'espoir de voir apparaître ne serais ce que
l'amorce d'un souvenir,mais tout m'échappe.Pourtant mon repos
volontaire ma permis au hasard d'une rêverie ,d'apercevoir
dispersées dans ma tête ,certains des livres que je lisais à
l'époque ;c'étaient les seuls images qui surgissaient,elles
m'offraient des pistes non négligeables ,je devais donc fouiller un
peu dans ma mémoire pour voir où elles conduisaient.
AUTRE
FRAGMENT DE MA VIE
LE
VINGT TROISIÈME DANS L'ORDRE DES RÉCITS
LECTURES ANCIENNES
(Ou une autre manière de remonter dans ma vie d'hier).
DU COTE DE
CHEZ PROUST
MARX
ET MONTAIGNE
PROUST
Archéologie
d'une vie ancienne.
J'avais revu dans mon demi sommeil un
livre de Proust ,je connaissais sa couverture presque par cœur;sa
couverture m'avait si souvent fait fantasmer sur l'écrivain durant
mon adolescence que je me reprochais de ne pas en avoir gardé plus
de souvenirs.Si Proust m'a fait rêver à une certaine époque de mon
adolescence; c'était surtout à travers les écrits contre Sainte-Beuve. Si j'avais sous la main le livre que j'avais détenu à cette
époque un livre de poche avec une couverture rose et violette
j'aurais peut être retrouvé plus vite les sensations mystérieuses
qui me faisait rêver lorsque je le lisais. J'étais parfaitement
content de lire Proust; je le découvrais à travers ce livre qui
n'appartenait pas encore à la fresque intemporelle de la Recherche.
Je
découvrais Proust à travers ce simple livre à couverture rose et
violette.Je me suis tout de suite mis à aimer Proust ,à cause de
ce livre.Sa vie me paraissait extrêmement simple et accessible ;elle
était bien sûr extrêmement différente de la mienne,elle
s'opposait même à, la mienne d'une façon radicale,car l'univers
qu'elle décrivait ressemblait à celui d'un conte de fée .En
lisant le livre j'apercevais des rayons de lumière qui se déposaient
sur les pages ;ils reflétaient avec une douceur étonnante la
pensée de Proust ,j'avais l'impression de pénétrer dans ses
pensées et de rentrer dans ses sentiments au fur et à mesure de ma
lecture. Dans le livre dont je parle, contre Sainte-Beuve, j'ai tout
de suite été attiré par la transparence et la vitalité du texte
,j'ai aimé, Proust à travers de simples pages,des pages banales
dans lesquelles se livraient la beauté transparents de son écriture
;souvent je m’arrêtais de lire en cours de lecture et je fermais les
yeux je voulais m'imprégner de son univers.L'écriture dans cet
ouvrage n'était pas si serrée que celle que j'allais rencontrer
plus tard en tentant de saisir quelques bribe de cet immense
catalogue de réminiscence qu'est la recherche. Je trouvais à cette
époque l'écriture de Proust tout à fait accessible . Il était
situé aux antipodes de mon univers. Il n'était situé aux antipodes
qu'en apparence, car lorsque je rentrais dans ma chambre pour me
glisser dans la peau du lecteur; je devenais rapidement un autre
homme,je devenais l'ami inconditionnel de Marcel.Dans cette partie de
ma vie adolescente ,j'avais planté dans le refuge qu'était devenu
ma chambre tous mes rêves d'écriture et de peinture.Tous les
écrivains et tous les peintres que j'aimais m'accompagnaient
silencieusement,ils étaient presque invisibles ,pourtant je les
voyaient qui rayonnaient dans mes rêves; ma chambre était remplie
de leurs mots ,de leurs odeurs de leurs parfums ,ils remplissaient
les cases de mon cerveau qui étaient remplies de leurs trésors.
C'était l'époque ou je m'exerçais à peindre avec assiduité
;mais surtout je tentais d'écrire.Face à moi en attendant que
vienne l'inspiration,je rongeais mon porte plume ,je trempais ma
plume dans une encre violette , je m'attardais à rêver en attendant
que le mot où la phrase qui révélerait mon génie surgisse sur la
page blanche et vienne m'éblouir;mais ils surgissaient rarement
.Pour m'apaiser en attendant j'observais depuis ma fenêtre la statue
de la Vierge qui me faisait face;elle était plantée au sommet de la
montagne que j'apercevais dans mon champ de vision ,elle campait
comme un phare éternel dans ma mémoire,elle accompagnait docile mes
errances artistiques;j'ai eu ce paysage familier sous les yeux
durant toutes les années où dura mon apprentissage artistique en
solitaire.
Je m'arrêtais souvent pour m'appuyer
(en imagination) sur la tête de la vierge,ce n'était pas un geste
mystique ni religieux,c'était un geste affectueux ;cette statue
représentait une partie de ma vie secrète,elle connaissait ma vie
intime puisqu'elle la partageait avec moi depuis très
longtemps.J'avais aussi avec la vierge un rapport de complicité
affectueuse, je n'avais pas oublié qu'elle m'avait sauvée la vie
lorsque j'étais enfant,un jour que j'étais tombé du haut d'un mur
et failli me fracasser la tête sur les rochers,elle m'avait
protégée ,j'avais en permanence une médaille d'elle autour du
cou.C'était aussi mon signe.J'étais né Vierge.Tout en fixant la
statue de la vierge au sommet de la montagne je m'exerçais dans mes
tentatives pour écrire.Je ne me souviens plus aujourd'hui des trois
quart de ce que j'écrivais.J'écrivais soit des mauvais poèmes,soit
des essais un peu prétentieux qui ne se concrétisaient jamais.
J'avais à partir d'une certaine époque regagné ma chambre à
coucher parce que la salle à manger qui était mon domaine favoris
n'était plus disponible mon père y avait placé un poste de
télévision qu'il regardait de plus en plus fréquemment. La table
de travail que j'utilisais dans ma chambre était une vieille table
ronde en bois d'un brun noir foncé et poli, qui me seyait
parfaitement ,elle possédait une âme elle n'était pas aussi
luxueuse et aussi brillante que la table de chêne clair de la
salle à manger ,mais elle m'apportait un réconfort réel ,car je
sentais vibrer sous moi les veines de son bois;en m'appuyant sur elle
j'étais sûr de ne pas perdre pieds.,m'appuyer sur elle pour écrire
ou dessiner me donnais du plaisir Il m'arrivais souvent après avoir
tenté vainement d'écrire de m'allonger sur mon lit,comme j'ai tenté
de la faire encore récemment pour essayer de me souvenir de mon
passé .Là étant allongé je prenais à témoin la grande armoire
qui me faisait face ,c'était celle de mère (maman) elle était
équipée d'une grande glace;je m'entretenais avec elle de
littérature et surtout je passais en revue mes qualité
d'écrivain.Je me mettais à parler des romans que j'avais lu ,de
ceux que j'allais écrire plus tard et de ma vie de labeur dans une
usine abominable ;c'était des entretiens géniaux,j'étais sûr
qu'un jour ,je me souviendrais d'eux avec nostalgie.Ces entretiens
fictifs me persuadaient que j'étais un génie,je parlais avec un
interlocuteur invisible des œuvres que j'allais écrire ,je
détaillais les scènes imaginaires que j'allais mettre en scène
;cela suffisait à me rendre tout à fait heureux ; mais lorsqu'il
s'agissait de me mettre à écrire pour de vrai,je tombais de haut,je
plongeais dans un néant profond ,j'étais tout à coup comme
paralysé, j'étais certes un écrivain génial,mais je ne parvenais
pas à extraire de mon cerveau les mots et les phrases que j'avais vu
s'écrire dans ma tête ,lorsque je parlais avec mon interlocuteur
imaginaire ;cela me ruinait le moral car je restais sincèrement
persuadé d'être un génie.
LA MÈRE DE PROUST
Archéologie d'une vie ancienne suite.
Le livre contre Sainte-Beuve m'avait
vraiment ému, je voyais Proust qui me dévoilait sa vie sans fard ni
fausse pudeur; il appelait sa mère maman, et il lui demandait ce
qu'elle pensais de ses lectures. Le rapport que Proust entretenait
avec sa mère m'avait frappé,lorsque je tentais de m'imaginer la
même chose avec la mienne j'avais du mal ; je n'avais pas avec la
mienne la même complicité littéraire que Proust avait avec la
sienne. Pourtant maman était la gardienne de mon temple, c'est elle
qui en surveillait l'entrée ,elle me protégeait contre l'intrusion
abusive de mes amis; je ne la tenais pas au courant de mes activités
secrètes d'écrivain mais elle devinait que j'écrivais ;elle
soutenait mes activités et mon mon désir d'apprendre.Maman n'était
pas une mère juive,mais elle aurait pu ,à cause de son
intelligence et de son sens de la famille .Elle n'avait pas lu
Proust et la vie littéraire ne semblait pas l'intéresser ,elle avait
des préoccupations plus prosaïques ,lorsqu'elle lisait à ses
moments libres ,c'était le petit écho de la mode où le journal
local l'Est Républicain ;étant d'une famille de terriens,des
agriculteurs ,elle avait sût garder la tête sur les
épaules;c'était pour elle une question de survie .Étant plus jeune
elle avait dût garder les vaches et se livrer à toutes sortes
d'activités subalternes réservées au sexe féminin ,c'était la règle,elle ne pouvait pas y échapper ;les femmes étaient des êtres
domestiques à la merci des hommes ,à la merci de leur bon
vouloirs,de leurs faiblesses de leurs lâchetés et de leur amour
;elle avait appris bien avant l'âge du quatorze ans ce qu'était la
dureté de la vie .Je ne sais pas si elle s'était rebellée un jour
; elle semblait être rester fidèle et toujours obéissante à
l'ordre décrété par le ciel et par les injonctions sévères de
son père.Comme elle avait l'esprit vif et qu'elle était
intelligente elle avait sut se débrouiller rapidement par ses
propres moyens ,elle savait faire preuve de finesse
intellectuelle,elle avait du caractère et un sens aigu des
responsabilités,elle était presque trop parfaite sur le plan
moral,c'est parfois ce que lui reprochait mon père,car lui n'aimait
que s'amuser et elle plutôt sérieuse considérait que l'amusement
c'était une perte de temps;mais au début de leur mariage elle
n'était pas comme ça ;-elle était gaie et enjouée - nous disait
il ;elle a changé après lorsqu'elle s'est laissée terrassée par
le poids des responsabilités familiales .Je ne lui reconnaissais pas
de talent artistiques spécial ,à part une habileté qu'elle
prodiguait pour les soins du ménage qui était toujours parfait
;elle n'avait beaucoup l'occasion de manifester sa créativité ;elle
avait compris qu'elle était condamnée de toute façon à la triste
obligation de remplir les tâches familiales ,que les hommes mêmes
les plus sérieux ne s'en chargeraient jamais , elle avait a élever
ses enfants de la façon la plus exemplaire qui soit,c'était sa satisfaction et son objectif premier ;comme l'argent à la maison ne
rentrait jamais assez elle avait dût se remettre à travailler . Si
j'avais osé ,j'aurais pu lui demander ce qu'elle pensait de tel ou
tel auteur;mais je savais ce qu'elle m'aurait répondu – Tu sais
à notre époque nous n'avions pas le temps de nous intéresser à
ces choses là,on devais travailler dur!-. Je savais pertinemment
que sa vie ne lui avait pas permis de penser à elle même;elle
devait toujours penser aux autres et travailler pour les autres,elle
n'aurait pas pu imaginer autre chose que cette vie là, elle était
trop consciencieuse,trop obsédée par l'idée de bien faire.Les
parties les plus mystérieuses de sa vie me sont toujours restées
secrètes.Elles le resteront certainement à jamais,même si j'ai rêvé en imagination d'écrire un livre sur elle -une jeune fille
de vingt ans- après avoir retrouvé une photo d'elle qui m'avait
fait rêvé car elle m'était apparue sur cette photo sous un angle
nouveau complétement différent du visage que j'avais toujours connu
;je ne connaissais maman ma mère que sous l'angle des rapports
familiaux,me pencher sur sa vie d'avant je n'y avais pas vraiment
pensé.
Je ne tiendrai sans doute pas mon pari
,je traîne trop ,j'ai trop de manuscrits en cours ;et surtout j'ai
pris trop de retard sur ma vie d'écrivain ,je devrai probablement me
contenter de garder tout ça ,tous ces écrits en suspens dans ma
tête .Je ne suis pas certain que maman ait compris l'usage que je
faisais de ma vie partagée entre les livres et l'écriture,entre le
dessin et la peinture;elle me regardait avec le sentiment que quelque
chose qui lui échappait ;j'échappais à sa manière de voir ,elle
m'avais mis au monde,mais me considérait un peu comme une part
d'elle incertaine et totalement ,imprévisible.Mais comme c’était une
femme sensible et intelligente,et qu'elle m'aimait,elle était respectueuse de mes folies.Autant j’appréciais la sincérité joyeuse
de ses réactions qui étaient la plupart du temps très spontanées
,je me méfiais de certaines d'entre elle. Trop souvent imprégnée
de l'angoisse de bien faire et du- quand dirons t'on - ,elle
avait des refus du désordre qui confinaient à la peur .Elle
s'angoissait en silence pour mon avenir,elle me voyait complétement
absorbé par des activités qui semblait matériellement incompatible
avec une vie normale;elle me voyait vivre dans un monde imaginaire
,c'était pour elle chose compliquée et difficile à appréhender
,mais elle tenta pourtant le jour où j'ai voulu m'inscrire aux Beaux
art- d'entrainer mon père avec elle pour aller m'y faire
inscrire.Elle ne pensait qu'à mon bonheur;elle se demandait peut
être au fond d'elle même ,ce que le ciel avait fait pour placer
entre ses mains un fils aussi compliqué .Mon pére était plus
désinvolte;il avait un tempérament artistique qu'il n'avait pas
entièrement développé;il chantait bien,et avait appris à jouer
du violon ;je sais qu'il lisait régulièrement des feuilletons
issus des presses populaires et qu'il adorait ça ;il écoutait
régulièrement des émissions radiophoniques de grande audience
,adorait regarder les films d'action à la télévision; lorsqu'elle
vint chez nous il était toujours à zapper avec son appareil pour en
dégoter un;il était un fervent admirateur des films de Jean
Gabin;il chantait régulièrement lors des repas de famille ( avait
une belle voix) comme son demi frère Robert qui lui avait une voix
encore plus belle. Ma mère avait dût admirer fortement mon père à
une certaine période ,c'était un grand séducteur ,il devait plaire
aux femmes .En parlant de sa jeunesse elle m'avait dit un jour avec
fierté- Ton pére et moi lorsque nous étions seulement
mariés,nous étions les premiers du quartier à posséder un poste
tsf!-. Nous étions en avance sur les autres!-A cette
occasion me revenait en mémoire des photos que j'avais vu d'eux
après leur mariage.Mon père ressemblait à un jeune premier à
l'air romantique viril et sportif,maman à une femme amoureuse
relativement décontractée,cela détruisait complétement les
stéréotype que je m'étais fait d'eux.Je me disais en voyant ces
photos que toute ma mémoire d'eux était peut être tronquée.Maman
,si elle avait pu lire ce que je suis en train d'écrire sur elle
aurait sans doute été très mal à l'aise,car elle était d'une
pudeur extrême.Elle n'aurait pas compris que je puisse livrer mes
sentiments sur elle dans un roman à moitié illisible pour les jeter
en pâture à la face du monde ;elle considérait au fond d'elle même
que se taire valait mieux que parler,surtout pour dire n'importe quoi
ou des choses inutiles.Je reste encore persuadé qu'elle me regardait
comme une sorte de monstre sans oser se l'avouer,car mon comportement
était pour je l'ai déjà dit ,une énigme ;elle se demandait ce
qu'elle avait fait au ciel pour avoir engendré un fils si peu
conforme à ses conceptions traditionnelles de la vie et de la
famille .Elle devait aussi penser que j'avais hérité d'un grain de
folie en provenance de quelques ancêtres éloignés et mystérieux
;elle m'avait dit un jour -mieux vaut ne pas trop regarder en
arrière de nous on risque d'avoir de mauvaises surprises – elle
parlait de mes ancêtres que savait elle?. Elle était au courant de
la vie dissipée de la mère de mon père,mais pour le reste ,c'était
sans doute de la pure spéculation d'imaginer des ancêtres lointain
puisque notre arbre familial semblait s'arrêter à une où deux
générations.En repensant à sa propre jeunesse,il lui arriver de
se dire qu'au final ,elle avait aussi hérité d'une dose
d'excentricité avec mon père ils avaient au début de leur mariage
des idées fantasques,et farfelues et dans ses relations on décelait
un penchant pour les êtres non conformistes ou sortant de
l'ordinaire il y avait un magicien qui passait de temps à la maison
pour faire des tours de passe dans la cuisine ,mais je ne l'ai pas
vraiment connu,c'était trop lointain ,je n'en ai conservé que le
souvenir que mon père toujours enthousiaste nous transmettait de lui
à travers ses récits qui étaient surtout une manière de mettre en
évidence ses propres exploits ,car c'était un grand raconteur de sa
propre vie.
Archéologie
d'une vie ancienne.(suite).
PROUST SUITE.
La suite des lectures que je fis de
Proust furent pour le moins irrégulières,je l'abandonnais et j'y
revenais de temps en temps ,car j'avais plusieurs auteurs dans mon
bestiaire ; Proust demeurait pourtant un de mes écrivain fétiche
,avec Chateaubriand,et Montaigne.Je m'étais payé une biographie
complète de lui; elle était bien documenté et il y avait de
nombreuses photos ; je fini par mieux connaître sa vie que ses
écrits.Aujourd'hui encore j'éprouve beaucoup de mal à suivre ses
récits d'une seule traite , je n'en lis souvent que des fragments
,uniquement pour venir respirer à nouveau le parfum et les premières
impressions que j'avais éprouvées à lecture de son ouvrage contre
Sainte-Beuve. Proust ma fait rêvé presque autant que Chateaubriand
,mais dans une autre direction.J'ai révéré pendant longtemps la
publication de ses œuvres en collection de poche par la NRF. Édité
par BRODARD ET TAUPIN - IMPRIMEUR - RELIEUR-
l'édition datait de 1965. Sur chacun des quatorze volumes de la
recherche figurait une reproduction des manuscrits de Proust
agrémentée de quelques photos. La couverture de ces livres ma
toujours fascinée; j'aimerais que l'on puisse imaginer que ces
livres m'ont suivis partout dans mes périples depuis plus de trente
ans, à l'armée, à Paris et jusqu'en Chine, je les retrouvent ici
comme des objets fétiches qui commencent par s'éffacer petit à
petit de mon imaginaire depuis que j'ai découvert récemment
d'autres versions plus relookées de son œuvre .
VERSION DU LIVRE
QUE JE LISAIS ÉTANT ADOLESCENT ET QUI MA POURSUIVIT JUSQUE TRÈS TARD.
118
Marcel
Proust .Du côté de chez Swann.I vol.double.nrfJe
trouvais cette couverture fascinante ; et les autres aussi étaient
de la même veine.
J'ai rêvé d'écrire bien avant
d'avoir su écrire; j'ai surtout rêvé d'écrire en contemplant les
mises en pages savantes de mes auteurs favoris.J'ai rêvé plus d'une
fois aux écritures manuscrites ,photographiées en première page
du livre de la recherche (où on vois les carnets de Proust)
.Plusieurs fois,j'ai rêvé que c'était moi l'écrivain que
j'apercevais sur la photo de couverture .Les livres de poche étaient
pour moi, de véritables reliques .J'en achetais très fréquemment
.Durant une période qui m'apparaît aujourd'hui prémonitoire de mes obsessions futures;je ne pouvais pas voir un livre,sans m'imaginer que
j'en étais l'auteur ,je m'imaginais que c'était moi qui aurait pu
l'écrire.Cette identification narcissique à mes auteurs favoris
,c'était l'occasion de me projeter dans une délicieuse rêverie;
me voyant sur la couverture d'un livre,j'en imaginais le contenu
;c'était suffisant à mes propres yeux pour être consacré
auteur;souvent il m'arrivais d'être déçu à la lecture du livre
qui ne correspondait pas à mes attentes . Ces couvertures en
collection de poche plus précieuses que celles plus raffinés et
plus chers des éditions de la Pléiade suscitaient en moi une sorte
d'effusion contemplative ,c'était comme si l'apparition de cet objet
magique et fétichiste -le livre- me faisait sombrer durablement dans
un sentiment d'admiration et de démence ;un désir irrépressible
d'écrire me saisissait,lorsque j'apercevais les livres , je
parvenais pas à le freiner;mais cette course aux livres ne parvenait
jamais à combler mon désir violent et absolu d'écriture.J'étais
toujours aux aguets d'une substance nouvelle,plus singulière et plus
subtile que celle que j'apercevais dans mes livres,je cherchais une
sorte d'écriture idéale et parfaite qui n'existait que dans mes
rêves.
UN ROMAN POST-MODERNE (Suite).
Une
note
J'ai
commencé par rassembler une partie de mes écrits d'enfance en
empruntant la couverture du livre de Proust qui m'avait tant fait
rêver par le passé .Je ne sais pas ce qu'il adviendra de ce projet,
car j'en ai plusieurs du genre ;tous les procédés sont bon pour
stimuler mon imagination.Je n'ai inventé cette couverture je crois
que pour me donner le plaisir de pouvoir imaginer ce que serait mon
livre une fois écrit ;c'est un peu la même façon que j'avais de
m'inventer des vies dans mon enfance je construisais des scénarios
dans ma tête ,je reprenais des histoires que j'avais vu dans mes
livres et je les transformaient .Je m'étais vu en héros dans les
aventures de Walt-Disney, en Zorro vêtu d'une grande cape noir et
d'un chapeau aux bords luisants ,tout cela,bien avant de venir me
contempler en héros sur la couverture détournée d'un livre de
Proust.Ce travail de détournement et de réappropriation,fait
aujourd'hui intégralement partie de la création due à l'expansion
du numérique ,les images en se démultipliant perdent de leur
valeur,elles se dégradent,il faut les reconvertir.Je donne le nom
de squatting- à mes détournement,,mais on pourra lui trouver bien
d'autres synonymes ,je lui donne ce nom car j'ai été longuement
bercé par l'art du recyclage.J'ai appris cet art sur le tas.Dans mon
esprit cet art se confond avec l'art du squat,que j'ai pratiqué
par nécessité dans les premières années de ma vie à Paris.j'ai
pratiqué cette occupation jusque en faire un mode d'expression
artistique intégrale.Ce qui est bon à jeter pour certains,d'autres
peuvent encore l'exploiter et le mettre en valeur.Notre société égoïste n'aime pas partager ,pourtant à force de surproduction ,et
de produits arrivés à l'obsolescence ,une contre société s'est
mis à émerger ,elle émerge sur les ruines de l'ancienne ,faute de
pouvoir jouir de biens trop chers et inaccessibles elle recycle et
reconverti ceux qu'on a abandonné.Le mur d'airain qui sépare les
riches et les pauvres n'est pas près d'être abolis,seules quelques
transgressions permettent à ce dernier d'être franchi,l'art du
squat ,et l'art du recyclage en font partie.,A force de surproduire
les hommes des sociétés modernes sont tellement saturés de biens
que c'est la notion même de biens qui a perdu du sens;certains possèdent tellement de bien qu'ils sont devenu insensibles à la
notion de partage.Ils s'étonnent que les pauvres aient envie de les
dépouiller,et le des piller mais c'est chose naturelle,qu'ils se
rassurent on pourrait leur prendre la vie ,au lieu de quelques
séquelles de leurs richesses .Les sociétés opulentes ne savent
plus quoi inventer pour faire consommer ;l'homme moderne est devenu
esclave de la société matérielle et il y prend plaisir.Le paradis
pour lui est dans les vêtements nouveaux qu'il porte ,dans les
voitures,dans les objets utilitaires et dans les appareils
sophistiqués de l’ère du numérique.Nos sociétés sont des
sociétés qui semblent magiques pour ceux qui peuvent accéder à
ses trésors sans enfreindre ses règles ,les autres doivent trouver
des solutions pour jouir de la société matérielle ,ils doivent
trouver des solutions en dehors de celles proposées par les
industries de consommation ,ils s'inventent de nouvelles vies ,ils
trouvent d'autres alternatives.Les modalités de penser nouvelles
celles capables de crée des révolutions écho-citoyennes,sont freinées par la structure de la société de développement des
biens de consommation qui tient à garder la main mise sur l'espace
sociétale,les révolutions citoyennes sont difficiles à
accomplir.L'homme de la société post-moderne est soumis à de
nouveaux dictas,nous sommes rentré dans une société encore plus
individualiste ,les luttes collectives ont régressées ,les acteurs
du changements ont ne sait plus très bien où ils sont .Mes
techniques de détournement font partie des premières techniques de
destructuration de l'art moderne par des artistes désireux de
remettre en cause les dogmes de l'art moderne officiel ;elles
appartiennent aux nouvelles manière de penser des artistes
anticonformistes confrontés aux multiples stéréotypes de la
société des images à l’ère moderne et pré-moderne.Les squattings
sont des techniques de détournement qui assimilent l'art du
détournement à un progrès.Le détournement dans cette optique est
un acte générateur de transformations.Aujourd'hui les détournements
pratiqués par les artistes sont encore plus cyniques ou plus
opportunistes,ils s'inscrivent souvent dans un désir de conquête
médiatique lié au culte de la notoriété ,un culte destiné à
affirmer la légitimité et l'irréversibilité de leur propre
ego,je suis tombé moi même dans ce piège en devenant un artiste de l’ère médiatique..Les nouveaux stéréotypes de création se
trouvent généralement disséminées un peu partout dans les médias
sociaux de notre époque,comme FB Instagram ou Twitter .Cette
technique de dissémination de nos egos dans le grand fleuve de la
communication virtuelle indique qu'une ère nouvelle d'aliénation
est en passe de réduire nos cerveaux en bouillie .Nous sommes
tellement immergés dans ce nouvel espace de communication de masse
que nous sommes à peine conscient d'être devenus des zombies.
120
Maquette
pour la partie des ÉCRITS consacrés à mes souvenirs d'enfance ,je
l'ai réalisée en détournant une des couverture du livre de la
recherche en édition de poche.
Autopsie
d'une vie ancienne (suite).
MARX
.
Autopsie d'une vie ancienne.
J'ai fais revenir les deux ou trois premiers tomes du
Capital de Marx par le biais je crois des éditions ouvrières;
c'était l'époque ou je m'intéressais aux activités sociales et à
la politique; je n'avais pas plus de dix sept ou dix huit ans; je
parachevais mes humanités, façon de parler; car si je m'intéressais
au marxisme, c'était parce que j'étais confronté à une vie de
labeur. J'avais reçu une éducation catholique; il était normal que
je fasse basculer le plateau de la balance dans le sens inverse; je
me suis mis à défaire durant quelques années les éléments de
croyance que j'avais reçu de mon éducation chrétienne. Je n'ai
pas renié Dieu tout suite,mais je suis devenu de plus en plus
matérialiste. Je m'étais assimilé les éléments de langage issus
du marxisme historique. .Comme j'avais des tendances mystiques, je
pensais qu'une intelligence supérieure devait être à l'origine du
monde ; c'est sans doute pourquoi je ne me suis jamais résigné à
un athéisme total. Je devenais plus individualiste et plus
sceptique, mais j'ai toujours persisté dans mon idée d'une poétique
de la création universelle je continuais de croire en l'existence
d'un monde purement transcendentale . Etant plus jeune,lorsque je
lisais Marx c'était souvent à travers des brochures de
vulgarisation .J'ai fait revenir les premiers tome du Capital au
début je n'y comprenais rien,je trouvais même l'ouvrage rebutant
.C'est lorque je me suis mis dans l'idée plus tard d'écrire des
piéces de théâtre vers mes vingt et un ans que j'ai redécouvert
le livre avec un regard neuf;j'en faisais des lectures passionnantes
,je le lisais moins pour comprendre les lois des mécanismes
économiques que pour m'aider à déconstruire le langage de Marx.Je
découvrais avec délice la spatialité de son discours.En suivant la
pensée de Marx dans le texte,je pouvais lire les espaces allusifs
brillants engendrés par son raisonnement,je pratiquais déjà le
copié collé ; les textes du Capital comportaient des figures
argumentaires qui m'intéressaient à présent comme objet
littéraire,je voyais se déployer à travers ce livre des mise en
scènes de scénarios critiques et des découpages avant-gardistes
pour mes pièces de théâtre. Je devais toutefois sauter
comme auparavant déjà les passages qui faisaient référence à l’algèbre.J'étais nul en algèbre.J'avais éprouvé un sentiment
d'exaltation semblable à celui que les premiers révolutionnaires
avaient du éprouver lorsqu'ils lisaient clandestinement le Capital
,lorsque j'ai eu entre les mains l'ouvrage original .J'avais lu des
premiers extraits du manifeste du parti communiste en livre de poche
,vers mes dix sept ans .Lorsque vers vers mes dix huit ans j'ai fais
revenir le livre,j'avais la sensation d'avoir grandit ,j'allais enfin
avoir accès à la pensée de Marx dans le texte.Je devais couper
avec application chaque page que je lisais avec un coupe papier, car
elles n'étaient pas bien massicotées, le papier sentait l'encre
d'imprimerie ,c'était un papier vulgaire, assez épais, assez rêche
au toucher ,la couverture du Tome un du Capital était d'une grande
sobriété ,juste ce qu'il fallait pour inciter le lecteur à
pratiquer une lecture monacale.J'éprouvais une sorte de griserie à
parcourir ces pages qui sentaient encore l'odeur de souffre des
interdictions passées,mais les références trop pointues de Marx me désarçonnaient.Je ne parvenais pas à déchiffrer une partie de sa
pensée,à cause de son langage trop technique.J'ai mis les tomes du
capital de côté,je les ais rangés dans ma petite bibliothèque de
penseur autodidacte ;j'ai ressorti les tomes lors de ma période théâtrale.Si j'avais pu voir apparaître à cette époque ,les
bâtiments qui servaient de siège aux éditions ouvrières qui
avaient publié l'ouvrage ,j'aurais été doublement persuadé de
l'authenticité prolétarienne de l'ouvrage.Le bâtiment qui
accueillait les éditions était impressionnant d'allure, il
correspondait dans mon esprit à un cliché authentique de la grande
période du contre-pouvoir social érigé par la classe ouvrière au
milieu du monde capitaliste ; il y avait cette grande inscription en
rouge qui barrait frontalement le bâtiment sur toute sa longueur
.-On pouvait lire en grosses lettres- LES ÉDITIONS OUVRIÈRES . J'ai découvert ce bâtiment
seulement plusieurs années plus tard,alors que ma vie avait
radicalement changée,de simple ouvrier,j'étais devenu étudiant
,puis j'étais devenu par le jeu des circonstances un des leaders des
squats d'artistes avec AC (Art-Cloche) .Lorsque j'ai aperçu ce
bâtiment,Avenue de la sœur Rosalie,,c'était vers le milieu des
années quatre vingt ,j'étais en train de mettre au point avec mes
amis d'alors l'occupation de la base artistique squattérisée de Sœur Rosalie- un vaste bâtiment dans lequel nous avons tenté
d'implanter,un grand lieu expérimentation artistique
avant-gardiste.Le lieu que nous avions occupé était très
vaste,c'était une ancienne usine de couture Tricosat qui comportait
plusieurs étages,à moitié désert ,dont certains d'une blancheur
éclatante permettaient de rêver à toutes sortes de choses
extraordinaires.Ce bâtiment se trouvait juste à côté des
anciennes Éditions sociales .C'était une vision très symbolique
des écarts qui affectaient ma vie ;je me revoyais hier en train de
lire le Capital,j'avais dix huit ans ,je m'insurgeais contre ma vie
de forcené en usine ;à présent j'en avais trente huit ans j'avais
l'impression d'avoir parcouru du chemin,mais je n'étais pas sûr
d'avoir vraiment quitté l'ancien monde,il réapparaissait subitement
sur ma route pour se rappeler à moi ;j'avais l'impression d'avoir
échappé à une vie de dingue dans une usine que je détestais ,mais
une autre vie de dingue m'apparaissait à travers ma vie d'artiste
squatter ,naturellement j'avais idéalisé cette vie et même j'en
revendiquais les aspects les plus contestataires,mais je n'étais pas
dupe,le monde capitalise continuait à prospérer,il avait pris de
nouvelles formes;je m'étais adapté par nécessité aux
transformations qu'il avait fait subir à la société,mais je savais
que je marchais dans le cœur de la bête ,hier j'étais un laborieux
qui trimait sur des machines à tisser,aujourd'hui j'étais un
artiste renégat qui tentais de tracer une piste héroïque dans la
jungle des villes.J'étais un combattant de la nouvelle pensée
sociale j'avais convertis mes idéaux marxistes en dérives
ludiques post-situanionistes ,j'étais aussi le fondateur je ne
l'oubliais pas d'un mouvement utopique imaginaire qui s'appelait
-TRANSMIGRATION- je me comparais à un explorateur qui tentait des
expériences sur le monde,je voulais convertir les lieux en friches
en lieux d'exploration de l'imaginaire sociale .Ma destinée était
de marcher à contre courant des idées admises;je savais que cette
liberté d'agir avait un prix , le monde était organisé selon les
lois vertueuses de l'ascension sociale ;ceux qui tournaient le dos à
cette règles devaient s'attendre à être répudiés ,je devais
faire des efforts de théorisation pour tenter de faire connaître
notre mouvement d'occupation des friches industrielle ,comme une des
formes possible de l'ascension sociale ;comme avec AC (Art-Cloche)
nous avions la chance d'être médiatisés je tentais d'expliquer aux
médias télévisés lorsqu'ils venaient nous visiter que notre
mouvement était dans l'air du temps et qu'il constituait un atout
sérieux pour la révolution des arts urbains qui prenait forme au
cours de ces années ;Art-Cloche en était un morceau essentiel et
c'eut été dommage de ne pas tirer profit de cette forme nouvelle
de l'art-urbain ,car il représentait un véritable atout pour la
création française et surtout pour les marchés de l'art qui
étaient toujours en attente d'une nouvelle révélation.
AUTOPSIE .(Suite).
A l'époque ou je faisais revenir les Tomes du Capital
,vers mes dix huit ans ,j'étais imprégné des exploits des
révolutionnaires russe; je connaissais assez bien l'histoire de la
commune de Paris et j'avais lu Proudhon (en collection de poche
),c'était l'époque ou je lisais aussi Gogol car je n'étais pas
limité dans mes lectures (j'étais tombé en admiration du Révizor
et des âmes mortes ). De Tolstoï j'avais vu guerre et paix au
cinéma, et j'avais commencé par lire Anna Karénine,j'étais tombé
amoureux de Tchekhov en lisant la mouette; ma formation littéraire
était hétéroclite,j'avais lu quelques poèmes de Pouchkine et de
Maîakovski ; j'avais lu aussi le manifeste du parti communiste en
collection de poche comme je l'ai déja noté , ainsi que la vie de
Lénine ,celle de Trotski et celle de Staline ; j'avais été étonné
d'apprendre que ce dernier avait été séminariste avant d'être un
révolutionnaire professionnel. Tous ces livres m'avaient imprégné
de l'atmosphère qui avait précédé la révolution d'octobre,
j'étais tombé sous le charme des actions héroïques qu'avaient du
mener les bolchéviques avant d'accéder au pouvoir tout comme
j'avais été bercé par les exploits de Danton,Saint-Just et
Robespierre pendant de la révolution française .Mon admiration chez
les russes,allait à Lénine, mais aussi à Trotski. Je n'aimais pas
Staline, mais j'étais impressionné par les combats et les luttes
que ce révolutionnaire professionnels avaient menés avant
d'accéder au pouvoir suprême .Quelques temps plus tard je me suis
intéressé aux luttes libertaires des marins de Cronstad ,je me
sentais sans doute des affinités avec ces rebelles ,j'avais des sympathies spontanées avec les anarcho-libertaires.Lorsque
j'ai appris que c'était Trotski qui avait réprimé dans le sang
leur tentatives de rébellion ,il est descendu d'un cran dans mon
estime. J'étais naïf sentimental et idéaliste.La Russie dans mon
imaginaire , me renvoyait à une image d’Épinal ,elle me renvoyait à
la lecture d'un livre que j'avais tenu entre mes mains alors que
j'étais enfant; c'était un livre sur la vie de Napoléon, je me
souviens encore des images ou on voyait l'empereur debout sur son
cheval, une main sur le foie contemplant le spectacle de la débâcle
de son armée dans l'immense plaine blanche de la Russie . Ma
fascination pour le grand peuple russe provenait surtout en réalité
de clichés et des lectures partielles que j'avais fait de ses plus
grands écrivains ;malgré ma passion pour la révolution russe, je
ne parvenais pas à idéaliser entièrement le régime
communiste,j'étais mal informé de ce qui se passait ,je n'étais
pas très chaud à l'idée de vivre sous un tel régime. J'ai pu
m'identifier pendant une période très courte à un commissaire
politique en contemplant au cinéma les images exaltantes et
émouvante du film en vogue à l'époque Le Docteur Jivago ,tiré du
roman de Pasternack; cela m'aurait bien plus en imagination de
devenir un révolutionnaire professionnel, mais je savais que cela
n'étais pas très censé; prendre modèle sur la révolution russe
n'avait pas vraiment de sens, car la société française je le
voyais bien autour de moi aspirait à tout autre chose qu'au
communisme. Si elle aspirait à quelque chose , c'était à plus de
bien être ,à plus de plaisirs et à plus de confort matériel;pour
cela au final il n'y avait que l'Amérique qui pouvait lui servir de
modèle; l'Amérique c'était tout l'opposé de la Russie.Lorsque je
suis devenu étudiant en théâtre mon admiration se porta sur
Stanislasky et Meyerhold, car leur engagement dans la révolution
russe me les avaient rendus sympathiques mais comme l'Amérique était
toujours présente dans mon esprit l'Actor-studio ,le Bread an puppet
et le Living théâtre étaient devenus mes références ,ils
représentaient l'avant garde américaine.Les écrivains et les
metteurs en scène russe étaient des références obligées pour qui
s'intéressait à l’histoire théâtre de même que le théâtre
d'agitation qui avait repris dans ces années là une grande
importance ,car le théâtre était devenu plus politique. Maiakosky
et Ginsberg étaient deux références incontournables pour qui
s'intéressait à la poésie d'avant garde ; les constructivistes
russe ,Malévitch ,Kandisnsky faisaient partie aussi du bagage de
culture universelle que transportais avec lui l'étudiant en
théâtre,sans parler de Grotowski le pape du théâtre engagé
polonais.Ma culture d'autodidacte coupé du monde scolaire comportait
de nombreuses lacunes,mais j'avais un avantage ,j'étais toujours
avide d'apprendre,je lisais tout ce qui me tombais sous la main
,j'opérais une sélection en fonction de mes centres d'intérêts et
ils étaient nombreux.Dés l'âge de seize ans ,avec mon argent de
poche je pouvais faire revenir toutes sortes de livres par la poste
, mais il m'arrivait aussi de me déplacer pour aller à la chasse
aux livres dans des villes plus importantes que celle où j'habitais.
Ma bibliothèque était constituée pour les trois quart de livres
de poche; j'appartiens à une génération de lecteurs pour qui la
démocratisation du savoir rimait indubitablement avec le mot "
Livre de poche".
Sans cette révolution des modes de diffusion moderne du savoir
j'aurais éprouvé plus de mal à contenter mes désirs de lecture,
car les livres qui restaient un produit de luxe, m'étaient devenus
beaucoup plus accessibles. Un de mes plaisirs favoris,je le trouvais
dans la lecture des pages du Littré car j'étais tombé amoureux des
mots de Littré; je lisais les pages du Littré comme si c'était
un merveilleux ouvrage destiné à faire rêver; je prenais beaucoup
de plaisir à savourer les différentes définitions des mots que
Littré donnait. Un de mes grand regret a l'époque était de ne pas
avoir pu me payer la collection de luxe les œuvres de Littré,je
m'étais rattrapé quelques années plus tard sur Paris j'avais en
fouinant aux puce récupérer une édition de luxe. De même
j'aurais aimé, pouvoir m'acheter les œuvres complètes des poètes
classiques Grecques et Romains car je recevais de temps en temps des
offres d'achat par correspondance de ces ouvrages. J'ai rêvé
longtemps de pouvoir les lires,car la mythologie me fascinait ;je
n'ai jamais trouvé le temps ni la somme nécessaire pour pouvoir me
payer ces ouvrages et aujourd'hui alors que je pourrais plus
facilement me les payer je sais que je n'aurais plus le temps pour me
coltiner ces lectures.Je me contente de me jeter sur internet pour
récolter les informations dont j'ai besoin pour améliorer mes
connaissances.J'ai l'agréable sensation d'avoir changé de monde,et
de mode fonctionnement,puisque j'ai à ma disposition le plus grand
dictionnaire qui soit au monde,en deux trois cliques j'y ai accès
via internet.Le monde dans lequel nous sommes tombé à radicalement
changé de manières d'apparences et de façon de raisonner ;moi même
je suis devenu un autre.La passion inconditionnelle de la lecture
m'est restée ,mais elle devenue plus fragmentée même si elle
s'est largement amplifiée ,elle n'a plus la même ferveur que
lorsque je découvrais en néophyte,mes auteurs fétiches ;ma vie
surtout centrée sur la peinture me laisse moins de temps pour
lire.La passion pour la lecture que j'éprouvais dans mon adolescence
s'est transformée en frappes à la va vite sur les réseaux sociaux
.Mon idée de la lecture s'est transformée avec l'apparition des
nouveaux médias et avec elle l'idée que j'avais du plaisir de lire
et du plaisir d'écrire.Dans mon adolescence je pouvais traîner des
journées entières entouré de livres,et m'abandonner à cette sorte
de plaisir oisif qui consistait à ne rien faire que lire.Aujourd'hui
je ne lis plus que quelques longues minutes aux toilettes;et pour le
reste je passe les trois quart de mon temps à me relire
,généralement le matin .Je corrige et peaufine les textes de mes
tapuscrits,je suis comme une sorte de Sisyphe moderne,j'ai
l'impression de pousser une énorme pierre devant moi sans que jamais
je puisse tirer le moindre bénéfice de mes efforts,car mes mes
écrits m'échappent.
ARCHÉOLOGIE SUITE.
MONTAIGNE
Montaigne
pour qui j'avais une passion particulière était un de mes auteurs
favoris, je le mettais bien en vue sur ma table d'écriture.Lorsque
j'avais quinze ans il était devenu le symbole vivant de mon
rattachement à la culture humaniste. Je lisais Montaigne en
collection de poche; la couverture de cette édition était parcourue
par un dessin de couleur jaune en forme ornementale. Elle
s'inscrivait sur un fond noir et vert je crois; ce livre me demeurait
aussi précieux en collection de poche que s'il avait appartenu à
une collection rare. Je lisais Montaigne entre les lignes et par
morceaux,en fait je le grignotais plutôt que je le lisais. J'avais
adhéré spontanément à ses façons de voir,dans lesquelles je
m'étais reconnu presque identifié instantanément .Je travaillais
comme rameur dans l'usine textile lorsque je le lisais et c'eut été
probablement un étonnement pour Montaigne lui même de voir un
lecteur de ma sorte ,rentrer dans son univers. J'avais souvent
l'impression,d'avoir plus d'affinité avec ses façons de voir et de
penser,qu'avec celles de mon époque où qu'avec celle de mes
camarades de travail.- Je n’ai d’autre
objet que de me peindre moi-même. - -Ce ne sont pas mes actes
que je décris, c’est moi, c’est mon essence.-. Essais,
II, 6 De l'exercitation. Ces
phrases qui résonnaient en moi
y trouvaient immédiatement un écho favorable.J'ai
été imprégné très tôt de sa façon de raisonner .J'ai fini
pourtant peu à peu par me détacher de Montaigne ;au fil du temps
j'ai même fini par égarer ces livres ,je le retrouvais à chaque
fois dan des éditions nouvelles . J'ai retrouvé aux puces récemment
une nouvelle version des Essais ,c'était un volume -le quatorzième
de la bibliothèque de la pléiade – édité par la nouvelle revue
française . Il m'arrive de temps en temps de venir feuilleter les
pages de cette édition pour tenter de retrouver des émotions
anciennes ;j'éprouve une sorte de délectation à lire Montaigne
dans cette nouvelle édition à cause de la douceur du papier qui
ressemble à celui d'un Missel; un petit ruban de soie rouge placé à
l'intérieur sert de signet; le dos du livre strié de bandes doré
rappelle le style de la prestigieuse collection, dont c'est le seul
volume dont je sois en possession. Quand je suis encore assez alerte
je viens ouvrir les pages de ce livre missel ,je cherche peut être
ce faisant à perpétuer un geste ancien ,celui du lecteur
frénétique que j'étais étant adolescent ;j'avais appris à
ordonner mon impatience afin d'asseoir ma soif de savoir
;aujourd’hui je revois Montaigne à travers la lecture purifiée de
ma jeunesse qui était exaltante et enthousiasmante ,les paroles que
je recevais de Montaigne me remplissait le cœur de sagesse et de bon
sens .
125
UN
ROMAN POST -MODERNE
TROISIÈME PARTIE
INTERMÈDE
LA
MAISON DE LUMIÈRE
(QUELQUES PAGES DE MES JOURNAUX DE BORDS
SUCCESSIFS )
13
Septembre 2016.
Des précisions:
J'ai
réalisé la première version de mes souvenirs en 2001 il y a
environ quinze ans ,en même temps, je prenais des notes dans mon
journal de bords de l'époque ,c'était en 2012.Aujourd'hui,13
Septembre 2016,quatre ans plus tard,m'étant attablé à la relecture
de ce tapuscrit j'ai étalé devant moi le plan provisoire de ces
écrits .Le temps qui fait son œuvre m'offre la possibilité de
supprimer,remodeler et transformer mes souvenirs je les recycle au
gré des relectures successives de mon tapuscrit et de mes
humeurs.J'avais décidé depuis longtemps d'implanter dans mon texte
de mémoire des parties de mon présent;je voulais surtout montrer le décalage vertigineux qui pouvait m'affecter en tant qu'observateur
au sujet de mon passé.Je voulais faire partager au lecteur les
chutes ,les doutes et les changements d'attitude qui m'affectaient au
moment ou je tentais d'écrire mes mémoires.C'est pour cela que je
notais mes impressions au jour le jour,je voulais montrer que mon
travail autobiographique était une grande aventure de la mémoire
,mais aussi peut être une grande aventure de l'esprit ,même si la
chose pouvait paraître exagéré et un peu prétentieuse.Même si ma
mémoire ne s'accordait pas toujours avec elle même ,même si des
altérités substantielles pouvaient surgir dans l’intervalle au
sujet de mon passé ,je voulais enregistrer le tout avec ses qualités
et avec ses défauts.Je voulais que le temps de la lecture et celui
de l'écriture devienne - une véritable aventure -A la
différence de Proust ,que j'avais souvent pris comme point de repère
,je ne faisais pas comme lui une distinction entre la mémoire
volontaire et la mémoire involontaire ;pour moi toutes les deux se
confondaient (elles se confondaient toutes uniment dans le mouvement
de la mémoire qui était aussi celui des écrits)-. Ce qui
m'intéressais c'était de cerner le mouvement substantiel de la
mémoire à travers mes écrits vu à travers des périodes
différentes .La vérité se tenait aussi bien pour moi dans les
souvenirs volontaires que dans les souvenirs involontaires,elle se
tenait dans le mouvement de la langue et de l'écriture ;elle se
déployait toute entière et toute nue à travers les récits de
mémoire que j'étais en train d'écrire .Ma mémoire était mon
alliée mais aussi mon ennemie;je pouvais me souvenir avec brio de
mes émotions passées où comme c'était souvent le cas à mon
insu je pouvais déformer plus ou moins consciemment le cour, de ma
vie à travers des exercices littéraires plus ou moins sophistiqués
destinés soit à embellir ma vie soit à la discréditer ;je pouvais
me voir différent d'un jour à l'autre .Même si j'écrivais avec
sincérité ,ma mémoire étalait contre moi au grand jour des faits
qui venaient me contredire .J'apercevais parfois sur ma route des
pans entiers de moi qui peignaient ma vie avec les couleurs de la
vérité,mais j'aurais très bien pu écrire les même scènes avec
le regard d'un autre qui était caché au plus profond de moi -Car
je vivais toujours avec le sentiment confus qu'en chacun de nous -
existe un autre être que nous ne connaissons pas-Karl
Jung.La vérité se tenait debout partout,elle
était présente jusque dans les pires revers de moi même.Comme je
voulais être sincère,et ne pas lui échapper,je m’efforçais de
montrer toutes les choses de ma vie;je voulais les représenter avec
sincérité,mais je suis aperçu très vite qu'être sincère ce
n'était pas suffisant ,il fallait avoir en plus du talent pour dire
la vérité ,car énoncer des choses vraies avec sincérité mais
sans talent,c'était les vouer au mépris de ceux qui ne croyait qu’aux vérités littéraires ,peu importait pour eux que les choses
soit vraies ou fausses,il fallait avant tout qu'elles soient bien
dites et qu'elles paraissent vraies.
*(1)?
Voilà
ce que j'écrivais en 2012 ,il y a seulement quatre ans dans mon
journal:
Je prends
ces notes le jour de la Toussaint, je les prends sur mon portable ,
ce portable est posé sur la table de la salle à manger table dont
j'ai fais état plusieurs fois, lorsque j'ai parlé ( dans le
premier opuscule ) de mes souvenirs d'enfance, et d'adolescence.
Dehors il fait un très beau soleil, mais le climat reste frais.
Nous
sommes allé il y à peine une heure nous promener avec Lumière (
mon fils) Iris ( ma femme) et Étoile la copine de Lumière, au
bords de Seine, distants d'à peu près trois kilomètres. Là
Lumière qui insistait pour pécher a voulu à l'aide d'une canne à
pêche qu'il a confectionné lui même, aller à la pêche aux
poissons , il ma demandé de fixer un morceau de pain au bout d'un
fil plastique transparent qu'il avait relié à un morceau de bois;ce
que j'ai fais. Il a fallu poser un siège pour qu'il puisse
s'asseoir, comme la canne à pêche était trop petite je lui en ai
rapidement taillé une plus grande dans un arbre qui poussait à
proximité. Sur le sol l'herbe était toute mouillé, toute pleine de
la rosée de la nuit. Chacun de nous avait les pieds trempés. J'ai
du aller chercher dans la voiture, une bâche plastique, nous l'avons
fais sécher quelques instants, grâce au soleil qui pointait ,avant
de pouvoir nous asseoir dessus. Lumière à bientôt arrêté de
pécher ,nous nous sommes alors tous installé sur la bâche en
plastique .Dans cet endroit des bords de Seine ;il y a des jeux, pour
les enfants ,Lumière et Étoile se sont précipités sur les
jeux;Iris est restée à mes côtés .Je repensais en regardant la
Seine qui était face à nous,que mes écrits disparaitraient
probablement dans l'indifférence générale si je ne m'arrangeais
pas pour leur donner une vie qui soit semblable à l'eau mouvante du
fleuve qui s'écoulait devant mes yeux ;c'est
après avoir regardé le fleuve s'écouler d'une façon si régulière
que l'idée de placer un intermède dans mon roman m'est venue à
l'esprit, je voulais montrer que mes souvenirs avaient la forme d'un
fleuve qui s'écoulaient devant moi d'une façon régulière ;mais
comme je ne parvenais pas toujours à identifier l'origine de mes
souvenirs ,je me demandais quelle place réelle ils devaient occuper
dans l'eau du fleuve ,je pensais qu'il existait peut être un ordre
caché ,qui dessinait le mouvement naturel des choses de la mémoire
,mais je n'en étais pas certain.Comme le probléme me
préoccupait,j'avais écrit dans mon journal un texte là dessus ,car
je voulais comprendre le mouvement subtil et extravagant
qu'effectuait ma mémoire pour rendre compte des choses du passé.
RÉMINISCENCE.
Un texte
de 2012.
Ce
n'est pas une idée nouvelle, ce dispositif narratif qui consiste à
introduire du présent dans un récit qui se déroule au passé.Il
me semble que j'ai décidé de l'adopter depuis la rédaction
d'un projet de livre (inaboutis) -Transat- dans lequel j'avais mis en
place cette procédure .Faire diversion dans mes récits
de souvenir en intercalant des parties de ma vie présente peut
sembler sans fondement ;mais j'en avais besoin pourtant pour montrer
comment s'élaborait au fil du temps la forme parfois divergente que
prenaient mes souvenirs ,je voulais tendre un miroir à mon passé,je
voulais le voir se refléter dans mon présent. Par exemple juste
avant d'aller me promener au bords de Seine,j'étais allé voir dans
mes archives ;car il me semblait que j'avais déjà écrits alors que
j'étais à Shanghai quelques souvenirs se rapportant à mon enfance;
je m'intéressais à cette partie de ma vie ,car à présent que
j'étais devenu père des souvenirs liés à ce paradis lointain me
revenaient en tête;je me demandais comment je pouvais compléter mes
souvenirs et sous quelle forme je pouvais le faire . J'avais placé
ces récits dans un dossiersque j'avais intitulé -Archéologie
d'une vie ancienne-,
je les avait mis de côté en attendant le jour où j'aurai le
temps de pouvoir venir les compléter.A cet
instant précis ,j'avais aperçu Lumière (mon fils) qui déboulait
dans mon atelier,il se préparait visiblement à sortir; il avait
mis des bottes,il tenait une canne à pêche à la main, il
m'invitait à arréter tout de suite mon travail,car il était pressé
d'aller à la pêche .Une image de moi me revint instantanément à
l'esprit ,je me suis revu un pot de camp de pêcheur en
bandoulière,une paire de bottes qui montaient jusqu'au genoux en
train d'attendre mon père qui m'avait proposé de venir à la pêche
avec lui ,j'étais pressé de l'accompagner ,car j'avais pris goût à
la pêche. Je trouvais étonnant que Lumière fasse irruption dans ma
vie au moment ou j'avais retrouvé un texte qui racontait mes
ballades au bords de l'eau avec mon père ;il y avait là une sorte
d'extravagante coincidence . Je venais de réaliser que j'avais
devant les yeux ,un miroir ,c'était mon fils ;il m'invitait à me
rappeler ce qu'avait été ma propre vie avec mon père à une
époque que j'avais cru trop lointaine pour quelle puisse s'inscrire
dans mes récits consacrés à mon adolescence .Lumière venait de
s'installer dans le cours du fleuve où dévalaient mes souvenirs
,je devais accepter sa présence,tout comme celle de ma mémoire qui
se rapportait à mon enfance. Je venais de réaliser ,que je pouvais
sans souci d'ordre chronologique montrer les parties de ma vie qui me
convenaient ,et les montrer au moment où je le voulais .Je venais de
réaliser que j'étais seul maître à bords de mes écrits.Je
pouvais les agencer comme il me plaisait.Il n'y avait pas d'ordre
littéraire à respecter dans mes mémoires,j'étais le seul à
décider de la forme qu'ils pouvaient prendre ,il n'y avait que
l'ordre de ma pensée et celui du fleuve qui naviguait à travers ma
mémoire pour me dicter mon roman ;pour écrire,je n'avais qu'à
suivre le fleuve des souvenirs accumulés ,même si il semblait
désordonné,je devais m'appliquer à le suivre. Dans ce fleuve
j'apercevais pêle-mêle mêle ,ma vie présente ma vie future, mes
vies passées ,je pouvais décider de faire de ma vie un roman pour
cela je n'avais qu'à faire confiance au grand fleuve désordonné
qui jaillissait de ma mémoire,ce fleuve contenait un roman
d'aventure.C'était comme ça que je voulais écrire ,je voulais
montrer de l'intérieur les hésitations qui affectaient mes récits
et mettre à nu les mécanismes de ma pensée.
UN RÉCIT D'ENFANCE
IMPRESSIONS
ANCIENNES AU BORDS DE L'EAU.
Il
arrivait parfois ( quand j'étais un enfant ) que je suive mon père
au bords de l'eau, mon père était pêcheur; mais pas n'importe
quel pêcheur, c'était un pêcheur de truite. Certains jours ( je ne
devais pas avoir plus de sept huit ans) il m'amenait avec lui à la
pêche, ce devait être probablement le jeudi ou le samedi, les
jours ou je n'allais pas à l'école . Mon père me demandait de
temps en temps ( c'était une grande fierté pour moi) d'attraper
pour lui des mouches aux longues pattes de celles qu'on trouvaient
dans les prés qui longeaient les rivières, il m'avait montré
auparavant comment les attraper , c'était facile, il me suffisait
simplement de m'approcher lentement prés de la mouche avec une
main ouverte et de refermer la main d'un geste rapide pour la
saisir , si on avait été assez rapide la mouche était prise; en
générale on la prenait sans trop de difficulté, car ces belles
grandes mouches, ne sont pas très agiles. Mon père les plaçaient
dans une petite bouteille, munie d'un bouchon dans lequel il avait
fait des trous; il y avait toujours une bonne dizaine de mouches qui
s'agitaient au fond de sa bouteille, je ne savais quoi en penser,
mais comme ces mouches appartenaient à l'univers de mon père
j'évitais de me poser des questions. Je n'aimais pas pourtant voir
ces mouches prisonnières, c'est pourquoi il m'arrivait parfois d'en
lâcher une au hasard ; après l'avoir libérée, je la regardais
s'enfuir avec satisfaction, je me disais alors en moi- même - Cela
compense le mal que j'ai fais en attrapant les autres ! -
car je lui en attrapait quelques unes de temps en temps de ces
belles grandes mouches à mon père; je les attrapaient dans les
grands près qui dévalaient prés des rivières ou ce dernier
m'amenait . Je me souviens lors de ces randonnées d'un endroit (plus
spécialement) il y avait dans cet endroit un petit chemin qui
courait, il était couvert d'épines de sapins il fallait parfois se
baiser pour l'enfiler car il passait dans une forêt; ensuite il
fallait savoir se faufiler entre les taillis, car le chemin était à
peine visible (c'est que mon père m'amenait parfois dans des
endroits assez peu accessibles ) . Parfois il fallait sauter en
suivant la rivière d'une pierre à l'autre ,c'étaient d'énormes
pierres de granit gris ; elles formaient par endroits de superbes
assises sur lesquelles mon père prenait pieds et sur lesquelles il
pouvait rester immobile des heures durant.Moi pendant que mon père
péchait, je voyais surgir dans ces bois sous ces futaies des
histoires extravagantes; là je poursuivais un dragons que j'avais
aperçu dans mes livres lors d'une lecture ancienne ;je rencontrais
une fée, ou bien j'imaginais que dans ces bois couraient des animaux
étranges et fantastiques; je me prenais souvent pour un explorateur,
parfois pour un aventurier;la forêt qui n'était pas si grande, me
paraissait immense.Les remous , les rebonds , les tourbillonnements
que faisaient l'eau de la rivière toute proche, j'en faisais des
chutes d'eau géantes,qui recélaient des obstacles invraisemblables
que je franchissais sans difficultés car je me prenais souvent pour
un super héros; comme j'étais sensible aux choses de la nature je m’arrêtais parfois pour respirer les effluves de certaines senteurs
qui déchargeaient dans l'air leur parfums extraordinaires ; selon
la saison ce parfum était fait d'un mélange de fougères fraîches
de racines pourries, de lichens , de roseaux et de mousse; l'écume
de l'eau en passant à travers ,les sapins dispersés aux abords
projetait dans mes narines un parfum que je n'ai jamais réussit à
retrouver nul part depuis. Il me semblait que le temps était
suspendu , je voyais le temps immobile il était revêtu d'une grâce
somptueuse,il baignait dans l'espace de mon cerveau sous la forme
d'une bulle impersonnelle qui naviguait avec grâce dans les airs qui
devenaient complices de ses aller retour .Dans ces étranges
promenades passées en compagnie de mon père; je me penchais
parfois sur la rivière pour venir y contempler les reflets
magnifiques que projetaient les rayons du soleil lorsqu'ils venaient
saillir sur la surface de l'eau; je m'amusais aussi à m'inventer des
vies imaginaires toutes plus fantastiques les une que les autres;je
construisais des ponts et des barrages avec des brindilles de bois de
la mousse des cailloux ; j'entraînais avec moi des cohortes d'amis
tous fantastiques qui venaient admirer mes ouvrages ,je construisais
sur l'eau des cités monumentales que je bénissais en pissant dessus
et en agitant mon petit bout en signe de félicitation .Quand je
m'attardais trop dans mes jeux, la voix de mon père retentissait
Ouepp
! Ou son coup de sifflet Swiiiiit!. Cela voulait dire qu'il remontait
plus haut, plus loin le cours de la rivière et que moi je
m'attardais trop - Tu
dois me suivre!- me
disait il, en me grondant un peu, - Tu
ne dois pas rester tout seul dans ces endroits
c'est dangereux certaines
roches sont glissantes, si tu tombes je ne pourrai pas te repêcher!-
Parfois le Ouepp!
Se faisait triomphale, je savais alors que mon père avait attrapé
une truite, je me précipitais, et là,il me la montrait avec fierté
. Il plaçait ses truites dans un torchon blanc , après les avoir
estourbis en leur tordant le cou - C'est
maman qui va être contente !-
me disait il - regarde aujourd'hui -Quatre!-
dont une belle, elle fait
au moins quatre cent grammes!-
Je ne m'ennuyais jamais , j'inventais toujours des jeux,
j'apercevais autour de moi des mondes extraordinaires à explorer ,je
regardais les insectes escalader les tiges des fleurs,j'observais à
travers l'eau des petites pierres luisantes cet univers me
fascinait.Mon imagination me commandait de mettre à jour de
nouvelles observations,car j'étais avide d'impressions neuves,
j'aspirais toujours à de nouvelles découvertes, la vie s'offrait
entière à moi, elle contenait de vastes continents que j'étais
avide d'explorer.Les ballades que j'effectuais en compagnie de mon
père étaient toujours remplies de joie ;je m'apercevais que
l'univers était bien plus vaste que moi, si je jugeais qu'il était
trop étroit ,je l'agrandissais en imagination ;mon imagination le
rendait plus profond,plus mystérieux; le mystère c'est bien connu
accroît en nous la sensation d'inconnu et donc celle du possible.
Déjà à cette époque je me perdais dans certains coins
inaccessibles, car j'avais acquis en moi ( je ne sais comment) la
certitude que le monde gardait sous la main quelques mystères que
je me flattais d'être seul à pouvoir découvrir.Je suivais mon
père,comme un enfant docile ,j'étais
volontaire,vaillant,intrépide,encore plein d'innocence;j'attendais
le jour où devenu pêcheur moi même je pourrais accompagner mon
père avec canne à pêche ,appât divers ,et ce que j'appelais - ma
tambouille -,qui était
en réalité une goujonnière en zinc bleue trouée par dessus que
mon père m'avait acheté pour l'accompagner à la pêche.
POURQUOI J'ECRIS
Le texte
intitulé - Simples
impressions au bords de l'eau - est tiré d'une suite de
récits que j'avais rassemblés sous un intitulé unique : Le voyage
à l'endroit-. Ces divers petits écrits sur mon enfance j'avais idée
de les faire fusionner avec d'autres non encore écrits mais que
j'avais en tête d'écrire en les rassemblant sous ce nom-
Archéologie d'une vie d'enfance-. Les écrits d'enfance
devaient s'inscrire eux même dans un projet plus vaste qui
s'intitulait -Archéologie d'une vie ancienne-. Aujourd’hui,
j'ai mis ces projets à l'écart,mais j'en conserve toujours le motif
(sous-jacent). C’est que je voudrais organiser mes souvenirs comme
si je me livrais à une sorte de travail archéologique ,je voulais
qu'ils surgissent un peu comme surgissent des objets dans un travail
de fouille . Ainsi si je me livre à cette réflexion à présent ,
c'est parce je voudrais donner une idée de la forme sous laquelle je
voulais par le passé voir s'articuler la compositions de mes
écrits.Je voulais que mes écrits développent -un rapport à la
mémoire -qui s'apparente au travail des archéologues, je ne
tenais qu'à être l'inventoriste de ma mémoire; je voulais dégager
couche après couche des strates des souvenirs anciens ,je voulais
leur donner un ordre qui soit l'ordre de ma mémoire ;c'est
pourquoi,mû sans doute par un réflexe inconscient ,j'explore
aujourd'hui encore couche après couche les méandres de moi même ;
j'agis souvent laborieusement.
MES
IMPRESSIONS
Sont
toutes en réalité plus ou moins difficiles à traduire; il m'est
extrêmement difficile de retracer en continuité mes émotions, mes
affects, des faits et gestes exacts liés à mon passé; j'en suis
même venu à penser, que toute entreprise autobiographique est
devenue impossible passé un certain temps; vu que la plupart des
émotions et des sentiments qui nous avons traversés sont pour la
plupart du temps,presque effacés de notre mémoire ,à cause du
temps qui en passant,les à altérées.Je pensais il y a peu encore
que retrouver les empreintes de mon passé sans les altérer était
une chose impossible, c'est pourquoi j'avais décidé de creuser à
la manière des archéologues, couche après couche à travers les
couches souvent incohérent de mes souvenirs. C'était la tactique
que j'avais décidé d'utiliser, lorsque j'avais dressé une première
liste d'événements en provenance de mon passé ;j'avais placé sur
ma route des récits qui bâtissaient mon rapport à ma réalité
ancienne;ces récits que j'ai écris d'une façon parfois maladroite
,lorsque je les revoyaient plusieurs années après me paraissaient
souvent artificiels ou inexacts ,c'est pourquoi je les modifiais ,
je voulais rendre le plus exact possible mes impressions
passées,mais mes impressions au fil du temps se mettaient à
varier.Alors que je voulais les rendrent plus nettes,j'avais
l'impression qu'elles me fuyaient;en agissant ainsi, en les reprenant
incessamment, je m'obligeais à chaque fois à réexaminer la forme
que revêtait mon passsé;c'était chose extraordinaire de
m'apercevoir que mes points devue sur celui ci pouvait à ce point
varier.Je fini par douter que ma méthode de mémorisation ;si je
découvrais à chaque fois des choses nouvelles dans mes récits ,
rien n'indiquait au final que les modifications que je faisais subir
à ceux ci correspondaient bien à une transcription plus vrai de
mon apport au passé .Je pouvais tout aussi bien me tromper en les
revisitant ,qui était le véritable garant hormis moi, de la réalité
objective de mes souvenirs;quel intérêt y avait il d'ailleurs à en
donner une version objective?. Tout cela toutes ces interrogations se
pressaient en moi et m'embrouillaient.Je venais de m'apercevoir une
fois de plus,que ne ne possédais pas de réponse toute faites à mes
questions; j'étais pourtant décidé à en fournir une ou plusieurs
pour autant que je puisse le faire sans mentir.J'étais intuitivement
convaincu que si je me livrais à la rédaction de ces écrits avec
une telle persévérance et une telle obstination, depuis tant
d'années c'était sans doute qu'il y avait une raison profonde qui
m'incitait à agir de cette manière; une raison profonde et
personnelle qui m'échappait encore mais que je parviendrais à
découvrir un jour où l'autre.Hormis le fait que reconstituer page
après page des pans de ma mémoire disparue; c'était comme tenter
de lutter ( tout en sachant ce combat presque perdu d'avance) contre
la disparition du passé,il me semblait qu'il y avait un autre motif
à ma démarche ,un motif central déterminant; car le passé pour
un homme normal ne demandait qu'une chose en réalité c'était de s’effacer et de disparaître,il comportait beaucoup d'inconvénients
,si on voulais le faire émerger le préserver où le faire revivre
;c'était plus facile et parfois plus sains de l'oublier;le bonheur
était plus dans l'oubli de la mémoire pour un homme normale que
dans sa capacité à se souvenir . Seuls des hommes épris
d'illusion pouvaient croire que c'était chose noble et vertueuse que
d'abolir le temps pour rejoindre le passé afin de le faire à
nouveau exister.Par quoi ma persistance à écrire pour tenter de
faire revivre mon passé était elle motivée? .Il n'y avait qu'un
raison à mon avis à cette obsession;depuis mon enfance je voulais
perpétuellement lire dans l'esprit des choses ,car je voulais voir
si il n'y avait pas - un quelque chose de plus - qui m'avait
échappé sur le sens de l'existence .Ce quelque chose de plus
ressemblait curieusement à la définition que le poète donnait de
l'éternité . -L'éternité n'est guère plus longue que la vie-
.(René Char-Feuillets d'Hypos-1943-1944-) je voulais voir si il n'y
avait pas une forme d'éternité dans ma vie ,car je ne pouvais pas
me satisfaire de vivre et de mourir sans autre raison que celle que
le ciel m'avait octroyé en naissant.Je m'étais dit que je pouvais
peut être rejoindre une forme d'éternité si je mettais ma vie en scène à travers mes écrits. J'étais assez naïvement persuadé que
la littérature pouvait sauver les âmes,c'est pourquoi j'avais
toujours voulu devenir écrivain.
__________________________________________________________________________________________________________
LA
MAISON DE LUMIÈRE*
*(1) La maison de lumière,
c'est le nom que j'ai donné à notre maison, depuis notre fils est
venu au monde.
SUITE
DE MON JOURNAL DE BORDS DE L'ANNEE 2001
UNE TRÈS BRÈVE TENTATIVE DE
RADIOGRAPHIE ET DE COMPRÉHENSION DU MONDE QUI M'ENTOURE
VENDREDI
2 NOVEMBRE 2001
ACTUALITÉ
J''ai placé
deux images en contrebas ( des photos en fait ) extraites du Monde (
le journal) daté d'hier ( jeudi 1er
novembre) elles représentent deux univers en parfaite contradiction
; ce qui les relient c'est uniquement la technologie ( ces images
sont numérisées). L'une représente le Mollah Omar guide spirituel
des talibans; il est entouré d'hommes qui lui ressemblent, ce
cliché (d'une belle qualité dramaturgique) provient d'un reportage
réalisé par la télévision britannique BBC et diffusé en en
1996.*Associated press bbc
tv.
La seconde
est un cliché de la Nasa (
NASA /Hubble Heritage team). Ce second cliché
représente deux vues de la planète Mars; l'une avec de la
visibilité ( on peut observer son sol) l'autre la montre masquée
par une gigantesque tempête de sable ( rouge il paraît).
Ces deux
photos n'ont rien en commun ( à part le fait je l'ai déjà dit
qu'elles soient numérisées).
Si j'ai tenu
a montrer la première, c'est non seulement parce qu'elle présente
( selon moi) des qualités dramaturgiques, cette photo pourrait être
extraite d'un plan appartenant à une scène de théâtre, où à la
séquence d'un film ,mais c'est surtout l'article rendant compte de
la vie du Mollah Omar qui a retenu mon attention.Faut il présenter
l'homme au lecteur hypothétique de ces écrits? Le lecteur qui
lira ces écrits si ils paraissent, se souviendra t'il encore de
lui, de ce chef religieux , en guerre contre les Etats-Unis et
contre l'occident. Cela se passais au moment ou j'écris ;c'est à
dire aux environs du
DEUX NOVEMBRE DE L'AN DEUX MILLE UN.
Cela peut être n'est pas si loin…pas si loin l'instant ou un
lecteur non plus imaginaire, mais réel me lira; pas si loin peut
être, depuis que j'ai idée que ces écrits puissent voir le jour de
mon vivant, et selon un calendrier que je n'ai pas encore fixé, mais
dont les échéances me paraissent de plus en plus rapprochées car
j'ai déjà dressé l'ordre des publications. Ainsi le Tome un des Écrits que vous lisez sera le premier dans l'ordre des publications,
(il sera lui même divisé en trois opuscules.) c'est pourquoi je me
presse ( mais pas trop ) pour le rédiger, car je sais trop bien
qu'entre mes désirs et la réalité il y a toujours un immense fossé
qui se creuse.Je devrai sans doute éliminer énormément de choses
inutiles entretemps dans ces écrits,(ces passages en ferons peut-être partie qui sait?).
J’ÉCRIS DANS UN MONDE PARTIELLEMENT EN GUERRE
Dans cette
nouvelle guerre qui a lieu, à l'heure ou j'écris , guerre on ne
sait contre qui? ( Les américains eux mêmes se demandent ( assez
fréquemment ) contre quel adversaire ils se battent ) le Mollah
Omar joue un rôle singulier ( il est montré du doigt comme un des
fanatiques qui soutient les crypto-terroristes qui ont lancé
leurs avions contre les tours du World-Trate Center et contre le
Pentagone - le 11 septembre dernier tuant des milliers d' innocents-
) .Comme mes mémoires sont improvisées,je ne relate pas cet
évènement historique dans le premier opuscule du Tome I de mes
mémoires,mais dans le second,car il se trouve que la chronologie de
mes écrits ne suit pas celle de l'histoire.Toutefois je me souviens
d'avoir assisté au premier épisode de ce monde partiellement en
guerre à travers certaines images ahurissantes déversées par les
médias de l'époque ;dont une montrant des personnes se jetant du
haut des tours en flamme du World-Trate Center m'avait profondément
heurté.J'avais d'ailleurs écris ce qui suit dans ma chronique.
CETTE
IMAGE
-
Cette image, (une photo) d’un être antonyme qui se jette dans le
vide , (parue dans le journal
le monde) peu après les événements du 11 septembre, cette image
pourrait faire penser au début d'un roman de science fiction , on ne
sait pas trop d’ailleurs ( hors contexte) ce qu’elle recèle .
La réalité dramatique que cache ce cliché sautera aux yeux avec
le temps, car le temps historique gardera probablement mémoire de
cette image symbole si notre monde existe toujours . C’est la photo
d’un rêve ( un mauvais rêve, ou plus certainement d‘un
cauchemar) car cette image affreuse est tirée du vif de notre époque
.Elle montre une vue instantané terrifiante ( bien qu'esthétique)
des attentats qui viennent de se jeter hier sur cette partie du monde
qui s'appelle les Etats-Unis. L’homme ou la femme (on ne sait) qui
s’est jeté dans le vide et que l’œil de l’appareil
photographique à capté; était acculé il n’avait pas le choix ,
il s’est jeté dans l’abîme du haut d'une tour pour échapper à
une mort encore plus violente que celle qu'il pressentait.Du haut
d’une des deux tours parfaitement lisse du World -Trate Center
symbole de la puissance économique Américaine, on pouvait
contempler à cet instant à travers ces petits points qui chutaient
dans le vide le désastre qui venait s'abattre sur ces tours qui
incarnaient à elles seule toute la puissance du monde
occidentale.Une des deux tours jumelle ,venait d'être percutée par
un avion .Cette chose impensable avait à quelque chose de tragique
car c'était la première fois que l'Amérique cœur du monde
occidental était touché au vif.Le cœur symbolique de l'occident
représenté par l’Amérique venait de subir une attaque violente à
l'intérieur même de son espace vital. Pour nous qui la devinions
plus que nous ne la voyons,cette silhouette humaine plongée dans
les, airs ,avait quelque chose d'effrayant,elle montrait la mort en
direct à travers un simple point sur un cliché.La grande solitude
et la grande fragilité de nos empires modernes apparaissait toute
nue ici ;elle fondait sur nous dans un halo de tragédie de fin de
modernité .Cette image qui n'était qu'un simple instantané
technique reflet de la puissance photographique m'apparut comme hantée par le, sceaux de l'impuissance . Le mal m'apparaissait
ici dans toute sa force dévastatrice;notre époque en reflétait
avec cynisme les images ,elle était presque fier de pouvoir nous
montrer les images de la mort en direct .C'était cette tragédie que
nous portions en nous qui désormais m'interpellait.-
AUTOPSIE UN.
Aujourd'hui les nouvelles sauvageries modernes
frappent tous les hommes au hasard et sans discernement, la nouvelle
dramaturgie des temps modernes et lisse et remarquablement proche de
l'esthétisme;nous assistons à la mise en scène de l'état de
guerre de la civilisations hyper-technique qui nous étreint.Seulement
nous y assistons en spectateurs,et tant que nous ne sommes pas
concernés par ces événements et touché au vif par ceux ci,et que
nous pouvons nous réfugier dans notre empathie,seulement heureux
d'être en vie,nous sommes heureux d'être en vie,mais à cet instant
encore plus incertain de notre sort. Demain ce sera peut être nous
de mourir sans raison apparente car la mort moderne est aveugle et
touche aujourd'hui ses cibles presque au hasard.Nous rentrons dans un
monde où l’instantanéité de l'information nous rend immédiatement dépendant de la mise en scène des horreurs orchestrée par nos
moyens d'information de plus en plus sophistiqués .Nos tragédies
sont devenues des scénarios de science fiction moderne ,nous vivons
sous une cloche de verre qui nous protège pour l'instant encore de
la prochaine catastrophe,mais nous ne sommes plus très sûr d'y
échapper.Les hommes de notre époque sont hantés par la fragilité
de leur propre destinée,cela fait partie des nouvelles donnent de la
civilisation moderne,nous devons nous adapter à cette nouvelle façon
d'être;certains y réussissent mieux que d'autres car ils ont mieux
équipés en optimisme pour y résister.Personnellement j'oscille
toujours en permanence entre optimisme et pessimisme,je suis balloté
entre ces deux états comme un vulgaire colis qu'on aurait jeté à
la mer et qui subirait en permanence l'assaut des vagues.Je n'ai pas
la force de répliquer à la force démesurée des vagues,qui le
pourrait?. Le mieux encore,c'est de me rendre plus léger,pour offrir
le moins possible de résistance aux forces qui viennent me frapper
de l'extérieur. Ma psyché comme celle de la plupart de mes
contemporains est mise à dure épreuve.Même si nous ne sommes pas
égaux dans cette épreuve et que certains sont plus exposés;tous
recevrons tous un jour ou l'autre les coups de buttoir de la
destinée.Les hommes sont enchainés les uns aux autres ,nul ne peut
y échapper,c'est pourquoi nous devrions faire usages des
solidarités,mais au lieux d'y avoir recours nous nous enfermons
dans nos conforts habituels,il est plus facile d'être lâche que
courageux,égoïste que généreux .C'est un fait qui ne regarde plus
que nous ,nous sommes seuls habilité à nous juger,c'est pourquoi
nous sommes si perdus.Toutes les époques ont connu leurs avanies
,comme nous traversons une nouvelle ère ,c'est tout naturel que nous
soyons un peu surpris en traversant la nôtre.Perdu,j'ai l'impression
de l'être de même au milieu de ces récits qu'une monomanie
d'écrivain imaginaire à planté sur ma route,je suis divisé dans
mes manières d'écrire suffoqué par toutes mes maladresses,happé
par le monde démesuré et anonyme qui m'entoure.
AUTOPSIE SUITE
A notre époque les tribus issues des vieilles
cultures religieuses ont repris du service;nous sommes rentré dans
les tréfonds obscurs d'une nouvelle pensée archaïque post-moderne
qui nous entraîne dans les zones obscures de notre psyché .La
nouvelle civilisation technologique qui s'avance se bat désormais
contre les démons qu'elle a elle même engendrés;dans son
aveuglement à conquérir de nouvelles part de marchés,elle avait
oublié que les hommes du passé avaient aussi une âme et que
certains étaient près à se sacrifier pour la garder vierge et
intacte de toutes souillures au nom d'une vision fanatique du passé
et du sacré .
EN REGARDANT CES CLICHES QUE J'AVAIS DISPOSE
PLUS HAUT.
Je
ne pouvais pas ignorer qu'à une certaine époque de ma vie ,j'étais
parti moi aussi comme un fou sonder les profondeurs archaïques des
temps anciens à la recherche du sacré;c'est pourquoi ces images en
particulier celle du Mollah Omar ce religieux en proie à des visions
m'interpellait .Il n'y avait pas entre lui et moi beaucoup de
liens,sauf cette fascination que j'avais toujours éprouvé pour les
êtres mystiques,et les fanatiques surtout pour ceux qui avaient
pour manie de fonder leur certitude ailleurs que dans le monde
matériel. A l'époque de ma grande dérive Transmigrationiste entre
1979 et 1993 ,lorsque je cherchais à pénétrer dans le cœur de
l'espace primitif ( espace du commencement) avec les armes du
peintre ,mes plongés successives dans les matrices obscures des
mondes originels m'avaient fait côtoyer des mondes magiques, et
fascinants,des mondes où la pensée rationnelle n'avait plus cours,
j'avais pu entrevoir dans l'éclat d'un silex imaginaire où à
travers l'affrontement titanesque d'une vagues d'écume blanche
rentrée en conflit avec la lave rouge d'un volcan ,d'autres manières
plus primitives de raisonner que celles que l'occident rationnel
m'avait enseigné.J'étais redevenu pour une fraction de seconde un
être primitif en lutte avec les éléments,j'avais aperçu dans le tréfonds d'une caverne l’œil sacré d'un animal aux contours divin
qui s'était incrusté dans ma mémoire.J'étais redevenu le chaman
que j'avais dût être dans une époque lointaine ,car j'avais des
visions qui me faisaient apercevoir le monde d'une façon
complétement différente de celles que j'entrevoyais à l'état
normal ;j'étais devenu à moitié fou;je venais seulement de
réaliser qu'il existait au sein de notre univers des modes de
communications complétement parralléles et complétement divergents
et différents de ceux que nous considérions nous humain modernes
seul capable de nous enseigner ce que nous devions voir et savoir
sur le monde;j'en étais ressorti transformé et un peu
anéantit.Revenu de mes voyages après quelques années d'exploration
des mondes archaïques souterrains j'avais réalisé un compte rendu
de mes dérives. J'étais encore influencé par le choc de mes
visions ,car j'écrivais des choses assez proches de celles
qu'auraient pu écrire certains individus troublées par des
inspirations poétiques presque surnaturelles .Mes dérives
s'accomplissaient à travers la peinture .Depuis que j'avais décidé
,c'était au début des années quatre vingt d'explorer les
profondeurs de l'âme humaine en utilisant les ressources de la
poésie et de la peinture je m'étais laissé gagné par un sentiment
d'euphorie;je m'étais vu en explorateur des mondes humains enfouis
sous les âges ;le monde de la matière m'intéressait,mais c'était
le monde de l'esprit qui me captivais.J'avais décidé de remonter
l'abîme du temps pour aller observer comment l'homme des origines
concevait l'existence et quelle réponse il pouvait donner à mes
propres interrogations existentielles . La grande fresque de Gauguin
qu'il a peint après s'être réfugié à Tahiti en 1797 ,aurait pût
me servir de point de mire si j'en avais parcouru tous les
détails,car elle rentrait dans le même ordre de préoccupation que
j'avais ,à à peine un siècle de distance je retrouvais les mêmes questions-D’où venons nous?Que sommes nous ?Où allons
nous.J'essayais vers l'âge de trente ans,d'apporter à ma manière
des réponses à ces questions .Gauguin avait pris la résolution de
se suicider après avoir réalisé cette toile ,j'étais en proie
aux même fièvre que lui,mais je n'avais pas l'intention de me
suicider,car j'avais résolu de vivre lucide jusqu'au derniers
moments.Poussé par une impulsion créatrice irrationnelle , j'avais
décidé de me jeter tout entier dans l'aventure de la
peinture,j'allais bientôt rejoindre un groupe, d'artistes fous et
aussi déjanté que je l'étais ,le groupe Art-Cloche .Mais quelques
temps avant d'avoir rejoins ce groupe d'artistes contestataires .Je
m'étais rallié à une vision du monde beaucoup plus intemporelle
;je m'étais plongé dans l'univers des mythes premiers de
l'humanité,car je voulais découvrir quels secrets se trouvaient
dissimulés dedans.Dés mon retour à la peinture en 1979.J'avais
décidé de me lancer dans une grande dérive poétique
(Transmigration ),du nom du groupe que nous avions fondé.Cette folie
créatrice qui m'avait saisit je l'avais mené tout au début en
compagnie d'un ami poète Manuel Rodrigues qui était sujet aux mêmes
vision surnaturelles que moi.Nous avions décidés de lancer un
mouvement poétique qui allumerait la flamme de la poétique moderne
qui selon nous devait retrouver une vision intuitive et cosmique de
l'espace .Nous étions convaincu d’œuvrer à l’apparition d'une
nouvelle pensée qui avait des similitudes avec celle que les
surréalistes avaient tentés de faire surgir quelques années plus
tôt;nous nous prenions pour leurs continuateurs,nous avions des
plans encore plus démesurées, nous voulions établir un lien avec
les astres et la pensée des yogis,nous étions résolus à percer
tous les mystères de l'univers ,même ceux interdits par les modes
supra-rationnel de la pensée occidentale.Il y avait quelque chose de naïf et et d'extrêmement délirant dans nos visions ;pour ma part
j'avais dessiné les configurations métaphysiques que je pensais
nécessaires au renouvellement d'une poétique moderne .J'avais écrit
un manifeste qui était une ébauche de la révolution poétique que
nous voulions réaliser,je tenterai d'en faire ressurgir les reliefs
un peu plus tard lorsque j'évoquerai d'une manière plus concrète
cette période de ma vie.En attendant voilà un des textes de
présentation du groupe que j'ai retrouvé gisant dans mes archives.
TRANSMIGRATION
PETIT
PROFIL HISTORIQUE
Le
groupe transmigration a vu le jour en 1981 c'est Manuel Rodrigues (
peintre ,poète et dramaturge), et Jean Starck (peintre écrivain)
qui sont à l'origine de la création du groupe ,il compta rapidement
trois autres membres en plus des deux cités. Le premier Jean Couchat
était artiste peintre et potier ( décédé prématurément) le
second Nicolas Pawlowski ( peintre mystique d'origine Biélorusse
devenu peu après un des fondateurs d'Art-Cloche) ) , et le troisième
Dimitri Keltchewski ( peintre professeur d'art martial et
bibliothécaire) . Le groupe a eut une existence éphémère
puisqu'il disparaît en 1986 après une période d'intense activités
souterraines au sein D'art -Cloche .La disparition du groupe n'a
jamais été effective J.Starck M.Rodrigues N.Pawlowski revendiquent
toujours leur appartenance à ce groupe plus ou moins implicitement à
travers leurs œuvres . Le groupe revendiquait une vision transcendantale et mystique pour le siècle futur,il revendiquait le
dépassement de l'art et son élévation sur un plan sidéral,cosmique
et surnaturel. Il était en partie à cause de sa fascination pour
les dérives de l'esprit,le continuateur de l'expérience surréaliste
,pourtant il avait un programme qui le faisait s'apparenter plus aux
disciples du grand jeux ( avec Daumal) qu'au groupe surréaliste. En
fait l'option surréaliste du groupe T°° est surtout présente à
son point de départ; en effet ,c'est suite à la création d'un
poème automatique écrit à la terrasse d'un café à Paris que le
groupe vit le jour. Le titre paru si étrange à ses auteurs , qu'ils
décidèrent de le garder. Le groupe Transmigration était né.
L'homme
moderne devait réapprendre à penser d'une façon poétique
intuitive et naturelle.Pour nous la création du monde était le fait
d'un chaos intelligent qui avait des sources lointaines dans le passé
;l'homme moderne devait retrouver les sources originelles des pensée
primitives et archaïques et réapprendre à penser selon les lois de
l'intelligence cosmique universelle.Si le groupe T°° transmigration
avait des apparentements avec le groupe surréaliste,c'était aussi parce-que nous étions imprégné de culture moderniste.-En
chacun de nous existe un autre être que nous ne connaissons pas-
c'était par l'entremise de cette phrase de Jung que nous devions
regarder notre propre manière d'être pour la comprendre .Dans
notre délire poétique se superposaient des images de la révolution
surréaliste,j'avais souvent à l'esprit à l'époque de mes dix sept
ans lorsque je vivais encore comme un simple ouvrier ,une vision de
Breton et de Soupault en train de composer et d'inventer l'écriture
automatique ,c'est cette séance entre les deux amis qui donna
naissance au surréalisme.Je ne suis pas loin de penser que cette
image mémoire qui m'avait hantée dans une période de ma vie où je
rêvais de devenir autre qui provoqua en moi quelques années plus
tard,le désir de créer par moi même un mouvement poétique qui
soit à la rigueur de la même vaine que celui des surréalistes.Car
le poème automatique que nous avons crée ensemble avec mon ami
Manuel Rodrigues à donné naissance peu de temps après au groupe
Transmigration.Le groupe n'atteindra jamais l'ampleur du groupe
surréaliste,et nous l'avons peut être inventé uniquement à
partir des images mémoires inconscientes issues de notre culture
européenne commune.Une fois le groupe Transmigration disparu au
milieu des années 80.J'ai tenté d'en poursuivre l'aventure en
solitaire à travers le long chemin artistique de la quête
immobile-A travers ce chemin je tentais de poursuivre mon rêve
d'utopie post-moderne.
RETRO-VISION
La quête immobile
Carnet de route d'un peintre égaré
dans la splendeur du temps.1979-1992-
Voici la préface du texte qui retrace ma
dérive.
Préface
du manuscrit -inédit.
TRANSMIGRATION
Au départ la course que j’ai entrepris me semblait improbable, mais elle rassemblait d’innombrables attraits , continents à découvrir, culture à mettre à jour, écritures à saisir.Une multitude de signes distincts pouvaient apparaître à mes yeux, de quoi contenter le peintre tout neuf, l’explorateur que j’étais.La course a durée une dizaine d’années, avec des hauts et des bas, des creux ; des vallées sillonnées de belles étendues, des marécages, parfois des mirages; au bout de la course, le sentiment du vide.Le grand cercle concentrique de l’usure cherche t’il déjà à m’anéantir?J’ai beau m’y refuser, déjà pourtant, je sais la chose inévitable, la course folle que j’ai mené jusqu’aux confins d’un territoire aux attributs magiques, aux chants de sirènes extatiques, aux hommes couverts de peau de bête, aux femmes brûlantes sous la lune. Ces grand territoires situés aux confins des temps, ces vastes contrées des temps premiers, vastes contrées des temps archaïques, je ne les ai remontées que parce que qu’il m’était nécessaire de remonter l’âme du temps, afin de pouvoir soumettre mes pauvres pouvoirs humains à l ‘épreuve de la nuit extatique, celle qui contient le feu suprême originel, la force première authentique, l’esprit des choses des hommes et du temps éternel.J’ai traversé l’épreuve du feu, et mon corps endurci s’est endormi soudain, puis soudain s’est réveillé face à l’immensité des étoiles, face à l’homme des temps nouveaux, face à l’homo - technicus de la conquête spatiale, face à l’homme terrorisé des temps nucléaires.J’avais voyagé dans le temps, et le voyage sans doute continuait; mais je savais que je n’étais plus le même, car l’âme de l’homme des temps premiers avait posé sa marque sacrée sur mon visage, je savais désormais que l’univers était issu d’un rêve divin.
-Ci dessus à gauche une vue
du manuscrit de la quête immobile.A droite une photo de moi réalisée
à la même époque.-
C'était
sans doute à cause de ce – Rêve Divin- que j'avais fait à une
certaine époque ,que le Mollah Omar me parut aujourd'hui tout à
coup sympathique ,ces visions et ces songes me renvoyaient à
l'univers magique archaïque que j'avais entrevu lors de mes folles
dérives existentielles et artistiques à la recherche d'une vérité
moins artificielle que celle que nous côtoyons à l'ordinaire à
travers nos vies de consommateurs exclusivement orientées vers la
recherche du bien être matériel.A une époque ou mes dérives
artistiques m'avaient amenées loin du champs normal impartit à la
vie ordinaire ,j'avais cru comprendre que le monde n'obéissait pas
qu'à des règles purement rationnelles.Il y avait un fond de mystère
qui recouvrait chaque chose,et l'existence même de la vie sur terre
était la preuve qu'un entité supérieure avait dût participer à
la création de l'univers .J'avais
entretemps arrêté ma quête commencé en 1979,vers 1993,car il me
semblait avoir atteint l'objectif que je voulais atteindre. J'étais
allé jusqu'au bout de ma quête de savoir;j'avais atteint mes
limites.J'avais côtoyé l'univers du commencement à travers des
visions et des inspirations que j'avais essayé de traduire à
travers une série de peintures qui représentaient comme Gauguin
l'avait fait à son époque la partie substantielle de mes rêves,des
rêves de sacré et d'innocence première .Le lieu emblématique de
la métaphysique que je voulais atteindre je ne l'avais pourtant pas
atteint,il s'était dérobé.J'avais côtoyé et entrevu l'existence
d'une vie originelle,mais son savoir m'échappait et surtout sa
dimension surnaturelle m'effrayait.J'étais toutefois apaisé et en
partie repus car j'avais été jusqu'au bout de moi même dans cette
aventure de la mémoire qui m'avait obligée à plonger jusqu'au tréfonds de mon subconscient.J'étais emporté exalté emballé par
les mondes que j'avais découvert,j'avais joui d'une liberté
nouvelle côtoyé des moments extraordinaires,puis je m'étais soumis
au verdit de la vie ,je ne pouvais pas aller au delà de mes
capacités à voir;j'espérais conquérir plus,mais mon âme
civilisée ne pouvait retourner en arrière ,le monde des origines
aurait voulu que je devienne un autre pour exister ,ce n'était pas
possible je devais accepter de vivre et de mourir avec l'esprit et
les limitations de l'homme moderne,l'homme de mon époque .J'aurais
bien voulu conquérir les territoires magiques de l'homme des
origines,je les ai traversé en partie,mais j'avais perdu l'innocence
et la morsure du feu du sacré qui m'avait conduit ici s'épuisait.Le
temps des rêves celui qui m'avait permis de passer les portes de ma
propre existence ancienne s'était refermé.Dans un moment de pur
magie j'avais côtoyé mon double originel ,ce dernier m'avait dit de
renoncer à conquérir les territoires sacrés du passé,j'avais fait
un bout du chemin avec lui,mais je m'étais trop éloigné
spirituellement,je ne pouvais plus continuer mon aventure sans
risquer de me perdre. Arrête toi là!. M’avait il dit.Tu es arrivé
au bout de ton voyage .Après le chemin s'efface,si tu continue ,tu
ne pourras plus revenir en arrière!. Je m'étais arrêté ,car
j'avais encore à ce stade gardé toute ma raison..Je ne pouvais pas
pourtant me résoudre totalement à abandonner ,mes espoirs de côtoyer -le
lieu originel de toutes les naissances –
le lieu qui liait toutes les choses de l'esprit entre elles .Ce lieu
existait ,je le savais ;il pouvait apparaître sous différentes
formes.C'est pourquoi j'avais voulu me remémorer le chemin que
j'avais traversé les années passées afin de le cartographier ;j'ai
commencé à ce moment (c'était juste avant la naissance de mon fils
en 1997) par construire un gigantesque Mandala ,qui réunissait
toutes les civilisations primitives et modernes que j'avais traversé
en rêve durant ma quête des origines.Deux ans plus tard,j'ai dus
suspendre ce projet car Iris avait trouvée un job en Chine ;ce job
nous as permis de vivre à l'aise durant l'année que nous avons
passé à Shanghai .En rentrant de chine ,je me suis aperçu que mes
priorités avaient changées;je ne pouvais plus m'investir dans mes
projets alternatifs avec la même désinvolture qu'hier,je devais
faire rentrer de l'argent ,je devais seconder Iris j'avais un fils en
charge;je me suis résolu à changer de vie .J'ai repris à ce
moment là une activité artistique régulière sur les marchés
parisiens,j'avais amorcé cette activité en 98 au moment où nous
avions quitté le lieu alternatif et mon atelier des bords de Seine
pour nous installer dans une cité d'artiste à quinze kilomètre de
là,il y avait un loyer à assumer pour l'atelier je devais
affronter la chose .Le projet du mandala était gigantesque,je devais
l'éliminer ,renoncer à un de mes fantasme de création.Il y avait
peu encore j'avais rêver de m'installer dans un lieu désert pour
m'attaquer à sa construction .J'avais réalisé des plans et des
croquis,je comptais le réaliser en pleine nature dans un lieu isolé
à la campagne un lieu suffisamment vaste pour me consacrer à sa
réalisation;j'avais toujours l'image de Max Ernst sous les yeux,il
avait fui la ville pour réaliser ses projets chimériques dans le
désert ;j'avais calculé qu'il me faudrait au moins dix ans pour
achever le Mandala.Je dois souvent me heurter à des évidences pour
renoncer à certains de mes projets.Je suis de nature obstiné et
extrêmement entêté ,je dois reconnaître que mes entêtements sont
souvent de nature à m'égarer ,ils sont de nature impulsives et
irrationnels .Ce mandala faisait partie d'un projet que j'avais
engendré dans un moment de démesure et de fantaisie mégalo comme
il m'arrive souvent d'en engendrer à mon insu.Si j'avais pu cerner
clairement le double métaphysique qui m'accompagnait en permanence
dans mes rêves,j'aurais pu dessiner la partie jupitérienne de ma
personnalité toujours en quête d'absolu .Mais je n'avais pas la
capacité à me voir avec du recul .Je fonçais souvent tête baissée
dans des projets qui m'invitaient au dépassement .Dans une autre vie
;j'aurais pu aussi bien me faire moine cistercien ou bien m'isoler
dans le désert en haut d'une colonne comme les ces êtres fabuleux
qu'on appelle des stylites,car une partie de moi aspirait à cet
isolement.J'aurais pu me livrer à des jeûnes et à des exercices
ascétiques car j'avais toujours rêvé de marcher sur la voie
céleste de la contemplation;quelque part je recherchais le visage
lumineux et vertical de Dieu,celui que j'avais abandonné en le
repoussant dans les abîmes de ma mémoire ,c'était lorsque j'avais
seize ans .J'étais habité par moment par une folie illuminative qui
venait du tréfonds des âges.Je revoyais parfois le visage de mes
anciens éducateurs,celui de Pascal,ce prêtre qui avait tenté de me
transmettre sa foi avec une fougue que j'admirais tant.Mais
surtout,j'avais fait l'expérience de la communion avec l'énergie
cosmique de la Kundalini.Je n'avais pas rêvé,j'avais un jour tout à
fait par hasard approché le visage de Dieu, mon être s'était
dédoublé ,j'avais aperçu de l'intérieur l'univers de la conscience
totale ,celui que les hindous appellent le Soi suprême. Dans ma
folie ascétique ,habité par mes désirs de transcendance ,j'aurais
pu dans mes périodes de crise mystique plonger dans les entrailles
d'une grotte perché au sommet d'une montagne glacée par la pureté
des neiges pour y trouver l'éveil,comme ce Saint nommé
Milarépa.Mais j'avais obtenu mon illumination où simplement pris
conscience de la possibilité de l'obtenir ,il y avait longtemps
,c'était alors que j'étais au centre de Paris.Ce jour là j'étais
simplement assis sur une chaise dans ma petite chambre de la rue
Sauval dans le premier arrondissement .Je pratiquais les exercices de
respiration alterné ,lorsque tout à coup,ma chambre s'illumina et
je vis le monde s'ouvrir comme un œuf et mon corps en sortir.Mon
corps prenait la forme de l'univers,j'étais une partie de l'univers
et je faisais corps avec lui .Ensuite des années durant, je n'ai
rien fait d'autre que tenter de vouloir rejoindre cette grandeur invisible .Mais je ne suis jamais parvenu à la retrouver.J'ai alors
continué en rechignant à cultiver ma vie
-d'artiste post -moderne -,car
j'avais de l'esprit et des idées et j'étais capable de me situer
dans mon époque d'une façon intelligente ,comme tous les artistes
j'étais confronté au jour le jour au probléme de ma subsistance
économique ,je devais relever le défi de vivre de mon art ,et de
faire vivre ma petite famille . C'était mon destin ,je devais l’assumer, sans rechigner et le poursuivre quoi qu'il arrive.Je
n'étais sommes toute destinée qu'à me battre contre des moulins à
vents destiné à rien d'autre dans cette vie qu'à n'être qu'un
artiste éternellement en lutte pour sa survie.Mais je n'avais pas
dit mon dernier mot,c'est pourquoi sans doute j'écrivais mes
mémoires ,c'était pour me souvenir qu'un jour avant d'être
reconnu comme un artiste à la mode,comme un des nombreux pionnier de
l'art urbain,mon désir le plus cher était de me libérer de moi
même ,je voulais accéder à l'éveil ,même si c'était
prétentieux,c'était toujours inscrit dans mon programme -Celui
qui se lève de son sommeil à l'aurore,même sans recevoir
d'instruction,est illuminé-. J’avais
placé cette phrase que j'avais tiré d'un livre de méditation;juste
derrière la petite statuette de Rishi en bronze que j'avais placé
sur mon bureau ,cette phrase un peu ésotérique pour les non avertis
m'accompagnait ,elle était comme un vestiges de mes désirs de
transcendance qui était planté devant moi ,je ne la regardais
presque plus, j'avais abandonné mes exercices de méditation depuis
plusieurs années,mais un jour peut être je me déciderai à les
reprendre!.
LA PEINTURE
La
peinture durant un grande période m'avait offert son corps
protecteur;je l'avais chevauché des années durant ,jusqu'à ce
qu'elle m’amène au bout de mon désir de me recréer .Sans ce fil
,je me serais sans doute perdu.Sans mon activité salutaire de
peintre ,ma quête intérieure aurait pu me faire rentrer dans un
désir fanatique d'absolu,car j'avais aperçu en moi cette étincelle
de folie qui mène les saints et les imbéciles à affronter les
pires obstacles.La peinture cette branche des arts humanistes
,m'avait permis de matérialiser le champs de mes rêves et de
baliser mes dérives .Je savais qu'il y avait un monde entre la
réalisation de mes désirs d'absolu et leur concrétisation ,la
médiation terrestre de l'art m'avait permis de rester les pieds sur
terre.Ce désir fanatique d'absolu,que j'ai côtoyé en de très brefs
instants d'exaltation ,me fait entrevoir le fossé qui sépare le
monde des songes de celui de la réalité , j'ai aperçu le fossé abyssale engendré par les visions du Mollah Omar lorsque j'ai lu
l'article qui retraçait sa vie;j'ai entendu à travers sa foi
inébranlable,les appels enfiévrés des fanatiques de Dieu qui se
jetaient tous vivants dans le feu d'un brasier érigé par leurs
seule croyance,j'ai vu Dante égrener ses visions;j'ai aperçu les allées flamboyantes du haut moyen âge occidental et les histoires
de Saints surplombants le fronton de cathédrales gothiques me sont
revenus à l'esprit .J'ai aperçu le moine Savonarol et les bûchers
des inquisiteurs ,j'étais à peine surpris de lire ici les éléments
d'une dramaturgie héroïque surgie des temps religieux les plus plus
extrémistes; ces figures charismatiques et réactionnaires venaient
interpeller de plein fouet notre époque en pleine perte de
croyance;une époque ravagée par le scepticisme le doute
matérialiste, le doute en une société juste et égalitaire qui
semblait avoir renoncée au mythe du progrès ;et qui peinait à se
frayer un chemin à travers ce que certains appelaient l’ère de la
post-modernité ou encore en pointant du doigt sa dérive
matérialiste la décrivait avec délectation comme la
manifestation du mouvement irrépressible d'une logique –
celle culturelle du capitalisme tardif-.
(RF.Le Postmodernisme.Fredric Jameson.)qui
n'avait certes plus rien à voir avec les visions archaïques et
réactionnaires issues d'un autre âge mais qui s'y apparentait par
d'autres biais plus subtils et non moins terrifiants ,car ils
convoquaient les fastes de notre époque pour brouiller les
pistes.Nous étions arrimé à une époque d'un obscurantisme
relativement fonctionnel,nous devions nous débrouiller avec le peu
qui nous restait d'instruments pour l'analyser.Mais au final nous
étions assez démunis intellectuellement et spirituellement pour
.l'affronter.
UNE
DRAMATURGIE POST-MODERNE
et
BAVARDAGES
UN RÉCIT RAPPORTE
Je
reviens ici sur la légende du Mollah Omar ,bien qu'il ne soit rien
qu'une pièce rapportée dans une guerre qui ressemble à un récit
inventé par une intelligence avide de transcrire la réalité du
monde à l'aide des mots inventés par les hommes pour faire croire
qu'ils existent. Cette vie rapportée par les siens est transcrite
comme une légende; une légende que l'on a du mal à faire
coïncider avec celle plus étriquées ( et moins convaincante) que
celle de Ben Laden le milliardaire terroriste obsédé par sa
guerre contre les États Unis . C'est qu'ils n'ont pas les mêmes
origines,et n'exercent pas sur moi la même fascination :le
Mollah Omar contrairement à son nouvel ami est issus d'une famille
de paysans sans terre; il aurait connu à sa naissance le sort de
tous les Afghans pauvres il a du trimer pour survivre; lui pour
subsister est obligé de gagner sa vie comme imam d'une petite
mosquée de village; un petit village perdu à trois quart de route
de Kandahar. ( Je tire ces
renseignements d'un article écrit par Françoise Chipaux pour le
journal le Monde-(Tiré
du journal le monde 1er
Novembre 2001).
Il perd un œil, et est blessé quatre fois ( c'est
très précis)
durant la guerre contre l'armée rouge qui avait envahit (
on s'en souviens)
l'Afghanistan. Il va s'illustrer contres ses anciens compagnons
moudjahidines qui tiennent alors l'Afghanistan en coupe réglé et
rançonnent tout un chacun .
Racontée par ses proches, l'histoire
veut que le mollah Omar ait vu en rêve un homme lui demander au nom
de l'islam, de débarrasser l'Afghanistan de ces bandits.-
Il commence au plus près et tue le chef du poste de contrôle qui
rançonne les voyageurs sur la route voisine-.
(on rentre alors de plein au cœur d'un récit d'aventure qui
pourrait s'apparenter à de la fiction mais qui n'en est pas une ,les
débuts de la légende du Mollah Homar comporte tous les ingrédients
d'une histoire contaminée par les formes d'un conte religieux
éblouissant qui sera on s'en doute un peu durablement cruel ).
UNE
ANCIENNE RELIGION
(
LE SOUFISME )
Le
rêve tient une grande place dans le vie du mollah Omar et confine à
la révélation; si on en croit ses proches, c'est toujours après un
songe que le chef religieux décide des batailles. On dit aussi qu'il
a fait reconstruire à Kaboul le tombeau de cheikh Fazel Omar
Mojaddedi le chef de la confrérie Nasqbandi Soufi après avoir rêvé
qu'il reprendrait ensuite Mazar-e-Charif. L'histoire veut qu'une
semaine après la fin des travaux, le 8 Août 1998, Mazar soit aux
mains des talibans. En vrai paysan pachtoune mollah Omar est imprégné,
comme beaucoup de responsables talibans du soufisme qui baigne
l'islam afghan. Suit le récit de la prise du pouvoir par les
talibans ( mars 1996) grâce à l'aide du Pakistan ( qui voulait
aussi se débarrasser des moudjahidines ) mollah
Omar devient commandeur des croyants , lors d'une assemblée
réunissant plusieurs centaines d'oulémas. Ses parrains pakistanais
lui auraient soufflé l'idée pour asseoir son pouvoir et souder ses
troupes -( c'est la journaliste qui le dit -). Le
M.O ne serait sorti qu'une seule fois de son pays pour se faire
soigner au Pakistan. ( il a quarante est un an) Suit le compte
rendu des rapports du mollah avec Ben Laden.
L'amitié entre les deux hommes ( selon certaines sources…) naît
lorsque B.L. offre son aide pour la reconquête de Mazae-e- Charif,
qui avait été tenue et perdue au prix de très lourdes pertes.Les
prémices de la guerre qui va dévorer le moyen orient et aboutir à
un conflit généralisé avec le monde occidental sont déjà en œuvre à travers l'alliance symbolique de ces deux personnages
;c'est l'alliance du primitivisme religieux avec le calculateur
politique moderne ;ces deux forces vont dévorer peu à peu tout
l'espace politique du moyen-orient et embraser peu à peu le reste du
monde,avec une violence et un radicalisme de plus en plus
brutal.Personne n'avait envisagé ce scénario,surtout pas les
grandes puissances occidentales aveugles et cupides elles ne
songeaient comme souvent qu'à soutenir leur intérêt à court
terme.
Une
archéologie de ma vie au présent.
MALGRÉ MES CERTITUDES MES IDÉES SONT BROUILLÉES
Mes
idées sont brouillées par le temps,surtout par l'époque obscure
dans laquelle nous sommes rentré.Faire appel au soufisme dans mes
souvenirs,c'était hier aller vers la paix et la lumière,c'était
assister à un spectacle divin associée à la danse des Derviches
Tourneurs.Confrérie associé à une dimension purement mystique et
ascétique de la vie ;je ne voyais pas le soufisme sous la forme
d'un combattant Pachtoune .Le
derviche dans sa plus haute raison d'être participait dans mon
esprit à un acte de célébration qui liait l'âme de l'homme à
celle de Dieu à travers des danses rituelles de purification de plus
en plus tournoyantes,danse ou chant ces pratiques menaient à
l'extase mystique, à l'anéantissement à la fusion intime avec le
créateur.Je connaissais surtout les Derviches Tourneurs de Turquie
où ceux d'Iran. Mais je constate que ma vision du monde oriental
était trop limitée.Le monde oriental comportait des facettes
multiples qui m'avaient échappées;surtout la guerre que se livrait
le monde oriental avec lui même,(la guerre entre Sunnites et Chites
entre autre me passait au dessus de là tête ,c'est pourquoi j'étais
devenu sans m'en rendre compte un témoin hors jeux des conflits qui
affectaient ces parties du monde). Pourtant ces parties du monde se
rappelaient à moi d'une façon dramatique après les attentats
perpétrés contre les tours jumelles du Worlt Trade-Center; je ne
pouvais pas rester indifférent à une guerre qui ne voulait pas dire
son nom et qui touchait à mes racines ;cette guerre se rapprochait
du monde occidental et prenait de plus en plus d'amplitude ;nous n'en
étions qu'aux prémices;j'avais le pressentiment que cette guerre
obscure commençait à peine par prendre forme . Pour ne pas
perdre pieds je me rattachais à quelques sources plus fiable que ma
simple mémoire j'allais consulter comme désormais tout citoyen
pouvait le faire à présent les définitions que donnaient le
colosse internet des ressources en savoir de l'humanité .Même si
cela me faisait rester sur ma fin ,j'avais au moins devant moi ,la
certitude que les penseurs du moyen orient avaient un jour existé
qu'ils n'étaient pas de simples mirages contrairement à ce que la
vision des médias occidentaux remontés après le 11 septembre me
laissaient croire,à travers une presse déchaînée contre les
méfaits de la culture venue d'Islam.
LE
SOUFISME POUR WIKIPÉDIA .(Dictionnaire en ligne).
Le
soufisme (en arabe
: تصوف
[taṣawūf])
ou taçawwuf désigne
en islam le cœur ésotérique de la tradition islamique, et
l'ésotérisme d'une façon générale. Le mot taçawwuf
peut se traduire correctement par « initiation ». Il
désigne "el-haqîqah" c'est-à-dire la "vérité"
intérieure qui vivifie et permet la compréhension profonde de
"es-shariyah" (la "grande route"). Le Taçawwuf
comprend non seulement la haqîqah mais aussi l'ensemble des moyens
destinés à y parvenir, appelé tarîqah
- "voie" ou "sentier" - conduisant de la shariyah
vers la haqîqah, c'est-à-dire de "l'écorce" (el-qishr)
vers le "noyau" (el-lobb) par l'intermédiaire du "rayon"
allant de la circonférence vers le centre. Le soufisme est
intimement lié, depuis les origines de révélation prophétique de
l'islam, à la fois aux orthodoxies sunnite et chiite, bien qu'il ait
pris des formes différentes dans les deux cas. Pour Ibn Arabi, « Le
soufisme ce n'est rien de plus que les cinq prières et l'attente de
la mort ».
Ibn
Arabi précise en citant cette formule : « Il y a là une
science immense ».
ARCHÉOLOGIE DE MA VIE PRÉSENTE(Suite).
J'ARRETE
DE POURSUIVRE LE MOLLAH OMAR
Je
reste rêveur en contemplant la dernière phrase de l'article que
j'étais en train lire à propos du Mollah;la journaliste terminait
par cette phrase:
-Convaincu
d'être dans la voie de Dieu MO (Mollah Omar) n'a jamais été très
accessible à une logique temporelle. Aujourd'hui après plus de
trois semaines de résistance à la plus grande puissance du monde
moins que jamais.-
Cela confirmait le pressentiment que j'avais que la
guerre qui nous attendait ne serait pas celle à laquelle on
s'attendait,ce serait une guerre de symboles,une guerre impitoyable.
JE
TENTE DE FAIRE LE POINT MAIS JE SAIS QUE TOUT LE MONDE NE PARTAGERAS
PAS MES CONCLUSIONS.
J'ai tenté
de rassembler en peu de lignes, les éléments très objectivement
précurseurs des formes que vont revêtir demains les conflits qui
traversent notre monde . Il ne faut pas être un grand penseur pour
constater que la société modernes est de plus en plus exposée aux
instrumentations de l'idéologie religieuse .Je me demande
aujourd'hui, si cette cité imaginaire idéale (celle héritée du
Coran) qui est en train de s'installer dans les esprits au moyen
orient et dont le Mollah Omar n'est qu'un des nombreux disciple n'à
pas uniquement (à charge de revanche) de se substituer à la société
moderne occidental.En s'exacerbant les conflits futurs risquent de
laisser apparaître,des mondes qu'on croyaient pour toujours
disparus.Les figures héritéees de l'âge d'or musulman exercent
sur certains intellectuels de ces pays la même attraction
qu'exerçait le marxisme sur l'esprit des intellectuels occidentaux
il y a quelques années ;ils pensent qu'il est bien de travailler en
silence à l'apparition d'une ressurgence de la civilisation
arabe.Malheureusement les moyens qu'ils comptent mettre pour y
parvenir sont les pires qui existent;les plus radicaux d'entre eux
s'appuyant sur le Coran revendique la violence comme arme de
conversion ;c'est donc vers des guerres sans ethique qu'ils se
dirigent.Je reviendrai dans une dizaine d'années pour me relire et
je m'apercevrai peut être que je m'étais complétement trompé dans
mes prévisions. Mes écrits sont ceux d'un homme qui contemple le
monde de sa fenêtre ,je suis juste un penseur d'occasion. D'ailleurs
,je ne m'attends nul part, à recevoir des éloges pour ma façon de
penser ;je suis seul sur cette page, je ne m'adresse presque qu'à
moi seul .Seul en compagnie d'un supposé lecteur imaginaire,j'avance
aussi résolu que possible dans cette longue traque de mes mondes
intérieurs en étant toujours incertain du résultat produit à
travers mes méthodes aléatoires de penser.
ARRÊT PAGE 145
ARRÊT PAGE 145
PREMIÈRE VERSION JUILLET 2018
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